lundi 23 avril 2012

Photo étudiante...


Voici une photo du groupe d'étudiants (prise quelques minutes avant la première représentation) qui viennent de terminer le cours Atelier de production sous ma direction.

Dans l'ordre, en partant de la gauche, on retrouve: Jessica Normandin, Camille Perry, Sébastien Ferlatte, Patricia Boily, Marie-Christine Grenier, Fanny Tousignant, Julie Bernier, Michael Turbide, Julie Tremblay-Cloutier, Audrey Bergeron, Cloé Bernard, Leïna Tremblay-Lessard, Robert Maltais et Heïdie Joubert.

Je reviendrai sur cette production, avec des photos de chacun des numéros, après avoir fait un bilan avec ceux-ci... soit demain après-midi.

«La Marmite» [Carnet de production]


 Ce soir débute véritablement les répétitions (bien que ça reste encore dans le champ du travail de table) de La Marmite de Plaute entre les comédiennes et la metteure en scène.

Il y a quelques jours, une première lecture nous a permis d'entendre le texte et d'en saisir la mesure éminemment comique. Des personnages tordus, cruels. De la mauvaise foi. De la grossièreté. Des mots crus. Des coups de gueules et quelques coups de bâtons! Des situations rocambolesques et des discours sur la richesse - deux fois millénaire! - qui acquièrent une nouvelle résonance dans notre contemporanéité... comme celui-ci qui, dans une verve pittoresque et truculente vilipende, en quelques sortes, la surconsommations et les achats à crédit. Il est tenu, en secret, par Mégadore, le riche voisin, qui veut épouser la fille d'Euclion, un avare de la pire espèce, qui l'écoute et qui tombe sous le charme de ce laïus!

J’ai fait part à plusieurs amis de mon projet de mariage. Ils disent tous du bien de la fille d’Euclion; ils m’approuvent fort : C’est, disent-ils, une idée très sage. En effet, si tous les riches en usaient comme moi, et prenaient sans dot les filles des citoyens pauvres, il y aurait dans l’état plus d’accord, nous exciterions moins de haine, et les femmes seraient plus contenues par la crainte du châtiment, et nous mettraient moins en dépense.

[...]

Une femme ne viendrait pas vous dire : Ma dot a plus que doublé tes biens ; il faut que tu me donnes de la pourpre et des bijoux, des femmes, des mulets, des cochers, des laquais pour me suivre ; des valets pour mes commissions, des chars pour mes courses. 

[...]

À présent il n’y a pas de maison de ville où l’on ne trouve plus de chariots, qu’il n’y en a dans celles des champs. Mais ce train est fort modeste encore, en comparaison des autres dépenses. Vous avez le foulon, le brodeur, le bijoutier, le lainier, toutes sortes de marchands, le fabricant de bordures pailletées, le faiseur de tuniques intérieures, les teinturiers en couleur de feu, en violet, en jaune de cire, les tailleurs de robes à manches, les parfumeurs de chaussures, les revendeurs, les lingers, les cordonniers de toute espèce pour les souliers de ville, pour les souliers de table, pour les souliers fleur de mauve. Il faut donner aux dégraisseurs, il faut donner aux raccommodeurs, il faut donner aux faiseurs de gorgerettes, aux couturiers. Vous croyez en être quitte ; d’autres leur succèdent. Nouvelle légion de demandeurs assiégeant votre porte ; ce sont des tisserands, des brodeurs de robes, des tabletiers. Vous les payez. Pour le coup vous êtes délivrés. Viennent les teinturiers en safran, ou quelque autre engeance maudite, qui ne cesse de demander. 

[...]

Quand on a satisfait tous ces fournisseurs de colifichets, arrive le terme de la contribution pour la guerre. Il faut payer. On va chez son banquier, on compte avec lui. Le soldat se morfond à vous attendre, dans l’espoir de toucher son argent. Mais, tout compte fait, il se trouve que vous êtes débiteur de votre banquier. On renvoie le soldat à un autre jour, avec des promesses. Et je ne dis pas encore tous les ennuis, toutes les folles dépenses qui accompagnent les grandes dots. Une femme qui n’apporte rien, est soumise à son mari ; mais une épouse richement dotée, c’est un fléau, une désolation. Eh ! voici le beau-père à sa porte. Bonjour, Euclion.

C'est un bel exemple de la teneur de cette pièce écrite au IIIième siècle avant Jésus-Christ.  Un bel exemple de l'écriture de Plaute (enfin... connu par une traduction...). Voici, en ce sens, ce qu'en dit R. Pichon dans son Histoire de la littérature latine parue en 1987: Plaute possède deux dons innés, celui de la scène et celui du style. C'est un inventeur inépuisable, un dénicheur de situations et d'expressions. Il lui manque la science des préparations, des transitions, des développements logiques; mais il possède l'art de camper ses personnages en face l'un de l'autre dans des situations imprévues. Au plus bas degré, ce sont les trucs du vaudeville. Un peu plus haut, ce sont les artifices de la comédie d'intrigue. Plaute sait tirer profit des contrastes.

J'aime bien ce point: Plaute comme précurseur de la commedia dell'arte, ça va de soit à lecture (alors qu'on reconnait les Arlequino, Pantalone et autres personnages typés)... mais précurseur (façon de parler) du vaudeville? Fort intéressant. Une riche matière que ce théâtre antique!