mercredi 22 juin 2016

Farces médiévales [Carnet de mise en scène]




   
Voici quelques notes générales données aux comédiens suite aux répétitions des derniers jours… des notes qui vaudront pour l'ensemble des ultimes répétitions (il en reste officiellement six incluant les deux générales) et des représentations. 

DU PUBLIC 
  • Je n'insisterai jamais assez sur cet élément: la farce est un genre théâtral éminemment public. C'est du burlesque avant la lettre. C'est fait pour faire rire. Pour atteindre rapidement le spectateur. 
  • Du coup, méfiez-vous de jouer vos personnages de façon trop psychologique, de fermer l'univers dramatique à la seule petite histoire alors que l'ouverture vers la salle doit être omniprésente. Vous devez jouer avec la salle. Écouter la salle. Cultiver la salle. C'est sa complicité que vous devez chercher et travailler.
  • Votre principal partenaire de jeu doit être le public. Plus que bien d'autres types de pièces de théâtre. 
DE LA COMPRÉHENSION DES ENJEUX
  • C'est toujours un peu étrange d'y revenir, mais relisez bien vos textes et portez bien attention à ce que vous dites. Car à force de répéter, il arrive qu'on prenne pour acquis certaines phrases, certaines actions qui demanderaient plus d'attention pour celui qui écoute la pièce pour la première fois.
  • Portez une attention particulière aux débuts des scènes et à la fin de celles-ci pour bien dessiner la situation. Attention de ne pas les escamoter. 
DE L'ESPACE 
  • Vous jouez dans un espace qui rappelle les tréteaux (aire de jeu étroite coupée par des rideaux). Il demande que vous en preniez conscience et que vous agissiez avec théâtralité.
  • Il vous appartient de bien maîtriser ce lieu scénique et de bien intégrer la dynamique qu'il impose. Il vous faut comprendre les zones de chaque pièce et les zones dans les pièces elles-mêmes, comprendre comment faire les déplacements et les mouvements pour contrer l'impression de petitesse.
DES ACCESSOIRES 
  • C'est un peu cliché… mais les accessoires doivent être comme des prolongements du corps. Ils ne peuvent être utilisés avec indifférence.
  • Qu'il s'agisse des manteaux de laine, du pâté, de l'étal, du balai, du banc, du parchemin, de la plume, du drap, etc., il faut que l'objet/accessoire ait de la présence… voire même du caractère. 
  • C'est d'autant plus important, dans les farces, qu'il n'y a pas de scénographie à proprement parlé. 
DES COSTUMES 
  • Un peu comme le point précédent, il faut que les costumes acquièrent une présence, qu'ils collaborent aux personnages. 
DU TON 
  • Depuis le début, il a été convenu, pour rapprocher les farces de leur contexte «populaire», que vous deviez amener le texte à une langue elle aussi «populaire». Plus vous vous mettez ces vers en bouche et le plus c'est efficace. 
  • Attention par contre de ne pas exagérer les syllabes et entraver ainsi la compréhension des mots. 
DU RYTHME
  • L'un de vos principaux outils dans les farces est le rythme. Vous devez savoir jouer avec lui… et c'est de la conjugaison des pauses, des ralentis, des accélérations, des chuchotements, des cris, des ruptures que le rythme s'imposera. 
  • En aucun cas le rythme se confond avec la précipitation.
  • Le rythme est multiple. Il y a le rythme général de la pièce. Le rythme de chaque situation. Le rythme de chaque personnage. Le rythme de chaque réplique. 
  • Pour bien soutenir le rythme, il n'y a que trois choses: le travail personnel, la concentration et l'écoute. L'attention doit être sans faille. 
  • Dans ces farces, c'est l'un des éléments capitaux, l'un des éléments qui fait parfois le plus défaut. 
DE LA FOLIE
  • Ces trois textes demandent à être portés par une énergie vive (sans être précipitée!), dynamique… voire même par une certaine folie! La moindre hésitation, le moindre relâchement paraît et nuit au bon déroulement de la suite.
  • La farce, c'est du théâtre de transgression. Du théâtre de défoulement qui se permet de rire de tout. C'est du théâtre comique. Du théâtre d'ironie. Du théâtre comme un grand éclat de rire.