samedi 8 mai 2010

Feydeau expliqué par Feydeau...

Bon. Je ne cacherai pas ma fascination pour le vaudeville et le théâtre de boulevard français. J'aime cette mécanique à coup de verbe et de rythme. J'aime ces quiproquos basés sur une construction vive et précise. Ces scènes rapides et nerveuses qui se mettent en marche et qui demandent à être soutenus par des interprètes solides et expérimentés.

Je songe sérieusement, depuis quelques semaines, à programmer un Feydeau comme prochain théâtre d'été du Théâtre 100 Masques. Lequel? Je ne sais pas trop encore. Feydeau est (avec Labiche et Courteline) le porte-étendard du genre. Au fil de mes lectures, (Gens de théâtre que j'ai connu, par Michel George-Michel, 1944) je trouve ce petit discours de Feydeau lui-même portant sur sa méthode de travail:


Je pars toujours de la vraisemblance. Un fait - à trouver! - vient bouleverser l'ordre de marche des événements naturels tels qu'ils auraient dû se dérouler logiquement. J'amplifie l'incident. Si vous comparez la construction d'une pièce de théâtre à une pyramide, on ne doit pas partir de la base pour aboutir au sommet, comme on a fait jusqu'ici. Moi, je retourne la pyramide: je pars de la pointe et j'élargis le débat. Les fameux «mots» doivent venir naturellement... Mort d'avance, le dramaturge qui fait une scène pour aboutir à un mot. Et mort d'avance ce mot. Les personnages doivent être extraordinaires, du moins, dans leur caractère. Eh bien! quand j'ai un premier rôle qui pourrait paraître invraisemblable, je prends soin de lui donner pour compagnon un personnage secondaire, mais qui, dans la même ligne, est plus invraisemblable encore et, par opposition, fait paraître le premier presque logique. Mais je ne l'emploie que dans les scènes intermédiaires, laissant aller mon personnage jusqu'à l'extrême, lorsque le rire est déchaîné ou doit l'être...

Fameux.