vendredi 3 février 2012

Une histoire de la mise en scène

Décidément, c'est le thème de la semaine... mais j'assume. Voici la définition historico-artistique de la mise en scène (son apparition, son évolution et les différents acceptions de cette locution) tirée du Dictionnaire de la langue du théâtre par Agnès Pierron.


C'est, pour reprendre la définition du premier metteur en scène français, André Antoine (1858-1943), «l'art de dresser sur les planches l'action et les personnages imaginés par l'auteur dramatique». On peut ajouter: à partir d'une idée directrice. Si l'expression date de 1820, la mise en scène, telle qu'on l'entend aujourd'hui, ne s'est constituée qu'à partir de 1887, c'est-à-dire lorsque André Antoine fonde le Théâtre-Libre.

[...] À l'âge classique, la mise en scène était impossible: les spectateurs sur le théâtre (voir ici), placés sur deux ou trois rangs de chaque côté de la scène, empêchaient tout décor et tout mouvement des acteurs. Leurs entrées se confondaient avec celles des «gens du bel air» [...].

[...] Jusqu'à la Première Guerre Mondiale, la mise en scène (jusque là, souvent le fait des directeurs de troupes, des régisseurs ou des comédiens eux-mêmes...) se contente de placements; quand il s'agit de reprises, c'est l'acteur jouant le rôle principal qui indique aux nouveaux venus dans la distribution, places, gestes et intonations. En outre, les pièces imprimées signalent: «La mise en scène est en vente chez l'auteur». Les photos de scènes publiées dans la revue L'Illustration avec le texte des pièces servent à la plantation du décor comme aux placements. La «vérité» naturaliste au théâtre ne peut plus se satisfaire de stéréotypes et de conventions. Avec l'arrivée du Cartel [...], «rien» ne pourra plus être comme avant. Non seulement l'acteur travaille à ne plus reprendre à son compte intonations et gestes plaqués, mais le metteur en scène adopte un point de vue sur l’œuvre qui lui sert de fil rouge, de fil conducteur. L'objectif est de servir le texte de l'auteur. Peu à peu, le metteur en scène prenant davantage de pouvoir, il tire la couverture et s'engage sur la voie du «dépoussiérage» des classiques. Il n'hésite pas à les revisiter, voire à les «mettre en pièces». [...]

On mesure le chemin parcouru depuis cette définition donnée par un dictionnaire du milieu du XIXième siècle: «On appelle mise en scène l'ensemble de toutes les dispositions relatives à l'action, aux mouvements isolés ou concertés des acteurs, aux incidents qui doivent se produire autour d'eux».

Voilà