mercredi 30 novembre 2011

De l'hermétisme lyrique du metteur en scène...

Comme j'ai déjà lu quelque part (il me faudrait retrouver la référence...) les répétitions théâtrales servent principalement à emplir du vide.

Pour y arriver, le metteur en scène accompagne (bon... cet «accompagnement» peut être plus ou moins tyrannique, souvent castrant, parfois troublant...) le comédien dans la création de son personnage, du mieux qu'il peut. Il illustre. Il montre. Il parle. Et dans ce dernier cas, il devient, à l'occasion, un peu difficile à saisir. Il donne des indications qui peuvent parfois laisser perplexe... Des phrases énigmatiques. Des phrases hermétiques. Des phrases éminemment poétiques. Surtout quand entre en ligne de compte les notions de «présence», d'«énergie». (Si certains ont en mémoire des phrases de ce type, j'aimerais bien en recevoir via les commentaires...)

D'ailleurs, quand ces (et ses) mots deviennent problématiques, ils enclenchent, chez l'interprète, une série de questions et de discussions qui font obstacles au lieu de l'aider.

Dans l'art de la mise en scène, les discours ont peu d'importance car ils n'expriment que des idées. Si le comédien les comprend, et même si elles sont justes, il ne saura toujours pas comment jouer. Car il est impossible de jouer une idée, cela donnerait quelque chose de trop vague. Il faut trouver une manière concrète, très concrète, d'exprimer les idées et les sentiments, sans, évidemment, les dénaturer. Il faut penser à tout, puis faire semblant d'oublier et sur scène, construire quelque chose de concret. Telle était la philosophie du metteur en scène russe Anatoli Efros.

Telle est la mienne.

mardi 29 novembre 2011

La Rubrique en lecture publique.


Cet après-midi, à 13h, le Théâtre La Rubrique donnera, en lecture publique, des extraits de sa prochaine création, Une heure avant, à la Bibliothèque de Chicoutimi. Elle fera de même au Côté-Cour de Jonquière à compter de 14h45.

Pour plus de détails, il faut consulter ce communiqué.

«On se casse les noisettes!» [Carnet de mise en scène]


La cinquième production de Noël du Théâtre 100 Masques - On se casse les noisettes! - commence à prendre forme. Bien qu'aucun enchaînement n'ait encore eu lieu, il est possible de se faire une bonne idée du ton et même de la durée de ce spectacle.

Présentement, il reste à l'équipe deux numéros à mettre en place. À partir du 1er décembre, ce projet entre enfin dans sa phase intensive alors que de nombreuses périodes y seront consacrées. Les enchaînements se succéderont et permettront de développer et de bonifier et le rythme scénique et la rigueur du jeu.

En tout, ce seront, en fait, sans compter la narration principale sur le modèle du conte original de Casse-noisette, près d'une quinzaine de numéros qui seront regroupés en 10 sections. Pour donner un premier aperçu de la teneur de chacune des parties (certains numéros vont assez loin dans l'ironie et la causticité...), voici les titres de celles-ci:

Ouverture sur pointe
Un Noël en blagues et en boisson
Projection maternelle sur fond de comédie-ballet
Charité bien ordonnée
Hé! Arrête de tricher mon sale!
Ces cadeaux qui m'emballent
La dinde n'est pas seulement qu'une volaille
La visite ou surtout, etc.
De maman à papa
Un spectacle qui n'en finit plus

Tout le travail esthétique (espace, costumes, accessoires, musique) est encore à venir... m'offrant, du coup, de nombreuses heures de bricolage... de même qu'il reste encore des commandites à aller chercher, dont le chocolat chaud et les biscuits!

En attendant, les réservations sont maintenant ouvertes!

dimanche 27 novembre 2011

Au théâtre, cette semaine! (27 nov. au 3 déc.)


Se passera-t-il des trucs théâtraux dans les jours à venir?

Du moins, rien à la Rubrique...

Rien non plus chez les Têtes Heureuses, le C.R.I., le Théâtre 100 Masques, le Théâtre À Bout Portant ou les Amis de Chiffon (qui poursuivent cependant leur présente tournée). 

Enfin, rien du côté de Roberval.

(Note: quand je dis ''rien'', je veux dire ''aucune activité publique'' parce que malgré tout, tous ces organismes sont en constante ébullition dans le but de poursuivre les projets en cours.)

Non... pas grand chose sinon:

Mercredi - 30 novembre 2011
Polyvalente de Jonquière
(Représentations scolaires seulement)

Le Théâtre du Faux Coffre donnera son En attendant l'dégât d'eau en circuit fermé, à la Polyvalente de Jonquière.

Si j'oublie un ou des trucs, il est possible de les ajouter par le biais d'un commentaire...


samedi 26 novembre 2011

Des didascalies...

La voix de l'auteur se manifeste, au théâtre, traditionnellement, via les didascalies... ces indications destinées aux comédiens, aux metteurs en scène, aux concepteurs. Dans le texte, elles sont souvent reconnaissables par la police utilisée (souvent en italique, parfois en caractères gras ou d'une taille différente), différente du dialogue. L'extrait suivant en donne plusieurs variantes dans le même texte (Notre futur, de Georges Feydeau):


Les didascalies servent plusieurs fonctions et, en ce sens, il est possible (selon L'analyse des textes de théâtre de Michel Pruner)de les diviser en plusieurs catégories.

Il y a les DIDASCALIES INITIALES qui regroupent la liste des personnages de la pièce avec plus ou moins de détails (rapports de hiérarchie, âge, costumes, etc.) parfois accompagnées du nom des créateurs du rôle.

C'est toujours dans cette même catégorie qu'entre la première véritable didascalie qui donne (comme dans l'exemple ci-haut), une définition des lieux, un traitement de l'espace.

Viennent ensuite les DIDASCALIES FONCTIONNELLES qui déterminent une «pragmatique de la parole» (A. Ubersfled), c'est-à-dire l'indication, avant chaque réplique, de l'identité de celui qui parle. (Dans le théâtre contemporain, ces didascalies disparaissent plus souvent qu'autrement...). 

Elles servent aussi à séparer le texte (soit en actes, soit en tableaux, etc.) et à donner, en début de chacune de ces parties, les modifications des lieux.

C'est dans cette catégorie encore qu'entrent en ligne des compte les indications sur l'environnement scénique (organisation de l'espace, jeu des objets, effets d'éclairages) et les éléments sonores (bruitages, musique) ou visuels (projections de photos, vidéo, films).

Enfin, s'y retrouvent aussi, à l'intérieur du texte, les notes de l'auteur indiquant à qui s'adresse la parole ou les déplacements qui doivent se faire.
Il y a par la suite les DIDASCALIES EXPRESSIVES qui, comment le nom l'indique, suggèrent parfois comment intervenir: façon de dire le texte («haussant le ton»), rythme («brusquement»), timbre de voix («rauque», «grave»), débit de la parole («hésitant»). Elles peuvent exprimer le sentiment qui détermine la réplique («tristement») et l'intention qui la sous-tend («suppliant»), que celle-ci soit liée à l'humeur («en colère», «souriant») ou au caractère du personnage («insolent»).

Et, pour finir, il y a les DIDASCALIES TEXTUELLES qui sont à l'intérieur même du dialogue et dites, en quelques sortes, par le personnage. Par exemple, si un personnage dit à un autre: «Lève-toi.», il est fort à parier que ce-dernier doit être au moins assis.

Voilà. Ça tombe sous le sens.

vendredi 25 novembre 2011

L'art du comédien comme d'une fatalité...

Fatalité de Jan Toorop, 1893

Ce matin, petite citation qui ne dénote en rien mon état d'esprit... mais qui  (en regard du billet précédent) me semble toutefois d'une criante vérité sur le caractère éphémère du théâtre, de cet art comme créateur de souvenirs plus que d'artefacts. Cette citation vient d'un bouquin (c'en est le liminaire) publié en 1958 à Paris, Grandes actrices - Leur vie, leurs amours, par Marcel Pollitzer et elle est le fait d'un certain Arthur Dinaux...

C'est surtout pour les grands talents de la scène qu'on doit être désireux de voir se multiplier les souvenirs de toute espèce.

La mémoire de l'écrivain se conserve par ses écrits, celle du peintre par ses tableaux, le compositeur revit par ses œuvres musicales, et l'architecte par les monuments qu'il édifie; quand l'acteur meurt, tout passe avec lui: il n'a compté que sur la mémoire des hommes, sol fragile et de peu de durée; les traditions s'éteignent bientôt et lorsque la génération contemporaine a disparu, l'histoire de ses talents fondés sur la parole est à demi effacée...

Profond, n'est-ce pas? Peut-être est-ce là - ce côté insaisissable - l'élément nécessaire à la création de comédiens mythiques, magnifiés par l'imaginaire collectif et grandis par la seule force des mots...

jeudi 24 novembre 2011

Une grande d'ici...


Pour faire changement et laisser un peu de côté les grandes figures théâtrales européennes, voici quelques paroles d'une comédienne mythique d'ici, Denise Pelletier (dont je n'ai pas de souvenirs parce qu'elle est morte en 1976, quelques temps avant ma naissance), qui a fait vibrer de nombreux spectateurs sur les grandes scènes québécoises.

Les mots qui viennent sont tirés, pour la plupart, de son spectacle-confidence Une femme, plusieurs personnages, qui a été créé en 1975 suite au succès phénoménal d'une conférence donnée le 29 septembre de cette année-là à l'Institut Canadien, à Québec.

[...]

Mais l'ombre de mon père - qui était un homme d'une grande rigueur et d'une grande tendresse - planait au-dessus de moi et semblait me dire: «Denise, soit concise, soit claire, soit simple!...»

[...]

Un comédien ne réussit jamais. Le doute est là chaque soir. Quelquefois, il se dit: «Ça y est, j'y touche!» mais tout à coup, dans un moment magique, la toux d'un spectateur vient tout déchirer et il doit repartir à zéro.

[...]

Je suis prise. Mais j'ai mon personnage devant moi. J'ai le contrôle de mon personnage. Il est mon double. Et il est, en même temps, le double du public.

[...]

Ce qu'il nous faut avant tout à nous autres acteurs, c'est du bon sens devant le texte à jouer; du bon sens et de la sensibilité. L'intelligence ne nuit pas, mais une intelligence trop cérébrale qui veut tout disséquer risque d'assécher et d'empêcher la générosité naturelle de l'acteur de s'épanouir.

[...] 

Lorsque le rythme de mon cœur s'accorde au rythme de vos cœurs, lorsque nous ne faisons qu'un, c'est le théâtre.

Ces citations ponctuent une biographie de l'actrice écrite en 1980, par Micheline La France, sous le titre Denise Pelletier ou la folie du théâtre.

mercredi 23 novembre 2011

Un schéma («pavissien») pour aborder un texte de théâtre...



Voici un schéma qui décompose un texte de théâtre en différents éléments qui s'enchâssent, au fond, les uns dans les autres et constituent, en ce sens, une certaine unicité. Ce schéma vient de Patrice Pavis, dans Le théâtre contemporain - Analyse des textes de Sarraute à Vinaver, publié en 2002 aux éditions Nathan.

Et voici comment il l'explique:

Une disposition des niveaux comme des cercles concentriques [est] plus proche de l'enchâssement des instances et de la réalité des échanges. Chaque niveau est en effet contenu et englobé par le suivant, le passage de l'un à l'autre s'effectue comme une suite d'ondes de choc qui nous éloigne de plus en plus de l'identité et de la matérialité textuelle.

Au centre, la textualité (A) est entourée de sa situation d'énonciation (B). Les discours et les thèmes (1) sont inclus dans l'histoire racontée, la fable (2), laquelle se lit en une suite d'actions physiques et d'événements (3), qui sont eux-mêmes englobés dans la mer sans rivages de l'inconscient et de l'idéologie (4).

On définit l'écriture comme la somme de la textualité/théâtralité (A et B) et de la dramaturgie (1, 2, 3, 4).

De (A)-(B) à (4), on passe du visible à l'invisible, de la trace à l'intraçable.

La fable (2) est au cœur de la dramaturgie, prise entre l'intrigue et l'action.

(1) et (2), l'alliance de l'intrigue et de la fable, forment une agglomérat ressassant une histoire générale et parabolique.

(2) et (3), l'alliance de la fable et de l'action, se situent là où le récit se traduit en une suite d'actions.

En (4) flottent sans ancrage toutes les thèses et hypothèses sur l'inconscient et la socialité du texte. Ces pensées s'inscrivent parfois dans des événements, des actions (3), des forces agissantes, enchaînées en une fable (2), directement repérables dans le texte sous la forme d'une intrigue linéaire, avec ses thèmes, ses parties du discours (1), sa matérialité textuelle (A).


mardi 22 novembre 2011

Le théâtre par Guitry

 Extrait du film Le Comédien de Sacha Guitry (film dans lequel l'auteur-acteur-réalisateur raconte la vie de son père, le grand comédien Lucien Guitry...) où le théâtre y a une large part, au point d'en devenir le personnage principal. Ce film comporte des scènes encore plus parlantes et encore plus magnifiques... mais c'est la seule que j'ai trouvée. On y trouve néanmoins le ton et quelques idées sur l'art dramatique, sur qui peut et ne peut pas monter sur scène...


Le personnage masculin est bien sûr joué par Guitry lui-même... et celle qui lui donne la réplique est sa dernière (et cinquième!) épouse, Lana Marconi. La dame qui apparaît en fin de vidéo est la comédienne Pauline Carton (dont j'ai publié quelques extraits de son journal, et ), une fidèle complice du réalisateur.

lundi 21 novembre 2011

Du potentiel événementiel au montage d'attractions...


Le potentiel événementiel est une notion qui me parle assez quand je réfléchis à la mise en scène. Cette possibilité de faire arriver quelque chose

Voici comment je la définissais dans un billet du 3 septembre 2008:   Le potentiel événementiel concerne, pour sa part, la scène... le spectacle en lui-même, l'image scénique. À partir de celle-ci, tout un développement est possible, toutes les avenues sont disponibles. C'est la fébrilité du regardeur, ce qui le fascine et le retient. C'est le règne de la maîtrise des praticiens.

Et dans un billet du 21 mai 2011: Chaque geste de l'interprète fonctionne un peu comme la foudre. Il se construit par l'accumulation d'une charge, le potentiel événementiel. Ce potentiel crée un horizon d'attente chez le spectateur. Du coup, l'intérêt de toute action (ou inaction) se concentre dans celui-ci, dans ce qui peut ou non advenir, dans ce qui advient et n'adviendra jamais.

Le potentiel événementiel agit donc comme un ressort qui créera, tant chez le comédien que chez le spectateur, une tension de plus en plus palpable jusqu'à son dénouement soudain. Dès qu'il se réalisent, le geste et l'action perdent aussitôt leur force d'impact jusqu'à la remise en place d'un nouveau potentiel
.

En lisant le petit bouquin sur Thomas Ostermeier (dont il est souvent question dans les derniers jours), je suis tombé sur une autre notion qui pourrait se rapprocher de la mienne (du moins, qui mérite que je m'y arrête plus sérieusement un de ces jours!): le montage d'attractions

[Mon principe esthétique de base,] je crois que c'est l'esprit d'Eisenstein. Ce qui m'intéresse chez lui, c'est cette idée qu'un film ou une mise en scène est d'abord un montage d'attractions. C'est une conception esthétique qui lui a été inspirée par Meyerhold. [...] La formule selon laquelle une mise en scène est un montage d'attractions est intimement liée au monde du cirque. Quand le trapéziste s'élance dans le vide avant d'être rattrapé au vol, le spectateur se demande, une fraction de seconde, si son partenaire va bien le récupérer, s'il ne va pas tomber. Il est alors tendu et concentré. C'est le moment de l'attraction, le moment où le spectateur est le plus attentif parce qu'il y a un vrai danger. [...] Il en est de même pour moi au théâtre. Il faut que les spectateurs soient assis au bord de leur chaise et tendus. Il faut que la scène donne le sentiment que toujours quelque chose risque de déraper. Et ce sentiment doit être d'autant plus trouble que le théâtre joue avec le réel.

Ces deux notions de potentiel événementiel et de montage d'attractions devraient, avec le temps (et par une recherche plus poussée), se réunir, se compléter... voire complètement se confronter.

samedi 19 novembre 2011

De l'ennui à l'érection


Ce schéma est tiré du blogue de Jérôme Fansten, plus précisément d'un article portant sur la dramaturgie (qu'on peut retrouver en suivant ce lien)... dramaturgie pris dans le sens de composition du matériel textuel

Avec une certaine ironie au bout des doigts, il explique: L’intensité dramatique est liée aux enjeux : au début, le héros risque juste d’être blessé, puis après il risque sa vie, puis celle de sa femme si elle n’a pas été tuée au début. C’est pour ça qu’on tue les amis (élément déclencheur), plutôt que la famille : elle doit servir pour la suite. Et, de fil en chas d’aiguille, et de chas d’aiguille en chameau, le héros tutoie l’enfer… ça devient de plus en plus trapu pour le gars de s’en sortir en entier… Et le spectateur profite au maximum du spectacle.

Bon. Scientifiquement, l'ensemble est peut-être questionnable. 

N'empêche pourtant que le petit schéma (fort simplifié!) donne une appréciation assez juste de la réactivité du spectateur en regard de la force (textuelle, scénique) de la pièce. Maintenant, celui-ci pose son hypothèse avec un certain absolu. Prendre en défaut ce système pourrait devenir un défi plutôt emballant...



vendredi 18 novembre 2011

L'école du regard...


Nouveau détour par l'entretien qu'a donné Thomas Ostermeier (metteur en scène allemand) à Sylvie Chalaye pour la collection Mettre en scène de chez Actes Sud-Papiers. Cette fois, sur sa conception du rôle du metteur en scène (à partir aussi de sa fonction de professeur de mise en scène à l'École Ernst-Busch).

Mettre en scène, c'est avant tout pour moi une question de regard. Les problèmes que rencontrent les jeunes apprentis metteurs en scène sont généralement liés au regard. Il faut un regard objectif et je dirais même «froid» pour observer les acteurs au travail, car le metteur en scène doit se méfier de ses propres sentiments et des idées qu'il projette sur la scène. En même temps, et c'est peut-être là toute la difficulté, il faut au contraire un regard «chaud» sur les acteurs, dans le sens où il faut leur donner la force, les mettre en confiance. [...] Pour ne pas tomber dans le panneau et croire que l'on voit quelque chose d'extraordinaire, alors que ce n'est que ce que l'on veut voir et non pas ce qui est vraiment, il faut s'entraîner à être dans la salle et à regarder ce que l'on voit comme un spectateur ordinaire.

J'aime assez cette définition, cette quête d'objectivité (quasi chirurgicale) de la part du metteur en scène sans se laisser abuser par le désir d'y voir ce que l'on a voulu y mettre. Le contraire étant un écueil sur lequel il est si facile d'aller se frapper...

jeudi 17 novembre 2011

«On se casse les noisettes!» [Carnet de mise en scène]

Voici l'affiche de la production de Noël 2011 du Théâtre 100 Masques, On se casse les noisettes!. Elle a été conçue et réalisée par moi-même... petit budget oblige. N'empêche qu'elle me plaît assez bien... bien que je ne sois absolument pas objectif!

Sinon, pour le moment, les répétitions vont bon train. Les numéros prennent forme (il y en a même quelques uns que je n'ai pas encore vus!) et l'ensemble acquiert peu à peu le ton recherché... le plus difficile, l'écueil, étant toujours de bien faire comprendre sans trop dire ou expliquer, amener le numéro à un haut niveau d'ironie (s'adressant à un public adulte) sans escamoter d'étapes. Trop en mettre est si rassurant... 

Toujours un bon exercice de création en style libre!





mercredi 16 novembre 2011

Nouvelle acquisition...


Dans les derniers jours, je me suis procuré ce petit ouvrage de la collection Mettre en scène chez Actes Sud-Papiers. Une collection fort intéressante, composée de petits recueil d'entretiens, de notes de metteurs en scène, de synthèse.

Cette dernière acquisition porte donc (sous forme d'entretiens) sur le travail de Thomas Ostermeier, un metteur en scène allemand à l'avant-garde du théâtre mondial, qui rejette les paradigmes du théâtre dit postdramatique pour se concentrer sur une conception traditionnelle pourtant forte et efficace. Un metteur en scène dont les maîtres à penser sont principalement Brecht, Artaud... et Meyerhold.

Il s'agit donc là d'un regard sans complaisance d'un metteur en scène sur son œuvre; son rapport au texte, à l'acteur, à la scène; ses filiations; ses méthodes de travail; bref, sur sa conception du théâtre et ce qu'il faut pour y parvenir.

Le théâtre, ce n'est pas le texte, le texte n'est qu'une partie du théâtre. Le théâtre, c'est le mouvement, l'acteur, l'histoire de la pièce, la construction de la pièce, la confrontation des personnages, la manière dont un personnage se développe au cours du spectacle, son épaisseur psychologique, sa vie intérieure... Le théâtre, c'est aussi le décor, la lumière, les costumes, la musique, la vidéo, la salle de spectacle et l'ensemble des spectateurs... Le théâtre, c'est tout cela à la fois. Mais pour moi surtout, c'est avant tout le comédien. Car un comédien qui sait très bien dire le texte, mais qui ne parvient pas à rendre, à donner quelque chose de la vie intérieure du personnage, quelque chose de sa dimension d'être humain et de sa complexité, passe à côté du théâtre. On peut imaginer un acteur dont on ne comprend pas la diction, l'élocution n'est pas l'essentiel. Pour moi, l'acteur n'est pas celui qui articule un texte, le plus important, c'est qu'il nous fasse partager l'univers d'un personnage.

mardi 15 novembre 2011

''La Défonce'' [Carnet de mise en scène]

Sur scène: Réjean Gauthier, Dario Larouche, Charles Rousseau-Dubé
Derrière le panneau: Joan Tremblay. À droite: Jean-Sébastien Montpetit et Sonia Tremblay


Les deux photos ci-dessus nous montre, toute l'équipe de La Défonce, en plein travail de répétition (enfin, de notes) dans la Salle Jacques-Tati, à Orsay, lundi le 7 novembre dernier.

Avant ce moment capté sur image (il y a aussi un petit vidéo du même moment - où l'on me voit en pleine action, gesticulant à qui mieux mieux - que je tenterai de poster un de ces jours...), dans un décor somme toute assez semblable à ce que l'on avait à Roberval, il a fallu faire preuve d'ingéniosité.

En débarquant à la salle, dimanche le 6, je tombe nez à nez avec les techniciens de l'endroit (Hervé et Xavier, que je salue encore pour tout ce qu'ils ont fait pour nous) qui m'expliquent que nous avons quelques problèmes: ils n'avaient pas compris le principe mobile de la scénographie et, du coup, il n'y avait rien pour accrocher nos panneaux. Sous le coup du décalage (et sans sommeil depuis une trentaine d'heures!), nous avons passé le reste de la journée à faire des tentatives, trouver des solutions (dont celles consistants à trouver des équivalents à nos trucs électriques - sans adaptateur - glissés dans le plancher).

Puis, dès le lendemain, nous avons terminé le montage des décors (les palettes constituant le plancher étaient sur place) et le montage des éclairages (accrochage et focus) avant que de s'accorder un temps de répétition (les dites photos...). Ça me fascine toujours de constater à quel point la mémoire est solide... Les choses se plaçaient d'elles-mêmes.Comme si nous avions joué la semaine d'avant...

Le mardi, au matin, nous nous sommes appliqués à faire les intensités avant que de ne poursuivre, en après-midi, avec un enchaînement rapide (un cue-to-cue) et un premier filage avec l'ensemble des éléments esthétiques.

Tout de suite après, nous avons été reçus par la mairie d'Orsay (sans compter toutes les réceptions qui ont ponctuées ces mêmes jours!) avant que de ne faire une générale devant les gens du conseil municipal et de ceux de la troupe qui nous recevait (en tout, une vingtaine de personnes). Une belle représentation (la meilleure des deux).

 Jean-Sébastien Montpetit (Fred) pendant la générale du mardi 8 novembre au soir
Photographie: Christian Roberge

Le lendemain, toute l'équipe a pris la direction de Paris (c'est la photo ci-dessous) pour visiter la ville. Le seul hic, c'est que les trains sont souvent en grève... et voilà que nous sommes pris (bon, ça pourrait être pire!), là-bas, à quelques heures de la représentation officielle.

Toute l'équipe du voyage devant la cathédrale Notre-Dame-de-Paris.
Devant: Christian Roberge (scéno.), Joan Tremblay (Pen), Sonia Tremblay (ass. m.e.sc.), Réjean Gauthier (Le vieux).
Derrière: Charles R.-Dubé (Didi), J-Sébastien Montpetit (Fred), Sylvain Gaudreault, moi et Benoît Brassard (Jay)

Tout s'est cependant arrangé assez facilement... et le mercredi, 9 novembre, à 20h30, à la Salle Jacques-Tati, nous avons donné le spectacle devant une salle comble (environ 115 spectateurs), avec - ma foi! - un succès surprenant! Une représentation calme et posée... peut-être un peu fatiguée. Quatre rappels. Un public manifestement conquis... au-delà du propos dur et de la langue... ou plutôt, de l'accent.

Puis tout a été remballé, quelques minutes après la fin de la représentation, au cas où... qui sait... nous reprendrions ce spectacle...

A lire aussi:
Le rideau tombe sur La Défonce (Étoile du lac, 15 novembre 2011)
Le Mic Mac revient de France (Le Point du Lac-Saint-Jean, 15 novembre 2011)

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Je reviendrai, dans les jours à venir, sur les deux productions que j'ai vues: Nous les héros, de Jean-Luc Lagarce, par la troupe D'un théâtre à l'autre, nos hôtes, et L'année de la pensée magique, avec Fanny Ardant, au Théâtre de l'Atelier.

Un ''groupie'' au Père-Lachaise...

Au cours de mon périple européen des derniers jours, je suis allé me promené (pour la première fois) au cimetière du Père-Lachaise, à Paris... comme un pèlerinage théâtral... pour m'arrêter sur les monuments funéraires de grands comédiens, comme Talma et l'incontournable Sara Bernhardt (deux artistes souvent cités sur ce blogue)... Une autre photo que les deux ci-dessous manque... Celle de Rachel qui faisait l'objet de billets quelques temps avant mon départ...


Et un arrêt aussi sur quelques tombes d'auteurs que j'apprécie particulièrement... comme Courteline et, bien entendu, Molière... Ne manque, comme photo, que celle de Musset...


vendredi 4 novembre 2011

Blogue au repos

Pour les jours à venir
(jusqu'au 17 novembre, en fait...),
ce blogue ne sera plus alimenté... ou si peu.
Non pas manque d'intérêt de ma part...
mais plutôt parce que je serai à Orsay et à Paris
avec le Théâtre Mic Mac de Roberval
et nous y jouerons La Défonce de Pascal Chevarie.

J'apporte avec moi mon ordinateur...
au cas où
(bien que je doute fort l'ouvrir au pied de la Tour Eiffel...).

jeudi 3 novembre 2011

Réalignement nécessaire...


Je poursuis encore et toujours mes recherches pour le doctorat... encore et toujours avec le même sujet qui m'intéresse toujours autant: Le NÉO-MANIÉRISME MEYERHOLDIEN – redéfinition d’une vision des écritures scéniques actuelles dans une réactualisation des écrits et théories de Meyerhold.

Mais voilà.

Vient (trop souvent) un temps où la recherche se confond avec la perte de repères. Tenter d'ouvrir de nouvelles pistes ne fait parfois que multiplier les possibilités.

Il faut donc savoir faire un retour en arrière pour mieux reprendre la route, revoir les objectifs... quitte à laisser tomber des parties entières du projet initial pour mieux recentrer les énergies. Ce n'est pas tant abandonner que revenir à l'essentiel.

C'est ainsi que je me suis replongé dans les écrits de Meyerhold avec l'espoir d'un jour avoir gobé l'essence de son travail au point d'être capable de le restituer dans une forme actualisée. J'y recherche, à partir de celle-ci, les germes d'une redéfinition de la théâtralité et de la performativité tout en espérant donner par celle-ci un nouveau rapport entre l'écriture actuelle et la scène.

Du coup, j'ai mis de côté mes recherches en laboratoire en juin dernier: les résultats, bien qu'intéressants, n'étaient pas très probants... Ils ont au moins le mérite d'avoir posé de nombreuses questions... dont celle de la méthode. Il s'avère rapidement difficile de conjuguer écriture actuelle et recherche meyerholdienne en faisant une séparation radicale entre le rapport au texte, le rapport au corps et le rapport à la scène. Une chose saute aux yeux: les deux demandent un investissement total dans les trois volets pris, au fond, en un seul bloc.

En d'autres termes, il me faut donc reprendre le travail dans une nouvelle optique où le mot s'inscrit dans le corps qui lui même s'inscrit dans l'espace qui appelle le mot et ainsi de suite...

Bon. Un autre point bogue aussi (et c'est peut-être le pire...): la disponibilité des participants au projet. Je peux difficilement leur en vouloir mais le fait qu'ils ne sont pas rémunérés m'empêche de les avoir de façon intensive et efficace.

Me revoici donc à la recherche de la méthode idéale... qui demandera, sous peu, une rencontre avec ma directrice de recherche, Mme Irène Roy.

D'ici là, mon échéancier ne varie pas trop... Pas encore, du moins : je vise toujours la fin du doctorat à la fin de 2013 (voire début 2014).

L'oeuf ou la poule: une question d'esthétique...

Image de produits vestimentaires tirée de ce site.

En lisant la revue Alternatives théâtrales (le même numéro - janvier 97 - dont il était question dans le billet précédent) je suis tombé sur cet entretien d'Olivier Besson avec le comédien Nicolas Pignon qui décrit un problème fort intéressant quand on y pense... et qui remet en cause une certaine façon de travailler... façon qui est pourtant quasi une norme dans le milieu théâtral:

Le problème est que la plupart du temps, le travail se fait trop vite. De ce fait, les décisions esthétiques sont le plus souvent prises avant la première répétition avec les acteurs. Les maquettes du décor et des costumes sont faites, et n'évolueront plus. Or avec les répétitions, les choses changent, parce qu'elles vivent.

Point de vue intéressant... bien que le contraire demanderait une logistique plus complexe: plus de temps et surtout, de l'espace...

[...] Il faudrait qu'en répétition, tout le monde répète, pas seulement les acteurs, mais le décor, les objets et les costumes aussi. Le travail théâtral est intéressant lorsque c'est mouvant, quand ça évolue.

Il y a donc là un appel à une construction esthétique plus intrinsèquement liée à la scène dans sa globalité (incluant la mise en scène et le jeu de l'acteur), plus essentielle... Une construction esthétique qui se pense non pas en amont des répétitions mais au cœur même de celles-ci.

[...] Si les éléments esthétiques du spectacle ne répètent pas avec les acteurs, ils ne vivent pas, et deviennent des principes, des signes du sens, des images dans l'air du temps. Ce n'est pas pour rien qu'on retrouve la même esthétique dans les spectacles d'une même époque: ça ne fait que répéter des préoccupations partagées, des codes connus et souvent même éculés.

Bien sûr, cette position est un peu radicale et voit le travail de conception complètement immobile, figé... sur lequel sera plaqué le travail d'interprétation. Ce n'est, bien sûr, pas tout à fait ça...

Cependant, il y a là plusieurs éléments qui se posent pour développer un nouveau rapport à la scène... dont le refus (et l'impossibilité) du travail sectoriel. Il y a là un tout - le théâtre! - qu'on ne peut fragmenter.

Ce n'est donc pas l'œuf ou la poule mais plutôt l'œuf et la poule: l'un est dans l'autre et vice-versa.

mercredi 2 novembre 2011

Déprime passagère


Les répétitions,
c'est simple:
c'est venir chaque jour
avec cinq ou six idées,
les tester,
les jeter,
recommencer
et essayer de s'en aller
pas trop déprimé
le soir.

Cette belle définition des répétitions, passage obligé (et parfois douloureux) de l'art théâtral, est de Charlie Degotte, un metteur en scène belge contemporain. Elle est tirée du numéro spécial d'Alternatives théâtrales sur les répétitions (déc. 96-jan. 97).

mardi 1 novembre 2011

«La Défonce» [Carnet de mise en scène]

Photographie: Christian Roberge

En fait, il serait plus juste de titrer ce billet Carnet de voyage parce que c'est bien de cela qu'il s'agit.

Dans quelques jours - dans une semaine plus exactement! - nous jouerons La Défonce à Orsay. D'ailleurs, ça fout un peu les jetons que de lire, sur la page d'ouverture de la municipalité, notre affiche (voir ). C'est assez concret.

La version «en sortie» fonctionne bien... même mieux que je ne l'imaginais. Elle a été testée lors de la visite à Mont-Laurier. Il n'y a donc pas à craindre de ce côté... Nous irons donc rejoindre nos palettes de bois qui nous attendront là-bas.

Donc, lundi et mardi, nous serons dans la salle Jacques-Tati pour nous installer (le point crucial étant les éclairages... conçus par Alexandre Nadeau), répéter... et faire une générale devant quelques personnes.

Mercredi, le 9 novembre 2011, à 20h30, nous commencerons... Bien hâte de voir comment les cousins français recevront ce texte de Chevarie où les sacres ont une large place. Ça fera exotique...

Naissance de la L.N.I.

Voici le documentaire sur la naissance de la Ligue Nationale d'Improvisation (l'une des plus grande réussite théâtrale québécoise exportée un peu partout dans le monde) qui a été réalisé dans le cadre de la série Tout le monde en parlait, présenté à Radio-Canada. Un petit morceau de l'histoire du théâtre au Québec...