lundi 31 janvier 2011


Depuis quelques jours, je me suis remis à l'écriture... La vraie. Celle qui ne résulte pas d'une commande mais qui vient d'elle-même. Celle qui ne se force pas mais qui s'attend. Celle qui, d'une manière, délivre...

Il y a déjà si longtemps... Mon dernier texte théâtral remonte à 2007. Il s'agissait alors de L'Ordre du monde... un texte qui a été produit par le Théâtre 100 Masques en projet spécial en 2009 et qui, même s'il n'a pas eu de véritable succès, a marqué tout de même un tournant dans mon écriture. Une épuration. Un certain abandon de la prolixité qui caractérisent mes premiers textes.

Toujours est-il que voilà, j'ai repris le crayon... enfin, le clavier... car pour la première fois, je ne passe pas par la feuille de papier... Et je me lance. Pour ce qui semble être un long monologue. Sans plan et sans objectif dans un premier temps (quoique maintenant, avec sa quasi vingtaine de pages, je sois capable d'en tirer les grandes lignes). Jusqu'où j'irai? Je ne le sais pas trop. Je ne suis pas un auteur en transe. Je ne crois pas à la volonté du personnage...

Quand le théâtre croule...

La classe morte

Dans un manifeste datant de 1963 (Manifeste du théâtre zéro publié dans Le théâtre de la mort), Tadeusz Kantor, metteur en scène polonais qui a marqué la scène mondiale au XXième siècle (et décédé en 1990) y est allé d'une charge à fond de train contre un type de théâtre bien précis... qu'on pourrait fort bien rapprocher du théâtre tel qu'on le connaît. À lire et relire ces mots durs, ça donne à penser et à tenter d'évaluer où l'on se situe dans cette description...

LE THÉÂTRE CROULANT
Le théâtre actuel,
en dépit de l'apparition sporadique
de talents réels
et du sérieux
dont se drapent ses représentants officiels,
est mort, académique.
Il fait usage
dans le meilleur des cas
d'excitants
qui le poussent
progressivement
vers le ridicule,
vers un badinage
de styles passés,
vers la platitude,
pour finir
dans un cercle d'intérêts particuliers.
Théâtre sans ambition,
qui ne cherche pas
à être autre,
à découvrir
son propre visage
dans l'organisation future du temps.
Théâtre condamné à l'oubli.

Et loin de s'atténuer, ses propos se durcissent encore un peu plus, un peu plus loin... dans la partie nommée LE POIDS D'UN RADICALISME EN ART:

Les nuances stylistiques
du théâtre actuel
sont assez nombreuses:
théâtre pseudo-naturaliste
né de la paresse
et du confort
[...],
théâtre pseudo-expressionniste
dont après une authentique
déformation de l'expressionnisme
il n'est resté qu'une grimace
gênante,
morte, stylisée,
théâtre surréalisant
qui applique de tristes ornements
surréalistes, à la façon
des étalages de magasins de mode,
théâtre qui n'a
rien à risquer et peu à dire,
fait preuve de mesure
culturelle
et d'élégance éclectique
théâtre pseudo-moderne
usant de tel ou tel
moyen emprunté
aux diverses disciplines
de l'art contemporain
auquel, prétentieusement,
il s'accroche par artifice.


Ouch.. Le constat est sans compromis... et date d'il y a près de cinquante ans... Que dirait-il aujourd'hui, en cette ère du multi-média et de la nouvelle technologie, en cette ère de l'interdisciplinarité. En cette ère où le divertissement est roi?

dimanche 30 janvier 2011

Au théâtre, cette semaine! (du 30 janv. au 5 fév. 2011)

Voici à nouveau quelques dates où des représentations (ou des événements à caractère théâtral) se tiendront dans la région. Peut-être en oublierai-je... Si c'est le cas, qu'on me le fasse savoir...

Mardi - 1er février 2011
CRC Chicoutimi, 9h

Tenue (à moins d'avis contraire) du groupe de compétence théâtre organisée par le Conseil Régional de la Culture à son bureau de Chicoutimi (194, rue Price Ouest). À cette table de concertation, tout le monde théâtral est invité... et tout le monde devrait y être. Les sujets de cette rencontre: les événements à venir (vidéo promotionnelle, formations, projet de journée de discussion, etc.). Il est important d'y assister. Pour confirmer sa présence, il faut téléphoner à Véronique Villeneuve, agente de liaison, au 418-543-5941 poste 233 (ou lui écrire par courriel: liaison@crc02.qc.ca).


De mercredi à samedi - du 2 au 5 février 2011
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonquière), 20h
DEUXIÈME SEMAINE


La Rubrique présente Les Sens... un spectacle-concept qui réunit six auteurs dits régionaux: Sylvie Bouchard, Michel-Marc Bouchard, Daniel Danis, Jean-Rock Gaudreault, Larry Tremblay et Pierre-Michel Tremblay. La mise en scène est de Benoît Lagrandeur qui joue aussi en compagnie de Émilie Gilbert-Gagnon, Patrice Leblanc, Sara Moisan, Guillaume Ouellet et Guylaine Rivard. Outils idéaux pour percevoir, pour nous situer, pour entrer en contact avec notre environnement, nos sens se seraient-ils atrophiés? Qu’en est-il de la perception de l’autre par rapport à la nôtre? Avons-nous perverti ces précieuses antennes? Peut-on toujours s’y fier ou nous jouent-ils parfois des tours? Le coût d'entrée est de 27.50$ pour les adultes et de 15$ pour les étudiants.

Jeudi - 3 février 2011
Palace (Arvida), 20h

Diffusion Saguenay présente Mille mots d'amour, une production des Impatients. Il s'agit en fait, si je comprends bien, d'un spectacle de lecture de lettres d'amour écrites par des personnalités québécoises de tous les milieux. Sur scène, 4 lecteurs et un musicien. Le coût d'entrée est de 25$ (Les profits recueillis pour ce spectacle vont à la Fondation Les Impatients).

Vendredi - 4 février 2011
Palace (Arvida), 20h

Diffusion Saguenay présente C'est notre chanson, une production des Amis de Claude. Cette comédie musicale nous met en présence d'un compositeur de chansons à succès qui entreprend une collaboration avec une parolière. Une rencontre fulgurante dans tous les sens du terme. Ce spectacle, mis en scène par Frédéric Blanchette, met en vedette Luc Guérin, Catherine Sénart et trois musiciens. Le coût d'entrée est fixé à 45$ adulte et 35$ étudiants... ça donne vraiment le goût d'y aller...

Samedi - 5 février 2011,
Auditorium d'Alma, 20h

Le même spectacle (C'est notre chanson) est présenté par l'Auditorium d'Alma... au coût de 38$ pour les adultes et 33$ pour les étudiants...

samedi 29 janvier 2011

Question à partager...


À mon avis, les trois plus grands textes de théâtre québécois sont, dans l'ordre (bien entendu, c'est un palmarès spontané...):

LES BELLES-SOEURS de Michel Tremblay
LES FELUETTES de Michel-Marc Bouchard
À TOI POUR TOUJOURS TA MARIE-LOU de Michel Tremblay (encore).

Le plus étonnant, dans cette liste, c'est que je ne me suis jamais considéré comme étant un grand fan de Tremblay (mais je lui ai toujours reconnu une grande importance... ceci étant dit...). Je pense à ça en écoutant Belles-Soeurs, le musical recréé par Daniel Bélanger et René-Richard Cyr... Surprenant.

D'autres opinions?

D'éthique et d'autres


Sans briguer des succès qui ne sont point les vôtres,
Que votre jeu toujours serve le jeu des autres.
Par les moyens que l'art au talent vient offrir,
À l'effet général vous devez concourir.


Tels sont les mots de Joseph Isidore Samson (l'image ci-haut), comédien-français de la première moitié (et plus!) du XIXième siècle mis en exergue d'un chapitre de L'Acteur au XXième siècle d'Odette Aslan, portant sur l'éthique au théâtre. Fort intéressant... comme tout cet ouvrage qui vaut le détour pour quiconque souhaite se faire une idée des grands mouvements de l'art dramatique depuis une centaine d'années.

Ce chapitre - du moins la section en cours de lecture - se penche notamment sur l'esprit d'équipe et le travail d'ensemble, deux points essentiels qui, lorsqu'ils font défaut, minent la production de bien des façons en créant des tensions et des irritants qui prennent parfois des proportions incontrôlables.

Voici donc quelques extraits, des passages intéressants et que devraient se remémorer les artisans (quels qu'ils soient!) sur un spectacle!

Si l'on en croit Visconti, même la Duse que l'on croyait si intègre, avait quasiment réduit à un monologue une pièce de Goldoni, La Locandiera, en pratiquant de nombreuses coupures et supprimant des rôles afin de demeurer en scène du début à la fin. Or, jouer la comédie devrait, plus que toute autre activité, rendre les participants solidaires. On ne joue pas seul, on écoute son partenaire, on l'aide à jouer avec soi, on lui tend la main pour éviter un faux pas, on lui souffle un texte qui lui échappe, on lui facilite un cap difficile et vice-versa. En coulisses, derrière le décor, on observe le plus de silence possible, on évite de faire craquer le plancher.

[...] Une fois lâché sur scène, sachant qu'il est un point de mire, l'acteur sera comme il est dans la vie, égoïste ou généreux, simple ou vaniteux; il sollicitera un effet par appel du pied, quêtera l'approbation, mesurera sa cote au nombre d'admirateurs venus le voir à la sortie ou bien il s'intégrera avec discipline dans un ensemble, ne cherchant qu'à contribuer au succès général de l'entreprise.

Ces mots qui peuvent sembler si simples et si «normaux» décrivent pourtant une réalité qui a encore, de nos jours, du mal à se résorber...

vendredi 28 janvier 2011

Ce soir, c'est soir de théâtre! Direction: La Rubrique! J'y reviendrai la semaine prochaine... d'abord dans le Voir!

jeudi 27 janvier 2011

Où est mon plaisir?

Question existentielle...

Parce qu'au moment même où j'ai la chance de vivre du théâtre dans une région dite éloignée, où je suis à la tête d'un organisme sain (enfin, mieux!), où les projets s'enchaînent et les bonnes nouvelles tombent sans discontinuer, où les équipes sont solides et enthousiasmantes, où les études et recherches vont bien, je cherche encore et toujours une stimulation autre. Un défi.

L'élan qui devrait se manifester tarde à émerger... et le plaisir (car oui, d'une certaine mesure, il est présent) ne semble pas en mesure de me porter. Contrariétés, envies, jalousies, déceptions, fatigues l'entravent plus souvent qu'autrement.

Brecht... en vidéo (malheureusement, en anglais)



Au centre

mercredi 26 janvier 2011

Un bon exercice de style...

Crédit photo: Jérémie Battaglia

Petite virée métropolitaine où j'ai assisté, hier soir, à une représentation d'En attendant Gaudreault (précédé de Ta Yeule Kathleen) du Collectif En Attendant à la Salle Jean-Claude-Germain du Théâtre d'Aujourd'hui.

Deux courtes pièces, un seul univers: un flot de paroles sans ponctuation à cheval entre poésie et spoken word, des personnages égarés, les années 1990, le bruit de Montréal, la solitude décrit le carton promotionnel. Une (enfin deux...) pièce résolument urbaine aux accents devenus malheureusement, avec le temps, quelque peu clichés.

Le premier texte est une longue narration d'une mère, Lyne (jouée par Marie-Hélène Gosselin dont le jeu finit, à la longue, par toucher), aux prises avec un bébé braillard, Kathleen. Un long monologue où l'instinct maternel fait défaut pour laisser toute la place au besoin de sortir en boîte, gardienne ou pas. Une narration dure qui mène la jeune mère loin, très loin dans la déchéance pour combler un besoin d'intimité, de tendresse.

Le second, de forme choral, entremêle les destins de trois individus qui ne se connaissent pas, qui n'ont aucun lien entre eux, sinon d'attendre Gaudreault: le junkie en attente de son puscher, la névrosée agoraphobe en amour avec son prince charmant ICQ, le jeune foreman qui veut venger son frère mort d'une surdose... Trois destins pour un même malaise existentiel.

D'emblée, ces deux textes (de Sébastien David qui signe aussi la mise en scène en plus d'interpréter l'un des rôles) font preuve d'une construction dramatique et dramaturgique solide qui lieront, l'un à l'autre, et les rôles et les deux univers... Des textes forts, soutenus par un souffle et un rythme effroyablement efficaces. Une crudité terrible; une cruauté insidieuse... Seule réserve au tableau: demeure toujours la tentation de la morale, de la fin qui redonne un peu espoir. Dommage... car le tourbillon de désespoir qui s'installe et qui broie littéralement les personnages s'en voit un peu amoindri.

La mise en scène (dans un espace blafard tout simple composé d'un carré de prélart blanc, de trois luminaires, d'un grand écran-fenêtre et d'une bassinette pour la première partie et de trois chaises pour la seconde) est rigoureuse, alliant une bonne direction d'acteurs (avec une diction rapide, suffocante, quasi mélodique, et les gestes et les déplacements mécaniques, à la limite chorégraphiques) et une mise en espace simple mais correcte. Ici, le parti pris est clair: faire entendre le texte. L'impression qui en découle alors se rapproche de l'exercice de style. Une impression qui m'a assailli tout au long de la représentation. L'impression du travail en chantier, de l'exploration scénique, de la recherche théâtrale. Une bonne recherche, ceci étant dit... mais une recherche tout de même. Avec tout ce que ça comporte d'intérêts et de questionnements.

_________________________________________

Par ailleurs, pour donner une idée de ce spectacle, je dirais que devant cette proposition, je me suis revu avec ma résidence intensive sur L'Ordre du Monde... tout comme j'ai revu, d'une certaine façon, le travail de Guylaine Rivard sur Parents et amis... tout comme j'ai aussi revu le type de travail de Vicky Côté...

Voilà.





Une autre première...


C'est ce soir que débute la toute nouvelle production du Théâtre La Rubrique, Les sens! Et pour cette raison, à tous les artisans de celle-ci - soit Benoît, Lyne, Serge, Jean-François, Émilie, Sara, Patrice, Guillaume, Guylaine, Boran, Jacynthe, Bruno, Christian, Larry, Sylvie, Jean-Rock, Daniel, Michel-Marc, Pierre-Michel et tous les autres,

MERDE!


mardi 25 janvier 2011

Problème d'exiguïté!

M. Faure (?), Exiguité (peinture trouvée sur ce site)

Y a-t-il quelque chose de plus chiant, dans le merveilleux monde du théâtre saguenéen - et avec son expansion qui semble parfois n'avoir pas de fin! - que d'avoir à partir à la quête d'un lieu de travail... que ce soit pour des formations, des répétitions, des représentations? (Et là, je ne parle pas de ces fois où on pense avoir un lieu et qu'à la toute dernière minute, une erreur ou un manque d'information nous prive d'un droit d'occupation!)

On ne peut pas se le cacher: les lieux disponibles sur le territoire de la grande ville sont limités. Les plus communs et les plus utilisés étant la salle Pierrette-Gaudreault et la salle du Facteur culturel au Mont Jacob, le Côté-Cour de Jonquière, la salle Murdock et la salle Marguerite-Tellier du Centre des arts et de la culture de Chicoutimi. Des salles qui servent principalement aux fins de représentations... Chacune avec ses forces et ses faiblesses. À cela s'ajoutent les salles de l'Université même si celles-ci sont réservées presque exclusivement - à moins d'avoir une entente préalable - à l'usage académique...

Alors, dans ce contexte, voici un petit exercice d'imagination... Que se passe-t-il quand:
- le Théâtre du Faux Coffre ne présente pas un mais cinq spectacles durant l'année sans compter les reprises?
- le Théâtre 100 Masques s'obstine à faire trois productions annuelles en plus de ses ateliers?
- le Théâtre À Bout Portant produit deux spectacle rapprochés (et que s'ajoute une recherche plus personnelle à la directrice et à un camarade)?
- les Têtes Heureuses projettent encore une diffusion d'un spectacle étranger et des petites formes?
- le Théâtre La Rubrique utilise de belle façon ses lieux?
- le C.R.I. et le T.A.C. ayant aussi leurs activités régulières?
- chacune des activités de représentation nécessite un travail préalable en salle?
Et je fais abstraction ici des autres événements ponctuels et des autres organismes qui ont aussi besoin d'espace (comme les écoles de danse, la Tortue Noire, Racines Gumboot, ManiganSes, etc.)

Et les besoins sont réels voire nécessaires... et souvent, des compromis doivent être faits pour une cohabitation parfois forcée.

Dans l'idéal des mondes, chacun de ces organismes aurait les moyens financiers nécessaires pour acquérir et développer son propre lieu (ou, pour ceux qui en ont déjà un, d'avoir les agrandissements qu'ils méritent!) qu'il animerait comme il l'entendrait. Belle utopie! Un quartier des théâtres!

Le résultat de ce dynamisme apparent provoque plutôt des irritants, des conflits d'occupations, des exiguïtés dans l'espace-temps propres à créer des tensions inutiles et ô combien enrageantes lorsqu'elles surgissent. Les solutions? Je ne pense pas qu'il y en ait... sinon de poursuivre en tentant de concilier ses envies et ses besoins avec ceux des autres. Parfois plus facile à dire qu'à faire.


lundi 24 janvier 2011

Fureur, ironie, mépris: le théâtre expressionniste

Vakhtangov est l'un des metteurs en scène (russe des années 20) les plus caractéristiques du genre...

Pour la mise en scène de La Visite (et éventuellement, du prochain théâtre d'été du Théâtre 100 Masques), toujours dans une optique de dégager une théâtralité forte (et de la confier aux comédiens), je mise sur l'exploration de certaines notions de l'expressionnisme théâtral. J'en ai déjà parlé là et là. Voici une description - qui pourrait servir d'inspiration de base, d'hypothèse de travail - de ce qu'était (ou devait être) un jeu expressionniste (tirée de L'Acteur au XXième siècle d'Odette Aslan).

[Dans des] épisodes relativement courts, l'acteur n'a pas le temps d'éprouver véritablement les affres de son personnage. Il décide d'une intonation, d'une attitude. Il passe brusquement d'un ton de voix à un autre, d'une posture contorsionnée à une autre. [...] Il recompose artificiellement les lignes.

[...] On peut rapprocher de l'expressionnisme les notions d'excitation, d'explosion, de contraste, de concentration, de raccourci, d'épure. Tout cela avec un sens impudique de la mise à jour.

[L'acteur] doit être théâtral, ne pas craindre l'outrance ni la déformation, la caricature, le grotesque. Au lieu de restituer la complexité d'un personnage, il en isole un trait et le souligne.

Plus loin, il est question d'une définition de l'expression gestuelle... Et c'est principalement là que j'aimerais trouver une matière à exploiter...

[...] Rompant avec le geste quotidien et la psychologie, l'acteur expressionniste sélectionne des gestes isolés qui se succèdent sans transition, très marqués, au bord de la caricature, saccadés comme l'est parfois la diction, ou bien suggérés, incomplètement aboutis à manière des gestes du nô. [...] Il doit avoir un corps souple, désarticulé; la tête peut s'incliner en tous sens. [...] Le corps semble divisé en zones de tension qui se révèlent progressivement. Les mains sont crispées ou projetées en l'air. Les gestes découpent l'espace.

Le corps peut être immobile, tendu, laissant agir le regard seul. Les paumes s'ouvrent en signe d'offrande ou les poings se serrent. La passion s'extériorise dans une mobilité intense, un besoin éperdu de se manifester. [...] L'acteur dressé comme un «i» fléchit, s'incurve sous la pression des obstacles, il se conforme à la diagonale du décor. [...] L'acteur prend des attitudes obliques, projette son buste de biais. Le décore n'offre plus ni symétrie ni perspective, il est doué de subjectivité.

Il n'est pas question, bien entendu, de prendre ces indications comme credo ou de reproduire bêtement ce qu'on lit et ce qu'on pense connaître du genre... mais bien de s'en inspirer.

La Visite [Carnet de notes]

Une photo d'une scène (Le Repas... on y reconnaît donc, en ordre, M. Aubry, Monique, Roger et Morence Aubry) de La Visite... une production, cette fois, de la troupe de théâtre Les Compagnons du 1268, en 2004... (Crédit photo: je ne sais pas, mais elle est tirée de ce site JeanBrouillard.com)


Peu à peu (après la seconde fin de semaine de répétitions), les personnages et les enjeux de La Visite se dessinent et prennent du caractère pour donner un ensemble qui sera cohérent, dynamique... voire étourdissant.

Un ensemble qui pourrait d'ores et déjà passer la rampe... et pourtant, j'espère réussir, en leur compagnie, à faire passer cette comédie légère (ce qui n'est pas un jugement de valeur) à une comédie grinçante, corrosive, étrange (qui, à mon sens, l'est déjà de par sa forme).

La machine s'emballe.

La distribution des personnages (multigenre) est un outil pour y parvenir. L'esthétique devra en être une autre (pour créer des personnages monstrueux... dans le sens de hors de l'ordinaire). Et enfin, l'interprétation (dont j'aimerais lui inculquer un côté expressionniste et l'accentuer) devra lier tout cela.

La visite en cause dans cette pièce ne doit plus être un irritant mais un cauchemar.

La première partie (1955) est placée dans sa totalité. Une ébauche qui ne demande plus qu'à se peaufiner et à se consolider à mesure que les comédiens y trouveront leur aisance. Le début de la seconde partie est placé aussi. Il y a, à mon avis (malgré les souhaits exprimés quelques lignes plus haut), de vrais beaux moments.

Reste à voir l'effet quand le décor aura pris sa forme définitive avec les murs qui réduiront l'espace et augmentera l'effet de présence de chacun des personnages.

dimanche 23 janvier 2011

Au théâtre, cette semaine! (du 23 au 29 janvier 2011)


Selon mes nombreuses sources d'informations, il n'y a que deux activités prévues à l'agenda cette semaine... Notez qu'à compter de la semaine prochaine, la machine s'emballera de belle façon. Avis aux intéressés.

Mardi - 25 janvier 2011
Salle François-Brassard (Jonquière), 20h

Diffusion Saguenay reçoit le Rideau-Vert et sa production Une musique inquiétante, de Jon Marans, mis en scène par Martin Faucher... et avec, comme comédiens-pianistes, Émile Proulx-Cloutier et Jean Marchand: Vienne capitale de la musique accueille le jeune pianiste prodige Stephen Hofman qui vient y vivre son rêve: étudier avec le grand professeur Schiller. Il aura plutôt droit au déclinant professeur Mashkan qui en plus, enseigne le chant! Un bouleversant cycle de chansons tirées des poèmes de Heinrich Heine. (En lien, l'article de Joël Martel dans le Voir de cette semaine.) Bon. Le prix des billets stupéfie un peu (pour un diffuseur majeur... maintenant reconnu...): 45$ pour les adultes et 35$ pour les étudiants... bref, une épicerie.

De mercredi à samedi - du 26 au 29 janvier 2011
Salle Pierrette-Gaudreault (Jonquière), 20h
PREMIÈRE SEMAINE

Début de la nouvelle production de La Rubrique, Les Sens... un spectacle-concept qui réunit six auteurs dits régionaux: Sylvie Bouchard, Michel-Marc Bouchard, Daniel Danis, Jean-Rock Gaudreault, Larry Tremblay et Pierre-Michel Tremblay. La mise en scène est de Benoît Lagrandeur qui joue aussi en compagnie de Émilie Gilbert-Gagnon, Patrice Leblanc, Sara Moisan, Guillaume Ouellet et Guylaine Rivard. Outils idéaux pour percevoir, pour nous situer, pour entrer en contact avec notre environnement, nos sens se seraient-ils atrophiés? Qu’en est-il de la perception de l’autre par rapport à la nôtre? Avons-nous perverti ces précieuses antennes? Peut-on toujours s’y fier ou nous jouent-ils parfois des tours? (En lien, l'article de Dario Larouche -c'est moi- dans le Voir de cette semaine). À noter que mercredi le 26 janvier, c'est une première bénéfice à 100$ le billet alors que les autres jours, le coût est de 27.50$ pour les adultes et de 15$ pour les étudiants.

Voilà. Si j'oublie des trucs ou si il y a des ajouts, qu'on me le fasse savoir...





samedi 22 janvier 2011

La Visite [Carnet de mise en scène]

L'équipe de production de La Visite, Théâtre Mic Mac 2011
En arrière: Dario Larouche (metteur en scène), Ursule Garneau et J.-Sébastien Montpetit (comédiens)
Au milieu: Johanne Tremblay (assistante), Réjean Gauthier (directeur de production)
Joan L'espérance et Gervais Arcand (comédiens), Émile Langlais (technicien)
En bas: Emmanuelle Girard, Denis Lavoie et Sonia Tremblay (comédiens)
Absents sur la photo: Christian Roberge (scénographie et graphiste), Luc-Antoine Cauchon (comédien)

Seconde fin de semaine de répétitions...

Peut-être la plus difficile dans le contexte de répétitions intensives comme le fait le Théâtre Mic Mac (huit fins de semaine... généralement une sur deux).

Parce que le travail cherche encore (avec une certaine urgence) sa véritable voie, sa ligne directrice... que le tâtonnement se fera à partir d'une base encore fragile...

Parce que les acquis, les concepts, les idées maîtresses n'ont pas encore fait leur nid...

Parce que l'élan n'est pas encore à la hauteur de ce qu'il devrait être...

Parce que, bref, le doute a encore une belle part (qui achève... malheureusement pour lui!) et que le plaisir lui cède encore le pas.

Le «vers quoi je veux aller» n'est jamais encore, à cette deuxième rencontre, complètement assimilé par les comédiens.

N'empêche que...

Si tout va bien... ce que j'imagine à l'aulne de la première fin de semaine... nous aurons mis en place la première partie de cette production... soit environ les 40 premières minutes de spectacle. Tous les comédiens y auront passé. Et cette première partie, partie-amorce, demandera une attention toute particulière avant que de n'entreprendre la seconde.

vendredi 21 janvier 2011

De la perception et de l'engagement


Tiens... pour bien fermer cette journée de lectures kantoriennes, voici un nouveau fragment de pensée de ce grand metteur en scène, toujours pertinent... et qui sait (enfin... savait, puisqu'il est mort il y a tout de même vingt-et-un ans...) encore faire réfléchir.

La perception [de l'oeuvre] est une conséquence tout à fait rationnelle. Je crois que l'on ne peut pas concevoir le théâtre spécialement pour le spectateur. Je crois que l'on doit faire le théâtre, et que le spectateur est quelque chose de tout simplement naturel. Le créateur doit s'engager personnellement à fond, le spectateur aussi. Si, lorsqu'on travaille au théâtre, on pense d'abord: «Il y a le texte: qu'est-ce que je ferai avec le texte pour informer le spectateur?», on commet une erreur grossière: immédiatement commencent toutes ces opérations qui relèvent pour moi du travail académique: «l'application», la «reproduction du texte», l'«interprétation». Je crois que la communication, car il s'agit de communication, notamment entre texte et spectateur, est une conséquence absolue de l'oeuvre d'art. On ne peut créer une oeuvre d'art qui soit absolument isolée. L'oeuvre d'art possède en soi une force d'expansion de l'oeuvre, c'est le moyen pour elle de s'assurer la conquête d'un public qui ne vient ni pour consommer, ni pour se délecter, mais, dans une certaine mesure, et sous une certaine forme, pour «participer».

«À côté de l'action du texte doit exister l'action de la scène», Kantor 1944


Photo de l'un des spectacles les plus importants de la seconde moitié du XXième siècle:
La classe morte.


IL est assez étrange de constater que mes recherches doctorales me ramènent à Tadeusz Kantor -metteur en scène polonais- que j'avais délaissé, pendant mon parcours à la maîtrise, au profit de Vsevolod Meyerhold... Parce que plus mon projet se précise et que se dégagent les enjeux et le plus ce détour devient nécessaire.

Alors voilà. C'est donc un retour.

Son travail (et surtout ce qu'on en dit... puisque je ne l'ai jamais vu sinon en vidéo) m'accroche tout de même à chaque fois. Voici comment, dans la préface de Denis Bablet au très excellent Théâtre de la Mort de l'artiste, est défini son rapport au texte (un sujet qui me passionne...)... et qui peut se conjuguer à l'un de mes derniers billets.

[...] Dans de telles conditions les rapports entre les divers composantes du spectacle n'ont rien à voir avec leurs formes traditionnelles. Pour Kantor, «monter un spectacle» n'est pas «mettre en scène» une «oeuvre littéraire», mais engager un processus, créer une réalité scénique, instaurer un jeu. Il ne s'agit pas pour lui de «traduire» à la scène, de «concrétiser», de «transcrire» et encore moins de «représenter». Il n'est pas davantage question d'«interpréter», de reproduire, d'illustrer, d'expliquer ou d'actualiser. Kantor ne se soumet pas au texte, il ne le soumet pas davantage à lui-même. Le texte n'est pas Dieu le Père, mais il n'est pas non plus simple prétexte. Il ne faut pas le nier, mais savoir que le but de l'art théâtral n'est à aucun moment de rendre manifestes des morceaux et des éléments de littérature, de matérialiser l'écrit. [...]


jeudi 20 janvier 2011

Des mots pour le dire



Voici des fragments d'un article que j'aurais aimé écrire sur la place du texte dans une production théâtrale. Il correspond, à quelques nuances près, à ma propre conception de cet élément nécessaire au théâtre... Il s'agit d'un article écrit par Eugenio Barba, dans le fascicule de présentation de son spectacle Mythos, de l'Odin Teatret.

[...] Au théâtre il y a mille façons de travailler à partir d'un texte littéraire. Mais elles se résument finalement à deux tendances: travailler pour le texte, travailler avec le texte.

Travailler
pour le texte, c'est accepter que l'oeuvre littéraire soit la valeur essentielle du spectacle. Acteurs, mise en scène, scénographie, musique, contribuent à mettre en relief la qualité et la complexité de l'oeuvre, ce qu'elle sous-entend, ses liens avec le contexte originel et le contexte actuel, sa capacité à rayonner dans de multiples directions et dimensions. C'est un travail fascinant et révélateur qui, à mon avis, ne caractérise pas le vieux théâtre et peut tout aussi bien être le nec plus ultra du nouveau théâtre. [...] Les mots écrits deviennent voix et présence physique, se font chair et pensée-en-action.

J'aime le théâtre qui va jusqu'au bout de cette expérience, mais je le pratique rarement. [...]

Travailler
avec le texte signifie choisir une ou plusieurs oeuvres littéraires, non pas pour se mettre à leur service, mais pour les élaborer comme une substance qui doit alimenter un nouvel organisme: le spectacle. Le texte littéraire est utilisé comme l'un des niveaux ou des composantes qui constituent la vie du résultat scénique.

Le texte littéraire était un organisme autonome et achevé. Il est à présent un
matériau prêt à se transformer, soumis à des choix et des visions qui lui sont étrangers. Il est à nouveau façonné par l'intervention des acteurs et du metteur en scène, coupé, décomposé, recomposé à tel point qu'il est devenu méconnaissable.

On dira: ce n'est pas là travailler
avec le texte, mais contre. Je ne crois pas. [...] Travailler avec le texte c'est le traiter comme on traiterait un acteur.

On y revient toujours...

お疲れ様でした



Au Japon (bon, l'anecdote a été glanée dans Le Canoë de papier d'Eugenio Barba), à la fin d'une représentation, les spectateurs remercient les acteurs par l'expression:

お疲れ様でした

(ou, en langage moins japonais, otsukaresama deshita) qui signifie littéralement tu dois être fatigué, tu t'es beaucoup dépensé pour moi. C'est joli.

mercredi 19 janvier 2011

Un édito tout théâtral dans le VOIR de demain...

Voici le texte-édito publié aujourd'hui (ici sur le site web et demain dans le journal papier) dans le VOIR Saguenay-Alma par Joël Martel, Dans la vie comme au théâtre... un texte à lequel il y a peu à rajouter... ou trop!

Vous êtes assis bien confortablement sur votre chaise à regarder une pièce de théâtre. Les comédiens se démènent comme des diables sur la scène. Soudainement, dans un bref moment d'égarement, vous vous surprenez à vous imaginer sur les planches. Du coup, vous constatez que votre vie serait si différente si vous aviez choisi cette voie. Vous n'occuperiez pas votre boulot qui vous apparaît de plus en plus routinier. Vous seriez comme ces bons vivants qui jouent devant vos yeux. Vous auriez du temps. Vous seriez libre.

D'ailleurs, c'est là une des illusions les plus frappantes auxquelles nous nous laissons prendre en tant que public. Trop souvent, on croit à tort que le travail d'un artiste se limite aux instants où il se trouve sur scène. Naturellement, en adoptant cette ligne de pensée plutôt erronée, nul besoin d'être un as des mathématiques pour voir là l'horaire idéal. À raison de quatre spectacles de deux heures par semaine, c'est une vraie mine d'or de temps libre.

Toutefois, la réalité est tout autre. D'abord, bien que vous l'ayez vu sur des centaines d'affiches disséminées un peu partout dans la ville, le comédien qui est devant vous ne mène pas le train de vie de Brad Pitt. Certes, c'est probablement l'un des comédiens les plus hallucinants que vous ayez eu la chance de voir performer, mais le théâtre, ce n'est pas comme les garages. Même le pire des mécaniciens peut travailler à longueur d'année car il y aura toujours des gens qui seront prêts à obtenir un service de moindre qualité pour épargner quelques dollars. Mais ironiquement, dans un monde comme le théâtre en région, même le meilleur des comédiens peut ne pas se trouver de travail pendant toute une année. C'est que les facteurs pouvant jouer en sa défaveur ne manquent pas du tout.

Avec les moyens financiers qui se font de plus en plus rares pour le domaine du théâtre, le nombre de productions locales souffre énormément. Pourtant - et au plus grand bonheur des dirigeants de ce monde, qui excellent en matière de compressions -, les artistes du Saguenay-Lac-Saint-Jean ne baissent jamais la tête et contre-attaquent habilement en faisant toujours plus avec moins. Seulement, il arrive souvent que des comédiens, des auteurs ou même des metteurs en scène sacrifient une grande partie de leur cachet afin de pouvoir donner vie à leur production.

Imaginez que vous deviez remettre la moitié de votre salaire à votre employeur afin de pouvoir continuer à travailler. Je suppose que vous seriez nombreux à quitter rapidement le navire dans de telles conditions.

Ce que bien des gens ignorent, c'est que la majorité des artisans de l'univers théâtral ne vivent pas de leur art. En d'autres mots, ils ont des jobs. Ils travaillent dans des épiceries, des restaurants, des boîtes de sondage ou des écoles. Pendant 30 ou 40 heures par semaine, ils font ce boulot qu'ils n'aiment pas vraiment et, à la fin de la semaine, tout comme vous, ils sont crevés. Et le comble dans tout ça, c'est que lorsqu'ils travaillent sur une production théâtrale, ils mettent parfois en péril cet emploi purement alimentaire afin d'avoir quelques soirs de libres dans le but de répéter et de jouer.

Le mythe du comédien qui se la coule douce au rythme de quelques représentations par semaine se doit d'être déboulonné. Il est temps que le public sache ce qu'il en est vraiment. Ainsi, la prochaine fois que vous verrez des politiciens se forger un capital de sympathie en médiatisant une aide financière versée au milieu, vous saurez que cet argent est bien loin d'être une forme de BS de luxe. Ne perdez jamais de vue que la plupart du temps, c'est le minimum syndical qui est versé.

C'est quand même drôle car, bien que le théâtre professionnel soit loin d'être profitable du point de vue financier pour ses artisans, il s'agit là d'un domaine qui nous enrichit tous en tant que collectivité. Nous avons besoin de ces histoires qui nous font réfléchir, rire, et qui parfois nous déstabilisent tout simplement.

Alors la prochaine fois que vous serez prisonnier d'une discussion "radio-ixienne" à propos des "zartisses" qui sont gras durs, ne partez pas en courant, les mains sur les oreilles. Au contraire, profitez-en pour rappeler que lorsqu'un homme de théâtre est au volant d'une Cadillac, un cigare en or dans la bouche et un chapeau du bonhomme de Monopoly sur la tête, c'est qu'il est sur scène.

Dans la vraie vie, il marche.

Je suis fatigué...



D'horaires et d'autres....

J'ai un fantasme théâtral...

Celui de me libérer des calendriers, des horaires, des contingences qui chamboulent les répétitions prévues pour me consacrer à un travail avec une troupe permanente... où chaque jour, quoiqu'il arrive, les gens se rencontrent dans un local exclusivement réservé. Au menu: ateliers de perfectionnement, répétitions d'une nouvelle production, révision de certaines scènes d'une pièce en cours, discussions ou échanges sur des sujets théoriques...

Bien entendu, ce mode de fonctionnement signifierait le fait de ne plus payer les comédiens au contrat ou au cachet mais plutôt de les rendre salariés.

Un véritable travail sans qu'un acteur se souvienne de rendez-vous oubliés... sans qu'un conflit d'horaire oblige à un compromis... sans que la gestion de l'agenda devienne un casse-tête qui nécessite alors de ne se concentrer que sur l'essentiel (essentiel dans le sens de plus pressant et non pas d'âme...) et ne résulte des conditions de répétitions déficientes. Un véritable travail qui garde pourtant les interprètes frais et dispos parce qu'ils ne conjuguent pas cette recherche artistique avec un emploi alimentaire. Un véritable travail qui devient un véritable engagement.

Pas nécessairement pour partager la vie courante... la commune n'était pas mon fort... mais bien la définition d'une vision, d'un but, d'un objectif. Un creuset de recherche.

Il fait bon, parfois, de rêver.


Du (faux) sentiment à la vérité...



Petit extrait du Comédien désincarné de Louis Jouvet... où il est question d'un truc qui me plaît bien au théâtre (et qui, en fait, compose, d'une certaine façon, ma vision du théâtre): le refus du sentimentalisme, de cette couche d'illusion du jeu dans laquelle le comédien se drape parfois...

L'erreur que vous commettez tous, c'est que vous croyez qu'on a besoin de votre sentiment pour voir le personnage. [...] Tu n'as pas le droit, tu n'as pas besoin de mettre de sentiment. [...] Le texte ne doit pas être pris comme un réceptacle pour les sentiments du comédien, mais comme le réceptacle d'un sentiment qui doit venir tout seul, si le texte est dit comme il doit l'être. La première des choses, au théâtre, c'est le texte et non pas ce qu'on en fait. Quand on répète bien un texte, on finit par éprouver le sentiment, par trouver la clé de la scène. Seulement, nous voulons toujours aller trop vite. [...] L'acteur commence toujours trop tôt par le sentiment. Tout n'est d'abord que physique. Un texte est d'abord un indice, un graphique respiratoire, où sont liées la diction, l'articulation.

J'aime bien ce côté rationnel et arithmétique: le personnage est d'abord une partition écrite de rythme, de respiration, de diction. Et c'est dans ces trois éléments seulement (et un peu avec le talent des comédiens, tout de même) que résident la tragédie, le drame, la comédie... bref, la tension dramatique.

mardi 18 janvier 2011

Fonds théâtral



La Société historique du Saguenay acquiert le fonds d'archive de Mme Olivette Hudon et de M. Ghislain Bouchard (décédé l'an dernier), deux pionniers du théâtre dans la région... qui ont, dans leur carton, des dizaines d'années d'Histoire (et d'histoires) de l'art dramatique saguenéen... notamment dans ses balbutiements.

Cette nouvelle vient de la dernière parution de SaguenayensiA... la revue produite par la dite société.

[...] Ce fonds d'archive, présentement en traitement, livrera aux chercheurs une riche documentation portant sur la création des premières troupes de théâtre des années «50 et 60», de la réalisation des opérettes présentées dans le cadre du Carnaval-souvenir de Chicoutimi et principalement, de tout le processus de création, de réalisation et de mise en scène du spectacle historique de grande envergure, «La Fabuleuse histoire d'un Royaume» produite à La Baie, dans le cadre des fêtes du 150ième anniversaire de l'occupation du territoire régional par les premiers colons venus de la région de Charlevoix. [...]

Une mine d'informations assurément riche!

L'Affaire de la rue Lourcine [Carnet de notes]



Certaines circonstances m'obligent à revoir la distribution projetée de la prochaine production estivale du Théâtre 100 Masques, L'Affaire de la rue Lourcine d'Eugène Labiche.

Ce malencontreux contretemps (le départ de l'un des comédiens) me donne pourtant l'occasion de revoir - peut-être pour de meilleurs résultats - de fond en comble cette équipe de comédiens... après mûres réflexions et diverses expériences réalisées depuis qu'elle a été réunie en août dernier.

Pour moi, une distribution est un peu comme un coup de dés. On sait, on croit savoir, on veut savoir. Inéluctablement, des questions surgissent. Des doutes émanent. Trop rapide? Peut-être. De nouveaux schémas de personnages se dressent...

Le chantier est rouvert.


dimanche 16 janvier 2011

Tac au tac



Un peu dans la même veine que le billet d'hier sur les grands monstres (et parce que je me suis relancé dans la lecture de l'ouvrage -un peu simpliste et anecdotique... mais quand même- cité hier), voici un autre personnage illustre qui ne s'encombre pas de futilités et d'obligations morales.

Il s'agit ici de Lucien Guitry, père de Sacha:

Un comédien qui avait la prétention d'écrire des pièces de théâtre, envoya un manuscrit à Guitry quand celui-ci était directeur de la Renaissance. Le comédien-auteur y avait joint ce mot: «Je vous parie un louis que vous ne lirez pas cette pièce». Lucien Guitry renvoya le manuscrit sans l'avoir déficelé, et, dans l'enveloppe, glissa un mandat d'un louis avec cette réponse: «Vous avez gagné».

Et vlan.


Au théâtre, cette semaine! (du 16 au 22 janvier 2011)


Début de saison encore... nouvelle petite semaine... En fait, en frais de théâtre, l'offre est plus que limitée (même si elle est de qualité).

Mardi - 18 février 2011
Petit Théâtre de l'UQAC, 13h (peut-être 13h30)

Dans le cadre du cours de Production (et je me suis assuré que ça pouvait être ouvert au public... ce qui est le cas, avec plaisir...), alors que les étudiants s'apprêtent à travailler sur La Tempête de Shakespeare, Jean-Paul Quéinnec a invité M. Mustapha Fahmi, spécialiste shakespearien, a venir donner une conférence et sur cette pièce et sur cet auteur. Quiconque l'a entendu au cours des dernières années, dans un contexte similaire, se rappellera de sa passion et de son charisme. C'est donc ouvert aux intéressés! Évidemment, c'est gratuit.

Enfin...

Samedi - 22 janvier 2011
Palace d'Arvida, 20h

Pour les amateurs de danse, de poésie et de spectacles multidisciplinaire... Diffusion Saguenay invite le Collectif de Folklore Urbain afin qu'il donne son spectacle Rapaillé/[ZOGMA], une nouvelle production vibrante de rythme et de passion, inspirée des textes cadencés du poète québécois Gaston Miron. Métissant le vocabulaire percussif de la gigue et la fluidité du geste contemporain, [ZOGMA] propose une oeuvre puissante, empreinte d'une poésie toute urbaine et exécutée avec brio par six danseurs et deux musiciens. Il en coûte 35$ pour les adultes et 25$ pour les étudiants.

Voilà.

samedi 15 janvier 2011

Les monstres de l'orgueil

et
Sarah Bernard et Julia Bartet, en costumes de scène

Il me plaît toujours de lire des textes portant sur le théâtre du début du XXième siècle, de ce théâtre fait par les grands monstres telles ces deux femmes ennemies qui ont régné sur les scènes pendant des décennies: Sarah Bernard et Julia Bartet... désignées respectivement comme étant l'une l'impératrice et l'autre, la reine du théâtre...

Il me plaît d'imaginer ce monde ampoulé, surrané qui se donne à voir, à jouer. Un monde faux et pourtant si intense. Un monde où l'ego prend le pas sur les personnages, sur les drames!

Il me plaît de penser à ces joutes cruelles entre ces interprètes plus grandes que nature... comme en fait foi ce petit passage tiré de Gens de théâtre de Michel George-Michel, publié en 1942:

Sa bête noire
[en parlant de Bernhardt] était Julia Bartet, qui lui avait succédé au Français.

- Alors, elle a du succès? demandait-elle quand un imprudent avait prononcé ce nom.

- Oh! Madame, disait le gaffeur, plus de mille personnes l'attendaient à la porte des coulisses.

- Pourquoi faire?... Pour la tuer?... ripostait froidement Sarah.

Un soir qu'elles devaient interpréter toutes deux La Nuit de Mai, de Musset, on lui demanda de choisir son rôle.

- Le poète, bien entendu.

- Mais, Madame Sarah Bernhardt, nos pensions que vous auriez choisi la Muse. Le Poète a quelques vers à dire, à peine...

- Bah! On dit toujours que je suis rosse avec Bartet. Je veux montrer que je lui laisse le beau rôle...

Elle savait ce qu'elle faisait Elle savait Bartet courte de souffle et «l'attendait» aux longues tirades de La Nuit.

Aussi bien, penchée avec amour auprès d'elle, aussitôt qu'elle sentit Bartet se fatiguer, Sarah, sans quitter son sourire angélique murmura:

- Hue! Hue!... Monte la côte!... Hue! Hue!... Monte la côte!

Puis, son tour venu , elle déclamait, d'une voix de rêve, regardant sa compagne avec des yeux de ciel:

Est-ce toi dont la voix m'appelle
Ô ma pau-vre Muse, est-ce toi?...

Ô la légèreté avec laquelle Sarah Bernhardt posait sa main sur l'épaule de Julia Bartet en disant «Ma pô-vre Muse!...» Mais elle pesait de tout son poids.

Et l'autre, reprenant une nouvelle tirade, Sarah reprenait à voix basse, comme d'une mélopée:

-Hue!... Hue!... Monte la côte!...

Un soir où elle se trouvait dans l'avant-scène de la Comédie-Française et que Bartet jouait, Sarah, durant presque toute la représentation, applaudissant tout bas, disait tout haut:

- Mais elle est finie, cette pauvre femme, elle n'en peut plus. Pourquoi la fait-on jouer encore. Mais il faut la tuer!... Vite chez l'équarisseur!... Et regardez, elle a des cordes, au cou. Que dis-je, des cordes, des câbles!... Il faut les lui arracher et la pendre avec eux.

Publicité de la production de La Rubrique

Voici (repiqué du blogue de La Rubrique tenu par Jean-François Caron) la publicité de la nouvelle production de la compagnie, Les Sens.

jeudi 13 janvier 2011

L'avenir d'un Flo...


La nouvelle est tombée il y a quelques minutes...

Les Aventures d'un Flo
- après de coûteuses réécriture et mise en scène, après de nombreuses réserves, après, finalement, un échec- sont officiellement remisées au profit du retour triomphal de La Fabuleuse histoire d'un Royaume, la véritable essence de ce grand spectacle (avec tous les défauts que le genre peut avoir). Un spectacle qu'on a, en vain, tenté de faire oublier... Mishpuan n'aura rien conquis. Et Flo n'aura été qu'une erreur de parcours.

Mais peut-être est-il trop tard...

Peut-être l'époque des grands spectacles est-elle passée...

Le plus grand problème de ce spectacle (et de ses avatars) aura été (et sera encore) de mettre de côté les artisans du milieu professionnel local dans un but d'«attirer» le public (comme d'utiliser la voix de Legendre, les sages conseils de Denoncourt, etc.)...
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Du même souffle, en conférence de presse, l'administration municipale et la Corporation du Palais Municipal annoncent que le déficit accumulé de cette dernière (pour tous les projets présentés là et pour le fonctionnement) s'élève à environ 1 400 000$... rien de moins... qui sera épongé par la générosité de la Ville.

Par chance, cet organisme ne porte pas le nom de Théâtre du Saguenay.

Pour les détails officiels, il est possible de consulter le reportage de Radio-Canada en suivant ce lien.



mercredi 12 janvier 2011

Publication...


Voici que le dernier texte (l'un des derniers?) de Jean-Paul Quéinnec - professeur en théâtre à l'UQAC et titulaire de la chaire de recherche - est publié (avec une préface de Sébastien Harisson) aux éditions Quartett avant d'être joué au Théâtre de l'Aquarium (Paris 12è) à partir du 9 mars jusqu'au 10 avril 2011.
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Il s'agit de Un Marie salope... (Petite recherche wikipédienne qui s'impose: Une (?) marie-salope est un chaland destiné à recevoir les vases et sables extraits par dragage. En général le chargement s'effectue depuis une drague à disque désagrégateur ou depuis une drague à godets, le long de laquelle la marie-salope vient s'amarrer. Lorsque la marie-salope est pleine, elle est ensuite emmenée pour être déchargée, soit à quai par le dessus soit par ouverture du fond par le bas dans une zone de dépotage.)

Il faut dire que Quéinnec est beaucoup (beaucoup!) joué en Europe... alors qu'ici, nous ne connaissons (si nous n'avons pas encore lu aucune de ses pièces) que le vaste chantier qu'est Dragage (00 ou 01 ou 02). À noter que cet hiver (et ce printemps), il sera possible de faire une nouvelle rencontre avec son écriture alors que deux ses textes prendront vie ici au Saguenay: Chantier naval, présenté en mars par la troupe lyonnaise Toujours à l'horizon (en collaboration avec les Têtes Heureuses et la chaire de l'UQAC); La Mi-Temps, en mai je crois, dans une mise en scène de l'auteur avec Hélène Bergeron comme unique interprète.

mardi 11 janvier 2011

Un corps dans l'espace

Schéma d'Oskar Schlemmer (du Bauhaus) illustrant le corps dans l'espace.

Il faut, dans une optique meyerholdienne - ô surprise! - développer chez l'acteur une prise de conscience de la réalité de son corps situé dans l'espace scénique, maniant des accessoires en combinaison avec le corps des autres. En ce sens, le principal travail de l'acteur (enfin, le principal travail physique...) est de s'adapter au lieu qui lui est concédé, de domestiquer son corps dans l'espace tout en sachant comment le placer.

Dans les Écrits sur le théâtre de Meyerhold, il est alors question du précepte de Guglielmo:partire del terreno. (Bien que mon italien ne soit pas très fort, j'imagine que ça signifie partir du terrain...)

Bon, j'essaie d'approfondir cette notion, trouver les bases de ce précepte, mais mes recherches demeurent vaines.

lundi 10 janvier 2011

La Visite [Carnet de mise en scène]

Photographie de la première distribution de La Visite au Théâtre Mic Mac, en 1984
(et le jeune homme assis au premier plan est l'auteur et metteur en scène, MMB)

La première fin de semaine est passée en répétitions... Le travail se fait assez rondement (à ma grande satisfaction!). Et bien qu'encore beaucoup de boulot reste à abattre dans l'exécution, (notamment, à trouver l'aisance et le plaisir!) les 12 premiers tableaux sont déjà ébauchés dans leurs grandes lignes.

Cette matière brute amène quelques réflexions...

De prime abord, le plus frappant (ça l'était déjà à la lecture mais l'effet est, en scène, encore plus prononcé que je ne le pensais!) est la brièveté des scènes, des tableaux. La concision de ceux-ci entraîne nécessairement de multiples entrées et sorties, la rencontre éphémère de plusieurs personnages tous plus déjantés les uns que les autres... en cela, plus simple à ébaucher que les personnages principaux qui les subissent et qui sont, par conséquent, d'une autre nature.

Cette brièveté cache un grave écueil: l'effet de brouillonnerie. L'impression de flou scénique. De manque de clarté. Il faut absolument que les interprètes atteignent (et c'est le plaisir de pouvoir le dire en début de travail!) une précision sans faille... Une précision dans leur mise en espace, dans leur mise en mouvement, dans leurs actions et réactions, dans leurs relations les uns avec les autres.

Dans l'espace proposé (si petit, en pente, avec tant d'entrées) la forme commande une rigueur à tout instant. Et cette suite de va-et-vient instaure une mécanique qu'il sera amusant de rendre redoutablement efficace et qui sera l'enjeu même de la pièce: Comment mettre à l'abri un bonheur conjugal de l'invasion des parents, des amis et des relations? Comment éviter que l'ouverture d'une porte ne provoque un flot de personnages de tout acabit qui vous trouvent si «accueillants» et finissent pas vous exploiter?

Bon. Je compte aussi, pour atténuer l'effet de course effrénée, sur la présence constante de Monique et Denis (tout tourne -c'est le cas de le dire!- autour d'eux) qui forment le pivot de cette pièce. Chaque visite devient un envahissement de leur intimité, une attaque. C'est une guerre larvée où les méchants se cachent sous le masque des bons.

Outre le couple principal, ces personnages-envahisseurs (qui sont, malgré leur exubérance, des faire-valoir!) devraient pouvoir se résumer à peu de choses. Plus les comédiens réussiront à les circonscrire, à les cerner à leur plus simple expression (un mot!) et le plus il sera facile de les construire, de les mettre en rapport les uns avec les autres et de voir les étincelles surgir!

Il faut toutefois se méfier des clichés. Les personnages, qu'ils soient joués par des hommes ou des femmes, ne doivent pas devenir qu'une simple caricature. Il nous faut plus que ça. Il faut que ça grince. Il faut que ça suinte. Pour moi, la meilleure image serait le personnage de Gregor Samsa dans La Métamorphose de Kafka... Son horreur, son cauchemar est somme toute, dans cet univers, normal. Et c'est ce que je cherche.

Les personnages de La Visite doivent quitter le champ du réalisme (de la petitesse) pour devenir, littéralement, des monstres... Il faut que chacune de ces présences provoque quelque chose, change le cours de choses.

Le prochain rendez-vous est pour le 22 janvier.

Où l'on parle de nous...

Voici un article paru le 8 janvier sur Cyberpresse sous le titre LeThéâtre 100 Masques mise sur ses forces (et ce matin dans le Quotidien... sous un nouveau titre: Le Théâtre 100 Masques s'active)... le sujet étant, bien entendu, les activités du Théâtre 100 Masques dans cette première moitié de 2011.

dimanche 9 janvier 2011

Au théâtre, cette semaine! (du 9 au 15 janvier 2011)


Voici le retour du calendrier théâtral hebdomadaire... alors que reprennent les activités.

Du mardi au jeudi - 11 au 13 janvier 2011
(lieux et heures?)

La Tortue Noire dépose sa carapace à Roberval pour une série de quatre représentations de Kiwi, leur grand succès, sur un texte de Daniel Danis mis en scène par Guylaine Rivard. Pour plus d'informations, contacter l'un ou l'autre des artisans de cette compagnie...

Vendredi - 14 janvier 2011
Studio-théâtre (UQAC), à compter de 8h45 à 16
suivi d'un 5 à 7

Première journée d’étude (et lancement) de la chaire de recherche du Canada en création « Pour une dramaturgie sonore au théâtre » ayant pour titre: Une pensée en action par le son ou insubordination et mutation du son face au drame. Voici l'invitation... Au cours de cette journée, nous traverserons trois étapes du début de notre recherche création. Pour affirmer que notre recherche s’appuie avant tout sur la création, nous entamerons chaque thématique par une projection de nos différentes performances. Malgré la difficulté de restituer le vivant du théâtre en vidéo, nous nous engageons à mettre en place une installation technique qui respectera autant que possible la substance sonore de nos manipulations et de nos spatialisations. Pour cette première journée, la parole est donnée aux praticiens (chercheurs, professionnels et étudiants) qui ont construit ce cheminement. Sous forme de courtes communications, ils tenteront de montrer en quoi leurs expériences sonores auront permis de décloisonner un savoir pratique et réflexif sur le théâtre. Ce rendez-vous est aussi et surtout l’occasion de débattre. Ainsi, à la fin des interventions, une discussion s’ouvrira avec le public universitaire et professionnel. Enfin, nous conclurons par un apéritif festif en compagnie du Décanat des études supérieures et de la recherche, du Département des Arts et Lettres et du Module des arts pour annoncer officiellement cette chaire de recherche du Canada.

samedi 8 janvier 2011

La Visite [Carnet de mise en scène]

Et c'est parti!!! Je pars dans quelques minutes pour le premier week end de répétitions au Mic Mac de Roberval...

Chaque début de projet me voit dans le même état... c'est-à-dire nerveux, fébrile, angoissé, envahi par le doute: et si je faisais fausse route avec la piste lancée? et si je bloque en création? et pire encore... et si je manque de temps?

Faut dire que les projets (du moins, la création annuelle) au Mic Mac se font dans un cadre précis: huit fins de semaines... donc cinq jours. Qu'une tempête fasse rage, qu'un accident surviennent, qu'un comédien doive s'absenter et le temps alloué est grugé de sérieuse façon.

Pour l'instant, je suis un peu troublé par l'horaire.

Bon. Généralement, ça va. Huit fins de semaines donnent tout de même seize jours (sans la semaine des générales) et, par extension (si je me donne une moyenne de six heures par jour), quelques 96 heures de prévues. Donc, c'est plus qu'il n'en faut!

vendredi 7 janvier 2011

Maître du temps...


Petit matin encore où l'inspiration fait place à la théorie un peu plus solide... Cette fois, retour à l'excellent petit recueil Les termes clés de l'analyse du théâtre d'Anne Ubersfeld... plus précisément au temps. Un sujet qui demande un peu de temps...

Le temps au théâtre a deux significations: la durée et le moment (la place dans la diachronie).

A. La durée

Le temps au théâtre est d'abord une durée.

1- La durée absolue de la représentation, avec ses accompagnements: la préparation au spectacle, le trajet, l'achat du billet, l'attente avant le début, finalement les moments après la fin du spectacle. [...]

2- La durée relative, c'est-à-dire le rapport existant entre la durée réelle vécue par le spectateur et la durée des événements de la fiction. C'est ce rapport qu'on appelle proprement le temps théâtral. [...]

3- Relève du temps théâtral la question du rythme des séquences: séquences courtes se suivant à un rythme rapide et séparées par des intervalles (pauses ou noirs) qui permettent d'imaginer une rupture temporelle, ou au contraire séquences longues privilégiant la continuité temporelle. Sans compter le problème épineux de l'entracte.

4- De toute manière, le temps du théâtre est toujours un temps festif dont la durée psychique n'est pas celle de la quotidienneté.

B. Le moment

Le temps théâtral est aussi celui du moment de la fiction, c'est-à-dire celui de la référence «historique», il y a deux mille ans ou il y a dix ans, ou la semaine dernière. Avec cette difficulté que le théâtre (texte et représentation) ne peut pas ne pas renvoyer à un présent, celui de l'écriture et celui de la manifestation théâtrale [...].

C. Dire le temps

S'il est difficile de dire le temps au théâtre (durée et date), c'est que ni la durée, ni l'histoire ne peuvent être perçues directement: il y faut la médiation de l'espace. Les signes du temps sont nécessairement inscrits dans l'espace, à l'exception du rythme (des séquences et de la diction). Le temps théâtral dépend donc moins du texte que de la mise en scène: choix des références, choix des signes. Le metteur en scène est le maître du temps.