samedi 23 janvier 2010

La Défonce [Carnet de notes]

Forêt de nuit, par Manu Larcenet

J'entreprends, aujourd'hui, la seconde fin de semaine intensive de répétitions au Théâtre Mic Mac de Roberval. Deux jours de travail sur cette matière plutôt riche qu'est La Défonce de Chevarie.

Cette pièce, comme je l'ai déjà mentionné, est éclatée: temporalité aléatoire (du présent au passé au futur); par la même occasion, linéarité brisée; modes de narration divergents selon les tableaux... dialogues mais aussi (et surtout!) monologues, qu'ils soient monolithiques et fragmentés, faisant appel au récit, à la description.

C'est d'ailleurs autour de ce dernier point que se concentre notre principal travail.

Je m'explique...

Pour faire une histoire courte, cette pièce tourne autour d'une virée de trois jeunes têtes brûlées qui se termine (désolé de la brutalité de mes mots...) par le viol et le meurtre d'une jeune fille... De la haine, de la rage, de la vengeance. Et pourtant - et là réside l'intérêt dramaturgique de ce texte - ce drame n'est pas le centre de cette production. Bien qu'omniprésent et catalyseur, il laisse la place au véritable pivot dramatique qu'est, du coup, la rétrospection (élément assez caractéristique de la dramaturgie contemporaine). La cruauté émane non pas dans ce qui se passe (ou plutôt s'est passé...) mais principalement de cette lucidité qui suinte des personnages, de cette lucidité qui nomme l'innommable et tente, tant bien que mal, de le justifier. Le tout dans un style cru, direct, percutant. Un jeu où le personnage devient, pour lui-même, et la proie et le prédateur.

C'est là un des obstacles de cette production... Car j'imagine qu'il est tentant, pour un comédien, de se laisser aller à la situation en place (dans ce cas-ci, le viol et le meurtre... déjà terminés dès les premiers échanges), de se laisser porter par l'émotion du texte. De ce fait, explorer avec eux la lucidité et la froideur cruel des mots devient le défi. Il faudra constamment le rappeler...

La pièce n'est pas le drame. Le drame n'est pas la pièce. C'est donc un théâtre de la révélation.

Je quitte...