mercredi 3 décembre 2008

La Noël de Gruntilda II [quelques notes]


La générale de La Noël de Gruntilda s'est faite devant 6 personnes... et si le spectacle a bien commencé - c'est-à-dire dans le rire, le plaisir et la magie théâtrale -, son souffle s'est éteint peu à peu pour finir sur un rythme un peu asthmatique et lancinant.

Non pas que les comédiens soient mauvais... juste que, je le redis, c'est un spectacle fragile qui exige beaucoup de ses interprètes (particulièrement d'Alexandre), dans un dialogue (et une complicité!) avec le spectateur qui ne doit pas tomber! Il ne faut pas que les personnages soient exécutés dans une bulle théâtrale... Tout dans ce spectacle - le ton, le discours, les moqueries, la mise en scène - est destiné à de gens hors scène!

Mais bon. Mauvaise générale... etc.

Cet exercice a au moins le mérite de donner un bon aperçu des failles et de écueils, des manques et des temps morts.

Donc, aujourd'hui (sans oublier hier, tout de suite après les représentations), j'ai pris beaucoup de notes (et en prends toujours!) pour apporter des correctifs et des améliorations.

Au plaisir de vous voir ce soir! Et demain! Et après-demain!

R.I.P. A.Q.T.

Ça y est... c'est consommé.

L'AQT, l'Académie Québécoise du Théâtre, fera désormais partie de l'histoire. Après quelques années de déficit, de manque à gagner, de problèmes financiers (et d'une gestion peut-être un peu lâche), cette organisation ferme les livres et cesse toutes ses activités.

Fondée en 1993, cette Académie devait - et là était sa principale mission! - promouvoir le théâtre partout au Québec... et son médium privilégié: le défunt Gala des Masques...
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Voici l'Article paru sur le site de Radio-Canada:

L'Académie québécoise du théâtre (AQT), qui organisait chaque année la soirée des Masques, doit cesser définitivement ses activités, faute de financement.

« Sans commanditaire majeur depuis deux ans, appuyée uniquement par le Conseil des arts et des lettres du Québec et sans aucun soutien de la part des autres paliers de gouvernement (on connaît l'insensibilité du fédéral en la matière), l'Académie ne peut dorénavant poursuivre son mandat », indique le communiqué de l'AQT.

La perte sera énorme pour les petites compagnies et celles qui oeuvrent en région, estime le président de l'AQT, Vincent Bilodeau, joint par téléphone. « La Licorne, grâce à des Masques, a pu faire des reprises avec un succès assuré », dit-il, ajoutant que la notoriété que procurait un Masque pouvait faire toute la différence pour une compagnie à l'occasion d'une demande de subvention.

Déjà, les gens du milieu avaient été déçus que le traditionnel gala n'ait pas lieu en 2008, car les retombées étaient beaucoup plus importantes que les cotes d'écoute, considérées faibles.

L'AQT fonctionnait avec un budget annuel de 85 000 $ depuis quatre ans et comptait sur le bénévolat des membres de son conseil d'administration, qui lui consacraient plus d'une dizaine d'heures par semaine.

Ainsi, après avoir perdu le soutien de Patrimoine canadien, la commandite de Loto-Québec, qui a préféré associer son nom à des festivals, et celle d'Esso, dont le siège social est déménagé dans l'Ouest, à des kilomètres de la culture québécoise, l'AQT ne pouvait plus réduire davantage ses dépenses. « Pas une entreprise privée ne nous arriverait à la cheville en termes de rationalisation », assure Vincent Bilodeau.

Il explique que Québec lui a demandé d'être patient, et d'attendre après les élections. Or, l'AQT fait part de ses demandes pressantes au gouvernement depuis le printemps et n'a pas pu payer sa directrice générale depuis deux mois.

Le Conseil québécois du théâtre choqué

« Les difficultés financières vécues par l'Académie illustrent les limites et le caractère aléatoire du soutien privé dans le domaine artistique, cela démontre l'importance d'un soutien financier continu par l'État, a fait valoir par communiqué le président du CQT, Martin Faucher. Ce malheureux événement est un exemple éloquent de la précarité qu'engendre l'absence d'un soutien adéquat de l'État. »

Beauté mécanique


Quelques mots brefs sur le projet d'Émilie Gilbert-Gagnon, Beauté mécanique, qui conclue brillament ses études à la Maîtrise en arts de l'UQAC.

Construit à partir de l'album du même titre de Plywood ¾, ce spectacle raconte l'histoire d'un homme qui, reclus dans son garage, se construit, au détriment de son épouse qui sombre inéluctablement vers la déchéance, une poupée duquel il tombera amoureux.

Chapeau, soit dit en passant, à Sabrina Bélanger et à Patrice Leblanc qui tiennent la note tout au long de la représentation et qui interprètent avec brio ces compositions. Une performance remarquable (dans une mise en scène efficace qui flirte toutefois, à quelques reprises, avec l'illustrativité)...

Outre la musique omniprésente (véritable personnage principal), ce qui frappe le plus, c'est l'esthétique Tim Burtonien de ce spectacle (espace et costumes), proche du grotesque... et dans laquelle je me suis bien reconnu. L'outrance du maquillage et du jeu, la surcharge des objets et leur utilisation, la présence des entités tout autour, les couleurs dominantes (noir et blanc), participent à ce néo-gothisme.

Il s'agit donc ici d'une (forte) théâtralisation d'un objet (la musique) extra-scénique...

Tous ces éléments créent-ils, pourtant, chez le spectateur, émerveillement et fascination théâtrale?
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Cette question est au centre des réflexions et des recherches de la metteure en scène et conceptrice générale.

Il serait probablement fort intéressant de pouvoir lire, pour apprécier davantage le travail, l'essai qui accompagnera cette oeuvre, de comprendre ce qu'elle veut dire par émerveillement et par fascination, et comment elle articule ces notions dans cette mise en scène, dans le dialogue scène-salle...

Car je l'avoue, je me suis posé la question, par la suite, à savoir en quoi ce spectacle peut répondre, tel qu'il est indiqué dans le programme, à un besoin d'émerveillement...