samedi 31 août 2013

«La bataille perdue de la visibilité médiatique du théâtre» (H. Guay)


Si, comme le soutient Nathalie Heinich, la visibilité est liée au visage, le théâtre a perdu la bataille de la visibilité, au Québec comme ailleurs, au profit des médias de masse. Par les moyens de captation dont ils disposent, ces médias sont en effet bien équipés pour accorder aux visages une importance qu'ils ont rarement à la scène. Le plateau fait voir tout le corps et montre les interprètes en interaction, en train de dialoguer, pas seulement en train de minauder. Échanges verbaux d'abord, devenus aujourd'hui interartistiques et intermédiatiques mais dans une certaine mesure seulement. Difficile à capter, à médiatiser, à «humaniser» du point de vue audiovisuel, le théâtre ne fait plus le poids dans l'univers médiatique même si les médias sociaux ont laissé croire un moment que les communautés numériques allaient pouvoir lui être favorables par leur capacité de fédérer un certain nombre de fidèles autour d'une activité commune. L'illusion est bien vite passée, puisque comme tout média, les réseaux sociaux contribuent avant tout à leur propre promotion, que les médias traditionnels, de peur d'être dépassés, ne cessent de relayer, creusant ainsi leur propre tombe.

C'est là le premier paragraphe de l'article - dont le titre coiffe ce billet - d'Hervé Guay paru dans le (désespérant!) dossier Horizon incertain du théâtre québécois du dernier numéro (été 2013) de la revue Spirale. Il donne le ton au reste de l'article... au reste du dossier.

Le théâtre, au Québec (que d'aucuns ramènent aux seules capitale et métropole...), gémit dans un concert de récriminations duquel émergent quelques voix fortes (évidemment grand'centristes!) qui réclament une révision en profondeur du mode de fonctionnement, du mode de financement...

Le théâtre, au Québec, gronde.

Le théâtre, au Québec, craque.

Devant ce dossier qui réunit plusieurs personnes (Gilbert David, Yves Jubinville, Sylvain Bélanger, Raymond Cloutier, Jean-Frédéric Messier, Patrice et Frédéric Dubois, Brigitte Haentjens, Anne-Marie Olivier, Christian Lapointe et bien d'autres), le praticien en région éloignée sera définitivement partagé entre un profond découragement et une vertigineuse désillusion... et une envie de se battre et de joindre aussi ce mouvement de révolte...

Pour revenir à l'article de M. Guay...

Il termine en parlant des blogues: Au Québec, les blogues sur le théâtre n'ont guère pris la relève des hebdos culturels disparus. Dans le site Toutlemondeenblogue, on recence 64 blogues voués aux arts et à la culture. De ce nombre, aucun n'est consacré au théâtre. Deux voix font exception. L'une, Gaétan Charlebois, s'est recyclée après son départ du Mirror et du Hour, en fondant un blogue dont le mandat, très large, est annoncé dans son intitulé (The Charlebois Post-Canada. We are Canadian Theatre). L'autre est originale, Yves Rousseau par le truchement de son blogue (lequatrième.com) se présentant comme «Un point de vue indépendant sur le théâtre». En somme, les blogueurs ne se bousculent pas au portillon pour parler d'art dramatique [...].

vendredi 30 août 2013

À la chandelle...


La chandelle (à ne pas confondre, comme je le fais avec l'illustration, avec la bougie!) a eu une incidence importante sur le théâtre... ne serait-ce parce qu'elle a permis aux acteurs de jouer tout en se faisant voir de la salle! Mais plus encore... tel que l'indique Agnès Pierron dans son Dictionnaire de la langue du théâtre:

Chandelle: Composée d'une mèche brûlant dans un récipient contenant un mélange d'huile et de suif, la chandelle, jusqu'en 1720, sert d'éclairage. Elle dégage une fumée noire et âcre, peu agréable pour les acteurs. La rumeur a d'ailleurs attribué la mort de Molière aux inconvénients des chandelles.

Elles n'entrent pas seulement dans l'histoire des curiosités théâtrales. Elles ont eu des conséquences directes sur le rythme d'un spectacle. [Note de moi-même: la durée d'un acte était déterminée par la durée de combustion de ces dites chandelles...] On leur doit les intermèdes, et surtout les entractes. Aux XVIIième siècle, le moucheur de chandelles est un véritable acteur que le public applaudit ou siffle, selon sa plus grande habileté à empêcher la fumée et à remplacer les mèches. Les plus experts se retrouvaient à l'Opéra. Le remplacement des chandelles par des bougies a représenté un grand progrès.

Un spectacle à la chandelle a quelque chose d'intriguant et de fascinant... Alexandre Nadeau, dans le cadre d'une Carte Blanche des Têtes Heureuses, en 2002 (?) s'était lancé das un spectacle sans électricité, Boîtes de conserve, chandelles et fin du monde, avec tout un système de poulies et de bougies pour créer des effets... 

jeudi 29 août 2013

Le TNM réagit, en conférence de presse, aux coupures du Conseil des arts du Canada pour le théâtre...

ATTENDU QUE :
Le Conseil des arts du Canada, tenu de composer avec la politique du gouvernement conservateur de resserrer les budgets voués à la culture, a procédé récemment à des coupures importantes de subventions pour les compagnies de théâtre dans le but d’assurer une plus grande distribution des fonds publics et ce, malgré les vives protestations de plusieurs acteurs du milieu théâtral québécois ;

ATTENDU QUE :
Plusieurs compagnies touchées par ces réductions se voient dans l’obligation d’exercer une pression indue sur leurs revenus autonomes (billetterie et financement privé) pour continuer à rencontrer les critères d’excellence artistique qu’elles se sont fixés en plus de maintenir l’emploi culturel dont elles assument la responsabilité et de viser une plus grande démocratisation de l’art notamment auprès du jeune auditoire ;

ATTENDU QUE :
Les nombreuses prises de parole de plusieurs intervenants du milieu culturel n’ont trouvé aucun écho auprès des représentants du gouvernement conservateur pour défendre la nécessité de la culture et son accessibilité comme valeurs essentielles du développement de notre société ;

ATTENDU QUE :
Les artistes et artisans qui ont fait partie des comités d’évaluation se sont trouvés en porte-à-faux entre les politiques du Conseil des arts du Canada et les besoins des artistes en acceptant d’affamer des compagnies pour en nourrir d’autres, ce qui n’a pour conséquence que de diviser un milieu fragilisé par le manque de financement et de générer un climat malsain au sein de la pratique théâtrale ;

ATTENDU QUE :
Il est scandaleux que ce soit les artistes engagés par les compagnies qui se trouvent à faire les frais du manque de moyens financiers de celles-ci par leur chômage et leur maigre reconnaissance salariale ;

NOUS, MEMBRES DE L’ÉQUIPE DU THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE
Croyons qu’il est de notre devoir de réagir concrètement à ce que nous considérons comme une volonté de la part du gouvernement fédéral de censurer les artistes en les privant de l’argent nécessaire à l’expression de leur art et en privant le public de cette connaissance essentielle à son développement intellectuel et à son ouverture sur le monde en proposant les actions suivantes :

1- Aller faire du théâtre à Ottawa
Le TNM et sa direction artistique s’engagent à créer un court spectacle avec des acteurs importants du milieu et de le présenter sur la colline parlementaire à Ottawa lorsque la Chambre des communes est en session.

2- Réserver deux fauteuils au TNM
Le TNM et sa direction artistique réserveront d’office deux fauteuils à madame Shelly Glover, ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, les soirs de grande première. Sera inscrit sur ces fauteuils, la mention : Réservé à la ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles. Si absence il y a, cette dernière sera mentionnée tous les soirs de première par la direction artistique du TNM.

3- Plus de fonds au Conseil des arts du Canada
Le TNM et sa direction artistique demandent au gouvernement fédéral d’augmenter substantiellement le budget du Conseil des arts du Canada et ce, dès l’annonce du budget 2014 afin de revoir à la hausse les subventions des compagnies qui ont subi des réductions pour les quatre prochaines années. Si cette hausse ne devait pas être accordée, nous nous engageons à faire les pressions nécessaires auprès du gouvernement québécois afin que les fonds canadiens alloués à la culture soient rapatriés au Québec afin de permettre une distribution juste et équitable.

4- Conclusion
Le TNM et sa direction artistique n’entendent pas faire cavalier seul et espèrent par ces mesures créer un mouvement de solidarité au sein du milieu théâtral pour que d’autres actions soient mises en œuvre pour une plus grande reconnaissance de l’art et la culture au sein de l’appareillage politique fédéral.

Lorraine Pintal
Directrice artistique et générale
Théâtre du Nouveau Monde

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Pour d'autres détails, il sera bon de consulter cet article paru sur Cyberpresse... 

La Rubrique se lance!


J'étais au lancement de la programmation 2013-2014 du Théâtre La Rubrique, hier soir, à la Salle Pierrette-Gaudreault... sa trente-cinquième!... comme une trentaine d'autres curieux.

Une autre programmation costaude (toute ici) pour la compagnie jonquiéroise.

À commencer d'abord par sa production maison (en co-production avec le Théâtre du Trillium d'Ottawa), Les Mains de Jonathan, premier texte dramatique du romancier et poète (et ex-rédacteur en chef du Voir Saguenay-Alma et ex-directeur des communications de La Rubrique) Jean-François Caron, un auteur à l'écriture toute aussi fine que solide. Bien hâte de voir ce que ça donnera sur scène!

La compagnie recevra, par ailleurs, une douzaine d'autres spectacles dont mes coups de coeur (sur présentation d'extraits!) sont:

  • Moi, dans les ruines rouges du siècle, une production adulte des Trois Tigres Tristes sur un texte et une mise en scène d'Olivier Kemeid qui nous ramène dans une Union Soviétique au bord de l'éclatement;
  • Clip!, un spectacle jeune public (4-8 ans) qui met en scène un vieil employé de théâtre qui s'amuse sur la scène dans un jeu très physique, quasi chaplinesque;
  • L'Oubliette, encore un spectacle jeune public (7-11 ans) qui allie jeu, acrobatie et danse dans un univers carcéral déjanté.

Daniel Côté traite d'ailleurs de ce lancement (et du soutien financier supplémentaire octroyé par la Ville) dans l'édition du jour du Quotidien (ici).

mercredi 28 août 2013

Quand Sarah Bernhardt parle de nous...


Sarah Bernhardt a fait, au cours de sa vie, quelques tournées au Nouveau-Monde... et généralement, elle était accueillie comme une reine, comme une impératrice, comme une déesse... Pourtant, en 1905,  à Québec, elle s'est laissée aller à quelques bons commentaires incendiaires (il est possible de lire ses pérégrinations dans cet article d'où est tirée la citation suivante):

Je ne comprends rien à votre population, dit-elle. Vous avez des Canadiens-anglais [sic), des Canadiens-irlandais [sic], des Canadiens-français [sic], des Canadiens-iroquois [sic]! mais voulez-vous me dire pourquoi vous vous appelez des Canadiens-français [sic]! Vous avez à peine une goutte de sang français dans les veines. [...] Vous avez un beau pays, mais c’est tout. Depuis vingt-cinq ans l’agriculture peut-être a prospéré, mais le reste? Vous n’avez pas de peintres, vous n’avez pas de littérateurs, vous n’avez pas de sculpteurs, vous n’avez pas de poètes. Frechette peut-être, et un autre jeune. Mais sapristi, vous n’avez pas d’hommes, vous n’avez pas d’hommes! [...] C’est à vous, les journalistes, et à la jeunesse étudiante, à préparer l’avenir et à former le goût et les mœurs d’un pays [...] Vous avez progressé depuis vingt-cinq ans mais en arrière [...] Vous êtes sous le joug du clergé [...]Vous lui devez ce progrès en arrière qui vous fait ressembler à la Turquie.

mardi 27 août 2013

Un lieu de création habité...


Dans mes toutes récentes déambulations barcelonaises, je me suis retrouvé dans ce petit théâtre (dont l'affiche, dans la ruelle, me plaît beaucoup) - enfin, dans la cour intérieure de ce petit théâtre! -qui est devenu, en quelque sorte, l'alcôve parfait pour prendre une bière après quelques kilomètres au compteur. 


Car bien que fermé (dans le sens de pas de spectacles) lors de mon passage, ce petit endroit (minuscule!) accueille quotidiennement les badauds. De l'après-midi au soir, les passants emplissent les petites tables bancales de ce jardin où trône cet arbre gigantesque... 

Et ce fait le rend d'autant plus intéressant.

Voici donc un lieu de création définitivement bien branché sur son quartier... ainsi que le définit (dans un français acceptable bien qu'un peu tordu) son site webAntic Teatre est l'un des référents de la scène indépendante actuelle. Un centre de ressources des arts multidisciplinaires, consacré à l'exposition et soutien à la recherche, la création, la production, la promotion et la diffusion des arts scéniques et visuels. Compromis dans la recherche de nouveaux langages du corps, nouvelles dramaturgies et les nouvelles technologies; cirque, clown, théâtre d'objets; les nouveaux développements de la musique, les arts visuels et la littérature, la pensée sociale, culturelle, politique d’une pensée contemporaine. Appuie les jeunes créateurs et émergents, ainsi que les artistes indépendants expérimentés non consolidés, et à ceux qui ont une longue carrière et reconnue. Les portes de l’Antic Théâtre sont ouvertes tous les jours de l'année comme lieu de rencontre et d'échange pour les membres, voisins, public et artistes. Son but est de dynamiser la vie du quartier et la diffusion du modèle socio-culturel dans lequel il croit. Il a une salle polyvalente, un jardin, une terrasse avec bar et connéxion wifi.

Et j'imagine que les soirs de spectacles (j'aurais bien aimé pouvoir assister à l'un de leurs nombreux projets intriguant qui semblent verser dans le théâtre performatif), quand la fête bat son plein à l'extérieur, une affiche lumineuse est là pour remettre un peu d'ordre sur ce parterre:


Voilà le genre d'endroit qui fait défaut à Ville Saguenay (mais qui, dans l'esprit et l'atmosphère, pourrait peut-être se rapprocher du Côté-Cour): un endroit où se côtoie quotidiennement une population d'un quartier, les touristes et ses artisans... Un endroit d'échange et de repos, de réflexions et de conversations...

Un théâtre dans la cité dont l'ambition dépasse les seuls soirs de représentations.

De la mayonnaise...


Non, je ne ferai pas ici appel à la fameuse scène des Voisins de Meunier et Saïa d'où vient cette réplique fétiche (p.98 de l'édition 1982 chez Léméac): «Ça goûte donc bon de la mayonnaise, hein? [...] On peut pas dire à quoi ça goûte. [...] Comment ça se fait c'est bon avec n'importe quoi?»


En fait, je reviens avec cette idée du théâtre comme d'une mayonnaise, citation d'Olivier Besson, dont il était question sur ce blogue, le vendredi 4 mars 2011

Voici, sur le même thème, ce qu'en dit Yerri Kempf, auteur que je ne connais pas et dont je ne trouve pas beaucoup d'informations sinon ses romans et pièces de théâtre:

Un auteur pique des mots avec sa plume, invoque un peu d'inspiration, ajuste des dialogues, distribue des sentiments, capte une action, déchire des coeurs, secoue des cerveaux, construit des scènes, achève un, deux actes, exécute au passage quelques personnages, laisse tomber le rideau de son imagination et croit sa pièce terminée. Le pauvre homme, comme disait Molière, n'a encore battu que son jaune d'oeuf. Le metteur en scène doit maintenant ajouter de l'huile: il choisit des interprètes, les gave de mots, les fait pirouetter, leur arrache des larmes, provoque des crises de nerfs... Mais rien n'est encore fait: il manque la dernière goutte et un dernier coup de cuillère: le public. C'est lorsque le rideau se lève qu'on va enfin savoir si ça prend. C'est un grand moment.

Lancement de la saison de La Rubrique...


L'été se termine et fait véritablement place à l'automne quand resurgit le Théâtre La Rubrique...

Et le voilà qui s'active, qui célèbre cette année son trente-cinquième anniversaire de fondation, et qui invite, demain soir, mercredi 28 août, toute la population pour le lancement de sa saison 2013-2014.

Ce sera là l'occasion, au cours d'un 5 à 7, de rencontrer ses artisans, de prendre connaissance des différents spectacles qui s'arrêteront à la Salle Pierrette-Gaudreault au cours des prochains mois en plus d'avoir de plus amples détails sur les activités spéciales qui ne manqueront pas de ponctuer cette année de festivités.

dimanche 25 août 2013

Au théâtre, cette semaine! [Du 25 au 31 août 2013...]

Je reprends (du moins, je vais essayer!) la tenue du calendrier théâtral hebdomadaire... et je recommence en même temps que la rentrée où se retrouveront les étudiants en théâtre de l'UQAC dès demain (et où je débuterai aussi mon cours).

Donc, à l'agenda, cette semaine, bien peu de choses (bien que ça fourmille dans les diverses coulisses un peu partout sur le territoire!)...

Mardi et mercredi, 27 et 28 août 2013, 20h30
Jardin des Vestiges (Pulperie), Bâtiment 1912


DERNIÈRE CHANCE! Ce sont les deux dernières représentations de cette autre production de Jimmy Doucet à la Pulperie de Chicoutimi, Bienvenue à Cayo Banano! Du théâtre d'été dans sa plus pure tradition. Les informations supplémentaires (avec extraits vidéos) se retrouvent ici

Si j'oublie un truc, on peut me le faire savoir par le biais des commentaires.

samedi 24 août 2013

«Mandement au sujet des comédies» par Mgr de Saint-Vallier

 
Dès le départ de la colonie (la Nouvelle-France), le théâtre a dû combattre l'intransigeance du clergé... comme en fait foi cette lettre de Mgr de Saint-Vallier, évêque de Québec de 1687 à 1727, datée de 1694, à la suite de l'affaire Tartuffe (pièce autorisée en France en 1669 après une longue cabale) qui a provoqué, ici, des remous entre les pouvoirs politiques et religieux (ces-derniers ayant le dessus... pendant au moins les deux siècles et demi qui suivirent!). Ce mandement (dont j'ai souligné les passages les plus instructifs!) aurait donc force loi morale sur la non-émergeance d'un théâtre français au Nouveau-Monde...

MANDEMENT AU SUJET DES COMÉDIES

JEAN, par la grâce de Dieu et du Saint-Siège Apostolique, Evêque de Québec.

A tous les fidèles de notre diocèse, Salut en Notre Seigneur.

L'instruction qui fut faite, le dimanche dix de ce mois, dans l'église de la Basse-Ville pour l'éclaircissement des consciences touchant les comédies qui se jouent dans le monde, nous a donné lieu par les discours qu'elle a fait naître dans les conversations, de découvrir le besoin qu'il y a d'appuyer de notre autorité pour l'affermissement des mêmes consciences les choses qui furent dites, dans cette même instruction que nous nous sommes fait apporter.

Et comme il est de notre devoir pastoral de détourner par tous les moyens qui peuvent dépendre de nous les occasions de péchés qui pourraient perdre les âmes que Dieu nous a confiées, et de les soutenir dans le bien, nous nous croyons obligé de vous publier par un mandement exprès nos sentiments et nos intentions touchant les spectacles et les comédies qui se font dans le monde. C'est pourquoi après avoir approuvé comme nous faisons par le présent Mandement l'Instruction ci-dessus, dont nous avons jugé qu'on pourrait utilement faire distribuer des copies, nous exhortons tous les fidèles de notre Diocèse de faire une sérieuse attention sur le sentiment unanime de tant de personnes illustres en doctrine et en sainteté, qui parlent des comédies qui se jouent dans le monde selon qu'elles sont à présent en usage, enseignent tous que celles mêmes qui sont honnêtes de leur nature ne laissent pas que d'être très dangereuses par les circonstances du temps ou du lieu, ou des personnes, ou de la fin, ou des manières qui ont accoutumé de précéder, d'accompagner et de suivre ces sortes de divertissements, et s'efforcent d'en imprimer à toutes sortes de personnes l'aversion, et tout l'éloignement possible. Nous les conjurons de tout notre cœur pour l'amour de Notre Seigneur de déférer plutôt en ce point par un acquiescement docile aux sentiments des Saints qu'à leur propre lumière et à leur inclination naturelle dont ils doivent se défier.


Mais au regard des spectacles et comédies impies, ou impures, ou injurieuses au prochain, qui ne tendent d'elles-mêmes qu'à inspirer des pensées et des affections tout-à-fait contraires à la Religion, à la pureté des mœurs, et à la charité du prochain, comme sont certaines pièces de théâtre qui tournent la piété et la dévotion en ridicule, qui portent les flammes de l'impureté dans le cœur, qui vont à noircir et à déchirer la réputation, ou qui sous le prétexte apparent de réformer les mœurs ne servent qu'à les corrompre et sous couleur de reprendre le vice l'insinuent adroitement et avec artifice dans l'âme des spectateurs, comme pourrait être la comédie du Tartuffe, ou de l'imposteur, et autres semblables, Nous déclarons que ces sortes de spectacles et de comédies ne sont pas seulement dangereuses, mais qu'elles sont absolument mauvaises et criminelles d'elles-mêmes et qu'on ne peut y assister sans péché, et comme telles nous les condamnons et faisons défenses très expresses à toutes les personnes de notre Diocèse de quelque qualité et condition qu'elles soient de s'y trouver


Et à ce que personne ne puisse prétendre cause d'ignorance, nous voulons que notre présent mandement soit lu et publié dans Québec et ailleurs ou besoin sera au prône de la messe et dans les autres assemblées de dévotion qui se tiennent rêglément au dit Québec. En foi de quoi nous l'avons signé de notre main et fait contresigner par notre secrétaire et y apposer le sceau de nos armes.

Donné à Québec le 16 de janvier mil six cent quatre vingt quatorze.

JEAN, Evêque de Québec.
Par Monseigneur,
Levallet.

vendredi 23 août 2013

«La Fille du Tambour-Major»... [Carnet de mise en scène]


Parmi les nombreux projets qui m'occuperont au cours de la présente année, il y a cette seconde expérience de mise en scène au sein de la Société d'Art Lyrique du Royaume qui proposera, en février prochain, La Fille du Tambour-Major d'Offenbach, une opérette historique (franco-italienne!) fort intéressante... heureux mélange d'invraisemblances et d'imbroglios dignes des romans Harlequin et des soaps américains! Mais j'y reviendrai subséquemment.

Pour le moment, nous en sommes (l'équipe de direction qui accueille sa nouvelle directrice artistique - présentée dans cet article du Progrès-Dimanche - et l'équipe de création) encore à définir les grandes lignes esthétiques de cette production à venir. 

Et c'est la raison pour laquelle, ce matin, je me rends à Roberval pour rencontrer Christian Roberge qui reprendra, lui aussi pour la seconde fois, le rôle de scénographe pour la compagnie!

jeudi 22 août 2013

Nouvelles acquisitions...

L'avantage de donner un cours comme Analyse dramaturgique du théâtre au Québec est qu'il me donne ce coup de fouet nécessaire à l'achat d'ouvrages de référence qui faisaient défaut à ma bibliothèque (plus européenne que québécoise...). Ouvrages toujours utiles pour rafraîchir les connaissances, rappeler les événements, donner d'autres pistes de réflexion...

Je pourrais les trouver dans les étagères de l'UQAC, mais je préfère les avoir en ma possession et en faire un usage comme je le veux... écornant les coin ou prenant des notes à l'intérieur...

Ainsi, au gré de mes pérégrinations de ce matin, dans la capitale, je me suis procuré:









mercredi 21 août 2013

Encore un produit d'appel


Ce matin était publié un article, dans Le Quotidien, à propos de la (décevante....) saison 2013 de La Route des mille et unes histoires (projet de Jimmy Doucet... qui s'est retiré cet hiver) réduite à un seul spectacle (l'article est en lien, ici), Le secret des Pères

Ce spectacle de 400 000$ (!) a accueilli 2500 spectateurs en 14 représentations (ce qui n'est quand même pas mal)... sauf que le comité en attendait le double! Le déficit guette, mais le président du conseil d'administration affirme «que la présentation d'un seul gros spectacle dans le cadre de la Route des mille et une histoires sera en vigueur pendant trois ans» selon les orientations touristiques de la MRC Maria-Chapdeleine qui finance en grande partie le projet.

Ce financement et ce support à tout crin des projets touristiques qui occultent toute vie culturelle d'une ville, d'une région (dans ce cas-ci, à hauteur de 165 000$ de la part du fédéral), me laisse toujours un goût amer alors qu'on peine (que dire! qu'on n'arrive pas!) à recevoir, dans le milieu professionnel, un soutien si minime soit-il, à comparer à ces budgets. (Je fais volontairement abstraction de l'omniprésente Fabuleuse saguenéenne!)

Et l'amertume ne fait que décupler lorsque malgré des résultats navrants (et une gestion déficitaire!), le soutien demeure auprès de ces sempiternels produits d'appel... 

L'avantage qu'avait la formule originale de La Route était justement sa diversité (tant de projets que de lieux et de municipalités)... Mais cette diversité ne semble pas plaire aux dirigeants. Elle dérange. Elle n'est pas prise en compte... sauf quand vient le temps de déposer des projets d'accueil d'événements (comme tout dernièrement...) où tout à coup elle devient un net avantage!

Maintenant, qu'il y ait des produits touristiques soutenus par les ministères du Tourisme est une chose. À quand alors un soutien culturel adéquat des paliers gouvernementaux et des ministères concernés (qui font plus souvent qu'à leur tour office de parents pauvres des portefeuilles ministériels) pour les autres organismes qui bossent aussi au bien d'une offre événementielle dynamique et variée?

L'acoustique des théâtres antiques!


Voici, en lien, un documentaire fort intéressant sur l'acoustique des théâtres antiques... produit par le CÉRIMÈS il y a quelques années...


mardi 20 août 2013

Analyse dramaturgique du théâtre au Québec


La rentrée scolaire 2013... je ne l'attendais pas, celle là.

Voilà pourtant que j'en serai de nouveau, du côté enseignement, alors que je serai de retour en poste, à l'UQAC, comme chargé de cours pour Analyse dramaturgique du théâtre au Québec (qui regroupe, d'une certaine façon, une partie des cours Dramaturgie et mise en scène et Théâtre au Québec, le cours d'histoire). Le descriptif de celui-ci se retrouve .

Mon plan de cours est maintenant construit, et ça me semble stimulant (l'exercice l'est toujours, du reste!). Reste à voir maintenant la réception qu'en feront les étudiants. 

D'un autre côté, il y a aussi l'angoisse du premier cours théorique (puisque je n'ai dispensé, jusqu'à maintenant, que des cours pratiques). Par chance, voilà une matière avec laquelle je suis plutôt à l'aise: l'histoire, l'analyse, la recherche...

L'automne - et l'année complète! - continue de se charger...

lundi 19 août 2013

Nouvelle acquisition!


Comme lecture de vacances (si on peut appeler ça comme ça), je me suis tapé La scène et les tréteaux - Le théâtre de la farce au Moyen Âge (ouvrage publié chez Paradigme en 2004) qui réunit divers articles de fond  sur le sujet écrit par Michel Rousse, médiéviste réputé pour ses recherches sur le théâtre de cette époque.

Si le sujet peut être parfois un peu ardu (il s'agit là, après tout, du travail d'un éminent spécialiste), il est fort intéressant de lire son opinion (très différente) sur l'idée généralement admise du théâtre médiéval (les fameuses mansions) et sur l'émergence de la farce en occident. Il revient aussi sur ce qui apparaît, entre le théâtre romain et La farce de Maître Pathelin, comme un trou de près de huit siècle dans l'histoire du théâtre... 

Outre cette dimension socio-historique, un large pan de cet ouvrage (et c'est le plus intéressant!) se penche sur la construction de l'espace théâtral... principalement du tréteau. De sa constitution et de son mode de fonctionnement tout de conventions, de son rapport au public et de son rapport à l'objet. 

Comme j'aime beaucoup ces espaces simples (dont l'espace de la dernière production du Théâtre 100 Masques... raison, d'ailleurs, pour laquelle j'avais commandé ce bouquin...) il est fort à parier que ce sera là une sources non négligeables de billets pour les semaines à venir!

Les vacances sont finies!


Ça y est! Je suis de retour! Et en forme!

Après trois semaines de relâche, je reprends maintenant du collier pour une nouvelle saison théâtrale qui sera - ma foi! - plus occupée que je ne l'aurais cru! Les choses sont encore en branle, mais déjà je peux entrevoir de nombreux projets sur la table. J'y reviendrai très bientôt.

Pour le moment, il me faut reprendre les rênes du Théâtre 100 Masques pour que se poursuivent ses activités régulières puis remettre de l'ordre (enfin, des mises à jour!) dans ses différents dossiers pour la préparation de différentes demandes de subvention et pour le lancement de notre programmation.

Encore quelques jours et ce sera la rentrée... alors bonne saison 2013-2014 à tous!