mardi 26 août 2008

Entre le texte et la scène


On s'est parfois questionné sur ma relation au texte dans ma production... sur ma fidélité (ma loyauté envers cette horripilante voix de l'auteur) à celui-ci. Dans les faits, je respecte l'oeuvre de l'écrivain au plus haut point. Celui-ci n'est pourtant pas intouchable.

Lorsque vient le moment de passer à la scène, le texte devient, pour moi et pour le bien du spectacle, un matériau - essentiel... mais matériau tout de même - générateur de théâtralité. Un moteur dramatique. Plus que sa fable, son histoire, c'est à son mécanisme intrinsèque que je m'accroche... sur lequel je m'appuie. Le texte est, en quelques sortes, un espace sonore. Une partition matérielle accentuée par le propre langage du théâtre (car la mise en scène est définitivement écriture... et non simple reproduction) qui le contredit, l'appuie, le soustrait ou l'amplifie.

Il y a le texte de l'auteur. Et il y a le texte de la scène. Le spectacle devient un tressage de ces deux systèmes que je soutiens perméables l'un à l'autre.
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Dans le même ordre idée, voici un extrait du Théâtre de la Mort de Tadeusk Kantor, publié aux éditions de l'Âge d'Homme:

La réalité scénique n'est pas l'illustration du texte. Le texte dramatique ne représente pas qu'une partie du processus de la transformation totale, qui s'effectue sous les yeux des spectateurs. (p.207)

[...] Ce n'est pas à la littérature d'empiéter sur le terrain théâtral. c'est au théâtre de prendre des risques - en l'occurence, s'aventurer en dehors de sa sphère propre. Empiéter sur le domaine de la littérature.

J'attache au texte de la pièce une importance beaucoup plus grande que ceux qui prônent la fidélité au texte, qui l'analysent, qui le considèrent officiellement comme point de départ... et s'en tiennent là. Je considère le texte (bien évidemment le texte «choisi», «trouvé») comme le but final, une «maison perdue» à laquelle on revient. (p.211)