vendredi 4 décembre 2009

Pour une définition du metteur en scène...


Après quelques jours de billets de production, je retourne à mon recueil favori, L'Art du Théâtre d'Odette Aslan, et y trouve une fort belle description du travail du metteur en scène. Elle est de Morvan-Lebesque (1911-1970), journaliste, essayiste, critique, auteur dramatique:

Avoir quelque chose à dire

Que demande-t-on à un metteur en scène? Beaucoup de choses, certes: la connaissance parfaite du métier, la capacité de se faire entendre des comédiens, du goût, de l'imagination, du style - sans oublier le «déchiffrage de la partition», c'est-à-dire la compréhension intime de l'oeuvre qu'il doit servir. Tout cela - qui est déjà énorme - ne constitue qu'une branche du travail de l'animateur. Celui-ci doit en outre posséder ce que j'appelerais une «doctrine», c'est-à-dire la vision précise du théâtre qu'il veut faire, de la place que ce théâtre doit tenir dans l'art dramatique et dans son temps, des rapports que ce théâtre aura avec les hommes de ce siècle, du public auquel il s'adressera, voire qu'il refusera.
[...] L'animateur digne de ce nom doit avoir non seulement un style esthétique, mais un style de vie. Il doit être à la fois critique, inventeur, réalisateur, administrateur et même homme d'affaires.

[...] Vous rêvez, dites-vous, de faire du théâtre? Eh bien, cessez d'abord de rêver. Demandez-vous: Qui suis-je? Ai-je des choses à dire, et quelles sont ces choses? Ma venue au théâtre lui est-elle indispensable et dans vingt ans dira-t-on de moi: «il fut nécessaire au théâtre», ou bien: «il aurait pu tout aussi bien ne pas exister». En bref, au lieu de penser au théâtre, pensez d'abord à vous. Et si vraiment vous sentez en vous ces «choses à dire», alors, interrogez-vous sur vos moyens.

Voilà.