jeudi 25 novembre 2010

«Le personnage, c'est un rythme.»


Dans mon théâtre, généralement, on questionne parfois mon approche des personnages et, par conséquent, mon travail concret avec les acteurs... Non pas nécessairement par rejet ou refus mais par incompréhension, je dirais. Incompréhension de mon peu de recours à la psychologie, au peu d'exploration, à la table, du texte choisi.

Pour moi, le personnage n'est pas une entité, un revivre (ou sur-vivre?) de l'acteur... Ce n'est pas un vêtement dans lequel il est demandé à ce-dernier de se fondre, ou de porter. Non. Pour moi, le personnage est une forme, un mouvement dans l'espace (un geste et une dynamique), un porte-voix (avec un ton, une diction, un rythme)... et dans l'interstice de ces notions apparaît sa vérité scénique (que je cherche...). Voilà peut-être la source de mon travail de corps à corps (presque dans le sens littéral de l'expression!) avec le comédien.

Dans la même veine, voici une réponse de Bob Wilson (metteur en scène emblématique de l'Amérique) à Josette Féral, théoricienne de son état (et professeure à l'UQAM), dans l'ouvrage de cette dernière, Mise en scène et jeu de l'acteur - le corps en scène:

La construction de la plupart des pièces de théâtre repose en grande partie sur les personnages. La notion de personnage est-elle importante quand vous travaillez avec des acteurs ou pensez-vous que c'est un handicap pour le type de travail formaliste que vous faites?

Bien sûr que les personnages sont de la plus haute importance. En tant que metteur en scène, j'aide l'acteur à donner forme à son personnage. Un personnage, c'est un rythme, certainement. La psychologie ne m'intéresse pas. Ça ne fait que limiter le travail que l'on essaie de faire. Faire Shakespeare de manière psychologique élimine d'autres idées parce qu'on attire toute l'attention sur le sens. Je trouve que ça ne mène nulle part d'essayer de comprendre une situation d'un point de vue psychologique parce que c'est s'imposer des limites.

C'est un beau glissement sémantique que de passer du personnage-histoire au personnage-rythme... Je trouve.