vendredi 14 juin 2013

Théâtre d'été 2013... [Carnet de mise en scène]


Ce matin, nous entreprenons - dans la Salle Murdock! - une longue série d'enchaînements (entrecoupés de quelques répétitions ajoutées pour polir quelques scènes) qui mènera à la première, le 3 juillet prochain. Pour préparer toute l'équipe à cette nouvelle étape, je leur ai envoyé ce courriel-ci, il y a deux jours:

Nous sommes à un peu moins de trois semaines avant la première... ce qui vaut une éternité en temps normal! Je profite donc de ce moment pour vous refiler quelques notes, avant qu'on entreprenne, vendredi matin, la série d'enchaînements qui nous mènera aux représentations.

Des choses que je vous ai dites et redites... mais qu'il fait toujours bon de garder en tête.

L'ingrédient le plus important de ce spectacle (outre le plaisir de le faire!) et de toute représentation théâtrale, c'est la conscience... ingrédient qui se déclinera en plusieurs sous-conscience. Conscience de l'espace, parce qu'il est réduit et que vous ne pouvez bouger dessus comme dans un grand terrain vacant. Conscience de l'autre, parce que cet espace réduit oblige à une grande promiscuité. Conscience des objets, pour leur laisser l'espace nécessaire, pour bien les utiliser, bien les manier et leur faire faire les effets voulus. Conscience de l'image que vous projetez par ce rapport à l'autre, à l'espace et aux objet (votre positionnement, finalement... la forme avant le contenu).Conscience du rythme. Du rythme entre les scènes. Du rythme à l'intérieur même des scènes. Et enfin, conscience, dans ce cas précis où il n'y a pas de bande sonore, du son produit et de sa musicalité. C'est, en quelque sorte, un spectacle percussif. Faisons-en une force. 

Tout cela est infiniment important. Et de toutes ces consciences sortira nécessairement l'impression de grande maîtrise et de précision que j'aimerais tant que nous atteignons. Je vous le dis tout de suite: la grande majorité des notes que je vous donnerai dans les prochains jours se rapporteront à cette énumération. 

Par ailleurs, il y a tout un travail de compréhension de votre part qui doit se poursuivre.Compréhension du texte. De ce que vous dites en scène (de la façon que vous le dites...). Du destinataire de ces répliques. Des enjeux dramatiques qui les sous-tendent. 

Compréhension surtout de tous vos personnages. Bien qu'ils ne soient pas complexes, ils méritent que vous vous y arrêtiez. S'ils sont tous là, c'est qu'ils ont une utilité. Il faut que vous la trouviez, que vous la cultiviez. Qu'est-qu'ils doivent apporter, par leur présence (et par leur rapport l'un envers l'autre), à la scène en cours? Qu'est-ce qu'ils viennent faire dans l'histoire? Est-ce qu'ils évoluent (en général, d'après les deux fins un peu abruptes, je dirais spontanément non)? Si oui, comment? 

Compréhension des espaces aménagés pour ce qui peut s'apparenter à du cabotinage afin que vous les reconnaissiez bien et que vous les assumiez, que vous en profitiez au maximum pour le bénéfice des rires des spectateurs. Ils peuvent être embêtants parce qu'ils peuvent sembler longs, mais ne vous inquiétez pas, je les surveille. 

Ce que vous faites est très amusant. Ce sont là de très belles performances de votre part. Mais ce n'est pas assez. Il faut maintenant rehausser le niveau de jeu (en plus d'intégrer rapidement et sérieusement l'entrée en salle et l'arrivée de tous les éléments esthétiques) en sachant comment économiser votre énergie pour ne pas vous essouffler avant la fin. Pour y arriver, je m'attends à ce que vous agissiez comme les comédiens professionnels que vous êtes: en poursuivant (ou en y revenant si vous ne le faisiez plus!) l'étude du texte; en révisant rigoureusement vos notes d'intentions, de gestes et de déplacements (plus qu'à quelques minutes des répétitions); en repassant mentalement tout le filage des scènes. D'enchaînement en enchaînement (de séance de notes en séance de notes), je m'attends à ce qu'il y ait une évolution marquée. 

Ce que nous entreprenons, c'est la phase de consolidation. La phase de peaufinage. Il faut être capable de nommer les points qui accrochent. De rester ouverts aux modifications et aux changements. Et surtout, de les retenir. Cette concentration - qui fait parfois défaut... - doit absolument être travaillée. Comment? C'est à chacun de vous d'y répondre; personne n'est pareil. Retrait? Italienne? Étirement? Réchauffement? Cigarette? Sieste? Je m'en fous un peu en autant que le résultat soit à la hauteur de votre talent. 


C'est là l'essentiel du message.

C'est également ce matin que devrait arriver tout le matériel nécessaire au montage de la scénographie (à compter de lundi matin). Les morceaux du puzzle continuent de s'imbriquer les uns dans les autres. Reste maintenant à donner une véritable vie à tout ça!