jeudi 10 février 2011

Les gants blancs...


Dans la nouvelle parution du VOIR de cette semaine, Joël Martel y va d'une sortie en règle contre le sens critique de ceux qui devraient le manifester (comme par exemple, moi-même, dans le même journal...):

On est tenté de croire qu'il n'y a rien de plus facile que d'écrire qu'un acte théâtral se terminant par "roucoucou" est tout simplement ridicule. Mais encore, le jour où vous aurez à faire face à l'auteur de cette réplique ou à ses interprètes, il faudra vivre avec. C'est d'autant plus délicat lorsqu'on sait qu'une mauvaise critique a parfois le pouvoir de tuer littéralement le travail acharné d'artistes qui, déjà, est-il nécessaire de le mentionner, sont bien peu rémunérés.

[...]

Loin de moi l'idée de remettre en cause le travail des journalistes de la région qui s'adonnent parfois à cet exercice potentiellement périlleux qu'est la critique, mais la plupart du temps, l'empathie l'emporte sur la franchise.

On ne trouve plus un disque poche, on l'aime juste moins. On ne voit plus de mises en scène médiocres, on constate un désir de liberté. On vit dans un gala perpétuel où les gants blancs sont de mise.

(L'article complet se retrouve ici.)

Voilà. Est-ce que je me sens concerné? Évidemment (ceci étant dit sans frustration...). Depuis que j'écris sur les spectacles que je vois sur ce blogue ou dans le VOIR, je me pose, à tout coup, cette question: est-ce que ça dit vraiment ce que je veux dire. La réponse sera souvent: oui mais...

Non pas que j'écrive des faussetés ou que je ne fasse pas preuve de franchise. Je pense ce que j'écris. Mes questionnements (perpétuels...) prennent seulement une autre tournure que d'aucuns voudraient plus radicale. Mes gants ne sont pas blancs, ils sont gris... pas que je ne me sente pas capable de faire une critique (ou, enfin, une analyse...) et de l'assumer... mais plutôt parce que je ne me sens pas le détachement requis étant donné que je suis moi-même praticien, alignant les mises en scène et dirigeant l'une des huit compagnies de théâtre reconnues de la Ville... Situation étrange. Qui pose parfois un véritable problème. Ma grille d'analyse, toute objective soit-elle, passera toujours pour être colorée par ma propre vision du théâtre... Que mes billets concernent la Rubrique ou le CRI ou les Têtes Heureuses ou le Faux Coffre etc. Complexe d'Oedipe?

Alors empathie? Pas vraiment. Doute... qui grandit avec l'expérience.