lundi 21 novembre 2011

Du potentiel événementiel au montage d'attractions...


Le potentiel événementiel est une notion qui me parle assez quand je réfléchis à la mise en scène. Cette possibilité de faire arriver quelque chose

Voici comment je la définissais dans un billet du 3 septembre 2008:   Le potentiel événementiel concerne, pour sa part, la scène... le spectacle en lui-même, l'image scénique. À partir de celle-ci, tout un développement est possible, toutes les avenues sont disponibles. C'est la fébrilité du regardeur, ce qui le fascine et le retient. C'est le règne de la maîtrise des praticiens.

Et dans un billet du 21 mai 2011: Chaque geste de l'interprète fonctionne un peu comme la foudre. Il se construit par l'accumulation d'une charge, le potentiel événementiel. Ce potentiel crée un horizon d'attente chez le spectateur. Du coup, l'intérêt de toute action (ou inaction) se concentre dans celui-ci, dans ce qui peut ou non advenir, dans ce qui advient et n'adviendra jamais.

Le potentiel événementiel agit donc comme un ressort qui créera, tant chez le comédien que chez le spectateur, une tension de plus en plus palpable jusqu'à son dénouement soudain. Dès qu'il se réalisent, le geste et l'action perdent aussitôt leur force d'impact jusqu'à la remise en place d'un nouveau potentiel
.

En lisant le petit bouquin sur Thomas Ostermeier (dont il est souvent question dans les derniers jours), je suis tombé sur une autre notion qui pourrait se rapprocher de la mienne (du moins, qui mérite que je m'y arrête plus sérieusement un de ces jours!): le montage d'attractions

[Mon principe esthétique de base,] je crois que c'est l'esprit d'Eisenstein. Ce qui m'intéresse chez lui, c'est cette idée qu'un film ou une mise en scène est d'abord un montage d'attractions. C'est une conception esthétique qui lui a été inspirée par Meyerhold. [...] La formule selon laquelle une mise en scène est un montage d'attractions est intimement liée au monde du cirque. Quand le trapéziste s'élance dans le vide avant d'être rattrapé au vol, le spectateur se demande, une fraction de seconde, si son partenaire va bien le récupérer, s'il ne va pas tomber. Il est alors tendu et concentré. C'est le moment de l'attraction, le moment où le spectateur est le plus attentif parce qu'il y a un vrai danger. [...] Il en est de même pour moi au théâtre. Il faut que les spectateurs soient assis au bord de leur chaise et tendus. Il faut que la scène donne le sentiment que toujours quelque chose risque de déraper. Et ce sentiment doit être d'autant plus trouble que le théâtre joue avec le réel.

Ces deux notions de potentiel événementiel et de montage d'attractions devraient, avec le temps (et par une recherche plus poussée), se réunir, se compléter... voire complètement se confronter.