mardi 2 septembre 2008

Textocentrisme


Pour faire suite à mon billet portant sur le texte et la scène (Entre le texte et la scène, mardi 26 août 2008), voici un petit commentaire - tout aussi instructif que clair - de Daniel Couty, auteur du magnifique ouvrage Le Théâtre, paru aux Éditions Bordas en 1996:

Le texte est un système de signes ou de pratiques signifiantes destinés à s'articuler avec un autre système de signes et de pratiques signifiantes qui est celui de la scène.

On peut donc affirmer que le rapport entre l'écriture textuelle et l'écriture scénique est un rapport de complémentarité, de concurrence ou de conflit, mais en aucun cas un rapport de soumission ou de prééminence.
C'est probablement, pour ma part, la meilleure définition écrite, la plus nette et la plus concise des synthèses sur le sujet.
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Par ailleurs, si un metteur en scène peut se permettre de faire abstraction des indications scéniques et autres disdascalies (toutes émanant de l'auteur), pourquoi ne pourrait-il pas avoir le même type de relation libre avec le corps dialogique?

Un grand metteur en scène - dont j'oublie malheureusement le nom! - répondait ainsi à un journaliste le questionnant sur sa relation à l'auteur: "Je ne joue pas un texte; je joue avec le texte."

Personnellement (et je parle ici en tant que praticien qui écrit), je considère le texte comme un élément scénique parmi d'autres (déhiérarchisation) qui offre, à l'instar de ceux-ci, la possibilité d'être, au besoin, exploré, retravaillé et repensé. C'est, je crois, le priver de son potentiel créateur que de l'enfermer, de le circonscrire obstinément dans cadre fixe posé par l'auteur.

En attendant d'autres coupures...

Rappel

Important rassemblement contre les coupures budgétaires en culture du gouvernement Harper
À Québec, le mercredi 3 septembre à 11h à la Place Royale.

Pour la région du Saguenay - Lac-Saint-Jean
Un autobus nolisé partira du bureau du CRC de Saguenay
(situé au 194 rue Price Ouest, Chicoutimi)
À 8h00 (Le départ de Québec est prévu pour 15h)
Gratuit. Les place sont limitées, premier arrivé, premier servi


Réservations nécessaires auprès de Catherine Doucet
à communication@crc02.qc.ca ou 418 543-5941 poste 232
au plus tard le
mardi 2 septembre 11h .

L’invitation est lancée par le Mouvement pour les arts et les lettres et le Conseil régional de la culture à tous les artistes, artisans et travailleurs culturels et amis des arts et de la culture du Québec .

Apportez vos affiches, instruments de musique, costumes, macarons…. Identifiez-vous!

Un pavé dans la mare

La Duse, par Repin, 1891

J'ai déjà parlé, dans un autre temps et un autre lieu, de la Duse... considérée comme l'une des plus grandes actrices de son temps et donc, rivale de Sarah Bernhardt, à qui elle voua cependant une admiration profonde. (Wikipédia) Elle a fasciné plusieurs générations de praticiens...
Immense talent, immense orgueil... et elle pratique son art dans une période charnière de l'histoire du théâtre: l'intense période de remise en question, de recherches, de naissance de la mise en scène, entre 1876 (son premier succès) et 1923.
Peut-être est-ce les conjonctures (ou conjectures?): l'illusionisme de l'époque (le culte de la vedette théâtrale contre lequel s'est acharné le naturalisme et autre mouvement en -isme); Henrich Von Kleist son manifeste Sur les marionnettes; Edward Gordon Craig et son concept de sur-marionnette; Meyerhold et la biomécanique... Toujours est-il que le rôle de l'acteur est repensé, restructuré, discuté.
Pourtant, de tout ce que j'ai trouvé sur le sujet, le point de vue le plus radical (si on y excepte Artaud) vient de cette dame magnifique: Pour sauver le théâtre il faut le détruire; il faut que tous les comédiens et toutes les comédiennes meurent de la peste... ce sont eux qui font obstacle à l'art.
Comme radicalisme, on ne peut guère faire mieux.