jeudi 29 mai 2014

Du cran!


Parmi les grands monstres du théâtre français du XIXième siècle, il y a Marie Dorval, égérie du drame romantique! Parmi toutes les anecdotes sur son compte, il y en a une qui me plaît bien et qui montre bien le caractère de cette femme qui ne s'en laissait pas imposer:

On sait que le dénouement d'«Antony» [d'Alexandre Dumas, création le 3 mai 1831], très inattendu pour qui ne connait point la pièce, se résume en six mots sans lesquels ce drame n'offre plus q'une banale intrigue d'adultère saupoudrée d'un vulgaire assassinat. La porte est enfoncée par le baron d'Hervey, au moment où Adèle, poignardée par Antony, tombe sur un sofa. «Morte!», brame le baron. «Oui, morte» répond durement Antony, «elle me résistait, je l'ai assassinée!». Et il jette son poignard sanglant aux pieds du mari. L'effet était immanquable. Cette réplique était escomptée, guettée, traquée par tout un chacun.

Deux ou trois ans plus tard, «Antony» était devenu le morceau de résistance, la pièce montée de toutes les représentations à bénéfice: avec elle, c'était le pain béni, la recette assurée! Un jour qu'on la donnait au Palais-Royal, le malheur voulut que le régisseur de ce théâtre fit tomber, par mégarde, le rideau sur le coup de poignard, avant que Boccage eût lancer sa fameuse réplique. Et le public, qui n'était venu que pour cela, se fâcha tout rouge!

Le coupable, alarmé des suites de cette gaffe, supplia les artistes de permettre qu'on relevât la toile afin qu'ils puissent reprendre la scène si malencontreusement interrompue par sa faute.

Dorval, toujours bonne fille, ne demandait pas mieux. Elle reprit sur son sofa sa pose de colombe poignardée et l'on courut chercher Boccage. Mais ce dernier était remonté dans sa loge, furieux qu'on lui eût coupé son effet, et se démaquillait rageusement. Il envoya promener tout le monde.

Le public menaçait de tout casser. On releva le rideau dans le vain espoir de forcer la main au mauvais coucheur. Un silence de mort se fit. Voyant que Boccage ne revenait pas, le public se remit à crier, à siffler, à l'appeler de plus belle. L'infortuné régisseur s'arrachait les cheveux...

Et pendant ce temps-là, Dorval attendait toujours, les bras pendants, les jambes molles, la tête renversée en arrière. Le tumulte grandissait. Il fallait dire quelque chose. Mais quoi?

C'est alors qu'elle eut une inspiration du ciel.

Elle se redressa lentement. Le vacarme cessa comme par enchantement. On se demandait ce qu'elle allait dire. Alors elle se leva, s'approcha du trou du souffleur et jeta de sa douce voix un peu traînante: «Je lui résistais. Il m'a assassinée. C'est tout.»

C'était à la fois si imprévu, si drôle et dit de façon si charmante, que toute la salle fut secouée d'un grand rire. La situation était sauvée et les spectateurs se retirèrent enchantés. Ils l'avaient eu, leur dénouement. 

mardi 27 mai 2014

«La Paix chez soi et autres bêtises humaines»... [Carnet de mise en scène]

Je refais un détour par les dossiers de demandes de subventions préparés l'été dernier... pour constater, finalement - maintenant que nous avons un spectacle entre les mains - que je ne me suis pas trop éloigné de cette définition de projet:

Comme quinzième production estivale, le Théâtre 100 Masques propose une incursion dans une dramaturgie incisive, efficace et fichtrement amusante : celle de Georges Moineau dit Courteline!

Voici donc une plongée dans la plus pure tradition du théâtre de boulevard français du début du XXième siècle! L’œuvre de Courteline (comme celle de ses prédecesseurs, Labiche et Feydeau) y fait figure de perfection par le ton et sa mécanique : bien que brèves, ses scènes croquent la vie comme peu d’auteurs le feront. 

Composé d’un assemblage d’au moins sept courtes pièces en un acte pourfendant la bêtise humaine sous toutes ses formes en mettant en lumière ses pires défauts - la naïveté, la paresse, la frivolité, l’avarice, la jalousie, l’ignorance, la soumission, etc. -, cette production tendra aux spectateurs, sous le couvert de la comédie et du divertissement, un miroir tout aussi décapant qu’ironique. 

Au fond, il s’agit là d’un spectacle à sketchs construit principalement sur le rythme et sur la capacité des interprètes à changer rapidement de personnages. Le jeu sera très physique, quasi acrobatique. La théâtralité sera, encore une fois, axée sur la simplicité de la scène et le caractère essentiel des éléments de décors qui y reposeront.

On pourrait dire que ça ressemble à ça!

Pour terminer, voici quelques pensées de Courteline, dites par Guitry!

samedi 24 mai 2014

Comment se trouver une place dans une salle bondée!

Situation de départ. 

Un spectacle joue. Il reçoit de bonnes (et nombreuses!) critiques. Le public est plus qu'au rendez-vous: les représentations se jouent à guichets fermés... Impossible de trouver une place. 

Comme toujours, il y a un spectateur (souvent du milieu même... qui attend souvent à la dernière minute pour  se déplacer!) qui omet de faire une réservation. Malheur à lui. Il ne verra pas ce chef-d'oeuvre. À moins que...

Voici - grâce à Google Books - une solution tirée de Théorie de l'art du comédien - manuel théâtral publié en 1826 par Abraham Bernier:


Avis donc à tous... Si, au cours d'une représentation, vous entendez : «Il y a le feu à la maison de M. Tremblay», cramponnez-vous à votre siège, laissez brûler et jouissez du spectacle!

jeudi 22 mai 2014

Du théâtre comme d'un plancher...


Je l'ai déjà dit sur ce blogue et je le redis ce matin: l'un des bouquins (relativement récent puisqu'il date de 1991) les plus intéressants que je connaisse sur le théâtre est celui de Daniel Mesguish, L'éternel éphémère... Un bouquin que je placerais un peu dans la même lignée que le Comme un roman de Daniel Pennac. Un bouquin qui entre, avec style et simplicité (preque en aphorismes!), au coeur même de la pratique sans pour autant se faire hermétique ou didactique...

Voici une petite citation:

Si de deux lattes du plancher d'un théâtre, 
lorsqu'elles sont disjointes, 
on peut dire qu'elles jouent, 
qu'il y a du jeu entre elles, 
on dit aussi que c'est parce que le bois en a «travaillé»: 
ce jeu est aussi un travail...

C'est beau, non?

C'est aussi lui qui a dit - je le cite de mémoire - que le personnage était le nom donné à l'éloignement... Des heures de méditations garanties!

mardi 20 mai 2014

«La Paix chez soi et autres bêtises humaines»... [Carnet de mise en scène]


Voici l'affiche de la quinzième production estivale du Théâtre 100 Masques, réalisée par Patrick Simard qui y joue aussi plusieurs rôles.


lundi 19 mai 2014

Les Têtes Heureuses présentent...

Après une pause de près de trois ans (la dernière production, L'Hôtel du Libre-Échange de Feydeau date en effet de 2011... et depuis, il n'y a eu que la tenue d'un cabaret, en 2012, pour souligner leur trentième anniversaire), les Têtes Heureuses présentent un projet ambitieux (en cliquant sur l'image, j'imagine qu'il est possible de l'agrandir pour une lecture optimale):


dimanche 18 mai 2014

Notre accent... vu par Sacha Guitry


Sacha Guitry - incarnation du bel esprit français de la première moitié du XXième siècle - a fait un (voire quelques!) passage théâtral (plus ou moins remarqué) au Québec en 1927 en compagne de son épouse, elle aussi comédienne, Yvonne Printemps (les deux sont sur la photo qui illustre ce billet). 

Alors qu'on le sollicitait pour qu'il fasse un discours sur le théâtre, il a plutôt choisi de parler de notre accent:

J'ai cru comprendre que l'on vous accusait de n'avoir pas l'accent français. Cela n'a pas de sens puisque vous avez précisément l'un des accents français. Ne cherchez donc pas trop à le perdre, cet accent, puisqu'il est le témoignage émouvant pour nous de votre provenance française.

Or, un accent n'est pas un défaut, ce n'est même pas une étrangeté, c'est la caractéristique d'une province au même titre que la couleur des yeux ou la forme du visage. Encore une fois, nous prétendons, nous Parisiens, que nous n'avons pas d'accent, mais les Marseillais, par exemple, ne partagent pas cette opinion. Ils trouvent eux, qu'ils n'ont pas d'accent, et ils disent que c'est nous qui en avons. C'est possible, après tout!

Eh bien! La langue que vous parlez ressemble un peu à un costume. Votre langage porte une coiffe linon, une belle jupe de soie, des jupons de laine et un fichu de dentelle - si vous lui mettez un chapeau à plume et que vous lui laissiez le jupon de laine, vous déparez son costume, que vous lui retirez son cachet, son charme et vous lui donnez un air de mode, - il ne le faut pas, à mon avis.

Je tiens à vous dire que je ne me serais pas permis de vous donner ainsi mon opinion sur vous, si l'on ne m'avait pas demandé de le faire. Puisque j'ai commencé, ma foi! je continue et vais vous dire quel est pour vous mon rêve.

Je voudrais voir se créer chez vous une littérature canadienne, un théâtre canadien. Je voudrais qu'un jour l'un de vos romanciers obtiennent le Prix Goncourt! Je voudrais que l'un d'entre vous porte à la scène l'âme canadienne. Je voudrais que vous donniez cette leçon à ceux qui vous discutent, à ceux qui vous combattent. Je voudrais vous voir adopter cette idée que le théâtre doit jouer un rôle dans votre évolution. Ne vous contentez pas d'accueillir les pièces des autres - permettez à ceux d'entre vous qui pensent d'exprimer leurs idées, franchement, honnêtement, durement; lutter contre l'hypocrisie.

J'aime bien cet auteur-acteur-réalisateur... Qui malgré son arrogance naturelle et sa légèreté a toujours cultivé un profond humanisme (un peu moralisateur... mais bon... l'époque s'y prêtait).


vendredi 16 mai 2014

De la critique... au début du XXième siècle!

Le critique d'art par Honoré Daumier

De retour ce matin, à l'un de mes sujets de prédilection: la critique... ou plutôt, ce que j'espère d'une critique saine et efficace! Il y a, sur ce blogue, d'innombrables billets sur le sujet (qu'il est possible de lire en rafale en suivant ce lien), de la critique de la critique à la vision de différents auteurs, des coups de gueules aux grandes aspirations. 

Bref, tout un tas de réflexions... qui, manifestement, auraient pu aussi être écrites au début du XXième siècle si je me fie à ce passage tiré de 350 ans de théâtre au Canada-Français par Jean Béraud et qui est le fait d'un journaliste exaspéré qui, en 1904!, remet en question la façon la critique de l'époque:

Prière de lire attentivement: attention! Une des causes qui ont paralysé la marche ascendante de l'art chez nous, ça été une critique la plupart du temps peu sérieuse et indifférente ou bien outrageusement complaisante. Artistes et amateurs, tous ont été gâtés et sont devenus tellement chatouilleux, que le moindre conseil, la moindre remarque, a pris les proportions d'un reproche grave, - disons le mot: d'un tombage en règle - et qu'on est venu faire des scènes épouvantables au malheureux journaliste qui avait pourtant choisi ses gants les plus blancs pour dire ce qu'il pensait. En certains cas on a même demandé sa tête a la direction du journal. Une réaction s'impose depuis longtemps, et nous allons y aller bravement, sans plus hésiter. La critique a droit de cité où qu'elle se trouve, pourvu qu'elle soit juste et sans parti pris; c'est elle qui fait les artistes et non les artistes qui la font. Qu'on s'en souvienne une fois pour toutes.

Dommage que Béraud ne donne ni le nom de cet auteur... ni son journal. Mais une chose est sûre: plus ça change, plus c'est pareil! Et ces récriminations valent toujours aujourd'hui, 110 ans plus tard!

mercredi 14 mai 2014

«La Paix chez soi et autres bêtises humaines»... [Carnet de mise en scène]


Voici la distribution complète de cette quinzième production du Théâtre 100 Masques, La Paix chez soi et autres bêtises humaines: Mélanie Potvin, Pierre Tremblay, Patrick Simard et Josée Gagnon. Il y aura donc beaucoup d'expérience sur notre scène!!! À voir!!!

mardi 13 mai 2014

«La Paix chez soi et autres bêtises humaines»... [Carnet de mise en scène]

Voici quelques autres photographies prises aujourd'hui... avec cette fois Patrick Simard et Pierre Tremblay dans Monsieur Badin... et Mélanie Potvin et Josée Gagnon dans Gros Chagrin. Deux petites pièces qui font bien rire!




Demain se jouera un exercice tout aussi éclairant que laborieux: le premier enchaînement (presque complet... alors qu'il ne manquera, au corpus, qu'une pièce et demie)! Éclairant parce qu'il permettra de prendre la juste mesure du travail qui nous attend et du travail de différenciation entre les personnages... mais laborieux parce que rien n'est encore approfondi, consolidé, bien rythmé... 

lundi 12 mai 2014

«La Paix chez soi et autres bêtises humaines»... [Carnet de mise en scène]

Voici d'autres photos, prises au cours de la répétition de ce matin... alors que Mélanie Potvin, Pierre Tremblay et Patrick Simard répétaient la plus courtes des pièces (environ 5 minutes!), Le Petit Malade. Une pièce courte mais ô combien exigeante! 



Par ailleurs, après un premier compte (un compte un peu lâche... calculé sur des ébauches encore en recherche de rythme) des 8 premiers textes montés, cette production frise les 90 minutes (soit une heure et demie). Bien sûr, le résultat final devrait être moins élevé... Nous le verrons un peu lors du premier enchaînement de mercredi!

dimanche 11 mai 2014

Du grand Feydeau!

Portrait de Georges Feydeau, Corolus-Duran, XIXième siècle

Je faisais état, hier, après un passage par le Petit Séminaire de Chicoutimi, de mon plaisir d'avoir maintenant, en ma possession, l'oeuvre complète de Feydeau, un grand (voire le plus grand!) du théâtre de boulevard. 

Ce qui me plaît tant, chez ces auteurs (Feydeau, Labiche, Courteline et Guitry), c'est leur puissante ironie. Des comédies qui reposent pourtant sur des situations profondément tristes, dramatiques. Des portraits tragiques... dont le but ultime est pourtant de faire rire. Et derrière ces rires préparés comme des machines infernales, il y a tout ces mots d'esprit qui suintent le sarcasme et le cynisme. 

Ces auteurs - tout légers selon la tradition - usent de traits acerbes finement ciselés, froids et terriblement efficaces. Des traits durs qui savent faire mouche à tous les coups. Comme ceux-ci, de Feydeau:

... sur l’imbécillité de certains: Certains maris ne sont bons qu'à être cocus, et encore faut-il que leurs femmes les aident.

... sur l'égalité des sexes: Il n'y a rien de menteur comme un homme, sinon une femme. 

... sur l'artiste: Le fait du véritable artiste n'est pas de se complaire en ce qu'il fit, mais de le comparer tristement à ce qu'il aurait voulu faire.

... sur la vie en général: La vie est courte, mais je m'ennuie tout de même.

Ces oeuvres, toutes légères soient-elles, constituent une riche dramaturgie, une analyse sans fard de la bêtise humaine. Et voilà pourquoi elle m'intéresse tant.

samedi 10 mai 2014

Fébrilité de bouquinerie!


Ce matin, j'ai fait un détour par le Petit Séminaire de Chicoutimi qui liquide, ces jours-ci, ses archives... et, du coup, la bibliothèque des prêtres. 

Grâce aux bons soins de M. Louis Côté, j'ai bellement augmenté ma bibliothèque théâtrale... et le metteur en scène que je suis, fasciné par le vaudeville et le théâtre de boulevard, ne peut qu'être fébrile.

Je me retrouve maintenant avec une collection sans pareille... comprenant - outre l'oeuvre complète de Courteline que je me suis procuré cet automne - la collection complètes des oeuvres de Labiche (en 10 tomes), de Feydeau (en 9 tomes), de Guitry (en 11 tomes)! Ainsi, j'ai, sur mes tablettes, les oeuvres complètes des quatre piliers de ce genre comique que j'affectionne particulièrement...

Dans ma boîte (et bientôt sur mes étagères!) se retrouvent une collection d'une anthologie de l'Ancien Théâtre Français en 10 tomes et d'une autre anthologie (en deux volumes) des farces médiévales. 

À cela s'ajoutent un bouquin sur les recherches moliéristes, un sur le théâtre d'avant-garde (1917-1950) et quelques livres sur l'histoire du théâtre.

Des heures de plaisir en perspective... et qui sait! Peut-être quelques productions en devenir!

«Roméo Rock et Juliette Pierre»

C'est samedi matin... et comme tous les bons vieux samedis matin d'antan (enfin, de ma jeunesse), c'est le moment de la semaine consacré aux dessins animés! Pour rester dans le thème théâtral - essence de ce blogue - voici un grand classique de la série Les Pierrafeu, où Délima entraîne toute sa bande sur une scène pour y donner une représentation de Roméo Rock et Juliette Pierre


Les Pierrafeu - Roméo Rock 02 par CamDoTv

Oh... Si les metteurs en scène pouvaient aussi faire appel à Gazou pour que leurs comédiens sachent rapidement leurs textes!

vendredi 9 mai 2014

«La Paix chez soi et autres bêtises humaines»... [Carnet de mise en scène]



Voici d'autres photos en répétition (cette fois avec Mélanie Potvin et Patrick Simard), prises cet après-midi, alors que nous travaillions sur Avant et après... avec les très langoureux René et Marthe!

«La Paix chez soi et autres bêtises humaines»... [Carnet de mise en scène]



Voici, en primeur, les premières photographies (avec Patrick Simard et Josée Gagnon) prises ce matin, en pleine répétition de la prochaine production estivale du Théâtre 100 Masques. Oui, ils ont leur texte en main... mais il ne s'agissait là que de l'italienne (cette récitation rapide du texte sans interprétation) de la très drôle pièce L'honneur des Brossarbourg! Quand vient le temps d'un enchaînement, ils peuvent fort bien s'en débarrasser!

jeudi 8 mai 2014

L'Ordre du Bleuet 2014


La Société de l'Ordre du Bleuet (cet ordre honorifique mis en place, il y a cinq ans, pour mettre en valeur les éléments forts de la culture au SLSJ et dont le site se retrouve ici) annonce ses dix nouveaux intronisés pour 2014 (la liste est ici).

Au chapitre des arts de la scène, ils seront cinq! Ainsi donc, la moitié de ces nouveaux membres viennent du monde du théâtre!

Deux sont de la diaspora saguenéenne (ces artistes de la région... et qui restent de la région même après des décennies...): Michel Dumont (comédien et voix de L'Esprit du Fjord de La Fabuleuse histoire d'un Royaume) et Michel-Marc Bouchard (l'un des grands dramaturges québécois).

Deux autres sont ici, sur le territoire, à avoir porté et porter encore un milieu culturel qui s'est construit au prix d'engagement et de persévérance: Madeleine Gauthier (qui a mis en scène de nombreuses opérettes et qui reste toujours impliquée dans différents organismes, dont la SALR) et Gervais Arcand (comédien du Théâtre Mic Mac, à Roberval, qui était encore, il y a quelques jours, de la distribution d'Au Champ de Mars). 

Un autre prix - posthume - reconnaît l'apport de Stan D'Haese (époux de Madeleine Gauthier) dans le milieu culturel alors qu'il a notamment signé de nombreuses scénographies et a collaboré a de nombreux projets avec son comparse, Ghislain Bouchard, en plus d'être enseignant. 

mercredi 7 mai 2014

Du son...


Encore une fois, lors de ma dernière mise en scène ( la dernière production du Théâtre Mic Mac, Au Champ de Mars), je me suis dit qu'il me fallait réfléchir au son, à la trame sonore de cette pièce... et finalement, rien. 

J'ai quand même écrit, dans mon cahier de notes, différentes possibilités: de bruitages, d'effets sonores, de pièces musicales. J'ai même préparé un  CD avec des pistes à tester en répétition. Mais rien.

Je n'arrive pas à m'intéresser au travail de conception sonore... non pas que je trouve cela inutile - loin s'en faut... il y a de véritables artistes de la conception sonore! - mais son côté artificiel, tout porteur d'émotion soit-il, n'arrive pas à m'accrocher. 

En bout de ligne, je termine toujours par n'assumer que le son concret, le bruit intrinsèquement lié à la scène: les pas sur le plancher (d'où peut-être mon intérêt pour les dits planchers!), le mobilier, les accessoires... ou encore - ô plaisir suprême! - la musique jouée directement par un musicien et/ou un orchestre.

J'aime que le rapport au son en soit un de cause à effet. J'aime le son induit (voire même conduit!) par l'interprète. J'aime le son vivant. 

mardi 6 mai 2014

«La Paix chez soi et autres bêtises humaines»... [Carnet de mise en scène]

Depuis le 16 avril dernier, les répétitions vont bon train... à raison d'un ou deux blocs par jour, du lundi au vendredi: sur les onze textes à mettre en scène, sept ont maintenant une ébauche pour guider le travail à venir.


Le rythme - cet élément capital! - est le plus grand défi à relever d'une pièce à l'autre... mais aussi à l'intérieur même de chaque petite oeuvre. Axées, pour la plupart, sur la conversation, ces textes sont d'abord des partitions rythmiques. Et dans les interstices du verbe (dans l'optique d'un jeu séquentiel parole-action-parole) se déploient tout un canevas de gestes, de mouvements, de déplacements. Du coup, c'est bel et bien une machine qui est créée. Un système dynamique. Un système qui n'admet - ô horreur! - ni retard, ni précipitation. 

D'où l'exigence tyrannique d'apprendre les textes en amont pour qu'en salle de répétition, le corps, les bras et les yeux (j'admets que l'esprit, lui, ne comptent pas dans cette énumération!) soient libérés de toutes entraves imposés par le livret. Exigence terrible pour qui préfère apprendre en faisant... Exigence qui, pourtant, au final, ouvre la palette de possibilités scéniques parce qu'alors, le théâtre se fait sur ses véritables motivations: les relations à l'autre, à soi, à l'espace. 

À ces considérations rythmiques se joint un autre défi: celui de l'interprétation, de l'incarnation de différents personnages par le même comédien. Trouver le bon caractère, le bon corps, la bonne intonation... et refaire le même exercice selon le texte qui est en chantier. 

Il n'y a pas à dire: la suite promet!

jeudi 1 mai 2014

Fin de semaine d'auditions...

Cet après-midi, à 15h, auront lieu les secondes auditions publiques professionnelles pour le théâtre et le cinéma, à la Salle Murdock du Centre des arts et de la culture de Chicoutimi. Une initiative qui découle du premier Forum sur le théâtre au SLSJ de 2011.

Six personnes (des finissants de l'UQAC, des comédiens de retour dans la région, des acteurs d'ici mais qui veulent se rappeler à notre bon souvenir) se prévaudront de l'offre et feront montre, devant des metteurs en scène et des réalisateurs (en plus de leurs pairs curieux) de leur talent sur la scène et - ô nouveauté de cette année! - à l'écran (dans de courtes scènes qui ont été tournées plus tôt par la Bande Sonimage).

Tout de suite après cet événement, je quitterai pour Montréal où m'attendent (en compagnie de Louise Bouchard, directrice artistique de la SALR et d'Aline Kutan) les auditions en vue de la prochaine production de la SALR (une autre audition au SLSJ devrait se tenir un peu plus tard dans le mois, j'imagine). Ce seront près de soixante solistes qui passeront devant nous, en deux jours.