jeudi 17 février 2011

Le texte spectaculaire


Petite notion fort intéressante sur le texte théâtral (et plus encore, sur ce qui serait de mise d'appeler le texte spectaculaire) tiré d'un article écrit par Josette Féral, critique, théoricienne et professeur à l'École supérieure de théâtre de l'Université du Québec à Montréal (Le texte spectaculaire: la scène et son texte) et paru dans la revue Degrés, numéros 97, 98 et 99. Notion un peu complexe qui ouvre cependant de nombreuses pistes de réflexion.

Eugenio Barba, rappelle, pour commencer, que le mot «texte» avant de désigner le texte parlé ou écrit, imprimé ou manuscrit, signifiait «tissage». [...]

Reprenant la définition apportée par Barba, Franco Ruffini propose, pour faire avancer la question, une distinction qui paraît intéressante et qui scinde le texte en deux composantes: le «texte du texte» et la «scène du texte». [...]

Le texte du texte, dit F. Ruffini, est «l'élément rigide, orienté, programmé. C'est le conflit et la fable»; il aurait pour caractéristique l'enchaînement des événements, une certaine prévisibilité voulue par le texte d'origine donc une certaine rigidité des actions. Les rapports d'enchaînement d'une pièce seraient repérables prioritairement par le déroulement de l'intrigue. [...]

Il n'en est pas de même pour la «scène du texte» qui est représentée «par le personnage et tout ce qui le concerne (répliques, micro-situations), au-delà, en marge de la «direction» imposée par le conflit et par la fable». La scène du texte aurait pour caractéristique la simultanéité et une certaine imprévisibilité laissant libre cours au metteur en scène et à l'acteur. Ce serait «l'élément souple, non orienté, non programmable» du spectacle. [...]

Il y aurait donc dualité dans le personnage. Une partie de son fonctionnement relèverait du «texte du texte» et l'autre de la «scène du texte» (les deux composant le texte spectaculaire); une partie serait donc prévisible et une partie ne le serait pas. C'est dans cette imprévisibilité qui appartient au personnage que se glisse l'acteur. C'est cette imprévisibilité qui permet précisément «l'interprétation» que tel acteur fait de tel personnage. C'est cette même imprévisibilité qui ménage un espace entre la narration et l'action où se glisse la vision d'un metteur en scène et la créativité de l'acteur face au rôle qu'il doit incarner.


À quelques temps de commencer mes véritables recherches doctorales, cet article redonne un certain élan au fouillis théorique qui m'habite.

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