samedi 30 avril 2011

Sur la théâtralité...


Comme annoncé la semaine dernière, j'en suis déjà à citer l'ouvrage Vers une nouvelle théorie de la pratique théâtrale de Patrice Pavis (dans son édition de 2007).

Un extrait de l'un des chapitres (le XVIième, p. 267) me semble remettre en cause la définition même de la théâtralité en la simplifiant efficacement et en abandonnant les concepts flous pour une approche concrète et identifiable:

Ma méfiance vis-à-vis du concept de théâtralité est grande, et peut-être insurmontable. La théâtralité tend, en effet, dans le discours critique, à désigner une essence indéfinie de la «spécificité» du théâtre, théâtre dont on sait par ailleurs qu'il est, par nature, un genre hybride. La théâtralité est une notion particulièrement floue et passe-partout. [...]

Dès que l'on observe et analyse la représentation, cet objet empirique et concret, d'un point de vue systématique et théorique, on décrit en fait la mise en scène, système sémiotique du sens produit à la scène. À quoi bon alors s'embarrasser de la notion de théâtralité [...]? Ne faudrait-il pas, du reste, faire une distinction radicale entre ceux qui [...] voient la théâtralité dans la vie quotidienne, et ceux qui [...] la considèrent comme une catégorie esthétique? C'est ainsi, à la manière de Meyerhold [nda.: Là, ce n'est pas moi qui le dit!], que je la conçois, d'où mes extrêmes réserves sur sa pertinence, car pour moi la théâtralité est synonyme de mise en scène. Elles est «une utilisation pragmatique de l'outil scénique, de manière à ce que les composantes de la représentation se mettent réciproquement en valeur et fasse éclater la linéarité du texte et de la parole». S'il en est ainsi, à quoi bon utiliser deux mots, mise en scène et théâtralité, pour désigner une seule et même réalité? Pourquoi ne pas garder le terme de mise en scène, inventé avant celui de théâtralité? Car, la théâtralité, est loin du caractère opérationnel, technique, concret de la mise en scène et son usage serait plus régressif et idéaliste: elle renvoie sans trêve à la vieille question de la spécificité théâtrale ou du théâtre pur et se condamne à n'être qu'une notion aussi abstraite et métaphysique qu'inopérante, et donc, impraticable.

Voilà. C'est ainsi que cette théâtralité peut tout à coup se définir et être identifiable. Maintenant, la performativité...

vendredi 29 avril 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]

Petit à petit, la production du théâtre d'été prend forme. Les sept premières scènes ont fait l'objet d'un débroussaillage et d'une mise en place sommaire... et dès lors, un premier constat peut se poser: c'est vraiment très drôle!

Le sujet d'une comédie, selon Véronique Sternberg (dans La poétique de la comédie) doit être une histoire génératrice de situations comiques et cette pièce de Labiche tient la définition: elle est construite sur une série de quiproquos qui mènent jusqu'à l'absurde. Et, partie prenante de ce qui s'appelle le théâtre du boulevard, elle en porte aussi une caractéristique essentielle, à savoir que par le langage, tout est verbalisé (psychologie, action, préoccupations) donnant lieu à une série de mots d'esprit.

Le travail exige cependant des comédiens une précision accrue et une justesse dans l'exécution des commandes. Une rigueur rendue nécessaire par le jeu physique qui doit découler des nombreux jeux de scènes et par l'exiguïté de l'aire de jeu. Le hic, c'est que le travail de mise en scène ne peut s'effectuer que de soir... après une journée de travail. Une contrainte qui joue malheureusement sur l'attention et la capacité d'assimiler des interprètes.

Esthétiquement, cette production prend corps. Maintenant que la scénographie est conçue et en voie de réalisation, nous nous attaquons aux costumes.

jeudi 28 avril 2011

D'un autre temps...


La fonction du théâtre
est d'abord d'être un archaïsme.

Petite maxime qui peut porter à une grande réflexion. Que signifie-t-elle? Que dit-elle? Quelle(s) implication(s) porte-t-elle? Elle est de Daniel Jeanneteau, scénographe (français, de surcroît) de son état. Elle est tirée du document vidéo Le Passeur sur l'oeuvre et le travail de Claude Régy.

Pour compléter ce petit aphorisme, voici une définition du mot archaïsme selon Le Robert: 1- caractère d'ancienneté. 2- Mot, expression, tour ancien qu'on emploie alors qu'il n'est plus en usage. 3- Caractère de ce qui est périmé.

mercredi 27 avril 2011

Monologue de la vieille fille


Voici un petit monologue que j'ai écrit d'abord dans Pour tous les mots du monde en 1997... puis repiqué dans Les pleureuses en 2001... et depuis, réutilisé dans quelques exercices avec des groupes de théâtre. C'était l'époque où j'aimais bien écrire en vers... pour la musicalité et le rythme.

J’ai passé ma vie en solo.
Pis j’vas crever seule. Comme un rat!
Comme la vermine…
C’est pas mêlant!
On dirait que plus que j’suis sage, qu’j’me raffine,
Moins j’attire de prétendants!
Oh, y a ben deux ou trois alcooliques
Qui m’prendraient ben entre deux verres de houblon…
Mais bon sang qui sont pas dynamiques
Pis bon dieu qui sentent la boisson!
Y avait pourtant le p’tit du caissier
Qui semblait donc vouloir m'faire la cour…
Pis si son intelligence avait été un plus élevée
J'filerais peut-être aujourd’hui le parfait amour!
J’suis sûre qu’on m’a jeté un sort
Pour que j’attrape juste des agrais!
Quand c’était pas l’vieux fou ou l’croque-mort,
C’était l’étranger qui parlait juste anglais!
C'est vrai qui'a eu aussi monsieur l’maire
Qui s’est tenté une couple de fois?
Jusqu’au jour où un bon soir
J’y ai dit qu’pour lui j’voterais pas!
Mais ça, c’est rien à comparer au pompiste
Qui s’parfumait d’sa maudite essence!
Au divorcé qui avait quatre fils,
Trois chats, deux chiens pis toute qu’une panse!
Au gars des poubelles
Qui m’souriait tou’es matins
Juste pour faire prendre l’air à son partiel
Qu’y était aussi jaune qu’un poussin!
Pis c’est sans compter su’ l’soudeur
Qu’y était aussi raide qu’son métal;
Pis qu’l’affreux cultivateur
Qui voulait faire de moé un cheval!
Non! J’suis toute seule!
Autour de moé, y a pas une mouche!
Pis c’est pas que j’le veuille
Si y a ni homme, ni bête, ni plante qui m’touche!!!

Vers le premier «Forum du théâtre au Saguenay-Lac-Saint-Jean»

Un premier petit sondage est parti ce matin, par le biais de courriel, vers tous les membres du milieu théâtral de la région (ou presque...), pour connaître l'intérêt des gens à participer à cette grande journée de réflexion.

Il va sans dire que nous (le comité organisateur), comptons beaucoup sur les réponses, qu'elles soient positives ou négatives.


lundi 25 avril 2011

Nouvelle acquisition


Ma dernière acquisition pour ma bibliothèque de chercheur est ce livre de Patrice Pavis, Vers une théorie de la pratique théâtrale - Voix et images de la scène. Il s'agit là de la 4ième édition parue en 2007 (les précédentes datant de 1982, 1985 et 2000).

En quatrième de couverture, le résumé donne cet aperçu (!):

Au cours des vingt dernières années, les études théâtrales se sont éloignées à la fois d'une étude littéraire des textes et d'une approche purement linguistique et sémiotique des spectacles. Elles se sont efforcées de suivre et de décrire la pratique de la scène en vue d'une meilleure connaissance du phénomène théâtral.

Cette étude rend compte de cette profonde mutation de la théorie, de la sémiologie et de la pratique de l'art dramatique, en analysant systématiquement texte, acteur, espace et réception. Sa matière est celle, éminemment instable, de la mise en scène contemporaine, son esprit celui d'une confrontation ludique entre l'austère étude du théâtre et sa plaisante pratique sur les scènes comme dans les ateliers.

Il va sans dire que dans les jours à venir, cet ouvrage risque fort d'être cité parce qu'après l'avoir feuilleté, déjà de nombreux passages sont marqués!

dimanche 24 avril 2011

La Visite [Carnet de mise en scène]

Eh oui... ce n'est toujours pas fini bien que j'aie un peu mis de côté cette production depuis la première. Il reste encore une semaine. Les représentations se suivent mais ne se ressemblent pas. Je reste attentif à ce qui se passe (et il s'en passe des choses!) et je tente d'apporter soutien à toute l'équipe.

Bref, pour rattraper le temps perdu au cours des dernières semaines, voici quelques petits documents qui sont apparus. Tout d'abord, une entrevue faite à COGECO quelques minutes à peine après la fin de la première représentation, le 31 mars dernier:



Ensuite, voici quelques articles parus dans les journaux. Le premier paru le 31 mars dans le Voir, sous la plume de Joël Martel (Trio Mic-Mac), le second paru le 1er avril dans L'Étoile du Lac sous la plume (un peu faible pour le théâtre) de Daniel Migneault (Le Théâtre Mic Mac propose un bon divertissement) et enfin, pour les curieux, il y a aussi un article paru la semaine dernière dans le Progrès-Dimanche, malheureusement, je ne le retrouve pas en ligne. Voilà.

Changing room

Photographie: Yvan Doublet (Le Soleil)

Ai assisté, samedi soir dernier, au Périscope, à l'une des représentation de Changing Room, un docu-théâtre interactif sur l'univers des personnificateurs féminins piloté par Alexandre Fecteau (pour le collectif Nous sommes ici)... qui a fait, notamment, un bacc. interdisciplinaire en arts à l'UQAC il y a quelques années.

Changing Room c'est un cabaret où, pendant trois heures, cinq drag queens se partageront la scène et le catwalk dans des numéros enlevants et tordants: Shania Twain, Flashdance, Lady Gaga, Liza Minelli, Céline Dion et Dalida y apparaîtront, grotesques, tordues, revues et amplifiées dans des chorégraphies absurdes et d'une suave ironie sous les applaudissements frénétiques d'un public en délire.

Changing Room c'est aussi, en parallèle, une loge transformée en confessionnal cinématographique où les artistes se dévoileront, déposeront les perruques de Praline, Délice, Roxy, La Goglue et Jewel et troqueront les paillettes pour les confidences (parfois chargée de pathos!)... sans pourtant rien y perdre de leur flamboyance et de leur superbe. Des coups bas, des charges contre la société, des déclarations personnelles, des anecdotes et des aspirations. Ces personnificateurs personnifiés par les comédiens Frédérique Bradet, Anne-Marie Côté, Martin Perreault et Frédéric Dubois. Les échanges qui ponctuent ces moments sont tirés de véritables entrevues effectuées en amont, d'où le côté documentaire.

Changing Room c'est enfin de l'humour direct, sans retenue et sans tabou... un croisement entre la vulgarité et l'esprit, entre la caricature et la parodie, entre le bon et le mauvais goût.

Une soirée animée et surprenante. Pour les intéressés, il reste encore une série de représentations du 26 au 30 avril.

Au théâtre, cette semaine! (du 24 au 30 avril 2011)


En ce dimanche pascal, en cette semaine qui marque la fin de la session universitaire, voici quelques dates à retenir:

Jeudi à samedi - du 28 au 30 avril 2011
Salle Lionel-Villeneuve, 20h
DERNIÈRE SEMAINE DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre Mic Mac donne les trois dernières représentations de La Visite, un texte de Michel-Marc Bouchard mis en scène par moi-même.

Jeudi - 28 avril 2011
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonq)., 20h

Le Théâtre La Rubrique reçoit La complainte de Dulcinée, une production de Dulcinée Langfelder & Cie (Montréal). Dans une ambiance oscillant entre le cabaret, le théâtre grec et la performance multimédia, Dulcinée Langfelder jette un regard critique (mais non sans humour) sur le parcours de l'humanité par le biais de son homonyme, Dulcinée du Toboso, la muse de Don Quichotte et " l'héroïne absente " du roman de Cervantès.

Vendredi - 29 avril 2011
Théâtre Le Palace (Arvida), 20h
ANNULÉ

Diffusion Saguenay devrait recevoir (je dis devrait parce que je ne retrouve rien sur ce spectacle sinon dans la programmation publiée en août dernier) La chambre des Jaques et Jack in a box, une production du Ballet Jazz de Montréal. La chambre des Jacques propose une forme de dialogue entre la chorégraphe et les danseurs. Sur un ton mi-lyrique, mi-désinvolte et à une cadence parfois à couper le souffle, cette oeuvre intimiste célèbre également la vie à travers sa riche trame sonore. Jack in a box aborde les limites extérieures du corps. Par sa structure et sa forme, l'oeuvre interroge cette fois la croissance, l'étiquette et le pouvoir du groupe en tant qu'ensemble collectif.

Si j'oublie des trucs, on pourra les rajouter dans les commentaires. Merci!

samedi 23 avril 2011

Une «Tempête» à l'UQAC

Image servant de base à l'affiche de la production

Encore une fois, cette année, l'UQAC (le Module des arts, à vrai dire) nous convie à assister à la production étudiante... lieu idéal pour entamer réflexions et questionnements sur la pratique actuelle. Cette année, au programme, rien de moins que La Tempête.

Jamais cette pièce de Shakespeare n'a mieux porter son titre (et le sens du titre) que dans cette version universitaire abordée sous l'angle de l'interdisciplinarité. Une véritable tempête de propositions - un brin anarchique -, une bourrasque de sens multiples, et des mots qui surgissent de partout comme tout autant grêlons qui tombent sur une terre froide et gelée.

Parce que oui, cette Tempête est costaude. Deux heures d'un réel engagement des étudiants (ils sont treize sous la direction de Jean-Paul Quéinnec) partis à l'assaut de ce monument de la littérature dramatique. Deux heures d'une preuve à chaque minute renouvelée qu'une relève se prépare rigoureusement. Deux heures où les Prospero, Cabestan, Miranda et autres acolytes fictionnels se débarrassent de leur chape baroque pour entrer de plein fouet dans la contemporanéité.

Dans cette production, ces personnages perdent leur unicité au profit d'une polyphonie, d'un de chœur éclaté où les voix s'emmêlent, se croisent, se superposent au gré d'une distribution mouvante telle une mer déchaînée. Quéinnec s'explique dans le programme: Cette dynamique du joueur-acteur me pousse à distribuer les rôles à la manière d'une ronde; un acteur pour plusieurs personnages, un personnage joué par différents acteurs. Ce n'est plus la traditionnelle «construction de son personnage» qui l'emporte mais la relation à tous les personnages. Un exercice exigeant pour les interprètes qui initient une parole et qui en attrapent une autre au vol... et qui revêtent non pas une ou quelques identités mais toutes celles-ci.

Évidemment, cette explosion des figures ne facilite pas, pour le spectateur (bousculé dans sa conception théâtrale toute simple), la compréhension du texte, de la fable, malgré l'attention porté au problème: Repérer cette relation nécessite des signes de passation à l'aide du texte (et sa mise en voix) et du costume. Ce dernier pour contribuer au mouvement de la ronde se doit d'être léger Alors, nous n'en conservons que le tissu. Chaque personnage est identifié à une couleur/texture de tissu. Si les mots, les répliques s'échangent bien et passent facilement de l'un à l'autre, il en va tout autrement du sens global qui lui, devient parfois fuyant. Et c'est, à mon avis, le premier écueil possible de ce travail.

Cette recherche d'ouverture de la parole se conjugue également à une relation à l'interdisciplinarité. Une relation qui prend beaucoup de place dans la représentation (notamment par la présence sur le plateau des nombreux techniciens): vidéo et projections, manipulation du son, objets, chorégraphie. Un dialogue qui cherche à s'installer et tisser des liens qui donnent de fort bons moments (comme par exemple, la présence constante de Prospero par le biais de la vidéo ou la ronde des tissus autour du plateau), des moments esthétiques (consolidés par l'apport d'Alexandre Nadeau, éclairagiste de son état qui possède son métier et l'étale avec finesse et sensibilité) bien que certains choix apparaissent parfois obscurs. Cette recherche d'interdisciplinarité (et c'est, à mon sens, le second écueil éventuel) peut, du coup, à quelques occasions, donner l'impression d'être superflue et autonome par rapport à l'objet théâtral. Peut-il vraiment y avoir un dialogue si l'une des parties se referme sur elle-même pour se lancer dans un monologue tautologique?

C'est sous cette emprise que l'espace scénique devient un immense terrain de jeu, vide et abstrait, si ce n'est de la présence de la scénographie aérienne de Chantale Boulianne composée de panneaux de voile flottants et de modules servant, au besoin, de tables de travail et de dispositifs de jeu... vide mais paradoxalement plein de sollicitations diverses. Et ces sollicitations viennent de partout: lumières, son, image, déplacement, jeu...

Tous vêtus de jeans et d'un haut gris, les acteurs, présents du début à la fin, s'astreignent à un jeu gestuel rigoureux, précis, soutenu par une parole-matière, plus proche de la forme textuelle et de sa sonorité que de la création du sens, une parole-matière proférée avec conviction où, comme affirme Valère Novarina dans Devant la parole, parler n'est pas communiquer. Parler n'est pas s'échanger et troquer des idées [...], parler c'est d'abord ouvrir la bouche et attaquer le monde avec, savoir mordre.

Une mise en scène et en espace (dont la mise à profit du Studio pour créer des effets d'apparition et de lointain) généralement juste et efficace. Une mise en scène et en espace qui guide plus qu'elle n'impose. Une mise en scène et en espace qui délaisse la théâtralité pure pour assumer une certaine performativité (et en ce sens, la fin de la représentation par la lecture du texte projeté sur le mur et ce, selon ce qu'il m'a semblé, de façon aléatoire, illustre bien cette dernière notion).

Voilà donc à quoi nous sommes conviés à l'UQAC. Un bon spectacle? Pour certains, assurément. Pour d'autres, une bonne et forte remise en question des acquis et des présupposés... et en ce sens ce théâtre reste utile. Il reste une représentation ce soir.
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Mise en scène: Jean-Paul Quéinnec | Assistance: Anick Martel et Élaine Juteau | Concepteurs: Alexandre Nadeau, Andrée-Anne Giguère, Pierre Tremblay-Thériault, Chantale Boulianne, Guillaume Thibert | Collaborateurs: Dany Desjardins, Dany Lefrançois, Hélène Bergeron | Comédiens: Simon Allard, Caroline Beaulieu, Julie Beaulieu, Patricia Boily, Cynthia Bouchard, Noémie Dorchies, Valérie Essiambre, Sébastien Ferlatte, Vincent Juneau-Martin, Priscilla McLeod, Anaïs Plasse, Julie Tremblay-Cloutier et Douglas Tavares Borges Leal.

vendredi 22 avril 2011

«Phèdre» en douze lignes...

Sarah Bernard est Phèdre.

Petite plongée dans la petite histoire anecdotique du théâtre... qui prouvent que même nos monuments littéraires ont eu, à leur époque, leur(s) détracteur(s). À preuve, voici comment Antoinette Deshouillières, contemporaine de Jean Racine, résumait en 1677 le chef-d'œuvre Phèdre dans un sonnet assassin:

Dans un fauteuil doré, Phèdre, tremblante et blême,
Dit des vers où d'abord personne n'entend rien;
Sa nourrice lui fait un sermon fort chrétien
Contre l'affreux dessein d'attenter à soi-même.

Hippolyte la hait presque autant qu'elle l'aime;
Rien ne change son coeur ni son chaste maintien:
La nourrice l'accuse, elle s'en punit bien:
Thésée a pour son fils une rigueur extrême.

Une grosse Aricie, au cuir rouge , aux crins blonds,
N'est là que pour montrer deux énormes tétons,
Que, malgré sa froideur, Hippolyte idolâtre.

Il meurt enfin, traîné par ses coursiers ingrats,
Et Phèdre, après avoir pris de la mort aux rats,
Vient, en ce confessant, mourir sur le théâtre.

jeudi 21 avril 2011

Un autre grand moment meyerholdien...en vidéo!



Pour faciliter la compréhension de ce vidéo (et en profiter au delà de voir de vieilles images...), voici quelques notes de visionnement:

- Il faut noter que jusqu'à 2:40, il s'agit là d'une captation faite autour de 1930 du spectacle phare Le Revizor de Gogol, mis en scène par Vsevolod Meyerhold. Cette production a marqué l'histoire du théâtre russe et mondial.

- Parmi les premiers acteurs que l'on voit, celui à lunettes est Eraste Garine, l'un des grands acteurs russes en ce début de XXième siècle. Après ce grand rôle de Klesthakov (un être retors qui se fait passer, suite à un quiproquo, pour celui qu'il n'est pas), il sera encore de nombreux spectacles de Meyerhold.

- À 0:20, une femme entre en scène. Il s'agit de Zinaïda Reich, l'épouse de Meyerhold. Il fera d'elle sa muse (quelque part au début des années 20) et elle sera de tous les spectacles jusqu'à la mort du premier. Elle mourra de façon tragique, poignardée de plusieurs coups de couteaux, quelques jours après que le metteur en scène soit arrêté, en 1939. Elle interprète là le rôle de l'épouse du Gouverneur, une femme charnelle offerte au plus offrant.

- À 0:34, une autre femme arrive, jouant la fille du Gouverneur, en constant duel avec sa mère (métaphore des frictions entre les deux comédiennes!). Il s'agit de Maria Babanova, la comédienne la mieux rompue au théâtre biomécanique meyerholdien. Malheureusement, elle quittera la troupe du Maître quelques mois plus tard, pour cause d'«espionnage».

- Entre 1:13 et 1:30 , voici une bien belle scène chorale.

- De 2:23 à 2:40, il s'agit, je crois, de la dernière scène du spectacle, la «scène muette».

- De 2:49 à 2:55, c'est Vsevolod Emillievitch Meyerhold lui-même.

- Entre 3:00 et 3:23, une succession de photos se suivent. Si je ne m'abuse, ce sont des photographies de La Punaise de Maïakovski. Un spectacle qui met en vedette un homme projeté dans le futur qui sera, au final, aidé par une femme phosporescente. Rien de moins. La suite du vidéo m'amène dans un univers qui m'est un peu moins familier...

- À compter de 4:10 (jusqu'à 5:06), viennent des images du Théâtre National Meyerhold en rénovation (et en maquettes!) pour devenir LE lieu théâtral par excellence pour le théâtre du furur, tel que Meyerhold l'a conçu... mais qu'il ne verra pas de son vivant.

- Jusqu'à 8:06 je ne saisis pas trop ce dont il est question (et le mort, qui c'est? Maïakovski?). Peut-être devrais-je apprendre le russe. Toutefois, à partir de là, on revient avec des images de spectacles de Meyerhold. Mais il me faudrait faire quelques recherches pour savoir lesquels.

Voilà. Un bon début anecdotique pour quiconque veut s'intéresser à la chose meyerholdienne!

mercredi 20 avril 2011

De la biomécanique... encore!

La biomécanique est basée sur une solide connaissance du corps... et c'est la raison pour laquelle elle est si intéressante. Petit détour par L'Acteur au XXième siècle d'Odette Aslan, p.168-169:

Acquérant des réflexes vifs [..., les interprètes] peuvent réaliser sans peine les actions les plus rudes (ramasser un partenaire étendu à terre, le jeter sur son épaule, le porter, le faire retomber; le saisir à la gorge; le recevoir sur sa poitrine). Conscients de leurs mécanismes corporels, ils savent décomposer, calculer et coordonner leurs mouvements, se vérifier dans leurs corps, s'éprouver, dépasser la peur. Coups de poignard, chute, tir à l'arc, maniement d'un bâton, jonglage... Ils calculent dans le calme leurs trajets et leurs efforts; ils ont acquis une justesse du coup d'oeil, ils se «voient» dans l'espace [...], leurs regards ponctuent leurs gestes. Ils opèrent des mouvements à contresens ou en opposition, déplacent leur centre de gravité et perturbent leur équilibre, ils agissent, réagissent et freinent, ralentissent, transforment le mouvement en danse, jouent sur les rythmes.

Voilà une belle description de cet façon d'aborder le jeu par la conscience de soi et de ses capacités (en lieu et place de la psychologie). Une description qui fait envie et qui redonne envie d'explorer concrètement ce type d'entraînement (parce que c'en est un!). Comment pourrait-on faire passer ces principes du corps à la voix?



Encore quelques principes tirés du même ouvrage pré-cité:

5. Chaque mouvement est composé de trois moments: intention, équilibre, exécution.

18. L'acteur est à la fois le matériaux et l'organisateur; [... il] est à chaque instant compositeur.

24. Le déplacement biomécanique de l'acteur sur l'aire scénique est une demi-course, une demi-marche, toujours sur des ressorts.

32. La biomécanique ne supporte rien de fortuit.

44. Le principe de la biomécanique: le corps est une machine, celui qui travaille est un machiniste.

Enfin, le dernier principe mais non le moindre: L'équilibre physique entraîne un bon équilibre psychique et le travail se fait dans la joie, en allant de l'extérieur vers l'intérieur. À partir d'un mouvement juste un sentiment juste est excité - la posture produit également une intonation vraie - mais sans souci de favoriser le «revivre».


mardi 19 avril 2011

De l'évolution d'un spectacle

J'aurais dû titrer ce billet Comment un spectacle doit-il évoluer selon moi... et il fait référence à tous ces spectacles qui se passent sans le regard constant du metteur en scène qui peut rattacher ensemble les propositions, revoir le rythme, marquer les forces et les faiblesses durant les représentations, bref, continuer la création. Lors de son absence, que se passe-t-il? Oui, le spectacle demeure en évolution.

Ce faisant je pose cependant un bémol sur cette dite évolution (bémol construit par l'expérience...) Évolution ne signifie pas nécessairement qu'il faille que les comédiens recherchent constamment à renouveler le jeu, qu'ils ont une entière liberté dans leurs actions artistiques en scène, qu'ils peuvent faire ce qu'ils ressentent et surtout, comme ils le ressentent, au gré des commentaires qu'ils ont reçu, des rires qu'ils ont suscités. Il leur faut, au contraire, peaufiner leur jeu, acquérir une aisance, une virtuosité... mais dans un ensemble établi en répétition. Il leur faut, enfin, une rigueur exacerbée, une conscience de ce qu'ils font (et, j'ajouterais même, un respect pour tous les artisans du spectacle) qui les empêchera de faire s'éloigner leur interprétation des objectifs artistiques du départ. Il y a une mise en scène qui encadre. Il y a des indications qui règlent le jeu...Un spectacle, c'est fragile... et c'est à eux de veiller sur son intégrité.

Voilà donc comment je crois que ça doit se passer. Il y a là une sérieuse lumière d'avertissement. Une lumière qu'on devrait faire flasher dans n'importe laquelle production où le metteur en scène n'est pas là en permanence pour garder les cordons des représentations.


lundi 18 avril 2011

Devant la parole...


Depuis quelques semaines, je suis à la recherche d'un nouveau rapport au texte, d'une nouvelle façon de l'aborder en tant qu'interprètes (terme générique qui regroupent, à mon sens, metteurs en scène, acteurs et concepteurs) à partir, essentiellement, de deux grandes questions: quel est le rôle du texte? quelle est le rôle de la parole?

Dans cette quête toujours un peu plus inaccessible se retrouve, sur mon chemin, une série de réponses plus philosophiques les unes que les autres...

Dans cette même veine, voici un petit extrait (en p.20) d'un ouvrage de Valère Novarina, Devant la parole, qui édifie -bien métaphoriquement!- la fonction du langage, de la parole, et donc, par extension théâtrale, du texte à la scène.

La parole se souvient, annonce et transmet; elle nous traverse et passe par nous sans qu'on sache. Les mots ne sont pas des objets manipulables, des cubes agençables à empiler, mais des trajets, des souffles, des croisements d'apparences, des directives, des champs d'absence, des cavernes et un théâtre de renversement: ils contredisent, il chutent. La langue ne saisit rien, elle appelle - non pour faire venir mais pour jeter de l'éloignement et que vibre de la distance entre tout; elle prend sans prendre, éloigne-rapproche; elle maintient loin et touche. Il y a une dynamique verbale, une physique-antiphysique, un drame géologique de la parole. Le langage est une terre, un sol: ici sont des ondulations, là des traces, des failles; ici des soulèvements, des entrailles, des plis; là des effondrements, des gouffres; ici des poussées. La langue est une matière innommable, invisible et très concrète, sédimentée. Elle bat, elle ondule, va et vient. On est dedans comme dans le théâtre de la matière universelle.

Quel beau programme.




Reconnaissance


Une proposition de Roger Blackburn dans l'édition d'hier du Progrès-Dimanche me semble faire sens: rebaptiser le Théâtre du Palais Municipal à LaBaie en Théâtre Ghislain Bouchard, du nom de l'auteur et créateur des grands spectacles... dont La Fabuleuse qui refera une entrée en scène cet été.

Une reconnaissance importante et méritée... et qui si un endroit théâtral doit porter son nom, que ce soit celui-là.

dimanche 17 avril 2011

Au théâtre, cette semaine! (du 17 au 23 avril 2011)


Comme pour l'image ci-dessus, faisons un tour dans l'arrière scène du calendrier théâtral pour voir ce qui animera cette semaine sainte entre le dimanche des rameaux (aujourd'hui) et Pâques (dimanche prochain).

De jeudi à samedi - du 21 au 23 avril 2011
Salle Lionel-Villeneuve (Roberval), 20h
AVANT-DERNIÈRE SEMAINE

Le Théâtre Mic Mac présente La Visite ou surtout sentez-vous pas obligés de venir, une pièce de Michel-Marc Bouchard mise en scène par moi-même. Comment mettre à l'abri un bonheur conjugal de l'invasion des parents, des amis et des relations? Comment éviter l'ouverture d'une porte ne provoque un flot de personnages de tout acabit qui vous trouvent si «accueillant» et finissent par vous exploiter?

De jeudi à samedi - du 21 au 23 avril 2011
Petit Théâtre (UQAC), h?

Les étudiants du BIA en théâtre présentent, sous la direction de Jean-Paul Quéinnec, La Tempête du grand Will Shakespeare. (Il y aura plus de détails dans les jours à venir.)

C'est tout... sinon la religion catholique qui se mettra en scène tout au cours des jours à venir...

vendredi 15 avril 2011

«Le monde est une pièce de théâtre ; il faut apprendre à jouer son rôle.» (Palladas)

Dessin de Philippe Tastet, animateur-dessinateur de congrès... (www.philippetastet.com)


Que toute vie collective, quelle qu'elle soit, représente ou théâtralise son activité ou les rôles qu'elle institue, que tout existence sociale soit dramatisée, cela ne fait aucun doute: un mariage, une discussion politique, une séance de tribunal, un office religieux, une exécution capitale, le supplice d'un hérétique ou d'une sorcière sur la place publique, une fête de famille, un cours d'université sont des actes de théâtralisation écrit, en 1976, Jean Duvignaud dans la plaquette Le Théâtre parue chez Larousse.

Bref, tout est théâtre... et aujourd'hui, outre le vaudeville des élections fédérales, un autre spectacle à grand déploiement prendra les planches dans quelques heures: le XVIième congrès national du Parti Québécois, avec ses personnages principaux, les secondaires et les figurants; avec ses petits drames, ses alliances, ses coups bas; avec ses discours et ses envolées poétiques... et aussi, le suspense du vote de confiance, véritable noeud gordien de la fin de semaine.

jeudi 14 avril 2011

D'un été à l'autre!


Pour meubler mes temps libres, je me suis remis à la lecture en quête du texte qui me titillerait assez pour le porter jusqu'à la programmation 2011-2012 du Théâtre 100 Masques.

Après Aristophane (en 2010) et Sophocle (en mars dernier), après un détour par le vaudeville cette année, je crois que la prochaine production estivale (à l'été 2012) s'abreuvera de nouveau à la source antique (parce que nous la connaissons si peu alors qu'elle est admirable!)... mais cette fois, avec un bond dans le temps -oh, assez court- pour aborder la comédie latine... plus particulièrement celle de Plaute (vers 254-184 av. J.-C.).

Après avoir fureter d'un bord et de l'autre dans des vieux bouquins, une pièce m'attire encore une fois (parce que j'y avais déjà pensé il y a quelques années): Aulularia... dont le titre en français est plus signifiant: La Marmite. Cette pièce, qui met en scène un vieillard qui perd la tête pour une marmite emplie d'or, est réputée pour avoir servi de base à L'Avare de Molière... et en effet, nous ne sommes pas loin d'entendre, en lisant ce texte, «Ma cassette! Ma cassette!» d'un Harpagon désespéré.

Ainsi, une pièce qu'on ne connaît pas tout en étant en terrain connu. Une pièce au schéma dramatique simple mais efficace qui fait agir des personnages colorés et fort typés, proches ancêtres de la comedia dell'arte. Une pièce donc qui aurait assez d'intérêt (historique, dramaturgique, référentiel et théâtral!) pour prendre les planches. À suivre...


mercredi 13 avril 2011

De choses et d'autres... en statistiques!

Voici un article intéressant, paru dans La Presse, le 11 avril dernier... donc avant-hier... article titré Arts de la scène: bien jouer son métier. Une suite de statistiques et d'affirmations qui laissent songeur...

Caroline Rodgers,
collaboration spécialeLa Presse

(Montréal)
Beaucoup de jeunes rêvent de brûler les planches. Monter sur scène et jouer le rôle de leur vie. Ou encore, d'être celui, qui, derrière la scène, travaille à faire du spectacle une réussite.

Entre le rêve et la réalité, plusieurs obstacles se dressent. Comme le résume très bien Raymond Marius Boucher, président de l'Association des professionnels des arts de la scène du Québec, il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus.

Un adage que confirment les statistiques: 54% seulement des diplômés des disciplines liées aux arts de la scène travaillent dans leur domaine.

De ce nombre, les chiffres ne disent pas exactement combien, parmi eux, doivent avoir d'autres boulots en parallèle pour boucler leur budget, comme c'est le cas de certains jeunes artistes de la relève.

«Pour les 5 dernières années, 77% de nos membres tiraient 16 000$ par année ou moins de leurs activités artistiques, souligne Raymond Legault, président de l'Union des artistes. Ils font autre chose pour y arriver, comme de l'enseignement.»

Est-ce à dire qu'il faille renoncer à cette voie pour autant? C'est une question de choix personnel. Mais avant de se lancer dans l'aventure, il faut à tout le moins être conscient des défis inhérents au chemin que l'on choisit.

«Ils doivent tout de suite concevoir qu'ils seront femmes ou hommes orchestre, et qu'ils vont probablement devoir faire un peu de tout pour réussir, dit Louise Boucher, Directrice générale du Conseil québécois des ressources humaines en culture. La clé, c'est d'être polyvalent. Ils devront aussi apprendre à faire leur propre mise en marché, à créer leur visibilité, avoir plusieurs cordes à leur arc, à créer leur emploi. Ils devront trouver un équilibre entre leur survie financière et le développement de leurs projets artistiques.»

Aujourd'hui, il faut faire parler de soi pour percer, dit Simon Brault, directeur général de l'École nationale de théâtre. «Il faut utiliser les médias sociaux, faire partie de plusieurs réseaux et travailler sur plusieurs projets en même temps, dit-il. Il faut qu'on s'intéresse au travail des autres pour que nos pairs s'intéressent à ce que l'on fait.»

Cela dit, certains métiers qui touchent davantage aux aspects techniques d'un spectacle, comme régisseur ou directeur technique, sont très demandeés, selon Simon Brault. Cela s'explique par le nombre important de festivals et de spectacles de cirque qui se sont développés au cours des dernières années.


[La suite de l'article, avant d'arriver aux statistiques suivantes (qui semblent encore tellement loin de mon propre - et encore plus pauvre! - nombril) donne l'exemple du cheminement de quatre jeunes professionnels...]
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LES SALAIRES ANNUELS MOYENS

Acteur
17 420$ (avec une formation collégiale)
33 540$ (avec une formation universitaire)

Directeur technique (cinéma, radio, télé, théâtre)
38 012$ (avec une formation universitaire)

Directeur technique (production artistique)
27 612$ (1 formation technique offerte)
30 992$ à 33 540$ (3 formations universitaires offertes)

Metteur en scène
33 540$ à 37 232$ (2 formations universitaires offertes)
[Ce n'est pas mon cas!]

Source: Septembre éditeur
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DES PROGRAMMES POUR TOUS

Bon nombre de formations existent pour qui veut apprendre les arts de la scène, au collégial, à l'université ou à l'École nationale de théâtre. En voici un survol.

Études théâtrales Au niveau collégial
Plusieurs cégeps offrent des formations de deux ou trois ans en théâtre. Différents profils et cheminements sont offerts selon les établissements : interprétation, design, techniques d'éclairage, décors, costumes, etc.

Parmi eux, on trouve notamment: le collège Lionel-Groulx, le cégep de Saint-Hyacinthe, John Abbott College, Dawson College, le Centre d'études collégiales de Montmagny, le cégep Lévis-Lauzon, le cégep de Saint-Laurent et le Conservatoire Lassalle (collège privé).

DEC en gestion et techniques de scène (production)
Diplômés en emploi à temps plein: 64,3%
Salaire annuel moyen brut: 28 236$
Travail en rapport avec la formation: 88,9%

Spécialisation en décors et costumes
Diplômés en emploi à temps plein: 50%
Salaire annuel moyen brut: 29 276$
Travail en rapport avec la formation: 66,7%

DEC en interprétation théâtrale
Diplômés en emploi à temps plein: 52,4%
Salaire hebdomadaire moyen brut: 32 500$
Travail en rapport avec la formation: 54,4%

Interprétation en théâtre musical (collège Lionel-Groulx)
Diplômés en emploi à temps plein: 57%
Salaire annuel moyen brut: 26 052$
Travail en rapport avec la formation: 50%

Études théâtrales Au niveau universitaire

Quatre universités québécoises offrent un choix de certificats, de baccalauréats et de diplômes en théâtre qui préparent les étudiants à des carrières en interprétation, en mise en scène ou en production. Il s'agit des universités Concordia, Bishop's, Laval et de l'UQAM.
[À se demander, sérieusement (et avec raison!), ce que vaut notre formation...]

Situation des personnes titulaires d'un baccalauréat
en art dramatique en janvier 2009

En emploi: 69%
Encore aux études: 27,5%
En emploi à temps plein: 67,3%
Durée moyenne de la recherche d'emploi: 19 semaines
Salaire annuel moyen brut: 33 540$
Travail en rapport avec la formation: 54,3%

Sources: monemploi.com, enquêtes La Relance à l'université, La Relance au collégial, MELS
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Les travailleurs de la scène en chiffres (au Canada)
70% Vivant dans les grands centres urbains
53% Femmes
47% Hommes
45% Travailleurs autonomes
25% Titulaires d'un diplôme universitaire ou d'un titre professionnel
21% 55 ans ou plus
19% Gagnant plus de 50 000$ par an
76% Membres d'un syndicat, d'une guilde ou d'une association professionnelle

Source: Étude sur les RH 2010, tendances et enjeux de ressources humaines dans le secteur culturel, Conseil des ressources humaines du secteur culturel, Conference Board du Canada.

mardi 12 avril 2011

Le personnage, cas de figure?


Voici un extrait (aux pages 10 et 11) de l'ouvrage Le personnage théâtral contemporain: décomposition, recomposition de Jean-Pierre Ryngaert et Julie Sermon. Il explique bien le changement de paradigme de la dramaturgie contemporain qui dilue les acquis de personnage (sexe, âge, contexte socio-économique, description, etc) pour bien souvent ne laisser, en scène (enfin, sur le texte), qu'une voix et encore... Un son. Du personnage (notion somme toute banale), on passe, selon ces auteurs, à la figure:

Au cours de ces dernières années, un mot s'est en effet imposé, plus ou moins instinctivement, dans les discours entourant et commentant les écritures théâtrales: celui de «figure». [...] Il s'agit donc plutôt d'une notion liée aux dramaturgies contemporaines, mais qui renvoie bien à un état «critique» du personnage. Sans qu'elle soit vraiment définie, on parle en effet de figure chaque fois qu'il s'agit de qualifier des êtres de fiction qui échappent à l'emprise du mot «personnage», parce qu'ils en remettent en cause les présupposés ou les déjouent.

L'histoire des mots participe à l'histoire des formes: si, à un moment donné, on ressent le besoin d'élargie le champ du vocabulaire, c'est que ce que les écritures offrent aux acteurs en matière d'incarnation n'est plus appréhendé selon les règles de jeu et d'interprétation établies. Pour comprendre ce que «figure» veut dire, il faut donc s'interroger sur la substitution d'instance et l'ordre de représentation alternatif que cherche à définir, en creux, l'apparition de ce terme-là, et voir en quoi il est effectivement mieux à même de nommer ce qu'on pressent, dans les écritures, comme de nouvelles formes de personnages.


Et maintenant, on tombe dans le croustillant de la chose!

L'intérêt de ce terme est de se trouver au croisement de deux grands champs sémantiques. D'une part, celui du visible: «figure» désigne une «forme envisagée de l'extérieur» - ce qui, au théâtre, invite à opérer un déplacement important. La figure pose la question du personnage comme forme d'apparition avant de le considérer comme une entité substantielle; elle en fait un enjeu de figuration plutôt qu'un objet herméneutique. D'autre part, celui de la technique, au sens très général de conventions ou de codes d'écriture. On parle de figures en rhétorique, mais aussi en géométrie, en danse et, plus globalement, dans tout ce qui à trait à l'acrobatie (cirque, gymnastique, sports de glisse). Parler dans ce contexte de figure, c'est toujours pointer la question du corps (et/ou du langage) mis en jeu dans un espace et selon un protocole donnés. Dans cette perspective, on peut faire l'hypothèse que les figures théâtrales sont intrinsèquement liées à un univers d'écriture, qui impose ses propres règles de jeu et de représentation. Il s'agira de savoir lesquelles.

Voilà. Je trouve cette perspective fort intéressante...

dimanche 10 avril 2011

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de mise en scène]

L'Affaire de la rue Lourcine, film mettant en vedette Maurice Chevalier, en 1923

C'est ce matin (et cet après-midi) que débutent les répétitions de la prochaine production estivale du Théâtre 100 Masques, L'Affaire de la rue Lourcine d'après Eugène Labiche avec, comme distribution, Sébastien Bouchard, Patrick Simard, Louison Renaud, Erika Brisson et Mélanie Potvin. D'après parce que pour accommoder cette distribution, il m'a fallu réécrire. - enfin, ajuster - des bouts de textes.

Une première incursion dans cette dramaturgie (bien que j'affectionne particulièrement ce type de répertoire qui va s'étendre particulièrement dans la seconde moitié du XIXième siècle) incisive et fichtrement drôle.

Voici ce que dit le Dictionnaire encyclopédique du théâtre (de Michel Corvin) sur l'auteur de cette année:

Eugène Labiche (Paris 1815-1888). Auteur dramatique français.

Après de nombreux vaudevilles en un acte avec lesquels il se fait la main avant de se frotter à la grande comédie de mœurs et de caractère, Labiche passe pour l'inventeur d'une situation comique nouvelle, l'absurde, et d'un personnage historiquement daté: le bourgeois crédule et poltron du second empire. Longtemps méprisée ou négligée, on a redécouvert
[récemment] la critique sociale contenue dans son œuvre.

[...]
Labiche a trouvé son thème fondateur et son protagoniste: «Je me suis adonné presque exclusivement à l'étude du bourgeois, du philistin. Cet animal offre des ressources sans nombre à qui sait le voir, il est inépuisable. C'est une perle de bêtise qu'on peut monter de toutes les façons» (lettre du 27 octobre 1880 à Léopold Lacour). Égocentrisme, vanité, cupidité, infidélités conjugales, hypocrisies en tous genres sont désormais les vices déclinés dans ces comédies en plusieurs actes dont les couplets sont progressivement réduits.

[...] Ce sont bien entendu la noirceur de son humour et la férocité de ses portraits qui, en cet auteur auteur, attirent aujourd'hui [les relecteurs de classiques], mais il ne faudrait pas cependant négliger, aux côtés du matériaux très ambigu légué par Labiche, certains partis pris audacieux qui le rangent en son siècle parmi les hommes de progrès [...]. Certains le commentateurs le considèrent même comme l'initiateur du théâtre de l'absurde: celui de Ionesco ou d'Adamov par exemple.

C'est pour toutes ces raisons qu'il me plaît... et c'est parce que son oeuvre, particulièrement le texte choisi, porte une mécanique (quasi d'horlogerie!) solide dotée d'une précision chirurgicale qui crée, en soit, le spectacle. Un rythme ahurissant. Des êtres ignobles, fats, corrosifs... tout pour les rendre attachants.

Au théâtre, cette semaine! (du 10 au 16 avril 2011)


Jeudi - 14 avril 2011
Salle L'Astuce (Cégep de St-Félicien), h?

Le Théâtre du Faux Coffre donne une reprise spéciale de son dernier solo: Le Contre Cabaret... piloté par Contrecoeur et son alter ego, Éric Laprise. Dernier Clown noir à présenter son spectacle solo, Contrecoeur se spécialise dans la pratique du sommeil et du ronflement. Ces deux ingrédients sont à éviter quand on veut accoler le succès à une entreprise théâtrale. Parviendra-t-il à vaincre cette envie folle de dormir qui le tiraille depuis qu'il a vu le jour ? Saura-t-il s'extirper des bras de Morphée pour présenter aux spectateurs tout l'éventail de ses talents de comédien ? Est-ce que ce Contre Cabaret qu'il nous propose sera aussi varié que ses propres rêves ? Mystère. Toutes ces questions trouveront réponses, tout bientôt, sur les planches.

De jeudi à samedi - du 14 au 16 avril 2011
Salle Lionel-Villeneuve (Roberval), 20h
TROISIÈME SEMAINES DE REPRÉSENTATIONS

Le Théâtre Mic Mac présente La Visite ou surtout sentez-vous pas obligés de venir, une pièce de Michel-Marc Bouchard mise en scène par moi-même. Comment mettre à l'abri un bonheur conjugal de l'invasion des parents, des amis et des relations? Comment éviter l'ouverture d'une porte ne provoque un flot de personnages de tout acabit qui vous trouvent si «accueillant» et finissent par vous exploiter?

Samedi - 16 avril 2011
Auditorium d'Alma, 20h

Pour les amateurs de danse! L'Auditorium d'Alma reçoit Romulo Larrea. Après les succès de Tangos pour La Milonga et de la tournée américaine et québécoise de Un siècle de tango /Tango First Century Romulo Larrea et ses artistes sont de retour avec Pleins feux sur le tango / Spotlight on Tango ! La première de ce nouveau spectacle a été présentée en Juin 2009 au réputé Town Hall Theatre de Broadway devant une salle comble et s’est soldée par une ovation debout. Découvrez un univers d’émotions extrêmes… Une musique passionnée, des danses enivrantes et des mélodies inoubliables. Un spectacle novateur au cœur d’une tradition centenaire !

C'est à peu près tout ce qui se profile sur mon écran radar. J'en oublie sans doute...

samedi 9 avril 2011

«Primat du texte, primat de la scène»... ou le retour du paradoxe de la venue première de l'oeuf ou de la poule...


Petit matin, en ce début de week end (le premier, il me semble, depuis longtemps), voué à la réflexion théâtrale... et dont la source sont ces deux petits paragraphes tirés de la page 93 du magnifique ouvrage Le Théâtre (quel titre!), écrit par un collectif sous la direction de Daniel Couty et publié en 1996 aux éditions Bordas.

Ces extraits pourraient se résumer à une seule question: où se trouve la base du théâtre (terme pris dans son sens occidental)?

Une illusion fort répandue et toute naturelle, c'est que le texte est premier au moins dans le temps. Même si l'on admet fort bien que la représentation soit une construction nouvelle, un construit et non pas la traduction d'un donné, l'idée subsiste que le texte est le socle premier sur lequel se crée l'édifice. Or cette apparente évidence est un fait discutable: quand le metteur en scène décide de monter un classique, il a d'abord devant lui un matériau qui est le théâtre de son temps, avec ses lois, ses contraintes, le code perceptif auquel est habitué le spectateur, l'éducation que les comédiens ont reçue, etc.; à quoi s'ajoutent les représentations antérieures qui sont pour le metteur en scène la base par rapport à quoi il se situe en différence ou en prolongement. Il semble donc que tous les éléments de sa pratique théâtrale soient premiers avant le choix du texte et conditionnent ce choix tout autant que le désir, les fantasmes et les rêves du metteur en scène, lesquels représentent aussi une sorte de matériau préexistant.

[...]

On peut donc affirmer que le rapport entre l'écriture textuelle et l'écriture scénique est un rapport de complémentarité, de concurrence ou de conflit, mais en aucun cas un rapport de soumission ou de prééminence. [...] Une lecture sémiologique de la pratique -théâtre - favorisant le signe et la pratique signifiante au lieu de s'attacher directement au sens le plus évident - ne peut que récuser toute idée d'un primat du texte sur la représentation ou de la représentation sur le texte [...].

Je médite. Je cogite. Bonne journée.


vendredi 8 avril 2011

Un débat social


Quel étrange débat que celui qui secoue présentement le TNM... alors que la morale, la politique, la provocation, la censure, le choc se déchirent sur la place publique suite à l'annonce de la venue (annulée il y a quelques minutes selon une annonce de Lorraine Pintal en conférence de presse) de Bertrand Cantat, en avril-mai 2012, sur la scène de la grande maison dans le cadre du premier volet du Cycle des femmes de Wajdi Mouawad, à partir des textes de Sophocle.

Un choix artistique provocant ou naïf? Justifié (sans doute) ou justifiable (plus délicat)? Moral ou non? Les enjeux sociaux sont si emmêlés... La question concrète est réglée... mais laisse toutes les questions en suspens. Des questions troublantes parce que les réponses le sont tout autant...
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Il est rare que le théâtre déborde ainsi de la section culturelle pour prendre le haut du pavé du débat public. De souvenir d'un non-historien, dans l'histoire moderne, ce n'est arrivé qu'à deux reprises (avec, apparemment, tout autant de férocité): en 1968 avec l'entrée fracassante des Belles-Soeurs de Michel Tremblay (au Rideau-Vert) qui renvoyait soudain une image scénique d'une société sclérosée armée d'un langage impur, sale, vulgaire, soumis et sans avenir... puis en 1978 avec le dernier grand coup de censure que fut Les fées ont soif de Denise Boucher (au TNM, encore une fois) qui scandalisa la bigoterie.

Bien sûr, d'autres moments de l'histoire ont fait parler... mais jamais autant que ces trois événements...

Il semble que mon blogue éprouve certaines difficultés à afficher la colonne de gauche... et le problème serait dû, si je me fie à la barre d'information de téléchargements, au compteur (le site d'où vient celui-ci semble effacé...)... Désolé. En espérant que ça se règle rapidement.

Parole de Romain!

Il est toujours un peu vertigineux de lire des écrits (par des traductions et des transmissions de manuscrits en manuscrits au fil des siècles) venus tout droit de l'Antiquité et d'y faire la constatation que déjà, les contours de l'art dramatique y sont dessinés... et avec moult précisions et détails. De quoi remettre en question le «ce qui reste à faire et à dire»...

Voici, tiré du souventes fois cité L'art du théâtre d'Odette Aslan, un extrait de L'Art Poétique selon Horace, un poète romain (65-8 av. J.C.) qui édicte quelques règles, lui aussi (avait-il lu Aristote?) sur la comédie et la tragédie... enfin, sur ce qui doit se passer sur scène. À quelques deux milles ans plus tard, le propos pourrait toujours la route:

... Vous qui entreprenez d'écrire, choisissez une matière proportionnée à vos forces, et essayez longtemps ce que peuvent, ou ne peuvent porter vos épaules.

... Si vous osez donner à la scène un caractère entièrement neuf, qu'il soit à fin tel que vous l'avez montré au commencement, et qu'il ne se démente nulle part. Mais il est bien difficile de donner des traits propres et individuels aux êtres proprement possibles. Il est plus sûr de tirer un sujet de l'Iliade, que de donner des choses inconnues, dont personne n'ait jamais parlé.

... La chose qui se fait est en action ou en récit. Ce qu'on entend raconter frappe moins, que ce qu'on voit de ses yeux. Les yeux sont plus fidèles; par eux le spectateur s'instruit lui-même. Gardez-vous cependant de mettre sur la scène ce qui ne doit se passer qu'au-dedans. Il y a beaucoup de choses qui ne doivent point paraître aux yeux, et dont un acteur vient rendre compte un moment après. Médée n'égorgera pas ses enfants sur le théâtre; l'horrible Atrée n'y fera pas cuire de entrailles humaines; Progné ne s'y changera point en oiseau, ni Cadmus en serpent: cette manière de les présenter serait odieuse, et détruirait l'illusion.

... Pour bien écrire, il faut avant tout avoir un sens droit. Les écrits des Philosophes vous fourniront les choses: et lorsque vous serez bien rempli de votre idée, les mots pour l'exprimer se présenteront d'eux-mêmes... L'habile imitateur doit toujours avoir devant les yeux les modèles vivants, et peindre d'après nature. Une pièce qui aura des tableaux frappants, et des moeurs exactes, quoiqu'écrite sans grâce, sans force, sans art, fait quelque fois plus de plaisir au public, et retient davantage les spectateurs, que de beaux vers vides de choses, et des riens bien écrits.


Voilà.

jeudi 7 avril 2011

Vers le premier «Forum sur le théâtre au Saguenay-Lac-Saint-Jean»

Une nouvelle rencontre du comité d'organisation s'est tenue hier matin avec, pour objectif, de dresser, en quelque sorte, un plan d'action pour cette grande journée de réflexion qui aura lieu le dimanche, 12 juin 2011, dès 9h, à la Salle Pierrette-Gaudreault (Mont-Jacob, Jonquière).

L'horaire de la journée a été établie et fera partie d'un document préparatoire qui sera transmis à tous les artistes et artisans du milieu théâtral afin d'amorcer les réflexions avant la rencontre. Dans le même sens, un petit sondage sera envoyé à ceux-ci dans les prochains jours afin de nous donner une idée des intentions de participation des gens. Y répondre ne sera toutefois pas un engagement ferme même s'il serait bien que ça se fasse avec intégrité. Ce petit sondage servira notamment à faire des prévisions nécessaires pour la suite des choses.

Des nouvelles? Il y en a. Cette journée sera animée (à moins d'un empêchement...) par M. Sylvain Massé, président du Conseil Québécois du théâtre et par Mme Isabel Brochu, consultante en développement (Centre de recherche sur le développement territorial) et chroniqueuse pour Le Quotidien.

Un coût d'inscription de 10$ a été fixé pour répondre aux nombreux besoins relatifs à l'organisation de cet événement (location salle et équipements, technicien, repas, documents, animation, etc.). Ce montant inclus notamment le dîner commun.

L'événement commence à prendre une forme définitive.
À suivre...

mardi 5 avril 2011

Souvenir


En fouillant dans mon ordinateur, je viens de tomber sur un de mes textes personnels préféré, soit Le choeur du pendu - comédie grotesque et pathétique en prose et en pièces détachées variant inlassablement sur le même thème (écrite au début des années 2000 avec la collaboration de Georges-Nicolas Tremblay). Une longue pièce. Avec, il me semble, de beaux personnages... dont le Croque-mort qui a été personnifié par Pierre Tremblay dans la version scénique présentée par le Théâtre 100 Masques à l'automne 2003. Je crois qu'il me faudrait la retravailler un peu pour lui redonner une seconde vie...

Un texte construit sur le principe du choeur (d'où le titre) qui fait s'alterner des monologues entrecoupés de huit personnages différents: le Pendu, l'Épouse, la Mère, le Prêtre, la Voisine, l'Autorité morale, le Crieur et, comme je le disais, le Croque-mort...

LE CROQUE MORT - Allons allons. Laissons de côté farces et facéties de mauvais goût et passons aux choses sérieuses. J’ai un métier à user…

Maintenant que le temps d’exposition réglementaire est terminé et que le fumet désagréable de cette chair stagnante s’incruste dans les moindres replis des murs de nos corps et de nos respirations qu’on apporte ici la voûte fabriquée à la hâte par les blanches mains ferrailleuses du ferronnier.

Dès lors je supervisai le bon déroulement des opérations du haut de mon savoir faire à commencer par la mise en boîte du cadavre défraîchi. Affectant chacun des convives à l’une de ses extrémités nous le soulevâmes avec mille précautions nous gardant bien de nous entacher avec les émulsions multiples qui semblaient dévaler de ses rondeurs et nous commençâmes à nous déplacer ainsi telle une colonie de fourmis transportant nourriture afin de le déposer dans dernier lit tout de fer et de satin construit. Quand à mi-chemin un déchirement rebutant se fit entendre et le torse sinistre se détachant de ses membres s’effondra sur le sol à notre plus grande stupéfaction qui se mua bientôt en éclat de rire collectif alors que quelques uns d’entre nous fîmes danser sur le parquet des couples incongrus composés d’une jambe et d’un bras.

Voyant le temps défiler à la hâte nous jetâmes les morceaux épars dans le cercueil et tentâmes de reconstituer fidèlement le trépassé. Aux dires de plusieurs le collage l’emportait de beaucoup sur la réalité et peut-être même mieux.

Pour un nouveau rapport au texte...


Dans une bonne partie des pièces de théâtre contemporaines (de ces nouvelles écritures dramatiques qui redéfinissent le genre et le poussent vers un postmodernisme - ou postdramatique?- radical), il faut redéfinir un nouveau rapport au texte. Une nouvelle façon de l'aborder, de le concevoir, de le toucher.

C'est ce à quoi mon équipe et moi nous attardons dans le cadre de mes recherches doctorales, prenant, comme source, les écrits de Vsevolod Meyerhold.

Voici un texte de Patrice Pavis (enfin, des extraits), qui dresse un portrait du sujet d'une façon claire et précise. Ce texte est paru dans Le Théâtre Contemporain.

Dans la plupart de nos pièces [nda: les pièces à l'études dans l'ouvrage cité plus haut], l'acteur n'a pas à incarner un personnage, il ne reconstitue pas une situation. C'est un filtre, un aiguilleur, un intermédiaire pour les éléments qu'il choisit ou non de faire passer du texte vers la scène. Du texte, il nous donne à entendre ce qu'il veut, et non une totalité cohérente. La pratique de ces textes dramatiques et le mode de jeu qui en résulte réclament un type nouveau de travail de l'acteur, et ce pour l'ensemble de nos pièces, avec bien sûr des nuances selon les cas.

À la place de l'acteur incarnant et caractérisant son personnage ou de l'acteur s'en distanciant selon la technique meyerholdienne ou brechtienne, on a désormais besoin d'un acteur-dramaturge participant aux choix et aux changements dramaturgiques [nda: donc, d'un acteur-performatif...]. [...] Il se situe à l'interface du texte dit et de la scène jouée et lorsqu'il bouge sur scène, c'est aussi le texte [...] qui bouge avec lui, qui se constitue et se solidifie. Tout déplacement «dit», éoqué par le personnage, et imaginé par le spectateur, implique un déplacement fait. Très vite, le spectateur ne saura plus distinguer ce qu'il voit de ce qu'il imagine; il «voit» le texte, sur la page comme sur la scène. [...] L'acteur, autant que le lecteur ou le spectateur, suit le mouvement du texte, sa syntaxe et sa rhétorique, sa facture rythmique et musicale. C'est le meilleur moyen d'en saisir l'articulation logique et donc le sens. De quoi cet acteur-dramaturge a-t-il le plus besoin? D'un corps capable de lenteur, d'endurance, de virtuosité, mais aussi de retenue, bref, d'un corps anti-naturaliste [nda: tout comme d'une voix anti-naturaliste!], car il y a toujours un écart entre le corps de l'acteur et son texte.

[...] C'est à l'acteur que revient essentiellement la mission d'«ouvrir» le texte. En plus de consentir à jouer un personnage, il joue à faire l'acteur, nous le voyons fabriquer pour nous et devant nous son jeu, se situer en tant qu'énonciateur par rapport à un texte qui ne disparaît pas dans la fiction, mais reste visible et audible comme un corps étranger.

Il est toujours étonnant de trouver les mots juste venus d'ailleurs pour exprimer ses propres intentions... et c'est aussi angoissant, dans un cadre doctoral où il faut apporter quelque chose de nouveau à la discipline, de se rendre compte que tout a été dit (enfin, presque!)...

lundi 4 avril 2011

Campagne annuelle


Le Théâtre 100 Masques lance aujourd'hui sa campagne de financement annuelle au profit de sa production estivale, L'Affaire de la rue Lourcine, une comédie grinçante (et fort drôle!) d'Eugène Labiche.

Pour 100$, le généreux donateur reçoit, en échange, quatre billets pour l'une des onze représentations. Mais plus encore! Pour ce prix, il se voit nommé et mis en valeur dans le Panégyrique des donateurs - un petit morceau théâtral conçu spécifiquement pour lui rendre hommage - en plus d'être inscrit dans le programme de la pièce.

L'an dernier, ils furent 93. Cette année, notre objectif est d'atteindre la centaine.