lundi 29 septembre 2008

Illusion... ?

Petit texte intéressant (bien écrit, du moins) de Louis Jouvet, tiré de la préface de la traduction de Pratica di fabricar scene e macchine ne'teatri de Nicola Sabbatini (1638) sur l'idée (parfois simpliste) du théâtre dans la tête du spectateur (et parfois même, de ses artisans). Sur l'illusion. Texte qui, finalement, pourrait se résumer à une seule question: qu'est-ce que le théâtre?

[...] Une grande toile peinte en vert, posée à plat sur la scène, et au-dessous, rampant sur le plancher, des figurants qui s'agitent, vidant des querelles personnelles à grands coups de pied au derrière, c'est la "mer et ses flots", dans l'imagination du public. Une vieille tôle rouillée qu'on secoue dans un coin de coulisse, c'est le "tonnerre"; quelques pois secs roulés au fond d'un carton à chapeau font "la pluie et l'orage", et "l'averse" s'obtient avec une poignée de papier de soie dont on frotte le revers d'un châssis.

Telle est la cuisine du théâtre pour le spectateur. Puis le rideau se baisse, des hommes se précipitent en désordre pour déménager en hâte de magnigique palais en carton et des architectures cyclopéennes encontre-plaqué; des forêts construites en filet de pêche s'élèvent dans les airs, s'enchevêtrant avec un salon Louis XV qui va servir tout à l'heure à la pièce. C'est l'idée qu'on a généralement des entr'actes, pour peu qu'on se soit imprudemment trouvé sur scène à cet instant.

Telle est l'imagination dérisoire que se fait du théâtre le public. La dérision ne s'exerce que sur le sublime ou le merveilleux, elle s'y nourrit et s'y développe mieux que partout ailleurs. Le commerce de l'illusion au théâtre suscite chez ses amateurs une constante défiance envers l'objet de leur passion et entretient une ironie contradictoire qui est nécessaire pour affiler jusqu'à l'aigu leur plaisir et développer leur sens critique. [...]

dimanche 28 septembre 2008

De l'amour et des griffes [Journal d'une mise en scène]

Coup de griffes (http://dupierris.blog.lemonde.fr/2007/11/)

De l'amour et des griffes. Tel sera le titre du prochain spectacle du Théâtre Mine de rien (théâtre amateur de l'UQAC), présenté les 27 et 28 novembre 2008 à l'Auditorium de l'UQAC, mieux connu sous le très bref P0-5000...

Alors... de l'amour, oui. Thème cher au vaudeville, on ne peut guère y échapper... mais cette fois... il s'agit d'un passage entre l'amour passé (Le Défunt) et le désir insasouvi (Les Boulingrin... revisités). Ce sentiment pour lequel les gens sont prêts à tout, au meilleur comme au pire... surtout au pire dans ce contexte... à des coups de griffes cruels et libérateurs.

Le nombre réduit de participants (5) conjugué à la courte durée des pièces (qui en tout ne devrait pas dépasser 45 minutes) permettra de plonger plus intensément et plus profondément dans ce répertoire qui recèle de véritables pièges et qui demande d'être fortement sutenu par les comédiens. Déjà le travail est entamé avec enthousiasme et plaisir...

Après l'ouverture marquée par son statisme (narration oblige, dans ce cas), place à la chorégraphie scénique, au ballet scéno-acrobatique.

Le but de cet atelier (car les mises en scène de cette troupe sont de cet ordre...) est, pour paraphraser Jean Genet, monumental auteur français de la seconde moitié du XXième siècle, non pas de les former, mais plutôt de les enflammer...

La semaine théâtrale... 8


Euh... Cette semaine, il n'y a pas vraiment d'action dans le milieu théâtral (façon de parler...) si ce n'est que le dépôt, le 1er octobre 2008, des demandes de subventions au CALQ pour le soutien à la production... et la course frénétique pour boucler celle du Conseil des Arts de Saguenay au fonctionnement pour le 6 octobre...

samedi 27 septembre 2008

Chauvinisme théâtral

On apprenait, dans La Presse, à la fin de la semaine que deux dramaturges québécois étaient finalistes (en tout, ils sont seulement cinq) pour l'obtention du prix Siminovitch.... l'un des prestigieux prix canadien dédié au théâtre. Seulement, voilà, ces deux dramaturges québécois partagent également un point en commun: les deux sont originaires du Saguenay.

L'un toujours dans la région, Daniel Danis:


Et l'autre, exilé à Montréal depuis plusieurs années, Larry Tremblay:


Bonne chance à eux.

Dialogue salle-scène...


La Noël de Gruntilda - outre le fait d'être un petit divertissement amusant à faire - fournit quelques points intéressants pour le jeu de l'acteur.

Construit comme une animation théâtrale, ce spectacle implique, de la part du comédien, un contact direct et constant avec le public. Il s'agit bel et bien d'un dialogue salle-scène. Il faut, dès l'entrée dans l'interprétation, être à l'écoute et à l'affût. Les choses géniales peuvent arriver au moment où vous ne savez plus quoi faire. C'est ça le théâtre: cette énergie qui vient d'ailleurs, d'un autre temps. Quand on sait trop ce que l'on veut faire, on ne parvient jamais à ce niveau d'intensité. (Matthias Langhoff)

De plus, il faut savoir quand sortir du cadre établi sans s'écarter du chemin, laisser ouvert le déroulement tout en gardant sur celui-ci un parfait contrôle. Il faut sentir la respiration des spectateurs, sentir le rythme et le tempo de la soirée, s'y accoler. Il ne faut rien imposer... il faut se laisser porter par la vague. C'est d'ailleurs sur ce dernier point que se concentre particulièrement la mise en scène... Les numéros deviennent des acrobaties (tant verbales que physiques) effectués sur le fil tendu de la réciprocité.

Il faut une très grande confiance en soi pour aborder ce type de jeu. La tentation est toujours forte d'appuyer chacun des jeux de mots, des blagues, des clins d'oeil pour mousser les rires... Et pourtant, plus la simplicité et la subtilité se confondent pour devenir le moteur de l'acteur, plus les effets comiques se font solides et efficaces.

Maintenant, au travail...

La Noël de Gruntilda II - La Nativité
production du Théâtre 100 Masques
4, 5 et 6 décembre 2008
Salle Marguerite-Tellier

vendredi 26 septembre 2008

En deux mots...


Bado, Le Droit

Je ne sais si je saisis bien le sens de cette caricature: les gens ne voient, du milieu culturel, que ce que nous leur montrons avec faste... Si c'est ça, elle est bien faire... Si ce n'est pas ça, elle est bien faite tout de même...

Une scène à l'italienne typique


Aux arts compagnons!

Ce soir, c'est la grande Nuit de la Culture à Saguenay... Nous sommes tous si près des arts... mais bon... passons. Voici la vidéo promotionnel de cet événement avec, comme principales vedettes, les porte-paroles officiels de cette année: Les Clowns noirs:



À cette occasion, le Théâtre 100 Masques présentera d'ailleurs un extrait de La Noël de Gruntilda (à partir d'un numéro de l'an passé) dans l'attente de la version 2008 qui s'enclenchera dès la mi-octobre... Cette présentation sera à la Salle Marguerite-Tellier, à 22h30.

jeudi 25 septembre 2008

Résonnances...


Je n'ai jamais particulièrement idôlatré le metteur en scène André Brassard... en fait, je connais fort peu le milieu théâtral montréalais... Pourtant, à la lecture de Je suis le méchant!, entretiens entre lui et Wajdi Mouawad parus chez Léméac en 2004, je dois avouer que ses propos me sont assez familiers:

Au début des répétitions, je me dis toujours que je n'aurai pas besoin de musique, que je n'aurai pas besoin d'éclairages parce que les acteurs vont être assez bons. Je crois profondément que si on répétait assez, les acteurs seraient en mesure de faire entendre la musique et de jouer sans effet de lumière, avec le focus d'énergie. [...] C'est la magie du théâtre. Ça ne tient qu'à un fil, c'est-à-dire la bonne volonté du spectateur, ce que les Anglais appellent suspension of disbelief. Quand une actrice connue entre en scène en disant: "Je suis la femme de ménage", quelqu'un pourrait très bien dire: "Ben non! Je t'ai vue à la TV hier!". C'est très fragile. [Prenons, par exemple] une tasse, même si elle ne représente pas une tasse, ça reste une tasse dans les mains du comédien. Elle a une réalité. Alors que la lumière est faite d'une autre matière. C'est moins ancré, plus volatil. Je ne sais pas exactement ce qu'elle représente.

mercredi 24 septembre 2008

Mes Mémoires minuscules... 7

Lents débuts à la recherche d'une démarche

Les mois passent et les amours aussi…

À l'hiver 2002, toujours étudiant sporadique à l'UQAC et désormais serveur au Café du Presbytère, je me suis retrouvé, par tout un concours de circonstances, à faire la mise en scène du projet de fin de bacc. de Sonia Desmeules, magnifique comédienne dramatique maintenant à Montréal. Elle s'était attaquée, en compagnie d'une camarade (Sabrina Bélanger, pour ne pas la nommer), à La Voix Humaine de Jean Cocteau, monologue dont la particularité est d'être dialogique (le drame, se passant au téléphone, suppose la présence d'un interlocuteur). À trois semaines de la première, le travail dut être repris à zéro. Nous avons alors opté pour un espace très réduit (8' X 8') avec, comme éclairage, une seule lampe fixe… les nuances se faisant au gré des déplacements du corps.

Sonia Desmeules, La Voix humaine, (UQAC 2002)
Photographie: je l'ignore complètement


Le spectacle est fort beau… dans mon souvenir. Malheureusement (ce qui n'est plus le cas... grâce à Martin Giguère), il n'y a ni images, ni captation. Dommage… Car peu à peu s'installe une vision du théâtre (importance accordée au comédien au détriment de la technique, stylisation), une façon de faire… bref, une démarche.

Les premiers soubresauts organisationnels

Au cours de cette même saison, le Théâtre 100 Masques utilisa les profits de la dernière production pour monter un petit spectacle (Les Nuits Blanches de Dostoïevski) à partir du processus organique de Jonh Strassberg. Cette mise en scène de Sophie Larouche (avec Sara Moisan et Jean-Luc Girard) a causé bien des dissension internes… les premières qui mèneraient au départ de Mélanie Potvin quelques mois plus tard et qui enclencherait une incessante mouvance au sein de la direction. Les débats y étaient vifs. Fait à noter, c'est dans cette production que j'ai fait la connaisance de Marc-André Perrier, comédien avec lequel j'ai beaucoup de plaisir à travailler.

En avril, le Conseil régional de la famille nous contacte pour que nous produisions un spectacle dans le cadre de leur événement annuel (en mai) ayant pour thème, De la place pour la famille. Il est vite décidé que j'écrirais un court texte sur les sujets abordés lors de leur colloque (conciliation travail-famille, conflit intergénérationnel, etc.). Avant sa mise en scène (par Sophie), il nous fallait tout d'abord rencontrer le CA du CRF qui, derechef, a rejeté le projet... considérant le texte trop tordu, trop théâtral et stylisé... Il n'aimait pas l'histoire du bébé flottant dans un coffre à outil ni celle un peu rocambolesque où des enfants nourrissaient goulûment leur grand-père incrusté dans un fauteuil... Bref, ce fut un rendez-vous manqué.

Mélanie Potvin, Pierre Tremblay et Martin Giguère
Les Boulingrin (TCM 2002) Mise en scène: Dario Larouche, Photo: Alexandre Nadeau


Juste avant le départ effectif de Mélanie, encore une production: Comédies et Vaudevilles… notre second théâtre d'été à Chicoutimi. Dans le projet originel, montage de trois pièces, je devais mettre en scène Mais n'te promène donc pas toute nue de Georges Feydeau, Véronique Bouchard devais, pour sa part, travailler sur Notre futur du même auteur alors que Sophie devait, elle, se pencher sur Les Boulingrin de Courteline… Comme il manquait d'acteurs pour compléter la première distribution, je fus enrôlé pour jouer dans le premier texte (tout comme le prouve cette photo)… me retrouvant, du coup, à la tête des Boulingrin (source de mon coup de foudre pour ce vaudevilliste qu'est Courteline) en lieu et place de Sophie qui serait, elle, transférée sur Mais n'te promène donc pas toute nue. Trois mises en scènes… Ce fut un été malgré tout agréable: avec les fous rires de Martin Giguère, la présence d'Annick Pedneault, la critique parue dans le Quotidien...

En parallèle, nous avions tenté de faire une exposition sur le vaudeville dans la salle dédiée à cet effet au Centre des Arts... qui ne fut pas un succès. C'était laid, vide, et un peu bric à brac...

Oui, 2002 fut somme toute un assez calme millésime...

Pendant ce temps

Cette année-là, les Têtes Heureuses présentaient Richard II de shakespeare (rôle marquant de Christian Ouellet), La Rubrique produisait La Nuit où il s'est mis à chanter, le Théâtre CRI épatait avec son Poupzée et moi, j'écrivais tout doucement des textes épars qui deviendraient éventuellement Le Chœur du pendu...

Tadeusz Kantor

Petite vidéo biographique dont le sujet (vaste comme le monde théâtral!) est Tadeusz Kantor, monstre de la mise en scène du XXième siècle... Un tour d'horizon en 8 minutes 52 secondes de ce parcours unique dans la dramaturgie contemporaine.

mardi 23 septembre 2008

Jouer?

C'est ce matin, que j'entre en scène dans La Cerisaie de Tchekhov produite par Les Têtes Heureuses... Entrée en scène à titre de comédien! D'ailleurs, je devrais apprendre mes quatre répliques au lieu d'écrire...

Je m'étais juré, naguère, de ne plus jamais affronter le public de la sorte. De ne plus monter sur les planches. De laisser ce pan théâtral de côté. Et, de fait, je ne l'ai pas refait (sérieusement) depuis 2002, lors de l'événement estival du Théâtre 100 Masques, Comédies et vaudeville (dans la pièce Mais n'te promène donc pas toute nue de Feydeau), dans lequel je tenais un rôle:

Annick Pedneault et Dario Larouche
TCM 2002 (mise en scène: Sophie Larouche)
Photographie: Alexandre Nadeau (je pense...)

J'ai toujours eu une sainte horreur de parler devant un parterre. Je n'ai jamais accroché. Je déteste et ma voix, et ma façon de bouger... sans compter l'horrible impression d'avoir l'air stupide. Un malaise profond et incontrôlable.

Et pourtant...

Depuis quelques temps, quelques mois - deux ans tout au plus! - je me prends à avoir envie de le faire. De tenter le coup à nouveau... par plaisir? Non. Par curiosité. Pour voir. Après avoir passé tant de temps à diriger des acteurs, à les mettre en scène, il me semble me manquer, pour avancer plus loin dans mon art, pour me développer, un élément central: le jeu. Connaître intimement ce que c'est (quoique j'en ai déjà une fort bonne idée...) que se donner en représentation. Apprivoiser le malaise pour le mettre à ma main. Le transmettre. Bref, savoir. La répercussion sur mes mises en scène serait, à coup sûr, profitable...

Alors, qu'est-ce que ça donnera? Je l'ignore. Mais ne vous inquiétez pas, ce n'est pas un changement de vocation. Malgré cet épanchement matinal qui peut donner des sueurs froides à tout amateur de théâtre, il ne s'agit que d'un très petit rôle... soit dit en passant...


lundi 22 septembre 2008

Et la culture...

Hervé Philippe, La Tribune

dimanche 21 septembre 2008

Qu'est-ce que la culture?


C'est désespérant de voir (de lire) à quel point la Culture est sous-estimée. Pour la plupart des gens, elle se limite aux émissions de télévisions (et ses vedettes) et aux disques... et mérite tout le mépris et le fiel qu'ils savent porter.
Il y a, bien entendu, sous le très global dénominatif, ces deux items... mais s'y retrouvent également tous les autres arts, qu'ils soient divertissements, recherches, expérimentaux, accessibles ou non.
C'est l'âme d'une collectivité, d'un peuple, d'une nation... et son moyen d'expression (pour dire ses valeurs, ses ambitions) tant sur son territoire qu'à l'international. Et pourtant, certains (beaucoup!) se lèvent pour crier jusqu'à son abolition... Une incompréhension résistante existe. Quoi faire?
Chaque argument apporté, chaque tentative pour garder le débat sur un terrain calme et posé, chaque explication se bute sur le désormais très général: "ce sont mes taxes, à moi, travailleur acharné, qui paient ces quêteux que sont les artistes, véritables sangsues de l'argent public".
Franchement, les idéaux s'envolent morceaux par morceaux et la déception s'en nourrit.

La semaine théâtrale... 6


Qu'y a-t-il de bon dans nos salles cette semaine...

Le Festival des Arts de la Marionnette entre dans sa dernière journée d'activités etpour l'occasion, ManiGanses (en co-production avec La Rubrique) présente Pépé e Stella à 14h, à la Salle Pierrette-Gaudreault... Quelques autres spectacles sont encore peut-être à l'horaire... s'agit de vérifier.

Ce vendredi-ci, le 26 septembre, c'est la Grande Nuit de la Culture à Saguenay dans les trois pôles de la ville: La Baie (Musée du Fjord), Jonquière (Mont-Jacob) et Chicoutimi (Centre des arts et de la Culture). Plusieurs organismes, plusieurs artistes, une nuit complète d'activités, transport gratuit (pour le plus grand plaisir de cette population qui aime tant la Culture). Les porte-paroles de l'événement sont les Clowns Noirs. Leur slogan: Aux arts compagnons!!! Cette année, avec les coupures, le climat anti-culture qui s'installe et les élections, cette Nuit revêt un tout autre caractère, me semble-t-il...

Et c'est tout.

samedi 20 septembre 2008

De l'amour et des griffes [Journal d'une mise en scène]

Larmes, Man Ray, 1932

Alors, comme prélude au texte Les Boulingrins de Courteline (mis en scène dans le cadre de la troisième production du Théâtre Mine de Rien), je me suis rabattu sur ce qu'il serait intéressant de nommer son héritier, tant par le ton que par le style, René de Obaldia (élu à l'Académie Française en 1999), avec la pièce Le Défunt.

Cette dernière donne la parole à deux amies qui se retrouvent dans un parc et évoquent le douloureux souvenir d'un proche défunt, Victor. Un dialogue caustique s'ensuit alors entre la veuve éplorée et l'ancienne maîtresse.

Ce prologue donnera donc le ton à la pièce suivant qui, avec l'adaptation (rendue nécessaire pour combler les personnages sans travestissement), mettra au prise d'une part un homme, pique-assiette de son état et charmeur devant l'éternel, et deux veilles filles qui se battront ses attentions. Une guerre domestique avec toute la verve du maître du vaudeville.

Les liens seront tissés en ce sens pour atteindre une tentative de fusion.

Mes objectifs, outre le fait de donner le goût du théâtre à des gens, sont de poursuivre l'apprentissage d'une maîtrise de la chorégraphie scénique, de la forme réduite et, le défi serait d'intégrer, pour une fois, la musique à ce travail.

Avec Marilyn Chamberland, Martine Chapados, Marilou Simard, Mélissa Valiquette et Nicolas Virahleguy.

Futur antérieur

Si je me fie aux petites écritures du générique d'ouverture, ce truc daterait de 1992... Voici donc une réponse (qui fout les jetons) à tous les dénigreurs de la Culture et à tous les gouvernements obscurantismes... une suite au vidéo publié un peu partout depuis hier, Culture en péril...

vendredi 19 septembre 2008

Culture en péril

Famous Puppet Death Scenes

Dans le cadre du Festival International des Arts de la Marionnettes, ManiGanses présente Famous Puppet Death Scenes de The Old Trout Puppet Workshop au Petit Théâtre de l'UQAC, ce soir et demain à 20h30.

Ce spectacle est composé d'une multitude de petites scènes présentant des marionnettes qui subissent les assauts incessants de la Mort... ou des morts. Spectacle funèbre... après tout, nous somme tous entrain de mourir un peu, non?

Suicide, cannibalisme, meurtre, maladie, décapitation, écrapouttissage et autres sorties sont mis en scène sur les modes humoristique, réaliste, absurde, furturiste, poétique. Un ensemble percutant qui libère l'esprit des idées noires qui pourraient s'y glisser.

Une telle succession de tableaux souffre toutefois de faiblesses... dont la lourdeur technique et le manque de clarté (peut-être langue oblige!) de la ligne de ce (long) spectacle... N'empêche que les trouvailles y sont légions: comme ce zoom in illustré par un livre objet; ce naufrage dans une valise; ce papillon suceur agrandi à la loupe. Ce travail dénote un immense souci du détail. Chacun des tableaux tenant à l'intérieur du castelet vaut le détour pour la qualité esthétique... de véritables petits studios de cinéma. Qu'il s'agisse de l'homme-tronc qui pend ses jambes au grand dam de sa famille, de l'enfant perdu dans une ruelle qui révélera une bête, du vieillard qui se fond littéralement au paysage ou de l'homme qui s'envole dans l'espace (le vidéo - avec les défauts de toute captation - ci bas...)... toutes ces séquences marque le professionnalisme (tant comme manipulateurs que comme concepteurs) de ce collectif albertain.

Du grotesque bien maîtrisé: la mort côtoie la vie alors que l'horreur se frotte au rire. Certains ont évoqué, dans les couloirs post-représentation, une familiarité avec l'univers des Monty Python... avec les mécanismes grand-guignolesque (dont je faisais mention dans ce billet)... et d'autres encore, avec les capsules annonçant Teletoon en soirée...

Un spectacle à voir...



The Old Trout Puppet Workshop



Je sors du Petit Théâtre de l'UQAC où je suis allé fouiner, voir les décors, les marionnettes... du spectacle Famous Puppet Death Scenes de The Old Trout Puppet Workshop arrivant tout droit des plaines albertaines.

S'il est un spectacle qu'on m'a (personnellement) conseillé de voir, c'est celui-ci: pour son thème dominant, la Mort... son humour, son esthétique... En gros, 25-30 petits tableaux illustrant différentes morts de marionnettes...

Le coup d'oeil est plein de promesses.

Trois représentations: ce jourd'hui, 14h et 20h30; demain à 20h30... J'aurai au moins vu celui-ci!

jeudi 18 septembre 2008

Attention... dérapages!



Ce matin, j'ai écrit sur la liberté de créer et son engagement économique... pour affirmer que les créateurs savaient ce qu'ils faisaient, ce que ça impliquait de travail et que l'argent ne tombait pas du ciel mais était attribué selon des critères précis. Que bref, le tollé anti-culture qui s'élève est biaisé et mal interprété...

Pour preuve, j'ai donné en exemple les commentaires reçus sur le blogue de Richard Martineau. Sébastien Bouchard, artisan du SarCabaret y a inscrit son opinion (dans les derniers...) et se fait littéralement ramassé... jusqu'à recevoir des insultes sur le blogue du Théâtre de la Sarbacane.

Attention aux dérapages... Le débat se teinte soudainement d'une subjectivité malsaine, de mauvaise foi et les ponts sont foutument coupés entre le public et son milieu culturel. Des deux côtés, les couteaux volent bas...

La succession des commentaires sur le blogue cité plus haut donne froid dans le dos... autant pour les pro- que les anti-artistes...

Il faut un débat intelligent. Calme. Posé. Les perceptions sont faussées de partout avec la personnalisation de la problématique, les plaintes des uns et la fermeture des autres... Les compressions peuvent se justifier (si elles sortent de l'obscurantisme... ce qui n'est malheureusement pas le cas!) et les subventions ne sont pas une façon de se faire entretenir, obligation de résultats et justifications sont à la ligne...

Voici un extrait du rapport publié par le Conference Board of Canada en août dernier:

Le rapport Valoriser notre culture : mesurer et comprendre l'économie créative du Canada présente le secteur culturel comme une pierre angulaire de l'économie créative.

Les industries artistique et culturelle jouent un rôle crucial, celui d'attirer des personnes, des entreprises et des investissements, et de faire connaître le Canada comme un pays dynamique et stimulant où il fait bon vivre et travailler.

Le Conference Board estime que l'empreinte économique du secteur culturel canadien s'élevait à 84,6 milliards de dollars en 2007, soit 7,4 p. 100 du PIB réel total du pays, en tenant compte des contributions directes, indirectes et induites. Plus de 1,1 million d'emplois étaient attribuables au secteur culturel en 2007.

Pour la suite, allez sur ce site.

Comment en sommes-nous venus là? Battons-nous pour les bonnes choses!

mercredi 17 septembre 2008

Le pouvoir de création rime-t-il avec liberté?

Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, 1830
Huile sur toile 260 cm x 325 cm

Les coupures fédérales - et les récriminations des artistes et artisans sur la place publique - sont la source d'une vague d'opinion assez généralisée venant de la population: les artistes sont des enfants gâtés qui se permettent des voyages sur le bras des contribuables, qui gaspillent l'argent public pour des oeuvres qui ne sont ni compréhensibles, ni accessibles, ni jolies, qui n'ont qu'à faire comme tout le monde et travailler. Du moins, c'est ce qu'on peut lire ad nauseam dans sur les blogues journalistiques (voir celui-ci du Quotidien), dans les lettres ouvertes et les billets d'opinions (voir celui de Richard Martineau).

C'est assez désolant... et c'est nier aussi un fait indéniable: les montants accordés à chaque artiste et organisme ne sont pas dû au hasard - et encore moins sont-ils une manne tombée du ciel! Ils sont étudiés, validés par un jury de pairs. C'est un processus long (qui, de la demande de subvention à la réponse, peut s'étaler sur plusieurs mois) et complexe (pour la dite demande de subvention même) qui s'appuie sur une démarche artistique soutenue, un projet cohérent et original, des objectifs précis, un montage financier sans faille, un nom et, oui, un barème de statistiques parfois contraignantes (parlez-en aux Têtes Heureuses pour qui se dernier point fut un écueil imparable au cours de leur dernière évaluation!).

Les artistes et organismes deviennent, en quelques sortes, une micro-entreprise qui, bien que subventionnée (parfois!) par les gouvernements, n'en demeure pas moins une structure encadrée (et transparente) par un projet déjà fixé à l'avance, qui fournit de l'emploi à des concepteurs, des techniciens, des comédiens, des diffuseurs, etc. L'argent reçu n'est pas un cadeau, mais bien un outil de création... et participe à l'économie de marché. Outil qui souvent, malheureusement, entrave pourtant le travail:

La société a changé. Elle a profondément modifié son système de fonctionnement en s'appuyant sur la seule économie de marché comme référent. Avoir le pouvoir artistique impose désormais des exigences de bonne gouvernance, donc de gestion financière, ainsi qu'une justification de l'utilisation des fonds alloués. Ce qui est tout à fait normal, mais l'économie de marché attend d'autres résultats que ceux non-quantifiables, de l'éducation des populations, de l'avancée de la pensée, du plaisir de côtoyer une oeuvre d'art. Elle préfère s'atteler à soutenir les loisirs rémunérateurs, calculer la quantité de personnes touchées, et elle s'appuie sur des critères commerciaux de marketing et d'images dont les gens de culture sont bien loin.
(François Campana, Pouvoir de création ou pouvoir de production)

Le pouvoir de création que revendique les artistes et les organismes subventionnés n'est pas carte blanche... C'est une liberté qui se gagne et qui se mérite...

En retard... empêtré dans mes fils!


Bon... je suis en retard, je sais... je n'ai pas encore enfilé les parfaits habits du festivalier amoureux de la puppet! Ils sont sur mon lit et attendent... Mon horaire ne me l'a pas encore permis (ni l'argent... mais ça, c'est une autre histoire!), mais je compte bien me reprendre dans les jours qui suivent! Si vous voyez de bons trucs, faites-le moi savoir!

Un comédien errant... ?

Claude Gillot (1673-1722)
Quatre études de costumes de la Commedia dell'arte
avec une esquisse du troisième
Plume et encre noire, lavis - 15,2 x 20,1 cm
Genève, collection Jean Bonna

Glané dans Arts du spectacle, métiers et industries culturelles, essai publié sous la direction conjointe de Laurent Creton, Michael Palmer et Jean-Pierre Sarrazac, aux Presses Sorbonnes Nouvelles en 2005.

L'extrait qui suit concerne nommément les comédiens/interprètes... mais peut fort bien s'adapter à tous les artisans "indépendants" de la scène: Dans le monde du spectacle, l'absence d'intégration de l'immense majorité des artistes interprètes dans des organisations stables conduit à s'interroger sur les mécanismes régulateurs d'un système de production artistique structuré par des interdépendances éphémères. Si, pour les comédies qui, au gré des engagements, contractent avec de multiples employeurs, l'activité ne se situe en effet pas au sein d'une unique forme, elle ne s'apparente pas non plus à des tribulations errantes sur un marché atomisé de transactions anonymes et non-répétées, mais à l'intersection des deux: les comédiens qui réussissent sont des bâtisseurs de réseaux professionnels qui accumulent les engagements en gérant la multiplicité de leurs liens avec les metteurs en scène et les professionnels.
(Pierre-Michel Menger, p.103)

mardi 16 septembre 2008

L'actualisation des classiques...

Actualiser un classique... Donner une résonnance contemporaine à un texte daté...

C'est, en quelques sortes, ce que les Têtes Heureuses feront de La Cerisaie de Tcheckov (à un niveau moindre...).

Ce ne sera rien, pourtant, comparé au parti pris radical de la Schaübhune de Berlin (LE lieu mondial du théâtre contemporain, du postdramatique) sous la direction éclatée de la sensation européenne, Thomas Ostermeier, pour cette mise en scène du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare:

Thomas Ostermeier © Linus Lintner / TIP Billdarchiv

lundi 15 septembre 2008

Les Ateliers du 100 Masques

Les Ateliers du Théâtre 100 Masques débutent ce soir... deux groupes Éveil (entre 8 et 12 ans), composés de 8 et 10 participants, travailleront le personnage et l'écoute, à partir de deux extraits des Fridolinades de Gratien Gélinas, véritables petites fresques quotidiennes qui renferment beaucoup de matière pour remplir les objectifs: Le magasin général et Les bingomanes...

Mercredi, ce sera au tour du groupe Élite (les 18 ans et plus) de commencer un entraînement d'acteur (voix, expression corporelle et travail dramaturgique).

Pendant ce temps, le restant d'Ike frappent à nos porte, l'automne s'installe et je me perds dans un mucus cervical...

dimanche 14 septembre 2008

D'après Courteline [Journal d'une mise en scène]

Le Théâtre Mine de Rien, la troupe de théâtre amateur de l'UQAC, entame sa troisième production, après La Cantatrice Chauve de Ionesco (2006) et Cinémassacre de Vian (2007). Encore une fois cette année (en fait, depuis la fondation de cette troupe), j'agirai à titre de metteur en scène et directeur artistique.


Donc, après l'absurde, retour au mode vaudevillesque, avec un travail à partir de la pièce de Courteline, Les Boulingrin (vu la composition de la distribution, la pièce demande à être ajustée).

Courteline... mon écrivain favori... mon répertoire de prédilection... L'auteur d'innombrables pièces en un acte - véritables petits morceaux dépeignant la bêtise humaine -, l'observateur caustique de la méchanceté et des ridicules humains qui n'écrit que des oeuvres brèves car il affirme être dépourvu de talent. (M. Corvin)

Le texte matriciel a été choisi pour son côté grand-guignolesque (divertissements basés sur un spectacle d'horreurs macabres et sanguinolentes, sur une multitude d'effets spectaculaires) tout autant que pour sa qualité de pièce bien faite qui crée dès lors une mécanique textuelle appuyée: si elle va au-devant des spectateurs par ses procédures insistantes d'étroites RATIONALITÉ (tout doit s'expliquer et s'expliciter au Boulevard), de PROGRESSIVITÉ (le conflit linéaire une fois posé en termes nets et simples est emporté dans un mouvement régulier ou accéléré mais toujours perceptible et qui achemine les personnages vers une fin imparable), de CLARTÉ (les personnages sont des types aux traits marqués sinon génériques qui permettent immédiatement de savoir «à qui on a affaire»). Le tout est surindiqué à coup de redondance et de procédés rhétoriques (gradation et concentration des effets, antithèses et hyperboles). Le «clou» résidant dans la (ou les) scène(s) à faire, sorte de climax de la tension dramatique ou de l'explosion comique. (M. Corvin, Dictionnaire encyclopédique du théâtre)

Bien que le vaudeville (et tout le théâtre de boulevard) est réputé pour être difficile à jouer vu sa mécanique forte, son rythme et son style, je crois profondément, pour tous ceux qui s'initient à l'art dramatique, en sa qualité de démonstrateur de ce qu'est le théâtre, ce qu'est un texte, ce qu'est une mise en scène... Sans compter qu'il est drôle, concis, et souvent très court!

La semaine théâtrale... 5

La semaine qui débute aujourd'hui sera profondément marquée par la 10ième édition du Festival International des Arts de la Marionnettes (événement organisé par ManiGanses), sous la direction artistique d'Éric Chalifour. En fait, le Festival commence le 16 pour se terminer le 21 septembre.

Lyrisme et marionnette... La thématique de cette 10ième biennale fera voyager les festivaliers à travers une programmation officielle de 16 spectacles, construite à l'image d'une partition musicale, avec ses harmonies, ses envolées, ses couleurs. (Dépliant de présentation)

Parmi ces spectacles, ne manquez pas les présentations du projet Transity (Kiwi et I Testimoni), impliquant un collectif saguenéen composé de Guylaine Rivard, Dany Lefrançois (qui présente également son nouveau spectacle, Le Grand Oeuvre) et Sara Moisan et un collectif italien...

Pour la programmation complète, cliquez sur l'icône de ManiGanses dans la colonne de gauche... ou visitez leur site internet.

Bonne Semaine!

samedi 13 septembre 2008

Ombres en scène


Petit samedi matin... Comme à l'époque de la prime enfance, voici un magnifique petit dessin animé pour débuter la journée:

vendredi 12 septembre 2008

Quand le cabaret fait du sarcasme...


Un cabaret populaire...

Il y avait foule à la Salle Marguerite-Tellier pour cette première représentation. Les rires fusaient de partout. Les réactions étaient spontanées. Et le public en redemandait. Faut dire que les comédiens sont très bons, drôles, et partagent une chimie que peu de distributions ont. Leurs numéros (particulièrement les chansons!) prouvent une belle imagination collective.

On y passe réellement une très agréable soirée!

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Mais la présence du spectateur à ce spectacle est requise dans un but précis et annoncé dès le départ: être cobaye, commenter... Wouhou!

Suite à la première représentation du Sarcabaret à laquelle j'assistai, je me posai donc quelques questions... après tout, dans le programme, il est spécifié que [ce que nous avons vu, ce n'est pas un spectacle. Appelons cela plutôt une mise à l'épreuve de leur recherche].

La formule cabaret...

Le contenant de présentation, si je puis m'exprimer de la sorte, est le cabaret... formule idéalisée depuis toujours par ce collectif, teintée de la vision Broadway, du music-hall.

Le résultat, quoique bien présenté, demeure très collé à cette forme, avec le Emcee extravagant, le ton, la musique, l'esthétique des costumes. Trop? Peut-être. À trop utiliser une forme convenue, ça atténue la personnalisation. Trouver leur propre forme serait encore plus convaincant...

Par ailleurs, le music-hall substitue, au théâtre traditionnel, la scène en liberté où dominent l'imprévu et l'improvisation, éléments vitalisant le spectacle (Giovanni Lista), ce qui doit provoquer des échanges constant avec le public. Dans le Sarcabaret, ce point manque encore beaucoup. Le côté appris, construit des textes et de l'interprétation, contraignent un peu l'atmosphère à une réception conventionnelle du spectateur... La spontanéité dans l'échange salle-scène, la mise en éveil des comédiens prêts à tout recevoir et tout utiliser (à l'instar de l'utilisation de la sirène d'alarme déclenchée à côté par Jérémie Desbiens et les fous rires occasionnés tant sur scène que dans la salle), bref l'inconnu, donneraient, à mon avis beaucoup plus de force et de piquant à ce spectacle.

Quant à l'esthétique... Outre les (beaux) costumes (un tantinet liza-minellien... en référence au film de Bob Fosse), le reste laisse un peu à désirer. Bien sûr, la salle impose d'innombrables contraintes... n'empêche qu'il revient au théâtre de justement théâtraliser, donner un peu plus de clinquant, de lumière, d'intérêt dans l'accessoire (d'autant plus qu'il n'y a que deux chaises), afin de rehausser la qualité de l'image scénique, de l'ambiance. Bien entendu, c'est un laboratoire. Mais toute présentation publique mérite d'être un peu plus soignée. Le bar à l'arrière - avec la lampe, l'écran au-dessus et son installation - est plus intéressant, visuellement parlant, que la scène elle-même!

Oui, c'est un détail... mais ô combien essentiel de l'art scénique...

Le sarcasme*...

Le sarcasme (du grec ancien σαρκασμός "sarkasmos") désigne une moquerie ironique, une raillerie tournant en dérision une personne ou une situation. Il est mordant, souvent même amer et blessant. Il peut être considéré comme une forme d'ironie piquante ou belliqueuse. Tandis que le cynisme relève d'une bravade contre les valeurs, les convenances et les principes de la société, le sarcasme est plutot une réaction à une situation plus piquante et amère. Il se rapproche de l'humour noir, mais est plus acerbe là où l'humour noir cherche plutot à faire rire. Le sarcasme n'est généralement pas considéré comme une forme d'humour. (Wikipédia)

Ici, une question de fond: pourquoi le sarcasme? Quelle est sa justification? Et toujours l'autre réflexion: est-ce du sarcasme? Admettons que oui... bien que je penche personnellement plus du côté de l'humour noir... particulièrement quand il se confond avec l'obscénité, la vulgarité. Il pourrait, devrait (et probablement, est-ce le cas...) être le moteur scénique de ce spectacle. Mais encore là, pourquoi? Provoquer?

Rien dans le Sarcabaret (peut-être l'ouverture... mais ce n'est pas clair) nous explique pourquoi le sarcasme fut mis au coeur de ce projet. Son rôle. Sa présence. Le sarcasme n'est pas contextualisé (par rapport aux objectifs initiaux). Il ne crée pas de ligne directrice. Il ne donne pas assez, à mon avis, d'assises solides aux différents numéros qui se succèdent.

Il demeure malheureusement trop souvent un effet, une gratuité, au lieu d'être une mécanique.

Le contenu...

Si le sarcasme n'atteint pas nécessairement son but, le Sarcabaret pourrait avoir, en quelques sortes, une ligne éditoriale. En d'autres termes, il pourrait, sans y avoir une thématique précise, fonctionner à partir d'une vision de la société, d'un questionnement, etc. Et de le marquer clairement! Présentement, les numéros (parfois un peu longs), s'éparpillent en tout sens, s'étirent et se perdent un peu pour tenter de raccrocher l'actualité en leur sein.

À ce propos, la facilité n'est parfois pas évitée... de même que le côté convenu ou déja vu de certaines répliques, de certains numéros. Je pense particulièrement ici au discours sur le «comédien en région»... sujet qui était au centre d'En attendant le dégât d'eau du Théâtre du Faux Coffre...

D'autres parts, les interventions du Emcee, ses blagues, jeux de mots et autres jeux de l'esprit sont appuyés avec un peu trop de force. Il faut faire un peu plus confiance au spectateur, à sa compréhension.

Enfin, la musique demanderait une meilleure balance de son...

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Voilà. Le Sarcabaret a vraiment beaucoup de potentiel... et cette mise à l'épreuve ne peut qu'être bénéfique pour lui. Bravo encore à toute l'équipe!

*Comme référence au sarcasme/provocation, deux oeuvres me semblent intéressantes: Outrage au public de Peter Handke, pour le ton, le style, la forme... et l'intégral de RBO... pour la systématisation de la méchanceté, du «sarcasme».

mercredi 10 septembre 2008

En général...

Ce soir, le Théâtre de la Sarbacane tiendra, pour la première fois de sa très courte existence, une générale (pour le Sarcabaret)...

La soirée du test ultime... avant le risque conscient et total que sont les représentations publiques...

Alfred Jarry

Alfred Jarry, ce précurseur du théâtre contemporain, ce féroce auteur d'Ubu-Roi, cet avant-gardiste de la pensée théâtrale, disait ceci à propos de ces fébriles soirées (dans Réponses à un questionnaire sur l'art dramatique): Les répétitions générales ont cet avantage d'être un théâtre gratuit pour quelques artistes et les amis de l'auteur, où pour une soirée on soit presque expurgé de mufles.

Non... je ne veux pas être invité...

Mais il est vrai que c'est la seule soirée où tous ceux qui sont dans la salle ont été conviés personnellement...

Merde à vous...

mardi 9 septembre 2008

Chien qui aboie


Pour tous les comédiens qui, enfermés dans les loges, tentent vainement de gérer le stress et la fébrilité (panique) de celui qui entre en scène... sachez que l'être qui passe pour augmenter la pression au rythme inéluctable des stand-by se nomme aboyeur : Jusqu'à l'installation de l'interphone (quand les théâtres sont bien équipés!), c'est le régisseur chargé de faire la navette entre les coulisses et les loges des acteurs pour leur annoncer les différents moments du spectacle afin qu'ils ne manquent pas leur entrée en scène (et encore...). L'image sonore d'aboyeur correspond à sa manière ed faire le compte à rebours: vingt minutes, quinze minutes... Cinq minutes! En scène!

lundi 8 septembre 2008

Élections canadiennes... et c'est parti!


Demain, 13h30, à la Galerie Séquence (sur la rue Racine), il y aura conférence de presse de Monsieur Robert Bouchard, candidat bloquiste de Chicoutimi-Le Fjord - et député de ce même comté depuis quelques années - pour les élections en cours... Au menu: les coupures fédérales en matière de Culture... Le milieu culturel y est convié.

La marge


Quelques extraits des actes du Colloque international organisé par le Centre d'Études du Théâtre de l'Université de Paris XII... publié sous le titre évocateur de Marginalités et théâtres. Ce petit recueil, que je lisais à défaut d'avoir autre chose, s'avère fort intéressant dans une réflexion sur la norme...

La notion de marges, couramment utilisée pour caractériser le théâtre contemporain, doit être explicitée: que signifie-t-elle, au singulier, au pluriel et par rapoort à quel(s) centre(s) se définit-elle? (Quatrième de couverture)

L'acte de création est marginal dans son essence. Quand on crée, on ne se met pas sur la place publique, au milieu de l'institution. C'est quelque chose qui part d'un endroit inattendu. S'il y a création, il y a quelque chose d'insu, d'inoui, de non créé. (R. Fichet)

Ainsi, le déploiement dans les marges se manifeste-t-il par tout un jeu de décalages, de distorsions, de contre-pied, d'attentes déçues, de surenchère rhétorique. La marge est non la forme autre mais l'autre de la forme; ce qui, dans la forme canonique est écrit en marge, entre les lignes, par démaillage, détissage, destructuration, questionnement des apparences.
[...]
Le théâtre en marge, c'est le théâtre en marche. (M. Corvin)

dimanche 7 septembre 2008

Élections canadiennes


Ce matin, au moment même où j'écris ces lignes, Stephen Harper est - selon Radio-Canada - chez la Gouverneure Générale pour le déclenchement de la campagne électorale.

La Culture sera-t-elle un enjeu? Avec les récentes coupures annoncées dans le domaine culturel, on pourrait penser que oui (et fort probablement, des politiciens feront-ils du milage sur le sujet)... et pourtant... non seulement celle-ci n'apparaît pas au radar des sondeurs, mais la société en général ne semble pas s'en préoccuper plus qu'il ne le faut: les artistes se plaignent encore et en veulent toujours plus... (À ce propos, d'ailleurs, je vous invite fortement à lire le billet d'opinion de Catherine Deslisle dans le Progrès-Dimanche... c'est à donner des sueurs froides...). Il nous revient donc la tâche de prendre la parole et de nous faire entendre dans cette campagne (toujours plus facile à dire qu'à faire)...

Même si la Culture devrait être non-partisane, fort probablement se retrouvera-t-elle inscrite dans les programmes des partis. Gardons l'oeil et les oreilles ouverts!

La semaine théâtrale... 4

Ce soir, c'est la dernière chance de voir Barabbas dans la Passion, les origines du premier Clown Noir du Théâtre du Faux Coffre... à 20h à la Salle Murdock. Si vous ne la prenez pas, vous ferez partie des pas dans le coup lorsque le sujet viendra dans la conversation! Et Dieu seul sait comment leurs spectacles font parler!

Le Théâtre de la Sarbacane (collectif composé de Alexandre, Jérémie, Sébastien, Marilyne et Marie-Ève) nous offre, servi sur un plateau, tout le sarcasme du Sarcabaret, les 11, 12 et 13 septembre, à la Salle Marguerite-Tellier (Centre des arts et de la culture), à 20h... (En tapant théâtre et sarbacane sur Google, j'ai trouvé ceci Sarbacane Théâtre... un nom couru!). Il en coûte 7$ par personne et 20$ par couple...

C'est pas mal tout je pense... sinon le fait que le plus grand spectacle pancanadien débute aujourd'hui pour un mois et quelques jours de représentations!!!

samedi 6 septembre 2008

Oups...


Ceux qui aiment le théâtre
expriment souvent a son égard des sentiments pour le moins contradictoires.
Ceux qui aiment le théâtre
sont souvent traversés par son contraire,
la haine du théâtre.
D'où vient-elle, cette haine pour le théâtre?
Elle est sans doute conduite par une haine plus profonde:
la haine des intellectuels
- en prenant au sérieux le double sens du génitif.
La haine des intellectuels.
(B. Tackels, Le paradoxe de la marge*)

Cette phrase, lue en ce samedi matin entre deux gorgées de café, me laisse un peu pantois...

D'une part, elle signifie que la désaffection (tant personnelle que sociétale) envers le théâtre provient du fait de son intellectualisation... et que cette haine est conduite (pour réemployer le terme) par ceux qui pensent le théâtre...

D'autre part, elle dit également que je suis peut-être ma propre cause de ces moments où j'ai le théâtre en horreur, avec toutes les remises en questions, les impasses, les lectures... et la cause, par leurs côtés parfois trop pointus, du peu d'assistance à mes productions...

Bref, elle a relativement raison.

Mais comment peut-on développer un art, le faire évoluer sans le penser? Pourquoi la poursuite d'une réflexion soutenue devient-elle inévitablement une tare, du moins, un repoussoir? Franchement, ça m'exaspère.


*JOUANNY Sylvie (sous la direction de), MARGINALITÉS ET THÉÂTRES, Librairie A.-G. Nizet, 2003, p. 17

vendredi 5 septembre 2008

Sarcasmes à venir...


À compter de la semaine prochaine, le Théâtre de la Sarbacane nous offre du sarcasme sur un plateau: un spectacle original et sarcastique à la manière des cabarets des années 80. Drôle, cinglant, vulgaire mais critique, personne n’y restera indifférent. Chacun pourra trouver son compte dans les numéros de chant, les monologues et les sketchs, le tout orchestré par un maître de cérémonie des plus éclatés.
J'ai bien hâte de voir le résultat de leurs recherches, l'application et l'implication du sarcasme - sa cohérence, sa pertinence et sa force d'impact. Et la question qui tue: sera-ce bien du sarcasme? Plusieurs notions sont proches l'une de l'autre... et les frontières, bien qu'elles existent, sont parfois un peu floues:

HUMOUR: faculté d'apprécier les éléments amusants, absurdes ou insolites de la réalité (forme de l'esprit, l'humour noir consiste, en quelques sortes, à ridiculiser ces éléments susceptibles de créer le malaise).

IRONIE: forme de l'esprit qui consiste à présenter comme vraie une proposition manifestement fausse de façon à faire ressortir son absurdité.

SARCASME: raillerie, moquerie ironique, amère, aigrie et insultante, propos méprisant (synonyme de PERSIFFLAGE).

CYNISME: effronterie, impudence, obscénité. Qui exprime des opinions contraires à la morale reçue.

Quand je lis ces définitions l'une à la suite de l'autre, je suis un peu perplexe par le choix du ton... où la méchanceté risque de se faire gratuite. Je fais par contre confiance à cette gang et l'horizon d'attente s'installe peu à peu... et pour patienter, je lis leur tout nouveau blogue...

Lancement de la saison 2008-2009


Le Théâtre La Rubrique a lancé, hier, sa trentième saison théâtrâle en dévoilant, lors d'une conférence de presse, sa toute nouvelle programmation.


Outre ses activités de diffuseur spécialisé (dont les choix s'avèrent très souvent fort intéressants... comme cette Cantatrice Chauve de Frédéric Dubois qui vaut le déplacement), cette compagnie de production s'attaquera à une nouvelle création (en co-production si je comprends bien), Une maison face au Nord, tout en reprenant, au Prospero (Montréal), sa production d'il y a deux ans déjà, Je ne pensais pas que ce serait sucré.


Pour d'autres détails, voir l'article d'Isabelle Labrie, dans le Quotidien de ce matin, La Rubrique s'offre gâteau et chandelles.

Ballet mécanique (1924)

Petite vidéo très bauhaussienne (d'ailleurs, après la période russe du début du XXième siècle, c'est celle de l'Allemagne de la même époque qui me stimule le plus...) où l'objet, la forme et la couleur (!) tiennent le haut du pavé...

jeudi 4 septembre 2008

Relique théâtrale

© Angelini / Collections Comédie-Française
Le fauteuil de Molière exposé dans le foyer du public.
Bois recouvert de peau noire, dossier mobile, pieds à roulettes.
Milieu du XVIIème s., 123 x 68 x 82 cm

Ce fauteuil est peut-être l'une des choses que j'aimerais avoir vu dans ma vie... pour l'homme, le symbole, l'histoire, l'ancrage dans un passé qui nous appartient aussi... après tout, à l'époque de Molière, Québec fêtait à peine son soixantième anniversaire et ses habitants étaient encore des colons français...

Sylvie Chevalley
in Revue de la Comédie-Française,
n°1 (septembre 1971), p. 25-26

Tous les spectateurs de la Comédie-Française ont remarqué, à droite de la grande cheminée du Foyer public, un vieux fauteuil protégé par une cage de verre. Ce vénérable meuble a une longue, glorieuse et pathétique histoire.

Le 10 février 1673, Molière, gravement souffrant, avait créé sur son Théâtre du Palais-Royal une joyeuse comédie dont le titre était un défi personnel à la mort: le Malade imaginaire. Au lever du rideau, Molière-Argan, maquillé d'un teint de santé florissante, était installé dans un grand fauteuil, en robe de chambre et bonnet, plongé dans l'examen du mémoire de son apothicaire. Une semaine plus tard, le 17 février, au cours de la dernière scène, Molière était pris d'un crachement de sang. II ne survécut que quelques heures. Lorsque la comédie du Malade imaginaire fut reprise, le 3 mars, le fauteuil de Molière accueillit le nouvel Argan, La Thorillière.

Puis s'y assirent tour à tour Rosimond, Guérin, Raisin cadet, Duchemin, Bonneval, Des Essarts... Dans l'intervalle des représentations, le fauteuil était déposé dans la salle d'assemblée des Comédiens. C'était le siège d'honneur, réservé au comédien le plus éminent de la troupe. II figura en scène lors de l'inauguration du théâ­tre des Comédiens français au Faubourg St-Germain (l'actuel Théâtre National de l'Odéon), le 12 avril 1782. Dans un à-propos de La Harpe, Molière à la Nouvelle Salle ou les Audiences de Thalie, Melpomène, pour prouver à Molière la vénération des Comédiens, lui déclarait :

Ils ont, comme un riche héritage,
Gardé jusqu'au Fauteuil où vous étiez assis ;
Contre le temps et son outrage
Ils en défendent les débris.

Et Thalie ajoutait :

C'est dommage qu'il soit vacant !
La gloire d'y siéger ne serait pas vulgaire.
Mais depuis bien longtemps, et c'est mon désespoir,
Je n'y vois personne s'asseoir
Que le malade imaginaire !

Le fauteuil prenait peu à peu une valeur symbolique, mais il continuait à remplir son emploi de fauteuil de théâtre, et même dans d'autres pièces que le Malade imaginaire. Lorsque la tragédie de Charles IX, de Marie-Joseph Chénier, fut reprise le 8 janvier 1799 au Théâtre de la République (qui occupait alors le monument actuel de la Comédie-Française), le tapissier de l'Odéon prêta, entre autres meubles, « un mauvais fauteuil en basane noire, dit de Molière » (ces trois derniers mots, rayés, sont remplacés par « qui a appartenu à Molière »). Le 18 mars, l'Odéon brûlait. Le fauteuil n'avait pas été restitué par le Théâtre de la République et c'est grâce à cette négligence administrative qu'il échappa à la destruction. II figure sur l'inventaire du Théâtre de la République, le 17 avril 1799, puis, seize ans plus tard, sur l'inventaire de la Comédie-Française à la date du 13 juillet 1815, dans la section «Mobilier et accessoires pour le service du théâtre » : « Un fauteuil de Molière, à crémaillère et couvert en peau noire... Pour mémoire, parce qu'il n'a pas de prix ».

Ce meuble révéré continuait cependant à jouer et le Malade imaginaire était joué souvent ! Sa « peau noire » perdait sa coloration et s'écaillait dangereusement. L'administrateur Emile Perrin, en 1879, s'en inquiéta et répondit au souhait exprimé par l'archiviste Georges Monval, fervent moliériste : un « sosie » du grand fauteuil Louis XIII fut livré aux Argan modernes. Le fauteuil de Molière prit ses invalides, glorieusement, et devint relique. II ne parait plus dorénavant sur scène qu'au jour anniversaire de la naissance de Molière, le 15 janvier.

Le requin et l'homme grenouille à la moto

Petit spectacle de théâtre miniature... le contenu est un peu simpliste mais la forme et les effets sont intéressants.

mercredi 3 septembre 2008

Horizon d'attente versus potentiel événementiel


Deux notions (empruntées) semblables et pourtant...

Prenons, par exemple, le théâtre... Surprise!

L'horizon d'attente (Bernard Stiegler) concerne le spectateur... ce qu'il espère quand il entre au théâtre. Ce qu'il connaît de la pièce, des artistes en scène, de l'affiche, des résumés... C'est, en quelques sortes, le règne des idées préconçues.

Le potentiel événementiel concerne, pour sa part, la scène... le spectacle en lui-même, l'image scénique. À partir de celle-ci, tout un développement est possible, toutes les avenues sont disponibles. C'est la fébrilité du regardeur, ce qui le fascine et le retient. C'est le règne de la maîtrise des praticiens.

Le théâtre, l'art et la vie sont une juste conjugaison de ces deux notions. Et c'est ce qui parfois déçoit, parfois enthousiasme...

mardi 2 septembre 2008

Textocentrisme


Pour faire suite à mon billet portant sur le texte et la scène (Entre le texte et la scène, mardi 26 août 2008), voici un petit commentaire - tout aussi instructif que clair - de Daniel Couty, auteur du magnifique ouvrage Le Théâtre, paru aux Éditions Bordas en 1996:

Le texte est un système de signes ou de pratiques signifiantes destinés à s'articuler avec un autre système de signes et de pratiques signifiantes qui est celui de la scène.

On peut donc affirmer que le rapport entre l'écriture textuelle et l'écriture scénique est un rapport de complémentarité, de concurrence ou de conflit, mais en aucun cas un rapport de soumission ou de prééminence.
C'est probablement, pour ma part, la meilleure définition écrite, la plus nette et la plus concise des synthèses sur le sujet.
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Par ailleurs, si un metteur en scène peut se permettre de faire abstraction des indications scéniques et autres disdascalies (toutes émanant de l'auteur), pourquoi ne pourrait-il pas avoir le même type de relation libre avec le corps dialogique?

Un grand metteur en scène - dont j'oublie malheureusement le nom! - répondait ainsi à un journaliste le questionnant sur sa relation à l'auteur: "Je ne joue pas un texte; je joue avec le texte."

Personnellement (et je parle ici en tant que praticien qui écrit), je considère le texte comme un élément scénique parmi d'autres (déhiérarchisation) qui offre, à l'instar de ceux-ci, la possibilité d'être, au besoin, exploré, retravaillé et repensé. C'est, je crois, le priver de son potentiel créateur que de l'enfermer, de le circonscrire obstinément dans cadre fixe posé par l'auteur.

En attendant d'autres coupures...

Rappel

Important rassemblement contre les coupures budgétaires en culture du gouvernement Harper
À Québec, le mercredi 3 septembre à 11h à la Place Royale.

Pour la région du Saguenay - Lac-Saint-Jean
Un autobus nolisé partira du bureau du CRC de Saguenay
(situé au 194 rue Price Ouest, Chicoutimi)
À 8h00 (Le départ de Québec est prévu pour 15h)
Gratuit. Les place sont limitées, premier arrivé, premier servi


Réservations nécessaires auprès de Catherine Doucet
à communication@crc02.qc.ca ou 418 543-5941 poste 232
au plus tard le
mardi 2 septembre 11h .

L’invitation est lancée par le Mouvement pour les arts et les lettres et le Conseil régional de la culture à tous les artistes, artisans et travailleurs culturels et amis des arts et de la culture du Québec .

Apportez vos affiches, instruments de musique, costumes, macarons…. Identifiez-vous!

Un pavé dans la mare

La Duse, par Repin, 1891

J'ai déjà parlé, dans un autre temps et un autre lieu, de la Duse... considérée comme l'une des plus grandes actrices de son temps et donc, rivale de Sarah Bernhardt, à qui elle voua cependant une admiration profonde. (Wikipédia) Elle a fasciné plusieurs générations de praticiens...
Immense talent, immense orgueil... et elle pratique son art dans une période charnière de l'histoire du théâtre: l'intense période de remise en question, de recherches, de naissance de la mise en scène, entre 1876 (son premier succès) et 1923.
Peut-être est-ce les conjonctures (ou conjectures?): l'illusionisme de l'époque (le culte de la vedette théâtrale contre lequel s'est acharné le naturalisme et autre mouvement en -isme); Henrich Von Kleist son manifeste Sur les marionnettes; Edward Gordon Craig et son concept de sur-marionnette; Meyerhold et la biomécanique... Toujours est-il que le rôle de l'acteur est repensé, restructuré, discuté.
Pourtant, de tout ce que j'ai trouvé sur le sujet, le point de vue le plus radical (si on y excepte Artaud) vient de cette dame magnifique: Pour sauver le théâtre il faut le détruire; il faut que tous les comédiens et toutes les comédiennes meurent de la peste... ce sont eux qui font obstacle à l'art.
Comme radicalisme, on ne peut guère faire mieux.

lundi 1 septembre 2008

Le baisser de rideau... anecdotes théâtrales

Il existe un recueil Le Baisser du rideau [Anecdotes théâtrales anciennes et modernes] publié par À la Librairie musicale en 1837, qui renferme une multitude d'anecdotes (sans quoi le titre serait un peu mensonger!) sur des comédiens fameux, sur des créations, des superstitions (on peut le trouver en lien, ici). En voici quelques extraits savoureux qui démontrent, finalement, que nous sommes assez sages, de nos jours:

Armand Gouffé, 1775

FICHET

Fichet était un acteur du Vaudeville qui se refusait à jouer un rôle dans une pièce de l'auteur Armand Goufé. Ce dernier, pour vengeance, fit cette chanson sur l'acteur précité :

Un marchand de colifichet,
Un jour qu'on affichait Fichet ,
Dit, voyant Fichet sur l'affiche:
«Quoi! toujours afficher Fichet!»
«Du public l'affiche se fiche,»
«Moi , je me fiche de Fichet !»

Au marchand de colifichet,
Alors, d'un ton poli, Fichet
Dit : «De vos cris , Fichet se fiche.»
«Car il faut bien, foi de Fichet,»
«Lorsque Fichet est sur l'affiche,»
«Avaler l'affiche et Fichet.»

Le marchand de colifichet,
Fichant l'affiche sur Fichet,
Chiffonna Fichet et l'affiche,
Et dit : «Fi donc! Fichet!»
«Fiche-moi le camp de l'affiche;»
«Car tu n'es frais qu'au lit, Fichet.»

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LES CLAQUEURS D'AUTREFOIS.

Un amateur payant au parterre vit un homme applaudissant à tout rompre et criant en même temps : «Ah ! que c'est mauvais !» Il lui demanda la raison de cette conduite. «C'est, répondit-il, que mes mains sont payées pour applaudir. J'ai promis, je tiens parole. Mais je suis connaisseur, et tout en battant des mains je dis que cela est mauvais !»
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Voici deux autres ouvrages intéressants à consulter...

Histoire anecdotique de l'ancien théâtre en France
Histoire du Théâtre en France (Les comédiens en France, au Moyen-Âge)