mardi 25 octobre 2011

L'infâmie des comédiens


Dans la catégorie «on vomit allégrement sur le théâtre avec grâce et moult mots» (généralement par les Pères de l'Église ou, comme c'est le cas ici, par des prêtres ou des directeurs de consciences), voici l'impression théâtrale (tirée de ses Réflexions sur le théâtre, qu'on retrouve ici à partir de la page 190) de Bertrand De La Tour... doyen du chapitre de la cathédrale de Mautaban. Est-ce le même que ce franciscain du XIIIième ou XIVième siècle qui illustre ce billet? Je ne sais trop...

LIVRE II, Chapitre V
Infamie civile des comédiens

Tout le monde sais que le métier de comédien est infâme; mais peu de personnes ont une idée juste de l'infamie. C'est une peine portée par les lois en punition de certains crimes, qui rend inhabile à tout. Un infâme devient irrégulier, et ne peut recevoir ni ordre ni bénéfice; il ne peut être pourvu d'aucune charge, il n'est reçu ni accusateur, ni témoin, ni juge, que contre un autre infâme comme lui; il ne peut plaider au barreau, ni être officier dans les armées; on ne peut s'allier avec lui sans se déshonorer, etc. Ce n'est donc pas seulement une diffamation, un mépris public, c'est une tache légale qui opère juridiquement tous ces effets. [...] Telle est l'infamie attachée au métier de comédien, qui ne saurait être plus évidente et plus notoire, puisqu'aux yeux de tout le public il monte habituellement sur le théâtre. [...]

[...] Cette infamie, trop méritée et trop bien justifiée, a fait donner aux comédiens une infinité de noms, et toujours méprisants: histrions, bateleurs, mimes, jongleurs, farceurs, tabarins, trivelins, baladins, arlequins, bouffons, saltimbanques, etc. Ils indiquent à la vérité quelque différence dans le jeu, les pièces, la conduite; une dissolution, une impudence plus ou moins grande excite la sévérité des lois, le zèle des princes et des fidèles. [...] C'est à peu près toujours la même chose: peinture des passions, surtout de l'impureté, pour inspirer et pour plaire; mélange des sexes, femmes indécemment vêtues et parées [...]; gestes, attitudes, chants, danses, conversations dissolues, personnes de mauvaises mœurs, prêtes à tout, ne cherchant qu'à séduire, communément très-séduisantes; mauvaise compagnie, parterre et loges pleines de libertins que le vice y rassemble. [...] Le fond et la forme sont toujours mauvais, et en général le métier et ceux qui le font méritent l'infamie dont la loi les couvre.

Et ce ne sont là que quelques mots glanés dans les dizaines de pages qui suivent... pages éclairantes sur les exemples, les lois précises, les punitions, etc.

Irrévocablement!

De tous temps, les administrateurs de théâtre ont eu des trucs pour attirer les spectateurs... des trucs parfois un peu limite en matière d'honnêteté... mais au fond, ce qui compte, c'est créer l'événement et devenir l'incontournable du jour. Un bon exemple: triturer l'information sur les affiches: