mercredi 21 septembre 2011

The dragonfly of Chicoutimi... prise 2!

Je poste ici la publicité de la prochaine production qui visitera (mardi le 27 septembre) les murs du Théâtre La Rubrique, The dragonfly of Chicoutimi de Larry tremblay, seconde mouture par le PàP (et de Claude Poissant)...




Pour la petite histoire locale, il faut se rappeler que la première version de cette pièce, mise en scène par l'auteur, mettait en vedette Jean-Louis Millette et que les deux dernières représentations de ce spectacle (et les deux dernières fois où le comédien montait sur scène) ont été donné ici, au Saguenay, lors de l'inauguration officielle du Pavillon des arts de l'UQAC à l'automne 1999. Quelques jours plus tard (deux ou trois, tout au plus...), l'auguste interprète est décédé subitement. Depuis, plusieurs se plaisent à penser que son fantôme a choisi le Petit Théâtre comme demeure...

Cette seconde version fut un des éléments forts de la dernière saison montréalaise. Il sera donc bon de réserver les billets à l'avance, en téléphonant au 418-542-5521.

Le corps défi et le corps décoratif

Voici quelques distinctions, quelques précisions apportées par Béatrice Picon-Vallin, dans le dix-septième numéro des Voies de la création théâtrale, sur la question de l'acteur de Vsevolod Meyerhold. Selon elle, celui-ci distingue, chez le corps de l'interprète, deux principales fonctions: le corps défi et le corps décoratif.

L'essentiel de son jeu passe par le travail du corps, mais ce n'est pas un corps naturel, le corps utilitaire ou instinctif de la vie, c'est d'abord un corps libre et inventif qui défie les lois du quotidien, multiplie les prouesses, peut exécuter un salto mortale et pourquoi pas voler... L'acteur est acrobate, funambule, jongleur, costaud et léger à la fois, rapide. Mais à ce corps gymnique dont la généalogie est celle des arts repoussés à la périphérie du théâtre bourgeois, se combine le corps décoratif et contraint de l'acteur oriental. C'est dans cette bipolarité que Meyerhold voit le cabotin [j'ai déjà écrit un billet, ici, sur le sujet...]: le corps-défi et le corps qui pose, «le geste inventé qui ne convient qu'au théâtre», l'exclamation joyeuse et la «diction théâtrale artificielle» qu'il crée à partir d'un registre de «mille intonations différentes». Le terme «décoratif» qu'emploie Meyerhold peut se comprendre à trois niveaux. Décoratif parce que graphique: l'acteur connaît la force du dessin de son corps dans l'espace. Décoratif parce qu'artificiel, modelé, poli par l'habileté humaine et non par la nature: corps artificiel opposé à l'«homme vivant». Décoratif, enfin, comme projet artistique d'ensemble auquel le moindre mouvement doit participer [...].

Je trouve ces distinctions intéressantes, bien que sonne un peu péjorativement le terme décoratif... Je suis assez d'accord avec ces conceptions du jeu et de l'acteur.