jeudi 7 octobre 2010

Le théâtre, vivante chair de ma chair...

Petit détour, en ce matin automnal, par l'imposant recueil d'Odette Aslan, L'art du théâtre, pour y lire une définition morale du théâtre... écrite vers 1777-1785 par Johann-Wolfgang von Goethe dans La vocation théâtrale de Wilheim Meister:

Johann-Wolfgang von Goethe par Eugène Delacroix, 1827

Où trouve-t-on un meilleur abri contre l'ennui qu'au théâtre? Où fait-on plus agréablement connaissance? Les hommes sentent-ils jamais mieux leur fraternité que lorsque, suspendus aux lèvres d'un seul homme, ils sont enlevés, emportés par un sentiment commun? Qu'est-ce qu'un tableau, des statues, en comparaison de cette vivante chair de ma chair, de cet autre moi-même qui souffre, jouit et fait vibrer chacun de mes nerfs en sympathie avec les siens? Et où peut-on présumer qu'il se cache plus de vertu? Chez le bourgeois timoré qui amasse de quoi manger par un commerce sordide et répugnant, ou chez celui dont l'art, qui lui donne le pain, alimente en même temps les sentiments les plus nobles, les plus élevés que les hommes soient capables de concevoir, qui étudie et représente chaque jour la vertu et le vice dans leur nudité, et qui doit sentir la beauté et la laideur dans toute leur force avant de pouvoir les communiquer aux autres hommes avec une force équivalente?

D'icônes et d'espaces... (PARUTION VOIR 7-10-2010)

4ième icône, Catwalk sept voix pour sept voiles, présentée lors d’un laboratoire en 2009
Photographie: Annie Perron


Alors que sa carrière de comédienne est sur une bonne lancée (on se souviendra de ses rôles dans Parents et amis sont invités à y assister au CRI en 2008 et dans Charles et Berthin à La Rubrique en 2010), Josée Laporte, avec toute son intensité, poursuit au même moment des études universitaires de second cycle.

«Je souhaite définir une pratique de mise en espace du théâtre contemporain en mettant en place un certain nombre de concepts-clés: interdisciplinarité, théâtre performatif, théâtre du dispositif» dit celle qui entreprend, ces jours-ci, la dernière étape de son parcours. Filles de guerres lasses marque du coup un jalon important dans une démarche artistique construite également autour de l’altérité, du rapport à l’autre et s’apprête à aller à la rencontre d’un élément essentiel du théâtre, le public.

Pour mener à bien cet ultime projet, Laporte, récipiendaire d’une bourse du CÉLAT, a arrêté son choix sur cet opus de Dominik Parenteau-Lebeuf, auteure au féminisme engagé, composé, en réalité, de 4 icônes (désignation justifiée ainsi en préface : «Dans l’église de rite chrétien oriental, peinture sur bois. Ici, dans le monde occidental, fille peinturée dans un coin jusqu’à nouvel ordre») autonomes, chacune portant sur un aspect de la féminité. Le ton est donné. Mais qu’on se rassure, le tout, loin du manifeste, demeure léger et accessible.

Une quarantaine de collaborateurs ont été réunis pour ce projet, dont Janine Fortin au son, Hélène Soucy aux costumes et Chantale Boulianne comme plasticienne.

D’un espace à l’autre

Conçu et réalisé sous forme de déambulatoire sis sur le territoire de l’UQAC, Filles de guerres lasses propose donc 4 dispositifs distincts en 4 endroits choisis et promet aux spectateurs une expérience particulière : «C’est un processus à lequel j’ai envie de convier le spectateur… un processus dans des places ludiques et critiques tout à la fois. Cette formule me permet de mettre en place une succession d’événements éphémères qui créent, en bout de compte, à cause de ces espaces autres, de nouveaux rapports au temps et au théâtre.»

Pour les intéressés, il faut réserver en téléphonant au (418)548-0297 et se rendre, le soir indiqué, à 20h, à l’entrée du Pavillon des arts de l’UQAC, vêtu en conséquence et armé d’une lampe de poche! Fiche technique : 9, 10, 11 octobre 2010, 20h, entrée du Pavillon des arts de l’UQAC