lundi 30 mai 2016

D'Howard Barker...


À un moment de la démocratie, l'idée s'est fait jour de ne plus demander à l'acteur de prendre la parole. De magicien du verbe qu'il était, il est devenu un parleur. Cela à son tour a mis un terme au travail sur la respiration comme discipline. La fin du travail sur la respiration a entraîné la déperdition de la voix, et l'inévitable recours à l'amplification. Autant d'étapes qui ont dépossédé l'acteur - le dépositaire d'une énergie surabondante - de ses pouvoirs d'envoûtement [...].

J'aime bien les écrits d'Howard Barker, dramaturge anglais, figure de proue du théâtre de la catastrophe, qui prône le retour de la tragédie comme genre fondamental et essentiel. C'est un théoricien (dont le principal ouvrage est Arguments pour un théâtre, publié en 2006 chez Les Solitaires intempestifs) plutôt pessimiste... qui apporte une vision théâtrale radicale qui ancre profondément sa contemporanéité dans les grandes traditions du passé:

Je soutiens cependant qu'une culture qui cesse de négocier et de renégocier ses relations avec les grandes métaphores du passé se meurtrit elle-même, qu'en reléguant dans les ténèbres tous ces récits qu'elle trouve peu à son goût pour des raisons d'idéologie sociale, elle se livre elle-même à un néophilisme asphyxiant qui réduit l'expérience humaine.