mercredi 13 mai 2009

Décès de Roger Planchon

Roger Planchon

Un autre grand nom du théâtre européen disparaît...
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L'homme de théâtre Roger Planchon, décédé mardi soir des suites d'une crise cardiaque à l'âge de 77 ans, était une «figure fondatrice» de la vie culturelle française, selon les mots de Christine Albanel. Il avait «fait du théâtre un lieu populaire», a rappelé Nicolas Sarkozy dans son hommage.

L'information avait été donnée mardi soir par le site internet du Figaro. Dans un communiqué diffusé mercredi par l'Élysée, le chef de l'État souligne que Roger Planchon «est mort dans l'action, comme tant de grands créateurs talentueux et passionnés qui ne cessent jamais de produire, qui ont toujours des idées à apporter, des projets à nourrir, des oeuvres à partager».

«Pendant plus d'un demi siècle, Roger Planchon a arpenté les planches, tour à tour comédien, metteur en scène, directeur de théâtre et de studios de cinéma, réalisateur, producteur».

«Que ce soit au théâtre de la Comédie ou au théâtre national populaire de Villeurbanne, devenu une institution majeure de notre vie culturelle, il a fait du théâtre un lieu populaire, accessible, actuel, un lieu de vie poétique et politique, ignorant les frontières artificielles que certains posent entre les classiques et les modernes, exhumant toujours l'intemporel, l'universel niché au coeur des textes», souligne le président.

«Avec Roger Planchon, disparaît une figure fondatrice de notre vie culturelle», souligne de son côté Mme Albanel. Pour la ministre de la Culture, le metteur en scène et comédien, «a consacré sa vie à l'aventure du théâtre, revisitant avec audace et subtilité les grands classiques du répertoire et explorant les frontières de la création contemporaine». «Pionnier de la décentralisation théâtrale, il incarnait à lui seul le grand rêve malrucien de l'art pour tous, défendant sans relâche son idéal d'une scène publique à la fois populaire et exigeante», écrit-elle dans un communiqué.

Né le 12 septembre 1931 à Saint-Chamond (Loire), Roger Planchon avait fondé en 1957 le Théâtre de la Cité à Villeurbanne, devenu le Théâtre national populaire en 1972, dont Patrice Chéreau et Robert Gilbert étaient les codirecteurs à ses côtés.

Roger Planchon «aura toujours cru aux pouvoirs merveilleux du théâtre et nous les aura fait partager», lui rend hommage Patrice Chéreau dans Le Monde daté de jeudi. «Il m'a aidé, toujours, curieux de mes premiers spectacles», se souvient-il, «toujours sur la brèche, capable aussi de malmener les politiques, les ministres successifs, qui le redoutaient, terrible manoeuvrier qui défendait bec et ongles le service public, dont il va bientôt ne plus rien rester». «Un honnête homme, fou de politique et de théâtre», résume le metteur en scène.

Jusqu'au mois d'avril dernier, Roger Planchon était encore sur la scène du Théâtre Silvia-Monfort à Paris, pour jouer la pièce d'Eugène Ionesco Amédée ou comment s'en débarrasser avec sa femme, la comédienne Colette Dompiétrini, dont il assurait également la mise en scène.

Roger Planchon était notamment l'auteur de pièces telles que Bleus, blancs, rouges ou les libertins (1967) ou Gilles de Rais, L'Infâme (1975). Il avait publié ses mémoires en 2004. Au cinéma, il avait adapté Georges Dandin (1987) d'après la pièce de Molière, et réalisé Louis enfant-roi (1992) et Lautrec (1997).

Rideau!

(titre?), René Magritte, 1960

L'une des traditions théâtrales qui n'a su, à mon sens, traverser le (post-)modernisme est le fameux rideau de scène rouge ou noir (du moins, foncé), qui sacralise, en quelques sortes, l'espace qu'il recouvre: Le rideau d'avant-scène est le lieu symbolique du rite théâtral, de la séparation, du passage entre réalité et représentation. Il est la matérialisation d'un passage, d'une frontière. Signe interposé entre le public et la scène, le rideau est à la fois une présence allusive et réelle, il s'offre au regard pour lui-même et, en même temps, oriente le regard du spectateur vers ce qu'il dissimule. [...] À la différence des autres rideaux dont la fonction première est de cacher, de protéger (du frois, des regards, de la lumière), le rideau d'avant-scène est ambivalent: il ferme, il cache, mais il s'ouvre et découvre. «Il est séduisant comme le péché», dit Barrault. (A. Surgers in Dictionnaire encyclopédique du théâtre de Michel Corvin)

Telle une paupière qui s'ouvre et se ferme, il impose un avant et un après représentation. Une découverte... Une surprise... Bien qu'il reste encore des théâtres qui l'utilisent, sa disparition est de plus en plus consommée.

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Avant que de ne terminer sur ce sujet et pour approfondir nos connaissances en matière de rideaux, voici les différentes appelations et descriptions des «ouvertures et fermetures», tirées de l'ouvrage mentionné un peu plus haut:

Dans l'ouverture à l'allemande, le rideau se lève verticalement. [...] L'ouverture à la grecque est également simple et directe: le rideau s'ouvre par le milieu et glisse vers chaque côté à cour et jardin, équipé sur une patience. [Dans] l'ouverture à l'italienne [...] le rideau s'ouvre par le milieu. Les deux moitiés sont relevées en diagonale par un fil passant au travers d'une série d'anneaux cousus au revers, formant une ligne légèrement courbe. Ainsi retroussé, le rideau compose un large drapé symétrique en accent circonflexe, avec des pans tombants. Il reste fortement présent dans la partie haute du cadre. L'ouverture à la française combine les procédés italien et allemant, alliant l'élégance d'un mouvement décomposé avec grâce et l'efficacité quasi total du rideau appuyé au cintre.