samedi 28 avril 2012

«Albertine en cinq temps»

Dans l'ordre de la spirale: Mélanie Tremblay, Joan Tremblay, Sonia Tremblay, France Donaldson, Jocelyne Simard et Francine Joncas. 
Photographie: Christian Roberge

Hier soir, j'ai assisté à l'avant-dernière représentation de la production du Théâtre Mic Mac, Albertine en cinq temps. Un texte fort (un des plus aboutis!) de Michel Tremblay mis en scène par Réjean Gauthier et ses collaborateurs, Christian Roberge à la scénographie, Vicky Tremblay et son équipe de jeunes aux costumes, Gervais Arcand aux éclairages.

Sans jamais avoir été un fan à tout crin de Tremblay, j'admets volontiers qu'il a écrit, dans ses grandes pièces, des personnages féminins fabuleux. Et cet être multiple qui compose ce chef-d'oeuvre, Albertine, en est peut-être le sommet. Une femme complexe. Toute livrée à son ignorance et son instinct. À une faiblesse qui demeure pourtant sa meilleure protection.

C'est donc à un gros morceau que s'est attaqué l'équipe de Roberval... et il en résulte un travail honnête.

Les cinq Albertine (à 30, 40, 50, 60 et 70 ans) sont campées avec conviction par des comédiennes d'expérience. L'effondrement maternel... La rage viscérale... Le déni protecteur... La fuite dans un ailleurs factice... La résignation... Chacune joue sur un partition spécifique qui pourtant, dans cet ensemble polyphonique, brosse un portrait sans ménagement de cette femme meurtrie. De ces mots durs émane un plaisir de la scène, un plaisir de jouer ensemble. Et la mise en scène, tout simple, ne sert, au fond, qu'à les mettre en valeur. Peu de déplacements. Peu de gestes. Chacune liée à son siège - seul élément, avec le costume, à marquer efficacement l'époque - sur une spirale plutôt symbolique...

Bref, un théâtre de texte qu'on écoute avec intérêt.