dimanche 16 juin 2013

De la convenance théâtrale...


Autre trouvaille due à Google Book... C'est toujours bien d'avoir une idée de l'évolution du théâtre... Voici donc comment étaient définies les convenances théâtrales en 1855 - époque hyper théâtrale s'il en est une, avec ses vedettes, ses codes, ses genres! - dans l'Encyclopédie de l'art dramatique d'Edmond Béquet (ici):

CONVENANCES THÉÂTRALES:  Bienséances théâtrales; certaine conformité d'action avec les lieux, le temps et les personnes; c'est-à-dire l'exacte observation de certaines règles, qu'on ne saurait enfreindre, sans enfreindre ou négliger, sans choquer les notions les plus communes ou les moindres usages reçus dans le monde. Les convenances s'observent dans la voix, le maintien, le regard et la marche. Ordinairement il ne faut pas élever sa voix au-dessus de celle de son interlocuteur, lorsque celui-ci est placé, par son rôle, au-dessus de vous. Le maintien doit s'accorder avec la voix. Il faut aussi ménager ses regards avec prudence, suivant la qualité et l'importance de la personne à qui l'on parle, ou avec laquelle on se trouve en scène, même sans parler. Il en est de même de la marche. Les convenances théâtrales s'envisagent 1- sous le rapport du respect que le personnage se doit à lui-même; il est relatif à son rang et au genre plus ou moins grave de la pièce; 2- sous le rapport du respect que les personnages se doivent entre eux. Le respect est de même relatif au genre plus ou moins grave de la pièce, mais il a plus de détaché que le précédent.

Un valet, un artisan, un employé, etc., doit parler avec respect à son maître et à ses supérieurs, et éviter de paraître familier avec lui, à moins que l'esprit du rôle n'indique formellement le contraire. De même un homme de qualité, obligé de se travestir, devra toujours se respecter assez pour ne rien faire qui puisse dégrader le personnage caché. De même encore, en conversant avec son valet, loin de lui parler en face et comme sous le nez, il évitera même de l'approcher de trop près, et encore de le toucher d'une façon trop familière.

[...] Les actrices doivent éviter de mettre dans leur chant et dans leur jeu de l'affectation, de la lubricité, de l'indécence.

Les acteurs ne doivent pas s'ériger en critiques d'une pièce qu'ils représentent. Ils ne doivent pas rire avec le public, ou entre eux, lorsqu'ils sont en scène, des défauts d'une pièce dans laquelle ils paraissent. C'est méconnaître leur art, c'est aussi méconnaître leur devoir envers le public, et la considération qu'ils doivent aux auteurs qui leur ont confié le succès de leurs ouvrages; d'ailleurs, nous le répétons, jamais l'acteur ne doit oublier son personnage.

C'est encore une inconvenance très condamnable de la part des acteurs qui causent entre eux au moment où la pièce finit, ou bien qui, avant que le rideau soit entièrement baissé, s'empressent de quitter la scène.

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