mardi 9 décembre 2008

De l'autre côté du grotesque et de l'émerveillement...


La Mariée Cadavérique, de Tim Burton
(qui est, en fait, L'étrange Noël de Mr. Jack!)
dont le néo-gothisme se rapproche beaucoup de cette notion

Je me suis toujours targué de privilégier, dans mon travail, le grotesque - cette présence forcée et stimulante des contraires, cette distorsion, cette tension provoquée par leurs côtoiement qui offrent une vision dégradée de l'être humain (Dictionnaire des Trésors de la langue française) - pour provoquer le spectateur....

De son côté, Émilie Gilbert-Gagnon s'inscrit, avec sa dernière production, Beauté Mécanique, dans une recherche assez semblable (du moins circonstancielle) axée, selon ses dires, sur l'émerveillement...

Voici alors, qu'au hasard d'une lecture innocente, je tombe sur une autre notion, parallèle et/ou complémentaire, détaillée avec brio par Anne Ubersfeld (la même du questionnaire d'un des billets précédents) dans son recueil Les termes clés de l'analyse du théâtre, le sublime:

Catégorie esthétique, désignant un sentiment dont la caractéristique est de faire sortir celui qui l'éprouve des limites habituelles de la perception du beau, pour le conduire vers la grandeur et/ou l'horreur. C'est un concept esthétique dont le théâtre fait un plus grand usage qu'on ne l'imagine. Au grammairien Longin (213-273) est attribué à tort un Traité du sublime dont paradoxalement, Boileau s'inspire. Pour Hugo (dans la Préface de Cromwell), le sublime est l'Autre du grotesque, qui a en commun avec lui le fait d'être une figure du trop, de ce qui est au-delà des barrières du raisonnable et du convenable.
Lié, comme le montre Kant, à la faculté de juger, le sublime est ce mouvement du moi percevant qui, devant ce qui excède la satisfaction de son ego, ou ce qui le viole carrément, s'élève au-dessus des contraintes pour retrouver une satisfaction et un sérennité inexplicables selon les ressorts naturels. Ainsi, c'est le dépassement des sentiments "naturels" du moi qui définit le sublime cornélien et procureune jouissance particulière.