samedi 31 mars 2012

De la biomécanique... concrètement...

 Voici une petite vidéo (trouvée sur Youtube) montrant quelques exercices de biomécanique meyerholdienne. Une belle démonstration...


Toute la première partie avec les bâtons (que nous avions un peu explorée), c'est pour développer l'objet comme le prolongement du corps humain, acquérir une aisance et une maîtrise telle que les deux éléments (corps et objet) ne fassent plus qu'un.

À les voir, ça donne envie de ravoir une autre formation sur le sujet (comme celle reçue en mars 2010 avec M. Robert Reid de l'Université Concordia)...

Un cours de mise en scène par Meyerhold...

Portrait de Meyerhold par l'artiste Ilya Broido (pris sur ce site)

Alors que mon cours d'atelier de production se voit un peu troublé par la grève de l'association des étudiants en art et que l'échéance des représentations approches, je retrouve, chez Meyerhold (dans un sténogramme d'un cours donné le 3 juillet 1918 et reproduit dans la petite plaquette Vsevolod Meyerhold de la collection Mettre en scène parue aux éditions Acte-Sud Papier), plusieurs notions que j'aurais aimé transmettre, discuter, explorer dans un cadre plus officiel.

Voici donc, en rafale, ce qu'il dit de la mise en scène (toutes des idées qui me plaisent, il va sans dire... mais je soulignerai tout de même des points qui me semblent fondamentaux dans une approche néo-meyerholdienne):

[...] Le metteur en scène [est] l'auteur des compositions scéniques. L'activité du metteur en scène réunit celle de tous les créateurs du plateau: acteurs, auteur dramatique, peintre-décorateur*, etc., pour matérialiser une idée artistique unique.

[...] Son activité précède l'arrivée du décorateur: il s'agit d'un travail d'organisateur qui lui est propre. Il doit élaborer un plan qui réunit le travail de tous les travailleurs du plateau sans exception. Il doit établir les conditions qui permettront de coordonner l'activité de tous les métiers de la scène. Et c'est précisément en ce travail unificateur que consiste la création du metteur en scène.

[...] Ensuite le metteur en scène indique aux acteurs la mélodie de leur discours, il indique les mesures, les pauses. Il élabore toute la structure du spectacle, ses accents. Il indique ou il doit y avoir intensifications et réductions. Il expose aux autres son interprétation de la pièce, la façon dont il la comprends. Il la considère du point de vue de la littérature, du style, etc. [... La] pièce d'un auteur donné n'est ici pour lui qu'un motif. Et son travail est de développer les didascalies de l'auteur qui sont toujours relativement peu nombreuses. Sa tâche est d'y introduire toutes les didascalies qui manquent. [...] À côté des didascalies indiquées par l'auteur, le metteur en scène a donc le droit d'en introduire de nouvelles qui sont le résultat d'une construction édifiée par lui au-dessus de la pièce - tout ce qui est suscité par telle ou telle interprétation de la pièce par le metteur en scène. Dans ce domaine, il jouit d'une totale liberté de création.

[...] Le metteur en scène est celui qui, dans la sphère de la mise en scène, est autant auteur que le dramaturge dans sa sphère - celle de l'écriture de la fable. Il interprète et élabore la pièce du point de vue théâtral.

[...] La tâche du metteur en scène est de redresser la pièce en ce sens qu'il doit y mettre au jour l'élément théâtral. Il apparaît ainsi comme celui qui traduit librement un texte livresque en une langue vivante, celle du récit scénique.

En fait, tous ces points (et il est plus clair de s'en rendre compte en lisant l'intégralité de ce texte) peuvent se résumer en trois concepts nécessaires: cohérence, choix, liberté de création.
_________________________________________________
* Le peintre-décorateur correspond, en quelque sorte, au scénographe d'aujourd'hui.

vendredi 30 mars 2012

Page blanche...


 C'est terrible, le commerce des grandes œuvres;
où trouver l'énergie et la certitude 
d'avoir encore à écrire 
quand on fréquente Sophocle et Shakespeare? 

Ces mots sont de Jacque Lasalle, grand metteur en scène français contemporain... et ils reflètent assez bien ce qu'on peut ressentir tant quand on s’assoit devant une page blanche (ou, pour plus de contemporanéité, devant un clavier et un écran!) pour écrire... et, par extension, quand on s’assoit dans une salle de répétition pour écrire scéniquement...

jeudi 29 mars 2012

Les arts de la scène ont la cote?


 
 Voici un article paru dans l'édition d'hier du Devoir... sous la plume de Frédérique Doyon. À noter que le sondage dont il est question dans ce texte peut être consulté (en anglais seulement...) en suivant ce lien.

Sondage - Les arts de la scène ont la cote
Le spectacle l'emporte sur la fréquentation des musées et des événements sportifs

Les Canadiens sont de fervents consommateurs d'art de la scène, conclut un sondage de la firme Ekos mené auprès de 1031 répondants pour le compte de l'Association canadienne des organismes artistiques.

Une grande majorité d'entre eux (75 %) ont assisté à un spectacle professionnel au cours de la dernière année. Le tiers de la population a vu de deux à quatre productions scéniques, et un Canadien sur cinq est même allé voir cinq spectacles ou plus.

Près de la moitié estiment personnellement «important» d'assister à des pièces de théâtre, à des concerts de musique ou à des spectacles vivants en général. La fréquentation des arts vivants l'emporte même sur celle des musées et des événements sportifs.

Ombre au tableau: le Québec est le champion de l'abstinence en matière d'arts de la scène, avec l'Alberta, alors que 30 % des répondants de ces deux provinces n'ont assisté à aucun spectacle en 2011. (C'est 37 % pour toutes les provinces de l'Atlantique réunies!)

Le théâtre est plus populaire que les autres formes scéniques, avec 44 % des citoyens qui l'ont fréquenté (voir le tableau).

Le sondage signale en outre l'importance d'Internet dans la diffusion des arts vivants, alors que 45 % des répondants se servent de ce nouveau véhicule pour visionner un spectacle. Sans trop de surprise, la télévision en rallie 71 %.

Si la grande majorité des répondants (75 %) s'est rendue dans un théâtre, la moitié ont dit fréquenter les arts vivants en plein air. Suivent les centres communautaires (39 %), les bars et les restaurants (34 %), le stade (27 %), les musées ou les galeries (25 %) et les lieux de culte (20 %). En fait, la proximité des lieux de diffusion se révèle un élément clé de la fréquentation assidue des arts vivants selon le sondage, qui établit une corrélation entre celle-ci et le fait d'habiter la ville ou ses environs.

Ce portrait rejoint les chiffres de 2010 d'un récent sondage de la firme Hill Stratégies Recherche qui montrait que 72 % des Canadiens avaient assisté à au moins un spectacle ou un festival culturel en 2010. Il fait partie d'une plus vaste étude destinée à mieux définir le rôle des diffuseurs d'arts scéniques à l'heure des technologies numériques et de la fragmentation des publics.

***

Des arts bien vivants
Fréquentation des arts de la scène par les Canadiens


Théâtre: 44 %
Concert de musique populaire: 42 %
Festival artistique ou culturel: 29 %
Concert classique ou symphonique: 20 %
Spectacle ethnoculturel de danse, de musique ou de théâtre: 19 %
Tout autre type de spectacle culturel: 19 %
Danse: 15 %
Aucun: 26 %

Source: Association canadienne des organismes artistiques

Et d'une autre!


C'est ce soir que le Théâtre Mic Mac débute les représentations de sa toute dernière production, Albertine en cinq temps! J'ai été parmi eux si souvent à ces mêmes périodes au cours des années précédentes que je me sens très près aujourd'hui. 

Un monument du théâtre québécois, une équipe de passionnée... tout pour passer une (des quinze!) soirée agréable. À tous ces artisans (même si certains détestent ce terme!),

Réjean Gauthier, Lise Ouellet, Vicky Tremblay (et ses jeunes!), Christian Roberge, Gervais Arcand, Francine Joncas, France Donaldson, Joan Tremblay, Mélanie Tremblay, Sonia Tremblay et Jocelyne Simard,

je vous souhaite beaucoup de plaisir (c'est tout ce qui compte!), beaucoup de monde et un succès prodigieux!

Merde!

mercredi 28 mars 2012

Une brève histoire du metteur en scène...


 On ne se tanne pas (enfin... je ne me tanne pas!) de lire et de tenter de comprendre les définitions de grands concepts théâtraux donnés par les théoriciens-praticiens qui nous ont précédé... De ces mots qui traversent les ans, il nous restera toujours quelque chose par leur(s) aptitude(s) à nous faire réfléchir. Comme cette définition historique du metteur en scène donné par Gaston Baty dans Rideau baissé, paru en 1949 (et cité dans le Dictionnaire de la langue du théâtre d'A. Pierron):

Qu'est-ce que le metteur en scène? Sa fonction est aussi ancienne que le théâtre lui-même. Dans le lointain des âges, au fond d'un sanctuaire égyptien, un prêtre faisait évoluer les récitants qui figuraient la famille divine d'Osiris, tandis que les pleureuses se lamentaient autour d'Isis et que des chanteurs commentaient l'action. C'était déjà un metteur en scène. Mille ans plus tard, lorsque Eschyle élargit la table primitive sur laquelle était juché Thespis, pour y faire monter un second acteur, lorsqu'il dresse les portes du logeion pour leurs entrées, la baraque de la skéné pour leurs changements de costumes, et déblaie l'orchestre pour les évolutions du chœur, c'est une metteur en scène. Les livres de conduite, les mystères, les miniatures de manuscrits nous font connaître le maître de jeu, qui, son rollet et son bâton à la main, circulait d'un bout à l'autre du parloir dont il avait disposé les échafauds, surveillait les acteurs qu'il avait instruits, veillait au fonctionnement des machines qu'il avait préparées; le maître du jeu, c'est le metteur en scène [...]. Enfin, il faut bien reconnaître que les deux plus grands génies qui dominent l'histoire du théâtre, Shakespeare et Molière, ne sont pas de purs intellectuels, mais vraiment des metteures en scène qui, à côté de leur métier principal et en fonction de lui, ont écrit des pièces pour leurs maisons et des rôles pour les comédiens, sans perdre de vue les ressources de leurs plateaux. Seulement le mot appartenait à l'argot des planches, et le public ne s'en servait pas. Le terme aujourd'hui s'est popularisé, grâce, en partie d'ailleurs, à l'emploi abusif qu'en a fait le cinéma pour l'appliquer aux metteurs en écran.

C'est là une synthèse complète!

mardi 27 mars 2012

Journée mondiale du théâtre

Théâtre gallo-romain à Lyon
 
Je profite de la Journée mondiale du théâtre - l'édition 2012 - pour reprendre mon blogue en main après un passage à Lyon (sur lequel je reviendrai dans les prochains jours...).

Voici le message québécois - décapant et lucide - écrit par Annabel Soutard, directrice artistique du Théâtre Porte-Parole (traduit ici par Fanny Britt, dramaturge qui fait de plus en plus sa marque sur les scènes d'ici):

J’aimerais bien pouvoir vous livrer aujourd’hui un message enthousiaste sur le rôle déterminant que joue le théâtre dans nos vies. Mais ce ne sera pas le cas. Présentement, un acteur ou un autre artiste de la scène vous transmet ces mots.
Le fait que vous soyez ici, dans un théâtre, témoins de sa présence sur scène, en dit long sur la valeur que vous accordez à son travail.
Je serais emballée de m’imaginer que la société en général partage votre point de vue, mais je ne peux pas me l’imaginer, parce que je sais que presque tous les artistes de la scène gagnent un salaire dérisoire pour leur travail.
Je serais émue de croire que vous considérez ce lieu, ce théâtre, comme un espace universel et essentiel au dialogue humain – un lieu qui aurait un impact réel sur l’imagination morale et politique de notre société. Mais je n’y crois pas, parce qu’en comparaison des autres médias, le théâtre est généralement perçu comme une forme d’art marginale et élitiste.
Je ressens un profond conflit intérieur à l’idée de travailler en théâtre, parce que partout autour de moi, j’observe une déconsidération des valeurs que le théâtre incarne à mes yeux. De manière très concrète, je trouve difficile de gagner ma vie comme artiste de théâtre. Et je ne crois pas être la seule.
Mais de quelles valeurs parle‐t‐on ? Commençons par la vérité.
La vérité, en théâtre, est le résultat d’années de collaboration entre des artistes qui aspirent à comprendre les comportements humains puis à donner vie à ces idées devant un public. Pourtant, les foules ne se pressent pas au théâtre pour découvrir la vérité sur notre monde. Nous lui préférons plutôt des histoires préfabriquées, gonflées de doses quotidiennes de vérité enrobée de détails sensationnalistes – incluant souvent des informations intimes sur les malheurs de l’humanité, obtenues de manière douteuse, et vendues à profit.
Et que dire de la liberté ? Aujourd’hui, nous sommes libres d’aller où bon nous semble et de choisir la forme de divertissement que nous préférons pour occuper nos heures de loisir. Pourtant, nous choisissons souvent de rester cloisonnés chez nous et de consommer des histoires qu’on nous injecte par l’intraveineuse de nos câblodistributeurs. Le monde extérieur, après tout, peut se révéler hostile – il n’y a jamais de stationnement, la météo est imprévisible, et l’autobus ne passe jamais à l’heure. Lorsque nous allons au théâtre, nous avons l’impression de prendre un détour risqué.
« Mais si je traverse la ville pour aller à un endroit où je ne reconnais pas le nom des rues, où je ne parle pas la langue des habitants, pour voir une pièce qui ne met pas en vedette un acteur connu ou un auteur bardé de prix ? Et si, après avoir fait tout ça – après avoir toléré tous ces désagréments – je n’aime pas ce que je vois ? J’aurais dû le savoir ! Le critique de théâtre de mon journal favori n’a même pas couvert cette production ! »
Mon esprit est‐il véritablement libre ?
Certains d’entre vous se disent sans doute : « c’est injuste, ce qu’elle nous dit là. Après tout, ne suis‐je pas ici, moi ? Je vais au théâtre, et mes amis y vont aussi. » Mais vous êtes‐vous demandé pourquoi vous constituez une telle minorité ? Parce que vous êtes une minorité. Qu’on se le dise, vous l’êtes. Nous le sommes.
Le théâtre n’est plus une forme d’art populaire. Évidemment, cette affirmation ne surprendra personne, et nous avons tous développé des mantras intérieurs pour nous protéger de ce constat déprimant — que nous consacrons nos vies à un médium qui ne rejoint pas beaucoup de gens : « la qualité vaut mieux que la quantité », « seuls les plus brillants me comprennent », « l’art véritable n’est jamais populaire », « chaque médium finit par céder le passage à d’autres technologies, avec le temps. »
Mais ces énoncés faussement rassurants ne tiennent pas la route lorsque nous nous rappelons les deux grandes époques du théâtre occidental – la Grèce antique et l’Angleterre élisabéthaine – qui ont toutes deux produit une forme de divertissement populaire également considérée comme du grand art. Sans compter que deux mille ans séparent ces deux époques, période pendant laquelle une quantité considérable de nouvelles technologies ont vu le jour.
Je crois profondément que le théâtre devrait être un médium populaire. Et je l’entends dans le sens le plus simple du terme – le théâtre doit être peuplé par les masses parce que le théâtre constitue l’un de ces lieux, rares et précieux, où la masse peut se défragmenter en une saine communauté d’individus qui se nourrissent d’histoires racontées collectivement.
Ensemble.
Ceux d’entre nous qui se battent encore pour créer des spectacles et remplir les salles de théâtre ont la capacité de le rendre populaire à nouveau. Mais nous n’y arriverons que si nous commençons à faire la promotion du théâtre comme étant le moyen le plus efficace pour contrer le pire fléau de notre époque : l’inaction humaine devant les crises politiques, sociales et environnementales. À mon avis, ceux d’entre nous qui travaillent en théâtre doivent commencer à admettre que l’acteur de théâtre est mieux préparé à lutter pour la paix que l’ambassadeur aux Nations Unies, que les bons dramaturges et metteurs en scène sont des experts en justice sociale, que les arts vivants locaux peuvent être aussi mobilisateurs qu’une campagne internet mondiale, et – et c’est là ce qui compte le plus – que le public de théâtre va croître librement et
abondamment lorsqu’on s’adressera à lui comme à un citoyen engagé, et non pas comme à un amoncellement aléatoire de consommateurs.
Mon amour du théâtre prend racine dans ma conviction que cet art devrait être essentiel au dialogue politique et moral de nos communautés. Si c’était le cas, nous pourrions nous attendre à ce que l’acteur soit payé décemment, que l’auteur soit respecté comme un juge, et que le producteur de théâtre soit considéré comme l’un des plus ardents défenseurs de la justice sociale. Aujourd’hui, cependant, nous sommes bien loin d’avoir vu naître cette vision.
J’ose croire que les choses changeront. Car les choses doivent changer.

Bonne journée mondiale du théâtre à tous... aux auteurs, aux comédiens, aux metteurs en scène, aux concepteurs, aux directeurs, aux administrateurs, aux spectateurs, aux subventionneurs!!!

lundi 19 mars 2012

Bon voyage!


À tous les théâtreux et théâtreuses qui prendront l'avion dans le courant de la journée ou qui sont déjà rendus dans les vieux pays... À:

Rodrigue Villeneuve, Hélène Bergeron, Janine Fortin, Geneviève Mercier-Bilodeau, Émilie Gilbert-Gagnon, Jeannot Boudreault, Benoît Lagrandeur, Lyne L'Italien, Guillaume Ouellet, Guylaine Rivard, Serge Potvin, moi-même, Isabelle Boivin, Marc-André Perrier, Patrice Leblanc, Martin Giguère, Dany Lefrançois, Martin Gagnon, Sara Moisan et Vicky Côté (et aux autres que j'oublie peut-être...)

je souhaite un bon voyage!

dimanche 18 mars 2012

Au théâtre, cette semaine! (du 18 au 24 mars 2012)


Cette semaine, le milieu théâtral régional ne prend pas de pause... même si la plupart des directions des compagnies d'ici décolleront, ce lundi, pour un périple lyonnais de deux semaines, avec, dans leurs valises, des productions (petites formes), des extraits, des ateliers...

Pendant qu'eux (enfin, nous... parce que j'y serai quand même quelques jours...) feront connaître la vitalité qui nous caractérise, ici, il y aura:

Mercredi - 21 mars 2012
Café Yé (Roberval), 19h

Le Théâtre Mic Mac poursuit ses activités de découverte du répertoire québécois par ses mises en lecture. Cette fois, c'est la pièce Tom à la ferme, la dernière création de Michel-Marc Bouchard (un des auteurs fétiches de la troupe) qui a été choisie. C'est ouvert à tous et c'est gratuit.

Vendredi - 23 mars 2012
Salle Michel-Côté (Alma), 20h

et

Samedi - 24 mars 2012
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonq.), 20h

L'Auditorium d'Alma et le Théâtre La Rubrique reçoivent Le Grand Cahier... une production (qui avait fait sensation) réalisée à partir du roman du même nom d'Agotha Kritof. La pièce nous révèle des enfants d’une rare candeur,  à l’intelligence rusée et inventive. Sur fond de guerre, elle raconte le parcours de deux jeunes garçons abandonnés à une grand-mère du genre marâtre. Rapidement, les jumeaux Klaus et Lukas établissent que, pour s’en tirer, ils doivent se constituer une carapace. Ils se livrent donc à des exercices parfois cruels d’endurcissement du corps et de l’esprit, destinés à les rendre insensibles à la douleur, aux insultes et… à toutes formes d’affection.
 
Par ailleurs, de l'autre côté de l'océan, seront en intenses activités les Amis de Chiffon, la Rubrique, les Têtes Heureuses, le C.R.I., le Théâtre 100 Masques, le Faux Coffre, la Tortue Noire et le Théâtre À Bout Portant.

Si j'oublie des trucs, il est possible de les ajouter par le biais des commentaires....

samedi 17 mars 2012

De la mise en scène

 
Le cours Dramaturgie et mise en scène (suivi d'Atelier de production) fait du bien parce qu'il m'oblige à réfléchir finalement sur ce que je fais normalement sans trop m'y arrêter. De réfléchir sur des notions. Comme par exemple: qu'est-ce qu'une mise en scène? 

Selon moi, cette activité artistique se définit en six tâches principales qui pourrait s'énumérer comme suit:
  • élaboration (par l'analyse du texte et tout un travail dramaturgique) d'un discours de l'œuvre;
  • mise en place de l'équipe, des outils, des moyens pour soutenir ce propos;
  • création, avec les concepteurs, d'une expérience esthétique;
  • direction d'acteur (mise en intention, mise en voix, mise en corps);
  • dynamisation de l'espace;
  • recherche de l'équilibre du plateau.
Ces six tâches couvrent, à mon sens, l'ensemble de la mise en scène, de sa globalité, que ce soit en rapport au texte, en rapport au jeu ou en rapport à la scène... et elles correspondent, en d'autres termes, à cette définition de Michel Corvin: Activité artistique qui consiste à concevoir et à structurer les composants de la représentation théâtrale à partir d'un point de vue directeur. L'activité de mise en scène se caractérise par une volonté de maîtrise de tous les éléments scéniques nécessaires à la représentation. L'espace, le jeu, les costumes, la lumière, le son, la manière de régler les effets, tout doit être soumis à un point de vue qui s'incarne dans la conception que le metteur en scène se fait de l'œuvre et de ce que c'est que de la représenter.

Mais ces six tâches et cette définition de Corvin peuvent encore, au fond, être ramenées à une seule supra-fonction: faire des choix. Choisir. Sélectionner. Déterminer. Fixer. Faire œuvre de cohérence.


jeudi 15 mars 2012

«Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée» [Carnet de mise en scène]

Nous venons de terminer notre dernière répétition d'Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée d'après Alfred de Musset... qui se retourne peut-être dans sa tombe à chaque fois qu'on joue sa pièce... parce que ça ne ressemble pas à ça:

Production Les Larrons, 2009

Dans quelques jours - la semaine prochaine - notre production sera jouée au Théâtre des Marronniers et au Théâtre des Asphodèles à Lyon (dans le cadre du projet mené par les Têtes Heureuses, Le Saguenay en huit compagnies).

Pour le moment (il reste encore un bloc de répétitions sur place, là-bas), l'ensemble est en place. La mécanique - parce qu'il s'agit bien de cela - fonctionne... bien qu'elle demande encore un certain contrôle de la part des interprètes. Le jeu d'actions-réactions, le jeu d'effet choral, le jeu d'intentions commandent encore un peu plus de souplesse pour donner, en scène, un effet puissamment dramatique, acrobatique. Il y a dans ce court texte un duel sans pitié entre la froideur et l'insistance. Un ring d'où on ne sort pas indemnes. Une lutte à finir entre deux conceptions de l'amour. Et sans les artifices de la civilité et de la politesse, sans les effluves du romantisme qui pointe sous la syntaxe... c'est un combat cruel et direct qui surprend par sa vitalité.
 


mercredi 14 mars 2012

Sur le trac...

Quelques définitions du trac par quelques grands noms du théâtre... tirées du Dictionnaire de la langue du théâtre d'Agnès Pierron. Cette sensation toute aussi grisante que détestable...

Le trac! Mon trac! [...] Chacun a le sien. C'est un phénomène qui n'a rien de commun avec la peur [...] j'ai rarement vu un artiste parvenir à cacher son trac. [...] Le mien me serre, me broie la poitrine; je ne sais plus si mon cœur bat. Il me semble que tout mon corps tremble, et pourtant je n'ai vu que rarement mes mains trembler. Ma tête, mes oreilles bourdonnent; je n'entends plus ce que l'on peut me dire avant mon entrée [...] Je vois tout à travers un nuage. Je m'assieds, je me lève, je ne suis bien dans aucune position; j'allume une cigarette, je la jette après quelques rapides bouffées [...] Au moment d'entrer en scène, je fais faire à tout mon être une sorte de rétablissement. Je suis sur le plateau, je joue et il me semble me dédoubler.
Séverin, L'Homme blanc, 1929

Le «trac» des acteurs (dont certains n'ont jamais pu se défendre) est un adjuvant, une sorte de préparation à l'anesthésie scénique, à l'inspiration pour accueillir la grâce sans laquelle il n'y a pas de grand comédien. C'est de cette grâce dont parlait Mounet-Sully lorsque' un jour, sortant de la scène, il disait: «Ce soir, le dieu n'est pas venu».
Louis Jouvet, Réflexions du comédien, 1938

Le public est un élément dangereux et superbe. Il est un élément au point qu'il donne aux artistes une nausée sournoise: le trac. Le trac est irrésistible comme le mal de mer. Du mal de mer et du trac, beaucoup de marins, beaucoup d'artistes ne guérissent jamais. Et le public ne tient pas plus compte de ce mal qu'il donne que la mer ne s'inquiète de donner le mal de mer.
Jean Cocteau, Le foyer des artistes, 1958

Il y a là tout un monde étrange... Et c'est souvent lorsque nous sommes aux prises avec ces impressions que l'on se dit: «C'est bien la dernière fois que je fais ce truc...».

dimanche 11 mars 2012

Au théâtre, cette semaine! (du 11 au 17 mars 2012)


Que se passera-t-il de beau, dans ce petit milieu théâtral saguenéen, au cours des prochains jours (les derniers avant que l'ensemble des compagnies traverseront l'océan pour se donner une vitrine toute lyonnaise!)...


Mardi - 13 mars 2012
Auditorium de la polyvalente Odyssée/Lafontaine, 19h30

Le Théâtre du Faux Coffre donne, en représentation scolaire (mais ouverte au public) une nouvelle fois, le solo Les lectures de Diogène. Pour ceux qui veulent le revoir ou qui ne l'auraient jamais vu...

Mercredi - 14 mars 2012
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonq.), 20h

Le Théâtre La Rubrique reçoit le Il Campiello du Théâtre de l'Opsis. Ce texte de Goldoni, mis en scène par Serge Denoncourt la saison dernière, a permis là une production qui s'est faite remarquée dans la métropole. Quatre familles voisines se côtoient depuis toujours dans ce campiello. Tout y est : amour, jalousie, envie, ragots, batailles, jeux, rires et pleurs. Trois jeunes filles sont à marier, deux jeunes hommes sont prêts à prendre épouse. La vie suit son cours au rythme des querelles quotidiennes. À la fin du carnaval de Venise, arrive le cavaliere, un jeune bourgeois napolitain qui cherche une femme. Il s’installe à l’auberge du coin et se mêle à la vie des habitants du quartier. Laquelle des trois jeunes filles choisira-t-il? Les mères sont prêtes à tout pour que ce soit la leur... Apparemment, un chef-d'oeuvre à voir... s'il reste de la place (selon mes infos, il en reste!... mais on ne sait jamais!).


À confirmer (parce que je n'ai pas vraiment de certitudes à ce sujet)...

Vendredi - 16 mars 2012
UQAC (?), 5 à 7 (?)

J'ai ouï-dire que les Têtes Heureuses présenteraient les deux solos qui partiront vers la France la semaine suivante... soit Notes sur la mélodie des choses d'après Rilke (interprété par Rodrigue Villeneuve) et La mi-temps de (texte et mise en scène) Jean-Paul Quéinnec (interprétée par Hélène Bergeron)... dans une formule proche du 5 à 7. Est-ce que c'est le cas? Est-ce que c'est sur invitation seulement? Je l'ignore. Je reviendrai sûrement là-dessus au cours des prochains jours...

Voilà... ça fait pas mal le tour, je pense... à moins qu'il y ait quelques rendez-vous que je n'ai pas à mon calendrier...

samedi 10 mars 2012

À toi, public!

Mlle Duclos dans le rôle d'Ariane, par Nicolas de Largillière , 1712

Qui n'a pas eu envie, un mauvais soir de représentation attribuable à un public bruyant (avec son programme, ses bonbons, son fauteuil, etc.) et impoli (avec ses conversations de salon, ses commentaires, son rire, etc.), de faire comme cette grande comédienne que fut la Duclos et de tancer de belle façon les spectateurs?


Ce doit être fichtrement libérateur... mais de tels éclats ne se font plus. On endure et on maugrée dans la coulisse, à la sortie du théâtre. 

Ce beau petit morceau de littérature théâtrale est tiré de l'ouvrage (vive Google Books!) Galerie historique des acteurs du théâtre français depuis 1600, paru en 1810 par Pierre David Lemazurier... ouvrage qui contient de dizaines d'autres trucs du genre: épîtres, épigrammes, satyres, mots d'esprit, etc.

vendredi 9 mars 2012

«Réminiscence» de la compagnie Nuages en Pantalon


Hier soir, sous une petite pluie quasi printanière, je me suis rendu au Théâtre Périscope (à Québec), pour assister à une représentation de Réminiscence: En eaux profondes de la compagnie Nuages en pantalon (qui célèbre ses 10 ans d'existence - voir leur site web - par un immense triptyque, le Projet Eaux, dont Réminiscence est le dernier volet).

D'emblée, le metteur en scène, Jean-Philippe Joubert, sort des coulisses pour accueillir les spectateurs (petit discours d'usage) puis, peu à peu, il se dirige sur la scène et, presque kantorien, introduit lui-même ses comparses (dont la fort excellente Valérie Laroche). Une entrée en matière intéressante. Étrange. Les acteurs se joueront, et joueront (enfin... seront) un homme et une femme en fin de vie. Des figures interchangeables. Singulières et plurielles tout à la fois. Confondantes.

Le synopsis établit le cadre. Nous sommes là. Avec nos corps qui portent les souvenirs qui nous constituent. Avec nos corps qui portent ce que nous sommes. Nous sommes un homme; nous sommes une femme. Tous, nous sommes cet homme et cette femme. Ils sont ce que nous pourrions avoir été. 

La vie de cette femme s’efface. Il ne reste qu’à laisser la mer l’engloutir. Il ne lui reste qu’un désir : être avalé par la mer à son tour. Mais pourquoi sommes-nous attirés par ce qui nous détruit? Dans cet océan de désir qui le dissout, il se retrouve face à lui-même, à ses monstres, à ce qu’il porte d’elle. Ils se confondent l’un et l’autre. Ils en viennent à se détruire dans le désir, à n’être plus qu’un, à n’être plus. Silence.Dans son agitation, la mer rejette un corps. Mais la vie ne s’arrête pas. Elle se transmet. Elle est toujours en changement. Et restent les traces des vies dissoutes.

Dans un espace plus performatif que mimétique, composé d'un mur de planches sur lequel les comédiens se hisseront et de deux trottoirs en bois qui encadrent le plancher recouvert d'eau, la représentation prendra vite des allures un peu convenues de contemporanéité et de multidisciplinarité  en faisait s'allier ensemble du texte (des souvenirs personnels), de la danse, de la musique en direct (de l'excellent Mathieu Campagna), de la projection. L'ensemble, hétéroclite, fait aussi une large part à la nudité. Forme oblige un peu.

Beaucoup de travail. Oui. De forts bons moments. Oui. Comme cette personnification de vieilles personnes sans aucun artifice. Comme tous ces flashs qui s'enchaînent, pendant une dizaine de minutes, à un rythme effréné pour créer une succession d'images qui surprennent par leur (si rapide!) composition. Comme ce moments chorégraphiques où tous les corps nus sont chacun dans un rayon lumineux. Organique. Oui. Avec l'eau, ses clapotis; les vêtements trempés qui moulent les corps, qui flottent; l'aspect instable et mouvant de cette aire de jeu. Une recherche conséquente et ambitieuse.

Pourtant, l'impression de flotter en surface (oh, malgré la sensibilité manifeste de cette équipe et sa compétence) sur les traditions - voire les clichés - demeure tenace: l'eau qui lave; l'eau qui  emporte les mauvais souvenirs; l'eau qui dilue; l'eau qui purifie; l'eau source de vie.  La matière aqueuse demeure, plus souvent qu'autrement, prétexte à la construction d'effets (sentimentaux...) plutôt que de participer concrètement au discours de l’œuvre. L'eau reste un accessoire.

Mais bon. Ça reste mon opinion et ça vaut ce que ça vaut. Réminiscence plaira sans doute à beaucoup de gens, amateurs du genre. Ça se poursuit au Périscope, jusqu'au 24 mars (à noter qu'il y aura présentation de toute la trilogie les samedis 17 et 24 mars, à compter de 19h).

Voici ce qu'en disent d'autres sources:

Réminiscence: eau de vie - Éric Moreault, Le Soleil, 7 mars 2012
Réminiscence: le grand plongeon - Billy, Culturils, 8 mars 2012
En eaux profondes - Simon Lambert, Voir Québec, 8 mars 2012
Réminiscence, projet Eau - Magali Paquin, Mon(Théâtre).qc.ca, 8 mars 2012

jeudi 8 mars 2012

Le Malade Imaginaire en ombre chinoise...

Cherchant une image pour illustrer le billet précédent, je suis tombé sur ce truc... soit une version écourtée du Malade Imaginaire du Théâtre Séraphin, un petit théâtre d'ombres chinoises qui officiait à Versailles sous Louis XIV comme le dit le site web.

Avis aux intéressés! Voici les ombres...



Et le texte est .


Les maladies de la mise en scène

Le titre de ce billet est également le titre d'un sous-chapitre de La mise en scène contemporaine de Patrice Pavis (paru en 2007). Dans celui-ci, le brillant théoricien (bon, je l'avoue, je suis un fan inconditionnel), fait la nomenclature des maux qui affligent la mise en scène de nos jours... et dans lequel on peut se reconnaître... et ça fait mal...

Voici quelques exemples de cette recension de problèmes récurrents:
  • Lorsque la mise en scène n'est plus guère qu'un style, une marque de fabrique, un label qui réapparaissent quels que soient les auteurs ou les spectacles, elle a tôt fait de se dégrader en un exercice de style [...].
  • Les jeunes metteurs en scène en passe d'être reconnus [...] se sentent parfois contraints d'imposer une particularité, de se faire remarquer [...].
  • La tentation décorativiste provient du désir d'être remarqué pour le luxe des matériaux (décors et costumes). [...].
  • [...] La mise en scène actuelle des textes contemporains est fréquemment conceptuelle, et pas seulement pour des raisons d'économie [...], mais par une sorte de terrorisme du postmoderne ou du postdramatique. [...]
  • La festivalisation des spectacles se traduit par une certaine standardisation, une peur de l'expérimentation. Ces spectacles sont conçus dans la perspective d'un festival [...] où ils seront rodés, achetés et éventuellement distribués. [...]
 Et il y en a d'autres... et les explications sont claires.

À la lecture de ces problèmes actuels, les doutes et les questionnements ne manquent pas de surgir: et mon travail de metteur en scène, lui, comment est-il? Et les réponses peuvent décevoir!

mercredi 7 mars 2012

Retour à mon clavier...


Je me suis remis à l'écriture dramatique. Après une longue pause (mon dernier véritable texte joué, L'Ordre du monde, remonte à mars 2009 et son écriture à 2007) entrecoupée de quelques griffonnages sans conséquence. Par besoin soudain. Envie de revenir à un travail plus personnel... avec mes propres écrits. Et parce que j'ai enfin mon filon, ma veine dramatique. Comme ça. Un déblocage. Presque.

Donc, j'écris. À partir d'un truc écrit l'an dernier. Sans conséquence. Un texte qui change encore de titre presque à chaque fois que j'ouvre le dossier!

La matière textuelle prend forme peu à peu (sur mon écran au lieu de mes habituelles feuilles mobiles). En un long monologue (que je qualifierais, pour le moment, de théâtro-poético-dogmatique) pour une figure. Seule. Tout en construction syntaxique. Tout en musicalité. Tout en rythme. Presque un aria. Pour l'instant.

Un manifeste artistique, en quelque sorte, en une longue mélopée. Pour l'instant.

Si le style s'éloigne de mes premiers textes où la prolixité règne et où des personnages peuplent mes récits, il demeure cependant quelque chose du ton général plutôt noir avec une ironie sous-jacente... Pour l'instant.

mardi 6 mars 2012

La répétition comme un affrontement




Petit débat intéressant...

Personnellement, j'ai les oreilles qui frisent lorsque j'entends - notamment mes étudiants - «aujourd'hui on va pratiquer» en parlant du travail de création. Je m'acharne à reprendre quiconque s'échappe devant moi. On ne pratique pas le théâtre; on le répète.

On pratique un instrument; on développe une technique. On pratique un sport; on développe une technique. Mais le théâtre, lui, se fait par répétition (à moins qu'il s'agisse de séances de laboratoire pour développer une technique du corps... en quel sens le théâtre pourrait se pratiquer aussi).

Odette Aslan disait*: Répéter, c'est avoir l'air d'être dans l'instant immédiat, et surtout pas dans la reproduction servile de la chose répétée.

Car c'est là que rebute le terme répétition pour certains: avoir l'impression de refaire quelque chose de figé. Moi, je le vois comme étant la remise constante du travail en cours sur le métier. De reprendre dans le but de construire. Avec une ouverture constante aux modifications, aux ajouts, aux retranchements, aux refontes, etc.

Aslan va plus loin. Pour elle, répéter c'est véritablement faire preuve de création, de corps à corps avec l'œuvre: Répéter c'est s'affronter à l'œuvre, au metteur en scène, au partenaire ou à un dispositif hostile. C'est lutter contre les bruits, les éclairages crus et toutes les tracasseries de la technique. C'est essentiellement s'aventurer sur des terres nouvelles, se colleter avec des pourquoi, des comment. S'interroger sur soi et sur le monde. C'est se fondre dans une activité de groupe et protéger sa liberté. Partager, donner, s'épuiser. Recueillir, accueillir des idées, des matériaux. Progresser, passer au stade de la maturité et redevenir enfant.

C'est bien dit... au point de donner fortement envie de se retrouver dans une salle de répétition!

lundi 5 mars 2012

Les prochains camps d'été du Théâtre 100 Masques


Bien que nous soyons encore en plein coeur de l'hiver, le Théâtre 100 Masques profite de l'occasion pour annoncer les thèmes qui seront mis de l'avant lors des prochains camps d'été (en juillet 2012). À noter que pour répondre à la demande et équilibrer le nombre et l'âge des participants, un nouveau groupe a été ajouté. Ainsi donc, il y aura le groupe de 7-9 ans, celui des 10-13 ans et enfin, celui des 14-16 ans (et le nombre de places par groupe est limité à 12).

Donc...
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Première semaine - 9 au 13 juillet 2012

7-9 ans - Du personnage comique au «stand-up»
Exploration du comique... de la blague au conte, du clown à l'humour... dans un cadre théâtral.
10-13 ans - De l'impro... et de la vraie!
 Travail d'improvisation à partir des règles établies par la Ligue Nationale d'Improvisation.
14-16 ans - Théâtre d'ombres (entre l'ombre et la lumière)
Création, à partir de fables de Lafontaine, de théâtres d'ombres.

Seconde semaine - 16 au 20 juillet 2012
7-9 ans - Du mime comme un théâtre du corps
 Développement d'histoires drôles par le corps. Du théâtre acrobatique!
10-13 ans - Un orchestre de comédiens
Exploration du jeu choral (tous ensemble) à partir du texte La goutte de miel.
14-16 ans - Du théâtre éclaté
Création d'un spectacle collectif à partir de différentes contraintes. Du théâtre fou. Du théâtre surprenant.
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Les tarifs restent les mêmes, à savoir 160$ pour une semaine et 260$ pour les deux. Les ateliers se tiendront toujours au Centre des arts et de la culture de Chicoutimi et seront animés par des professionnels de la scène saguenéenne (les équipes et les cours restent encore à déterminer) pour aboutir, à chaque vendredi, à une représentation publique (avec un coût d'entrée minime).
Les dîners et collations sont à la charge des parents (lunchs seulement).
Pour informations supplémentaires ou réservations, vous pouvez nous rejoindre par téléphone au 418-698-3895 ou par courriel à les100masques@hotmail.com.
À bientôt!

samedi 3 mars 2012

Mademoiselle Dumesnil: pompeux éloges (!?)


 Certaines grandes actrices de la grande histoire du théâtre ont su devenir de véritables icônes de leur vivant et voir, à leurs pieds, tout ce que Paris comptait d'auteurs, de philosophes, de mécènes, de protecteurs et d'amants. Une époque révolue...

Voici comment (Louis de?) Boissy* salua avec une emphase pompeuse les débuts à la Comédie-Française d'une jeune comédienne qui deviendrait une véritable vedette, Mademoiselle Dumesnil:

Dans son brillant essai qu'applaudit tout Paris
Le suprême talent se développe en elle,
Et prenant un essor dont les yeux sont surpris,
Elle ne suit personne et promet un modèle.

L'on rapporte aussi de belle et imagée façon* comment l'un de ses contemporains, le comédien anglais Garrick, parlait d'elle:

- Comment est-il possible, disait-il, qu'un être, à qui la nature semble avoir refusé tout ce qui est nécessaire aux charmes de la scène, soit si parfait et si sublime? Non, la nature a tant fait pour elle qu'elle a méprisé tous les secours d'un art étranger; ses yeux, sans être beaux, disaient tout ce que les passions voulaient leur faire dire; une voix presque voilée, mais qui se ployait à l'expression des grands sentiments et qui étaient toujours au diapason des passions, une diction brûlante et sans étude, des transitions sublimes, un débit rapide, des gestes éloquents sans principes, et ce cri déchirant de la nature que l'art s'efforce en vain de vouloir imiter, et qui portait dans l'âme du spectateur l'effroi, l'épouvante, la douleur et l'admiration; tant de beautés réunies m'ont frappé d'admiration et de respect...

Enfin, ces descriptions ne peuvent faire oublier que ce monde passé était également en proie aux cabales et aux tractations de coulisses de toutes sortes... ce qui mène la Clairon, elle aussi grande comédienne (dont j'ai abondamment parlé et ) et surtout la plus imposante rivale (qu'elle jalousait de façon quasi maladive!) de Dumesnil, à en dresser un portrait cruel et terriblement sarcastique... qui est font peut-être une description plus juste... qui sait...:

Mademoiselle Dumesnil n'était ni belle no jolie; sa physionomie, sa taille, son ensemble, quoique sans aucune défectuosité de la nature, n'offraient aux yeux qu'une bourgeoisie sans grâces, sans élégance, et souvent au niveau de la dernière classe du peuple. [...]

Sa voix sans flexibilité n'était jamais touchante, mais elle était forte, sonore, suffisante aux plus grands éclairs de l'emportement. [...] Ses gestes étaient souvent trop forts pour une femme, ils n'avaient ni rondeur ni moelleux, mais ils étaient au moins peu fréquents.

[...] L'amour, la politique, le simple intérêt de grandeur ne trouvaient en elle qu'une intelligence médiocre, mais, jeune encore, jalouse, ambitieuse, on devait tout espérer de son émulation et de ses études. Telle était Mlle Dumesnil quand je me présentai au théâtre.

L'étude à laquelle je me vouai dès les premiers moments, en m'éclairant sur tous mes défauts, m'apprit, après quelques années de réflexion, à connaître aussi ceux des autres! je m'aperçus que Mlle Dumesnil cherchait plus à séduire la multitude qu'à plaire aux connaisseurs. Des criailleries, des transitions singulières, un débit comique, des gestes bas prenaient souvent la place de ces beautés terribles et touchantes dont elle avait donné de si grandes leçons.

Les sots criaient: bravo! la nature! bravo! mais adorant le talent jusque dans mes rivales, je ne pus m'empêcher de gémir de ce changement, et j'osai lui en demander la cause...

On n'en fait plus. Maintenant, les acteurs et les comédiens sont définis, portraiturés en un ou deux qualificatifs...
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* L'anecdote est tirée de Grandes actrices, leur vie, leurs amours de Marcel Pollitzer, paru en 1958 aux éditions La Colombe.

vendredi 2 mars 2012

«Impromptu scénique VI» [Carnet de notes]


C'est maintenant au tour d'Anick Martel (investie en tant que maître de jeu) de prendre la place de la Salle Murdock en compagnie de ses comédiens: Andrée-Anne Giguère, Sophie Larouche, Patrick Simard et Marilyne Renaud.

Leur mandat - comme toutes les autres équipes! - est d'offrir aux spectateurs qui se réuniront ce soir, à 20h, à la Salle Murdock, une représentation complète (décors, costumes, éclairages, etc.) et cohérente (avec un discours clair et précis) d'au moins une heure (donc, chronométrée).

Cette représentation se construira durant les onze prochaines heures... une création sous pression et aussi, avec contraintes!

Je reviens dans quelques minutes pour compléter ce billet évolutif...
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Après un avant-midi de travail intensif, je reviens avec quelques nouvelles de l'équipe du jour...

D'abord, il faut savoir que le maître de jeu, Anick Martel, est arrivé avec un concept proche de l'OuLiPo... où les comédiens auront, au hasard, des dizaines de scènes de théâtre à faire avec de nombreuses contraintes. Des exercices de style, en quelques sortes... sous forme d'auditions.

Pour faciliter les choses, trois contraintes de départ (et pour l'ensemble du travail) ont été données par divers individus: tous les comédiens en talons hauts, tous les éléments esthétiques bleus et tous les comédiens liés ensemble en permanence.

Une nouvelle contrainte vient de leur être imposée par le grand maître: tout au cours de l'heure, il doit y avoir des rimes de façon ponctuelle, régulière.

Beaucoup de plaisirs en perspectives! Et le spectacle s'intitulera Une couleur (bleu).

jeudi 1 mars 2012

L'approche néo-meyerholdienne

Je sors d'une rencontre synthèse avec ma directrice de recherche au doctorat. Une rencontre qui permet de remettre en place les bases actuelles de mon travail. 

Ainsi donc (ce billet peut ressembler à d'autres publiés antérieurement... mais l'exercice m'est nécessaire pour élaborer un discours clair), en lieu et place d'une recherche en trois volets distincts - soit le rapport au texte, le rapport au corps et le rapport à la scène - je reforme les assises théoriques qui me guident pour prendre l'ensemble du projet sur de nouvelles bases. Exit le néo-maniérisme meyerholdien (qui peut subir un glissement sémantique défavorable) au profit de l'approche néo-meyerholdienne.


Dans cette approche, chacun des pôles est abordé en fonction des deux autres et la mise en scène correspond, au fond, au tissage constant entre ces trois éléments fondamentaux du théâtre. Sous l'apparente évidence du schéma s'ouvre toute une évolution logique de la pensée et de la pratique artistique.

Ce schéma vient également du travail effectué présentement sur Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée qui est revenu à l'avant-plan dans les derniers mois. En lieu et place du travail (parce que je suis tout de même en recherche-création) sur de nouveaux textes, repartir à zéro, il devient plus intéressant de reprendre là où je l'avais laissé en 2005 avec une œuvre déjà construite à partir de laquelle je peux déjà valider si non des trucs concrets, du moins une pensée structurée comme l'arrimage de la théorie à la pratique.

Le choix est donc de poursuivre dans cette voie, avec cette mise en scène revue et bonifiée pour encore quelques temps... Puis l'automne reprendra avec mon examen de synthèse et les crédits académiques qu'il me manque.

Et commencera enfin l'écriture de ma thèse sur L'approche néo-meyerholdienne: redéfinition d’une vision des écritures scéniques actuelles dans une réactualisation des écrits de Meyerhold. Échéance prévue: automne 2013 ou, plus vraisemblablement, hiver 2014.