jeudi 12 mars 2009

Paresse intellectuelle


J'aime bien tout ce que Jules Renard écrit... C'est fait avec tant d'ironie, voire de cynisme! Il dépeint de façon brève et concise les travers humains... dont ceux des spectateurs:

L'amusant, au théâtre,

c'est de sortir aux entractes,
de saluer, de serrer des mains,
d'entendre des opinions
et de s'en faire une moyenne,
avec tous les extrêmes,
sans effort, sur la pièce.

Jules Renard
Extrait de son Journal 1893 - 1898

Euh


L'UQAC a produit - et cela peut se vérifier facilement sur le terrain (!) - une quantité remarquable de praticiens de la culture au cours des années passées. C'est un fait.

L'interdisciplinarité du BIA était une force reconnue et l'étudiant pouvait y cheminer, construisant une base disciplinaire relativement solide tout en l'enrichissant de pratiques autres. De plus, il lui était impensable de ne pas assister aux différents événements qui se passaient dans le milieu professionnel.

Où s'en va alors ce programme?

L'interdisciplinarité (qu'on pourrait qualifier plutôt de multidisciplinarité... pauvre, par ailleurs, devant l'affaiblissement du corpus disciplinaire) se mue plutôt en vaste laboratoire expérimental où les bases, le conventionnel, l'histoire en quelques sortes, n'ont plus de prises et disparaissent pour faire place à la recherche de la recherche. Bon. Peut-être est-ce un signe d'évolution... Tout change, après tout.

N'empêche que le problème majeur reste le même - dont j'ai déjà parlé ici: l'absence des étudiants lors des événements non académiques (obligatoires, devrais-je ajouter). Hors de l'UQAC, point de salut serait-on tenté de dire. Toujours trop peu de temps, trop de priorités. Ce qui se fait hors les murs ne cadre plus avec les intérêts de ces jeunes artistes qui sont pourtant la relève qui pointe. Le BIA (et ses professeurs!) ne sait plus faire (ou pire, ne fait tout simplement pas) le travail de conciliation entre les deux mondes... tâche qui lui incombait, à une époque... ou s'en fout tout simplement. Rendement oblige. Nous n'y avons plus accès...

D'une part, on chiâle que l'UQAC ne supporte pas ses créatures (si je puis m'exprimer de la sorte) et ne remplit pas sa tâche d'éduquer culturellement (alors qu'elle aurait tous les outils) les publics différents qu'elle renferme... D'autre part, elle ne réussit même plus - dans son propre programme artistique! - à former ce public qui devrait fondamentalement être déjà sensible...

Et dire qu'on se targue d'avoir un milieu bouillonnant et dynamique... Bon. D'accord. Peut-être. Mais il commence à y avoir sérieusement de l'eau dans le gaz. Lequel des deux mondes bougera le premier?