mercredi 30 mai 2012

Nos théâtres cet été...


Mai achève avec célérité. Juin, avec ses quatre petites semaines et demies passera tras vite. C'est le dernier droit avant le début des théâtres en été qui égaieront les nuits estivales sur le territoire saguenéen!

En vrac, il y aura donc...

... du théâtre d'été à la Pulperie de Chicoutimi. Jimmy Doucet y revient, après un an d'absence, pour y présenter une autre de ses productions (en plus de continuer La route des mille et unes histoires dans le haut du Lac Saint-Jean), Le Divan. Du 3 juillet au 22 août 2012 à 20 h 30 (les mardis et mercredis). Et si votre divan pouvait raconter votre vie après sa mort... Des amours de jeunesse aux chicanes de famille en passant par les grandes révolutions des années 70 et 80, suivez les histoires colorées d'un divan à travers les époques. Attention à ce que vous faites en présence de votre divan, car un jour il pourrait bien tout dévoiler peut-on lire sur le site de la Pulperie.

... du théâtre d'été au Côté-Cour de Jonquière. Le quatuor formé de Guylaine Rivard, Maud Côté, Vicky Côté et Michel Otis reprend du service pour présenter la version 2012 du Oh! Cabaret. Du 11 juillet au 4 août 2012, à 20h30 (du mercredi au samedi).

... du théâtre en été à la salle Murdock de Chicoutimi. Le Théâtre 100 Masques présentera La Marmite, d'après Plaute. Une nouvelle plongée dans le répertoire antique. Du 5 au 28 juillet 2012, à 20h (du jeudi au samedi). Euclion, un avare invétéré, protège sa marmite d'or plus que sa fille. Mégadore, son richissime voisin, se cherche une épouse peu coûteuse. Entre ses deux enjeux, des voisins encombrants, une grossesse embarassante, une noce où les coups remplacent les plats.

... et encore du théâtre en été à la salle Murdock de Chicoutimi. Le Théâtre du Faux Coffre prendra la suite du Théâtre 100 Masques pour donner non pas une mais deux productions! D'abord, leur site annonce, en août, le second épisode d'Une parade avec Gille: Le Bras.  Puis, selon dans une suite logique avec leurs activités depuis quelques années, il devrait y avoir une reprise de leur Roméo et Juliette de William Shakespeare.

... en plus d'autres productions à caractère théâtral, comme La Fabuleuse histoire d'un Royaume, au Palais municipal de La Baie, et le spectacle du magicien Éric K qui se tiendra à la Saguenéenne de Chicoutimi.

Je crois que c'est tout.

mardi 29 mai 2012

De l'inutilité des dents quand on pratique un métier dans ce magnifique domaine culturel


Petite trouvaille ce matin... dans le Dictionnaire de la langue du théâtre... Voici une anecdote écrite par Jules Truffier, un acteur français de la toute fin du XIXième-début XXième siècle, dans son Mélingue, qui pourrait illustrer beaucoup de choses: le désarroi du sous-financement, le ridicule de certains cachets, l'exaspération du don de soi, etc...

Harel (que j'imagine être un producteur ou un directeur de troupe) reçut un jour, sur son bureau, le ratelier que l'acteur Tournant ôta de sa bouche, en disant d'un ton de mélodrame: «Vous n'avez pas d'argent; prenez ceci, je vous le donne; cela m'est inutile, puisque je n'ai plus de quoi manger!»

Malaise. 


lundi 28 mai 2012

«La Marmite» [Carnet de production]


La production de ce spectacle estival va bon train. Les choses se placent de plus en plus du côté esthétique, principalement en ce qui a trait aux costumes (alors que la scénographie, bien que réfléchie, ne sera en chantier qu'à compter de la semaine prochaine compte-tenu de sa nature). La grande ligne, pour tous ces éléments scéniques, est, je dirais, la matière brute. Une certaine simplicité dans l'exécution, un certain ascétisme faussé par une impression de plénitude.

Pendant ce temps, la mise en scène se poursuit à une cadence assez prodigieuse. Ce soir, d'ailleurs, les comédiennes feront leur premier enchaînement de toute la pièce.Un premier enchaînement (un premier débroussaillage) qui survient à près d'un mois et demi avant la première et qui permettra une globalisation, une reprise de tout le travail avec une vue d'ensemble. Je crois beaucoup à cette méthode: partir du début de la pièce et placer rapidement les scènes, les unes à la suite des autres pour aboutir à un premier résultat. Par exemple, ce soir, il sera possible de bien mesurer le ton de ce spectacle, de valider l’intérêt de chaque scène, de pouvoir pointer les forces et les faiblesses, de saisir le rythme et la dynamique sur lesquels repartir le chantier.

Ce premier enchaînement se fera devant quelques personnes (dont les collaborateurs et moi). J'y reviendra sans doute dans les prochains jours...


vendredi 25 mai 2012

L'angoisse du calendrier


Les choses se placent et se précisent... et peu à peu, mon agenda se noircit de projets. En fait, à partir disons de ce moment même... je me lance dans une course de fond sur une longue échéance (jusqu'en décembre 2013) où s'aligneront les projets d'envergure et mes activités régulières (notamment celles inhérentes au Théâtre 100 Masques et à mon doctorat).

La chose qui me stresse le plus, dans la vie, est d'être soumis à un calendrier. Je m'y prête volontiers sur une courte période, mais une si longue échéance m'angoisse terriblement. J'ai l'impression de perdre un peu le contrôle, même si, paradoxalement, c'est tout le contraire qui se produit (un sur-contrôle du planning de travail)! Ça a quelque chose de contraignant et de moins grisant - façon de parler - que le vide.

Bon. J'ai quand même le temps de voir venir les choses... et si les projets qui sont sur la table reçoivent toutes des réponses positives (il en reste deux sur quatre à confirmer), j'ajusterai les autres obligations en conséquence.

jeudi 24 mai 2012

Le serpent




Dans la pièce Les Mentons bleus: scène de la vie de cabots de Georges Courteline (une saynète qui décrit avec férocité comique le milieu du bas théâtre fait par des comédiens obscurs et sans envergure), un personnage, Rapéteaux, grand comédien de son état (selon lui), offre un rôle à un homme insistant, M. Réfléchi, un rôle dans la prochaine pièce, un serpent.

M. RÉFLÉCHI - Quel serpent?

RAPÉTEAUX - C'est un rôle muet. On reste assis derrière la coulisse. Ça consiste à se mettre à plat ventre, et  à passer le bras sous le décor, après l'avoir fourré dans une peau d'anguille. Alors on agite comme ça, et puis comme ça. De la salle on dirait un serpent.

Ce que je peux aimer les textes de Courteline! Et voilà un rôle à ma mesure... moi qui suis si fluide du bras!

mercredi 23 mai 2012

En route vers le second «Forum sur le théâtre au Saguenay-Lac-Saint-Jean»


C'est jeudi, le 21 juin prochain, en après-midi (de 13h à 17h... suivi d'un 5 à 7), que se tiendra le second Forum sur le théâtre au Saguenay-Lac-Saint-Jean (suite à un consensus - tant sur la durée que sur le moment de l'année - établi lors du premier de l'an dernier).

Comme l'an passé, tous les artisans du milieu théâtral - professionnels, amateurs, étudiants, professeurs, Saguenéens, Jeannois, auteurs, concepteurs, metteurs en scène, comédiens, directeurs artistiques, les compagnies, les collectifs, etc - y sont conviés pour échanger (parce qu'il s'agit là d'un espace d'échanges important!) et discuter autour d'enjeux importants.

Cette année, le sujet retenu (donné ici à titre informatif; un document plus complet et plus étayé parviendra sous peu à tous) concerne un sujet précis: la constitution possible d'une véritable saison théâtrale régionale. Après avoir eu un aperçu des projets pour 2012-2013 (donné par chacune des directions de compagnies), le milieu sera invité à échanger sur les moyens possibles pour faire une promotion concertée, pour développer les publics, pour faire circuler les informations, sur d'autres mécanismes à mettre en place éventuellement (comme des auditions, un botin?). Ce sera là l'occasion pour chacun de connaître ce qui s'en vient, de savoir où offrir ses services, d'avoir conscience des trous qui parsèment le calendrier en cas de nouveaux projets, etc.

L'exercice ne peut qu'être intéressant qui peut déboucher sur de nouvelles avenues. Chose certaine, il posera au moins deux questions d'importance: quelle ligne directrice peut-on dégager d'une telle saison?quelle image peut-on se donner comme milieu?

Un seul sujet aux multiples possibilités! Il en va de la dynamique et de l'efficacité du milieu théâtral régional (et ça vaut le coup! et ça porte des fruits!). Plus il y aura de participants et le plus le bouillonnement se fera intense et porteur de nouveaux points de départ.

Alors, à tous les théâtreux et théâtreuses, restez attentifs aux envois qui se feront bientôt et manifestez-vous lorsque vous serez sollicités (via le Conseil régional de la Culture)!

mardi 22 mai 2012

Un prix (peut-être deux!) pour le Mic Mac!

L'information m'est passée entre les mains, il y a quelques temps déjà et je m'étais dit que j'y reviendrais... ce que je fais ce matin!

Lors du prochain Gala des Arlequins 2012 qui se tiendra le 2 juin prochain (sous l'égide de la Fédération Québécoise du Théâtre Amateur), le Théâtre Mic Mac a été sélectionné pour être le récipiendaire, cette année, du Prix Hommage Guy-Beaulne soulignant leur longévité et leurs actions théâtrales au fil du temps. Un prix amplement mérité au vu de l'importance de cette troupe robervaloise dans le paysage culturel de la région.

 
À noter également qu'au cours de ce même gala, Ursule Garneau sera mise en nomination dans la catégorie Meilleure comédienne pour son rôle (difficile parce que sur un autre mode que le mode burlesque des autres personnages) de Monique dans la production La Visite dont j'ai signé la mise en scène en avril 2011. Bonne chance à elle!

Le Théâtre Mic Mac est un habitué de cet événement... ayant remporté en 2008 les prix de Meilleure comédienne (Céline Gagnon - Les Reines) et de Meilleure production 2007 (Les Reines); en 2009, Meilleure scénographie (Christian Roberge - Le rire de la mer) et en 2011, le coup de cœur du jury (La Défonce) en plus d'avoir, au cours de ces années, cumulé de nombreuses autres nominations.


lundi 21 mai 2012

D'où vient le «rôle»?


 Dans le bouquin (un peu forcé) que je lis sur Shakespeare (dont il était question ), l'auteur donne, en page 332, sa version - probablement juste... comme tant d'autres versions... - de l'étymologie du mot rôle. Comme je ne m'étais jamais posé de questions sur le sujet auparavant, l'anecdote n'en est que plus intéressante...

Shakespeare avait certainement vu la première pièce sur Hamlet, et probablement plus d'une fois. Il est fort possible qu'il l'ai jouée, auquel cas il aurait eu en sa possession le rouleau de bandes de papier collées ensemble sur lesquelles étaient inscrites ses répliques et les indications concernant ses entrées et ses sorties de scène. De façon générale, les acteurs élisabéthains ne possédaient que leur propre rouleau (roll) - d'où provient le mot «rôle» - et pas le texte complet; il était trop dispendieux de le copier en entier, et les compagnies théâtrales hésitaient à laisser leurs scénarios circuler librement.

Ça me semble très plausible. Ainsi donc, le «rôle» provient d'une tentative d'économies...

Du répertoire comme champ de bataille


J'aime bien puiser dans le répertoire - il y a tant de textes, de styles, de formes méconnus! - pour préparer une production. Puiser dans le répertoire - de l'Antiquité à l'absurde, du Moyen-Âge au théâtre bourgeois du XIXième siècle - pour trouver celui qui parle le plus à un public d'aujourd'hui.

Pourquoi alors ne pas privilégier une écriture beaucoup plus contemporaine - québécoise de surcroît! - pour établir ce dialogue? Certains me reprocheront peut-être ce choix (ou l'ont déjà fait).

D'une part, se frotter à de telles œuvres comporte quelque chose de grisant. Par la diversité des contextes de création qu'elles ont subi. Par la diversité des contenus parfois surprenant (comme, par exemple, toute la paillardise des textes antiques). Par la diversité des styles d'écritures qui sont à la source de nombreuses autres variantes par la suite. Par la diversités des productions qui se sont enchaînées au fil du temps. Par la diversité des points de vue qui tirent tout autant de points de fuite. Par cette multiplicité des possibilités.

Malgré des exhortations à plonger dans un répertoire du présent, je crois, très sincèrement, à l'importance de remettre encore et toujours à l'affiche ces morceaux qui pourrait ou devenir des pièces de lecture (mettant de côté leur essence théâtrale) ou pire, sombrer dans l'oubli comme tant d'autres que nous ne connaîtront jamais... sans pour autant tomber dans l'archéologie théâtrale.

D'autre part,  je trouve qu'un texte qui réussit à parler d'aujourd'hui malgré un important décalage socio-historico-artistique est fascinant. Plus ce décalage est grand, plus l'effet est saisissant. Cette transcendance me passionne et je trouve que cet écho du passé acquiert une résonance sans commune mesure avec, disons, un texte actuel sur le même sujet.

Voilà un peu la philosophie qui guide mes choix... en signifiant qu'il ne s'agit pourtant pas d'un rejet de ce qui se fait de nos jours alors que j'aime bien, également, cette nouvelle écriture en mouvance, fragmentaire, torturée qui comporte de nombreux défis et s'ouvre comme un autre vaste champ de bataille...

samedi 19 mai 2012

«Le Souffleur» de Reggiani


Tiens... Je ne connaissais pas cette chanson de Serge Reggiani, Le Souffleur, qui raconte (les paroles sont de Claude Lemesle) la vie et les envies de cet être dans le trou, s'oubliant au service des autres, de la scène. Un métier du théâtre en voie de disparition mais que je trouve fascinant! Et cette chanson-là dépeint un personnage fabuleux... pris dans entre son rêve et sa réalité. L'ombre de l'autre. La mémoire de l'autre.



J'aime bien ces chansons sur le théâtre... et j'aime bien la voix de ce chanteur qui fut aussi (et d'abord) un grand comédien.

jeudi 17 mai 2012

Du critique dramatique... (tiens... il reste encore des choses à dire?)

 Image illustrant le 40ième numéro de la revue JEU, La critique théâtrale dans tous ses états

Le sujet reste l'un de mes préféré parce qu'essentiel. Un sujet dont on ne fait jamais complètement le tour... et dont de nombreux éléments semblent toujours manquant dans notre milieu (encore plus défavorisé, à ce chapitre, que celui qui anime les grands centres). 

La présente définition est celle du Dictionnaire de la langue du Théâtre d'Agniès Pierron... qui pose une question importante: à qui doit incomber la tâche de critique sinon le peuple lui-même? Et si c'était lui, le public, qui ne fait plus sa job?

Le critique dramatique rend compte d'un spectacle. Son jugement importe au public comme à l'équipe artistique. On peut déplorer qu'il se contente, souvent, du résumé de la pièce, de quelques lignes sur l'auteur et d'une distributions de bons et de mauvais points, en passant à côté de l'essentiel: l'évanescence même de l'acte scénique, qui pourrait être mise en mots.

Mais, peut-être, n'est-ce pas là sa fonction. Ce que semble confirmer l'étymologie du mot. Les anciens Grecs, au moment des concours, nommaient des juges qui décidaient de la victoire des candidats et étaient chargés d'imposer silence au public. Ils étaient munis de baguettes, ce qui leur avait valu le nom de mastigonomes ou critoe, d'où est venu le mot «critique». Malgré les efforts de ces sortes de commissaires de police, les spectateurs manifestaient bruyamment leur approbation ou leur mécontentement. Les uns lançaient de cris de joie en sautant sur leur siège; les autres battaient des mains en secouant leur tunique. En dernière instance, c'est le public  le seul juge; ne parle-t-on pas de son «verdict»? Mais, qu'est le public d'autrefois devenu?

Et vlan.

mercredi 16 mai 2012

«Le directeur de théâtre» par Pierre Aucaigne

Numéro déjanté d'un humoriste français...



mardi 15 mai 2012

Un personnage d'occasion...


Je l'ai déjà affirmé quelque part dans un de mes nombreux billets et je le réaffirme de nouveau: l'un des ouvrages les plus intéressants à lire, à mon sens, est L'Éternel Éphémère de Daniel Mesguish, un auteur, metteur en scène et comédien français. Ce petit livre renferme une multitude de petits passages savoureux, d'aphorismes, de citations éclairs... comme celle-ci, qui est très belle:

La première n'a pas eu lieu. Pas de personnage sans la répétition. Un personnage n'est jamais «propre», n'est jamais neuf - et cela, même le jour de la «première» d'une création mondiale -; il est toujours d'«occasion».

Intéressant comme point de vue. Toute création théâtrale est précédée de tout un travail... qui fait du personnage, de la voix, de la figure, un miroir, un écho de celui-ci...

lundi 14 mai 2012

«La Marmite» [Carnet de production]

Ah! L'envie me tenaille alors que les répétitions officielles débutent présentement dans la salle Marguerite-Tellier du Centre des arts et de la culture...

L'envie de me colletailler avec ce texte de La Marmite qui, malgré son âge deux fois millénaire, renferme une truculence merveilleuse... qui résonne encore plus après l'avoir entendue de la bouche des deux comédiennes en préparation au travail (donc, en italienne...). L'envie de mettre en scène ces personnages loufoques - dans la présente scène, il s'agit d'un homme riche et de sa soeur qui discutent de mariage - dans cet esprit si caractéristique au genre antique... grivois et paillard. L'envie de rires et de divaguer dans cet espace...

Il s'agit là de l'envie (loin d'être malsaine!) du créateur en moi devant un objet en construction! Une envie qu'il fait bon cultiver... surtout que ce projet est entre bonnes mains avec cette équipe de comédiennes et leur metteure en scène! 

Et une envie qui sera tout de même satisfaite puisque j'ai à charge les éléments esthétiques avec ma propre équipe... en plus de demeurer quand même (et là, il me faut bientôt circonscrire les limites de la tâches!) directeur artistique de cette production...

Une envie, donc, sans regret et sans remord... plus stimulante qu'autre chose!

J'ai bon espoir d'avoir, cet été, un spectacle surprenant et franchement très drôle! Aux spectateurs, maintenant, d'oser le rire antique!


dimanche 13 mai 2012

De vent...

L'ouvrage Pratique pour fabriquer scènes et machines de théâtre par Nicola Sabbatinni (que le peut retrouver sur Google Books) est l'un des plus fascinant à lire... Écrit au XVIIième siècle, ce petit traité de scénographie - parce que c'en est un! - ouvre tout un monde de considérations matérielles et trucs... surannés mais fabuleux! Règne du bois et du craquement!

Comme celui-ci pour faire du vent (et que plusieurs ont déjà sûrement expérimenté de façon intuitive quand ils avaient un bâton, un tuyau, ou une branche dans les mains):


Devant cette lecture, devant cette ingéniosité, devant ce florilège qui passe d'un effet à l'autre (du ciel qui se couvre de nuage à la représentation de l'enfer en passant par le naufrage d'un navire et le surgissement d'un monstre marin...), devant ces espaces si complexes et en même temps si naïfs, cela donne de furieuse envie de s'y frotter et de retrouver, par là, une matérialité sonore et visuelle qu'ont remplacé, de nos jours,  les nouvelles technologies un peu aseptisées...

jeudi 10 mai 2012

William Shakespeare (revu et corrigé)


 J'ai délaissé un peu la théorie et les lectures plus intellectuelles pour plonger dans un bouquin plus populaire: une biographie (presque une hagiographie!) de William Shakespeare, Comment William est devenu Shakespeare, un best-seller du New-York Times paru en 2007 sous la plume de Stephen Greenblatt, dans sa traduction française par Guy Rivest (aux éditions des Intouchables)

Une hagiographie parce que presque une sanctification du génie. Loin des controversées évocations qui courent depuis des années sur la véritable identité du dramaturge. Un ou des auteurs? Et qui est-il? 

Une petite lecture bien simple... et écrite avec une vision un peu romantique et de l'homme, et de l'époque...

mercredi 9 mai 2012

Le devenir du théâtre...


Petit détour, ce matin, par la Critique du théâtre - de l'utopie au désenchantement de Jean-Pierre Sarrazac (exactement au dernier paragraphe de la page 25), pour avoir un aperçu - subjectif à l'homme, bien sûr... mais quel homme! - du devenir du théâtre...

Il ne suffit pas, pour que le théâtre retrouve sa place dans la société, de décréter quel est son «devoir». Ni de poser, politiquement, la bonne question. Ni même de vouloir religitimer [...] le spectateur authentique [...]. Tant que cette idée nouvelle du théâtre ne s'incarnera pas dans une poétique plurielle, rien, en fait, ne pourra bouger. Prôner aujourd'hui la renaissance, au choix, de la tragédie ou de la comédie, c'est aller à l'encontre de cette poétique plurielle au nom d'une politique des genres parfaitement périmée. Sous l'apparence d'une motion esthétique, nous refaire le vieux coup de la conscription de l'art. Or l'art du théâtre ne saurait être - comme aux années dogmatiques - un champ de manœuvre. Il se présente au contraire, pour citer une fois encore Jean-Christophe Bailly comme un «chantier ouvert» où «les formes, loin d'être prises dans un moule qui les façonne, sont en train de se chercher».

J'aime bien les deux ou trois première lignes de cet extrait où la question du devenir théâtral se pose sans qu'une réponse autre que devenir une poétique plurielle survient. Quelle réponse! C'est là une ouverture infinie un peu vertigineuse. Une mise en abyme qui peut essouffler...

mardi 8 mai 2012

Degré d'objectivité du son?

Étrangement, il y très peu d'écrits sur le son au théâtre (en comparaison avec les autres éléments scéniques)... La matière sonore, qui devient une préoccupation de plus en plus grande pour nombre de praticiens (dont je ne suis pas encore), reste encore à définir... du moins, dans son rôle, son apport, son fonctionnement.

Et si nous prenions ce schéma du degré d'objectivation de l'objet (les références se retrouvent dans le billet du 29 août 2011)...




... et que nous le  transposions pour le son? Quels en seraient les degrés d'objectivation? Quelle hiérarchie pourrait-on employer? Permettrait-il, ce schéma, de nous situer par rapport au son?


Le schéma plus haut demanderait une attention particulière et du temps, parce que la seule transposition telle que je l'ai faite est simpliste et plus ou moins (mois que plus!) convaincante... Mais reste que la piste est intéressante.

lundi 7 mai 2012

Dans le bois... ou presque


À compter de ce matin - et ce, pour la semaine qui vient - je me dirige vers Simoncouche (le chalet de l'UQAC) où je participerai à une nouvelle recherche-création... cette fois sur le jumelage son, écriture dramatique et performance in situ.

Voici un bref résumé, pris directement sur le site de la Chaire de recherche du Canada pour une Dramaturgie sonore au théâtre: À partir d’une immersion dans un cadre naturel, les participants s’appuieront sur une écoute de l’environnement pour produire une écriture qui fait appel au son et à la performance.

Nous sommes, si je ne m'abuse, deux (peut-être trois) équipes de travail... pour la plupart étudiants des deuxième et troisième cycles universitaires. Sûrement Maude Cournoyer, Anne-Marie Ouellet, Odré Simard et moi.

Le défi personnel est triplement grand: d'abord parce que je ne suis pas un chercheur collectif; ensuite parce que mon approche du son est particulièrement simpliste (pour ne pas dire inexistante); enfin parce que la performance ne fait pas partie de mes premiers intérêts dans les arts de la scène.

Quel sera donc l'apport du son? Quel sera l'apport du lieu? En quoi l'un et l'autre influenceront-ils cette écriture dramatique? Y aura-t-il écriture dramatique? Et si oui, sera-t-elle théâtrale ou performative? Beaucoup d'interrogations pour l'instant.

En cherchant selon les paramètres de la Chaire, c'est donc aussi une certaine remise en cause et en question de ma vision théâtrale qui sera le sujet sous-jacent à cette quête.

samedi 5 mai 2012

Tremblay au Musée



J'arrive de visiter cette exposition, L'univers de Michel Tremblay, présentée au Musée de la civilisation de Québec et qui porte, comme l'indique son titre, sur la vie et l’œuvre de cet auteur monumental.

D'emblée, cette exposition me laisse un peu froid... faisant plutôt la place à des documents audiovisuels (où l'auteur parle de son écriture, de ses inspirants, de sa famille; où des collaborateurs de longue-date s'expriment également...)... un grand documentaire spatial, en quelques sortes. Bien fait, oui... mais on n'y apprend rien de nouveau. Le plaisir de retrouver des images de la première lecture des Belles-Soeurs en 1965 ou des films tournés par Brassard (comme Il était une fois dans l'Est) ne remplissent guère cette béance que procure l'impression de déjà-vu.

Pas vraiment anecdotique, pas vraiment historique, pas vraiment archivistique (dans le sens de montrer des objets des créations, des traces, des artefacts, des photos), j'ai un peu de difficulté à saisir le but de cette exposition.

L'une des choses les plus intéressantes de cette visite reste le mur d'une douzaine d'affiches - dans une petite salle où se retrouvent cinq exercices pédagogiques de création de costumes et de scénographies pour Les Belles-Soeurs - qui donne une bonne idée de l'internationalité de Tremblay.
Une visite perdue? Non. Mais qui ne vaut pas le détour pour autant.

Du rouge comme imbécilité humaine

 
Pour avoir des tissus, des vêtements, d'une belle teinte brune tout en économisant, il n'y a rien comme un trempage dans le thé ou le café... mais ces trucs un peu vieillots ne peuvent pas faire de miracle... A preuve, cette anecdote tirée de Les Coulisses d'Aurélien Scholl, paru en 1886 (pour la seconde édition).

vendredi 4 mai 2012

Voilà où je mets ma barre.

Bon. Depuis deux jours, je réfléchis beaucoup à la couverture médiatique culturelle (les circonstances font en sorte que je pense très local... mais je crois savoir que la situation n'est guère plus reluisante ailleurs), à ce qui lui manque pour que j'en sois satisfait. 

J'ai revu aussi la plupart de mes billets sur le sujet (qu'on peut retrouver en rafale ici pour constater ma redondante préoccupation!) et j'en suis venu à quelques conclusions-synthèses. On me répondra sans doute que c'est utopique... mais je suis d'avis que si la culture a une valeur économico-socio-politico-artistique, elle mérite cette attention et ne devrait pas se contenter de moins.

Voici ce que je revendique comme interlocuteur médiatique (en ayant conscience que le problème vient plus souvent qu'autrement du média lui-même):

D'abord un intérêt. Et même plus... un intérêt dans cet ordre d'importance: primo, les faits et gestes du milieu régional (de grâce, en évitant l'enflure des grands spectacles!). Ensuite le national (de grâce, en évitant la surenchère d'humoristes et de couvertures filmiques).... et les incontournables internationaux (de grâce, en laissant les anecdotes et faits divers aux revues spécialisées). Cette fonction culturelle en est aussi une d'éducation de public... eh bien, que cette job se fasse avec rigueur et sérieux!

Puis une continuité dans l'occupation de cette dite fonction culturelle dans les différents médias, une personne qui reste en poste assez longtemps pour avoir une connaissance intime du milieu... et que cette section cesse d'être le passage obligé pour les remplaçants (pour combler leurs tâches) ou pour les stagiaires! Cette fonction en est une de guide, oui... d'analyse, assurément... mais aussi (et peut-être surtout!) de mémoire. Que la personne soit sympathique est une chose. Je demande - j'exige! - aussi la compétence.

Je ne peux concevoir que mon interlocuteur médiatique connaisse mal mon travail, ne sache pas reconnaître mes intérêts, pointer mes forces et mes faiblesses. Ce que je souhaite, c'est un dialogue critique soutenu... voire une remise en question.... et une capacité de me replacer dans l'histoire de la pratique d'hier à aujourd'hui. Et cela vaut aussi pour ma compagnie.

Je souhaite que cet interlocuteur sache me parler de Meyerhold (eh oui!)... ou de n'importe quelle autre praticien-théoricien. Une notion qui présuppose, oui, une grande connaissance du théâtre. Mais après tout, fait-on parler d'horticulture à un quidam? N'importe qui s'improvise sommelier? Foutaise. Je souhaite que cette personne sache parler du théâtre pour autre chose que pour le divertissement (et idéalement, s'il-vous-plaît, par respect, au-delà de mon propre communiqué).

J'espère que cette personne puisse me parler du vaudeville en sachant que celui-ci n'est pas le théâtre de boulevard (ou si peu) et que ce dernier n'est pas le burlesque... même si un véritable fil directeur peut les relier.

Et enfin, oui, je demande à ce qu'un tel être ait un sens du jugement lui même ouvert (et non infaillible), une véritable sensibilité à la scène... et une intégrité dans son expression.

Et cela vaut pour toutes les sphères artistiques.

Voilà. C'est assez. Alors , utopie? Peut-être... du moins avec les points avancés.  Mais en même temps, le journaliste, débutant comme expérimenté, a - et je le crois sincèrement! - pour mission d'aiguiser sa curiosité, de se documenter et de tirer les liens nécessaires. Je le répète: pourquoi se contenter de moins et ne pas faire mieux?


mercredi 2 mai 2012

Eh merde...


Ce billet aurait dû se titrer «J'ai mal à ma culture» mais ç'aurait été poche. Et je n'ai pas le coeur à la convenance... Je suis plutôt outré. Choqué... et terriblement déçu.

Depuis ce soir (ou cet après-midi) court la nouvelle sur Facebook: le Voir Saguenay-Alma en sera demain à sa dernière parution (avis aux collectionneurs...). Je suis complètement tanné.

D'un part parce que oui, je suis concerné. C'était là, pour moi, depuis 2010, un side line que j'aimais bien. Payant? Non. Mais que j'aimais pareil... Qui me permettait de rencontrer les gens... de comprendre ce sur quoi ils travaillaient...

Puis parce que c'était là (avec tous ses défauts, peut-être!) le seul média spécifiquement culturel.

Et sérieusement, cette disparition, ça fait peur. Avec les coupes à Radio-Canada, la réduction de l'espace réservée à la chose culturelle (pour ne pas parler de transformation désavantageuse en «chroniques» ou pire, en revue des revues) dans tous les autres outils de communications (que ce soit à la radio, à la télé ou dans les journaux), la montée en puissance de cette droite populiste pour qui la culture n'est qu'une dépense inutile voire un gaspillage, le désintérêt de cette masse que forme le peuple, il y a de quoi décourager même le plus enragé des créateurs...
Ce n'est peut-être pas la première fois que ça arrive (il faut se rappeler l'aventure du Lubie du milieu des années 90...), mais la convergence de tous les éléments précédemment nommés laisse perplexe.Une région qui se targue d'être «culturelle» ne peut même pas garder un journal de ce type? Peut-être est-ce seulement parce que sa population n'en a rien à foutre... Que son importance passe complètement inaperçu... À quoi bon...

Raison de plus pour se battre? On verra demain. Pour l'instant, ça fait plus mal qu'autre chose.

Des morceaux de «Morceaux de solitude(s)»

Voici, en vrac, des photographies (en cliquant dessus, elles devraient apparaître dans un format plus grand...) de Morceaux de solitude(s) prises par Geneviève Mercier-Bilodeau lors de la première représentation du 19 avril dernier. Il s'agit là du résultat de l'Atelier de production... des mises en scènes des étudiants que j'ai dirigés... à partir de pièces courtes de Daniel Keene. Si l'esthétique était à la charge des étudiants, l'espace générale (quatre plateformes/cages rouges) était de Christian Roberge et l'éclairage d'Alexandre Nadeau.


Julie Bernier - Préface

Sébastien Ferlatte - Monologue sans titre

Sébastien Ferlatte - Monologue sans titre

Julie Tremblay-Cloutier et Patricia Boily - Le violon

Julie Bernier - Les anguilles (collage de Ce qui demeure, Brève Obscurité et Garçon sans visage)

Fanny Tousignant, Jessica Normandin, Heïdie Joubert, Leïna Lessard-Tremblay - Les anguilles (collage de Ce qui demeure, Brève Obscurité et Garçon sans visage)


Cloé Bernard et Marie-Christine Grenier - Les porteuses de lumière

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Jessica Normandin - Croque-mitaine

Jessica Normandin et Robert Maltais - Croque-mitaine

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mardi 1 mai 2012

Le clown de Paul Verlaine...



Voici un sonnet au sujet presque théâtral, écrit par Paul Verlaine (vers 1884) et publié dans le recueil Jadis et Naguère...

Le Clown

Bobèche, adieu ! bonsoir, Paillasse ! arrière, Gille !
Place, bouffons vieillis, au parfait plaisantin,
Place ! très grave, très discret et très hautain,
Voici venir le maître à tous, le clown agile.

Plus souple qu'Arlequin et plus brave qu'Achille,
C'est bien lui, dans sa blanche armure de satin ;
Vides et clairs ainsi que des miroirs sans tain,
Ses yeux ne vivent pas dans son masque d'argile.

Ils luisent bleus parmi le fard et les onguents,
Cependant que la tête et le buste, élégants,
Se balancent sur l'arc paradoxal des jambes.

Puis il sourit. Autour le peuple bête et laid,
La canaille puante et sainte des Iambes,
Acclame l'histrion sinistre qui la hait.