vendredi 17 septembre 2010

D'autres ManiganSes... 7


Oz - Théâtre enchanté de la compagnie Vox Théâtre (Ontario)

C'est à une illustration pure et simple du Magicien d'OZ de L. Frank Baum que nous convient les deux principaux interprètes Marie-Thé Morin et Pier Rodier. Une adaptation scénique... disons de base, s'adressant à des enfants de 5 ans et plus.

Dès le départ, le contexte est établi: ce sera un spectacle musical sur les pérégrinations de la Dorothée du conte à la recherche d'un moyen de retourner à son Kansas originel après une tornade qui l'a déracinée et transportée dans ce pays imaginaire. Et rapidement, elle prendra la route (et la laissera que peu de temps!!!) pour rejoindre celui qui sait tout, du moins, en apparence, le Magicien d'Oz. Les chansons viendront donc ponctuer (et souvent) cette histoire un peu longuette... Des chansons bien faites et bien rendues. De bien belles voix.

Dans ce contexte, la marionnette devient vite accessoire au profit du jeu... et il faut parfois chercher sa présence. Enfin... Peu de manipulation. Des costumes, oui. Des costumes qui font offices de personnages (quand il ne sont pas porter par l'acolyte de la comédienne). Mais de la manipulation? Peu. Très peu.

La mise en scène (si on enlève le talent des deux comédiens et leur engagement dans ce qu'ils font) est minimaliste si on considère que pendant trois quart d'heure, Dorothée fait mine de marcher, figurant son voyage, dans un espace de deux pieds par deux pieds. Peut-être est-ce une sous-exploitation de l'interprète qui semble capable de beaucoup plus et qui soutien et joue de belle façon ce rôle. Touchante.

Pourtant, encore une fois, ce qui me dérange le plus dans ce spectacle (et dans les spectacles jeunes public en général) est la nécessité d'avoir et d'inculquer une morale positive aux jeunes spectateurs, programme pédagogique oblige. Faut dire que l'histoire originelle est une fable plutôt appuyée sur le principe du «ensemble, tout est possible» et du «il faut dépasser nos premières limites pour vraiment découvrir qui nous sommes». Le cercle est vicieux.

Ce qui semble être, jusqu'ici, une opinion négative n'en est pas réellement une... Car de beaux moments m'ont fait sourire (et même rires), notamment quand surgit la vilaine sorcière... et l'important, je le concède, est que les enfants passent un bon moment, et je crois que, cet après-midi, c'est ce qui est arrivé.

D'autre Maniganses... 6


Beastie Queen présenté par le collectif aïe aïe aïe (France).

Petit théâtre de l'UQAC. Il fait froid. En entrant dans la salle, presque rien, sinon un réfrigérateur rose couché sur une femme qui, au sortir de dessous celui-ci, semble être un archétype de la princesse des contes de fées... mais rapidement, son caractère surgit et son ambition s'affirme: s'évader de ce château, devenir la pire des crapules en écrasant tout sur son passage, revenir prendre la couronne paternelle et régner en despote. La table est mise, c'est le cas de le dire, pour une odyssée méchante, pour rire de l'égoïsme, de la mort, de la violence et de tous les trucs qui énervent sans pouvoir s'en débarrasser.

L'anti-conte de fées

Le jeu de la comédienne (Charlotte Blin) est magnifique de désinvolture et de coquinerie devant le mal et d'une précision terriblement efficace notamment dans les scène de bagarre chorégraphiées à la manière des superhéros... L'humour, cette arme à deux tranchants, y est manipulé allégrement.

Pour l'accompagner sur scène, une multitude de personnages principalement incarnés par de la nourriture et des petits gobelets qui savent produire le rire. Ceux-ci deviennent vite que prétexte à la destruction... et d'un décor minimaliste (composé du frigo mentionné plus haut, de colonnes de son et de nombreuses marques blanches au sol), on passe rapidement à une succession de minuscules décors fantaisistes culinaires qui laissent, au fil de la représentation, un amas de miettes, de liquides et de textures de toute sorte sur le plancher.

Le ton est grinçant et parfois jouissif.

Par contre, le texte, bien que construit avec de multiples ruptures de ton amusantes, souffre malheureusement de longueurs...

Peut-être est-ce dû au fait qu'il n'y a pas ou peu de montée dramatique, qu'il n'y a pas ou peu d'avancement, le principe de détruire les méchants et finalement tout ce qui bouge devenant, à la longue, un peu redondant... Peut-être est-ce dû aussi en partie aux morales servies ponctuellement en cours de représentation qui vient, à la fin, nous faire poser une question un peu lancinant: pourquoi tout ça? Faut dire aussi que le propos se perd parfois un peu dans les gadgets...

Par ailleurs, tout au cours du spectacle, le texte explicite souvent ce qui se passe, ce qui va se passer... comme s'il y avait un manque de confiance: le spectateur comprendra-t-il ce que je fais, ce que je veux faire? Peut-être aurait-il avantage, parfois, à laisser la place à la scène qui se suffit parfois.

N'empêche que cette orgie de nourriture, ce désastre gastronomique, cette haine viscérale et complètement déjantée m'a tout de même plu.

Pour en savoir plus, voici le site web du collectif: www.aieaieaie.fr (le lien renvoie directement sur la page de ce spectacle).