jeudi 18 février 2010

Deux poids, deux mesures

«Pour moi, c'est le couronnement des efforts consentis
depuis la fusion afin de favoriser le développement culturel.
Je sais que presque tous les organismes présents ici
ont connu des moments difficiles.
Or, à chaque fois, la ville a été là.»

M.Jean Tremblay, lors du lancement de la programmation
de Saguenay Capitale Culturelle
cité dans article du Quotidien publié le 3 février 2010

Cette citation tranche pourtant avec quelques événements récents... dont le désengagement volontaire de la Ville dans le soutien à la Société Historique du Saguenay (je cite de nouveau le maire, dans la Quotidien du 9 février de la même année: «Il faut comprendre que je n'ai pas dit non à une aide financière. Mais il ne faut pas non plus croire que c'Est toujours à la ville de sauver les organismes en difficulté») et dans l'abandon total de la Coopérative de développement culturel de Chicoutimi (au sujet de laquelle le maire dit que jamais la ville n'injectera de nouveaux fonds) au profit d'une municipalisation de la diffusion au Saguenay...

Inutile de revenir sur les nombreux dossiers qui ébranlent le précaire milieu culturel (salle de spectacle, musée régional, Opéra, discours et propos controversés) sinon pour y ajouter que plus ça va, et plus le malaise culturel devient perceptible... et s'étend...

Et le bras de fer s'amplifie... et le climat général se dégrade...

«Aux arts compagnons!!!»

«S.V.P. venez en grand nombre, j'ai besoin de toutes vos idées! AUX ARTS COMPAGNONS!!!»

C'est par ces mots que Patrice Leblanc invite tous ceux intéressés par la question de l'avenir de la Coopérative de développement culturel de Chicoutimi mieux connue sous le nom de Théâtre du Saguenay à le rejoindre, ce samedi-ci, 20 février 2010, à 13h, à la salle 1 du Centre des Arts et de la culture de Chicoutimi pour mettre en place une action concertée afin de manifester une opposition à la municipalisation imminente de la diffusion majeure au Saguenay... (Pour ma part, je n'y serai pas, étant à Roberval...)

Quelle forme prendra cette manifestation? Toutes les idées sont les bienvenues.


La Douzième Bataille d'Isonzo... ou quand le sexe devient une abstraction


Je sors à l'instant même (bon.. c'était hier...) du projet de fin d'études théâtrales de Carolyne Gauthier mis en scène par Erika Brisson, La douzième bataille d'Isonzo du catastrophique Howard Barker.

La quatrième de couverture de cette pièce - publiée aux Éditions Théâtrales - la résume ainsi: Tenna, une jeune fille de dix-sept ans et Isonzo, un très vieil homme au bord du tombeau, viennent de se marier. Leur union, renforcée par leur cécité supposée est mise en jeu dans un dialogue saccadé, plein de poésie brutale et d’érotisme. Les deux époux attisent l'atmosphère torride de cette Douzième Bataille d’Isonzo, quête d’amour absolu entre premier baiser et baiser de la mort.

Un Barker dense et poétique...

Le parti pris des deux créatrices place cette production dans un lieu vidé de tout référent... de même que de la présence masculine dont il ne reste que la voix grave et précise de Richard Desgagné qu'accompagnent trois projections d'infographies. Un lieu blanc cerné par des immenses panneaux de tissus agités au centre duquel flotte un cerceau servant d'appui à la comédienne elle-même blanchie. Une disparition dans l'espace? Peut-être. Tout au moins une présence fantômatique.

Bien qu'à la longue ce spectacle devient quelque peu languissant (l'abstraction recherchée devenant un peu lourde pour un tel monologue qui aligne, par ailleurs, les images dans une langue crue et percutante), la comédienne fait preuve d'assurance et d'un engagement à saluer. La mise en scène, assez simple (si je ne m'abuse, il s'agit là de la première véritable mise en scène de Mademoiseille Brisson... et on y reconnaît ses préoccupations artistiques...), axée prcincipalement sur la voix et le corps, ne lui fait pourtant pas de cadeau. Aucun appui extérieur (outre la bande sonore) ne peut la soutenir ou dynamiser son jeu. Elle ne peut compter que sur elle. Un petit morceau de bravoure pour une jeune comédienne...

Bien sûr, peut-être quelques éléments pourraient être revus, resserrés, ajustés: le ton, le rythme, le déploiement dans l'espace... mais il s'agit là, à mon sens, d'un travail dénotant une grande rigueur et de véritables choix esthétiques. La seule réserve que j'oserais réellement émettre questionnerait la contextualisation (et je reviens, en quelques sortes, à l'abstraction de tout à l'heure): quel est le contexte d'énonciation? qu'est-ce qui se passe exactement sur cette scène? et enfin, que veut-on nous dire?

Un projet à voir pour en discuter!