mercredi 21 avril 2010

De quelques considérations sur la douleur du metteur en scène devant son propre spectacle...

Je l'ai déjà dit, quelle que soit ma satisfaction à l'égard de ma production (peu importe laquelle), j'ai toujours de la difficulté à me laisser aller au rôle de spectateur sans vouloir fondre dans le plancher. La douleur est intense. La douleur de vouloir mieux. La douleur de savoir mieux.

Et le doute... Car oui, quand son propre regard passe soudainement par celui des autres spectateurs, le doute s'installe. Et si... Et si...

C'est avec ces quelques pensées que je me suis couché hier soir avec, dans les mains, un recueil de citations de Vsevolod Meyerhold (surprise!) et, comme souvent dans ce type de situation, une phrase - enfin un paragraphe... - m'attire:


La vie de tout artiste authentique (bon... le titre est pompeux mais la suite me plaît bien) est celle d'un homme constamment déchiré par l'insatisfaction de soi. Seuls les amateurs sont toujours contents d'eux et ne sont tourmentés par rien. Un maître, au contraire, est toujours sévère à son propre égard. L'autosatisfaction et l'infatuation ne sont pas dans ses habitudes. Ordinairement, quand un artiste semble satisfait et sûr de lui, ce n'est qu'une attitude d'autodéfense, un blindage artificiel pour se protéger des contacts blessants. [...] La vie d'un artiste authentique, c'est une exultation d'un jour, ce jour où sur la toile il pose la dernière touche, et une immense souffrance de tous les autres jours, quand l'artiste ne voit plus que ses fautes.

Voilà. C'est tout.