jeudi 26 avril 2012

«Une parade avec Gille»


Ai assisté, hier soir, à une représentation d'Une parade avec Gille, une production du Théâtre du Faux Coffre... sans les Clowns noirs emblématique de la compagnie.

Présenté par Bernard Nardif - docteur Bernard Nardif! -, ce spectacle démonstration met en scène un personnage niais et bête, Gille (interprété avec un plaisir évident par Éric Chalifour), qui n'a que le mot marde à la bouche et de qui tous se moquent (dans tous les sens du terme), à commencer par son horrible femme, Gillette (Sara Moisan) dont la fidélité est proportionnelle à sa grâce. C'est-à-dire nulle. Après avoir été floué, rossé, mené en bateau, il doit rembourser une somme de 100 pièces d'or au bourreau... et pour y arriver, il essaie diverses solutions, toutes plus bêtes les unes que les autres. Au grand plaisir des spectateurs, il va sans dire. Rires il y aura.

Donc sur cette trame narrative simpliste (les péripéties du fou du village) qui tourne, cette fois, principalement autour de l'argent - de ses bienfaits et des vices qu'elle procure - toute une bande de personnages rocambolesques (l'ami, le bourreau, le vieillard, la pute, le geôlier) s'agitent... dans une surenchère de vulgarités (de la sexualité à la scatologie). Un peu comme un exercice de style. Un mélange d'Aristophane, de Rabelais et de François Avard. Un choix qui enrobe le thème principal... presque au point de devenir le point central reléguant l'intrigue au rôle d'accessoire. Une truculence qui peut écorcher les oreilles sensibles... et rires il y aura.

Du coup, le texte de Martin Giguère se différencie de ses œuvres précédentes. Par le ton. Par le langage... tout en gardant pourtant ce qui fait la force de celles-ci: un plaisir du mot, de l'expression imagée, du rythme... de la parole qui s'écoute parler! On ne refait pas l'auteur!

Un son donc différent sans l'être... dans un univers connu. Car l'esthétique privilégiée ramène assurément aux (premiers) spectacles des Clowns noirs: une apparente (et riche!) pauvreté théâtrale où seuls quelques éléments bruts marquent les lieux, avec de fort beaux costumes (fabriqués par Hélène Soucy) qui forment presque à eux seuls les personnages. 

Puis il y a le genre. La parade. Et c'est là mon seul regret de spectateur... Qu'est-ce qu'une parade? Y a-t-il véritablement parade ou celle-ci n'existe-t-elle que dans le titre? En quoi ce genre se différencie-t-il (du moins dans la forme présentée par le Faux Coffre) d'une production conventionnelle? Devrait-il y avoir une différence? Je cherche encore la (ou les) réponse(s). Mais peu importe. Rires il y aura!

Et vivement le plaisir de voir comment évoluera maintenant cette série...