mardi 25 novembre 2008

Schéma pour une approche théorique de la performance [théâtrale]

Pour définir la performance théâtrale, Richard Schechner propose un modèle présentant quatre cercles (oups... j'ai seulement trouvé l'équivalent en boîte... et en anglais) concentriques emboîtés les uns dans les autres:

Et voici la légende reproduite textuellement telle qu'elle figure (apparemment!) en page 31 de «Performance», essai de Monsieur Schechner (et tirée, dans le cas présent, de la revue Théâtre/Public #190):

DRAME - Le cercle le plus petit, le plus intense et ardent. Comprend les textes, partitions, scénarios, directives, plans ou cartes écrites. Le drame est transposable d'un lieu ou d'un temps à un autre, indépendamment du ou des individus qui le transmettes, et qui peuvent être de simples messagers incapables de le lire et encore moins de le comprendre ou de le mettre en scène.

SCRIPT - Désigne tout ce qui est susceptible d'être transmis d'un temps et d'un lieu à un autre; les codes élémentaires d'un événement. Le script transmis d'homme à homme et le passeur est plus qu'un simple messager, il doit connaître le script et être à même de l'apprendre à d'autres, de manière consciente ou en recourant à l'empathie et à la formalisation.

THÉÂTRE - Événement représenté par un groupe particulier d'interprètes; ce que font les interprètes pendant un spectacle. Le théâtre est concret et immédiat. Habituellement, le théâtre est la manifestation ou la représentation d'un drame et/ou d'un script.

PERFORMANCE - Le cercle le plus large et le plus ouvert; désigne la constellation de tous les événements, la plupart passant inaperçus, qui se produisent parmi les interprètes et les spectateurs entre le moment où le premier spectateur entre dans l'espace de jeu (c'est-à-dire la zone où le théâtre a lieu) et celui où le dernier spectateur en sort.


Bon... d'accord... tout ceci demande un peu de réflexions... n'empêche que le principe est intéressant.

L'attente du spectateur


Ce soir, c'est la générale - dans un contexte si chaotique (principalement, nous n'avons pas la salle... donc pas d'éclairages non plus...) qu'il vaut peut-être mieux parler de dernier enchaînement! - du spectacle De l'amour et des griffes. Et dans quelques jours, ce sera celle de La Noël de Gruntilda...

Nous travaillons toujours avec, à l'esprit, la présence potentielle (et espérée!) du spectateur dans cet espace vide qui lui appartient. Il sera là. À attendre...

Anne Ubersfeld, dans Les termes clés de l'analyse du théâtre, définit ainsi cette attente: Au théâtre, comme dans les autres formes de spectacle, la réception est conditionnée par l'horizon d'attente du spectateur (Jauss), c'est-à-dire l'ensemble des codes qu'il connaît. Ce n'est pas le discours seul dont la réception est ainsi conditionnée, ce sont tous les éléments de la représentation, l'ensemble du spectaculaire. Si le spectateur s'attend à tel type de personnage, il s'attend aussi à tel type d'espace, de décor, de costumes. Il y a peu d'années, il était difficile à un enseignant, par exemple, de comprendre et de faire comprendre que l'espace de la tragédie classique n'est pas mimétique, qu'il ne représente aucun lieu dans le monde, ni corridor, ni antichambre de palais.

C'est cette attente qui déçoit ce spectateur... et contre celle-ci que les metteurs en scène tente de s'attaquer parfois...